Une vie
CHAPITRE 17
LA CONFRONTATION
Avertissement : je ne suis pas douée du tout pour les descriptions de scènes de combat : beaucoup d’intervenants, des actions simultanées … je m’y perds un peu car je suis monotâche. Soyez indulgents !
— Va doucement, Inuyasha ! Je crois que je vais vomir, se plaignait Kagome qui voyageait comme au bon vieux temps sur le dos de son époux.
— DOUCEMENT ?! Pour que cette présence maléfique gangrène tout le pays ? Il faut tuer le mal dans l’œuf !
— Pour une fois, je suis d’accord avec toi, renchérit Miroku.
Le moine et sa compagne chevauchaient Kirara qui volait dans les airs pendant que le hanyou effectuait des bonds d’arbres en arbres. Kagome devait avoir perdu l’habitude des sensations procurées par les montagnes russes. La prêtresse était blême, voire verte, nauséeuse. Seul Shippo ne faisait pas partie de l’expédition punitive. A son grand regret, il resta au village pour en assurer la protection. Mais se sentant investi d’une mission divine, il bomba le torse et promit de se battre comme un lion pour défendre la famille du moine mais aussi la vie des villageois.
— Je rêve ou bien il y a un énorme pic sorti de nulle part au milieu de cette prairie ? demanda Sango.
— Non, tu ne rêves pas ! s’écria Inuyasha.
— Je sens même une monstrueuse aura venant de cet endroit, rajouta Kagome la main sur la bouche.
— Soit ! Arrêtons-nous à bonne distance, jugea le hanyou.
Les quatre guerriers prirent leurs quartiers dans la forêt jouxtant l’ancienne prairie déjà transformée en champ de bataille avant même le début des hostilités. La miko s’approcha autant qu’elle le put de l’ennemi, toujours à couvert, pour l’évaluer. Elle fut prodigieusement surprise d’apercevoir un youkai, seul, assis en tailleur sur son rocher, les bras croisés sur son torse, le regard fixant le soleil couchant, les cheveux au vent. A première vue, il n’avait pas l’air menaçant. Mais l’aura qui entourait le personnage et les lieux était terrifiante. A croire qu’il incarnait à lui seul les cent huit péchés et qu’il était prêt à les laisser déferler. Pour l’instant, il avait l’air calme et serein. Il attendait. Quelle serait l’étincelle qui déclencherait toutes ces calamités ?
Autour du minuscule feu de camp de la petite équipe, on échafaudait des plans, des hypothèses sur le démon ou plutôt selon Kagome « fantôme de démon ». On se demandait si une hypothétique cavalerie viendrait à la rescousse. Un craquement de branche apporta une ébauche de réponse. Inuyasha brandit immédiatement Tessaïga et roula de grands yeux quand il vit l’intrus qui avait perturbé sa quiétude.
— Bonsoir Oji-san ! Bonsoir à vous tous ! Est-ce que je peux me joindre à vous sans déclencher une guerre ?
Kagome se leva immédiatement en reconnaissant Rin et se précipita sur la jeune fille pour la serrer fortement dans ses bras, laissant son mari pantois. Elle fut rejointe par le moine et la taijijya qui entraînèrent la jeune fille et son petit compagnon près du feu alors que la hanyou n’avait toujours pas bougé. Rin remarqua la posture de son « oncle ».
— Oji-san ! Il n’est pas avec moi. Je suis seule. Inutile de brandir ton arme contre le vent.
— Keh ! pesta le hanyou en rangeant son sabre. C’était pour vérifier que j’avais toujours de bons réflexes. On ne sait jamais avec lui. Il a très bien pu te suivre.
— Oji-san ! Tu oublies qu’il m’a chassée il y a quelques mois.
— Je sais ! Je sais ! Et arrête de m’appeler « tonton ». Tu n’es pas sa fille !
— Je suis … étais ce qui s’en approche le plus.
Tout en s’expliquant avec son oncle, Rin répondait de bon cœur aux autres membres de l’équipe qui la bombardaient littéralement de questions. Les trois humains tombèrent littéralement sous le charme de Taichan qui s’était accolé à côté de Kirara pour dormir tout en partageant leur chaleur corporelle. Quel bel exemple de cohabitation ! Seul Inuyasha demeurait sceptique devant la bestiole car il lui trouvait un je-ne-sais-quoi de ressemblant avec son demi-frère. Etait-ce un espion pour s’assurer que Rin aille bien ?
Kagome paraissait rêveuse en écoutant les récits de la jeune fille sur les territoires du Sud. L’harmonie tant recherchée entre humains, youkai et hanyou. Mais elle constata surtout que les yeux de sa « nièce » se voilaient légèrement quand elle parlait d’Aiku. Elle semblait très attachée au fils du souverain. Passons. Ce n’était pas ses affaires. Il y avait plus urgent en ce moment.
— On serait ravis d’avoir une alliée supplémentaire !
— Je vous suis. Avec Taichan, on va s’en débarrasser.
— Oï ! Oï ! Oï ! Jeune fille ! T’emballe pas, tu veux ! C’est pas parce que mon cher frère t’a entraînée et que tu disposes de quelques … « dons » … que tu pourras bien nous épauler.
— Inuyasha, coupa Sango. On a besoin de toutes les forces en puissance. Oublie un peu le fait qu’elle soit dans « l’autre » camp. Elle est autonome.
— Ou alors, continua le moine, tu as peur pour elle et par conséquent que ton frère ne te mène la vie dure si jamais il lui arrive quelque chose.
— PEUR ? s’étrangla le hanyou. Ni qu’elle meure, ni de mon frère … et puis … qu’elle fasse ce qu’elle veut. Mais c’est pas parce qu’elle nous donne un coup de main que ça en fait une alliée définitive.
Rin sourit. Têtu le tonton ! Comme son frère. Ça au moins, c’était de famille. Dire tout le contraire de ce qu’on pense ; trouver des arguments qui se retournent au final contre soi … ou alors bouder ou se murer dans le silence. Inuyasha ne la rejetait pas. Il la tolérait. Tout comme Sesshoumaru l’avait tolérée, accepté de se laisser suivre sans même lui donner son approbation. Les deux fils d’Inu-no-Taisho étaient bien plus proches qu’ils ne le disaient. Ahhh ! Ces canidés !
— Dommage que tes copains cygnes soient nuls au maniement des armes. A se demander comment leur royaume tient toujours debout.
— La tolérance et la diplomatie, répondit Rin. Mais je t’assure qu’ils ont des rudiments de combat si jamais la situation l’exige.
— Mouais … bon … passons …
Ne connaissant pas les capacités de l’ennemi, Inuyasha souhaitait intérieurement qu’il ne soit pas l’équivalent de Naraku. Il trouvait tout de même son inaction étrange. Ancune créature hideuse envoyée en reconnaissance ou pour semer la zizanie comme l’avait fait l’ancien conglomérat de youkai. Aucun shouki pour empoisonner l’air ambiant. Non ! Le youkai ou plutôt esprit ou projection de youkai attendait. Depuis que l’équipe d’Inuyasha s’était installée, le curieux bonhomme n’avait pas bougé. Mais qu’attendait-il ? Inuyasha était tenté de plier bagage puisqu’on ne lui en voulait pas. Mais comme l’aura menaçante se ressentait jusque dans son village, il valait mieux anticiper.
La nuit se passa calmement, tranquillement. Le hanyou avait fait le guet en allant de temps en temps à l’orée de la forêt pour observer l’ennemi potentiel. Toujours aucun mouvement ! Ca le rendait fou. Attendait-il un alignement favorable des planètes pour attaquer ? Des renforts venant de l’ouest pour qu’il ait toujours le regard rivé dans cette direction ? Que son ennemi fasse le premier pas ?
Lorsque la petite troupe se réveilla, Rin qui avait conservé ses bonnes habitudes était allée chercher quelques poissons qui cuisaient déjà sur des piques improvisées. Pas de champignons, pour le moment, pour agrémenter le tout. Si tout le monde mangeait de façon détendue, le stress intériorisé n’avait besoin que d’une petite étincelle pour que chacun saute sur ses armes et se mette en position défensive. Ce qui ne manqua pas d’arriver. Rin se leva et, à l’instar de son oncle, huma l’air autour d’elle, ce qui étonna tout le clan. Taichan adopta sa forme imposante ; Kirara l’imita. Inuyasha dégaina Tessaïga dont la forme évolua, Sango brandit son bommerang, Kagome son arc, Miroku son sceptre et ses sceaux. Tous tournaient le dos au foyer qui se consumait lentement. Rin était la seule à rester parfaitement immobile, le nez toujours en l’air.
— C’est lui. Il est tout proche.
Inuyasha grogna. Une odeur familière lui soulevait le cœur. Ce n’était pas le youkai inconnu mais … son demi-frère. Les minutes passaient et l’odeur honnie restait curieusement à bonne distance. Elle s’éloignait même. Ce qui n’empêchait pas les armes de retomber. Rin demeurait anxieuse et rêveuse.
— Il a dû sentir que j’étais là.
— Visiblement, poursuivit le hanyou, il t’a bel et bien oubliée. Il a passé son chemin.
— Inuyasha ! … OSUWARI !
La sentence fut immédiatement suivie d’un bruit d’effondrement et de protestations.
— Tu n’as vraiment aucun tact ! s’énerva la miko en s’approchant de l’oreille de son pataud d’époux. Arrête de lui faire du mal. Tu sais combien elle apprécie ton frère. Quasiment dix ans à vivre à ses côtés.
— D’abord, rétorqua le hanyou qui décollait sa tête du sol, c’est mon « demi »-frère et ensuite, ça fait bien longtemps qu’elle aurait dû le quitter. Moi j’aurais été prêt à l’accepter !
— Et toi ? Combien de temps il t’a fallu pour accepter le fait que Kikyou soit morte ?
Inuyasha ne sut que répondre et préféra rester à demi enterré. Kagome avait raison. Ces choses-là, les deuils, prennent du temps. Il tourna légèrement la tête pour observer la « pupille » de son frère, aussi immobile qu’une statue mais avec des larmes coulant le long de ses joues. Vraiment ! Qu’est-ce qu’elle lui trouvait à ce sinistre individu ? Il était cruel, calculateur, insensible, froid, arrogant … Et la liste des compliments n’était pas exhaustive. Pourquoi une humaine l’appréciait-elle autant ?
— Ecoute, Rin. Je suis …
— C’est bon, tonton, renifla la jeune fille. Je sais que tu ne l’apprécies pas. C’est normal. Et je comprends qu’il ne veuille plus me parler. Mais moi, j’ai bien l’intention d’éclaircir certains points.
Sans en dire davantage, Rin suivit l’odeur de son protecteur laissant un Inuyacha embourbé dans la terre et la honte. Personne n’avait eu le réflexe de la retenir. Elle était partie comme une flèche, talonnée par Taichan, et s’enfonça dans la forêt. Kagome voulut la poursuivre mais Sango lui barra la route de son bras.
— Non, Kagome. Ce n’est pas à nous d’intervenir. On a bien compris qu’elle l’aimait non pas d’un amour filial mais passionné et qu’elle avait l’intention de le lui dire.
— QUOI ?! s’exclama le hanyou qui s’exhumait. ELLE amoureuse de LUI ? Ce psychopathe ! Il n’a que faire de ce genre de sentiments et encore moins de ceux éprouvés par une humaine. Vous rêvez !
Trois paires d’yeux le fusillèrent. Toujours aussi peu psychologue. Les trois humains espéraient simplement qu’il n’arrive rien à la jeune fille. Ils se souvenaient du jour ou le youkai l’avait blessée à cause de sa désobéissance. Inuyasha, souhaitait secrètement que son frère soit moins buté et accepte ce que Rin avait à lui offrir. Il ne voulait pas qu’il la fasse souffrir autant que lui avait fait souffrir Kagome. Mais ça, il se gardait bien de le vocaliser. Ah non ! Il fallait préserver cette illusion d’hostilité fraternelle. Au final, c’était lui le plus buté. Mais il priait pour que son frère change et comprenne les actions de son père, quitte à lui botter le cul pour que Rin soit heureuse. Il fut interrompu dans ses réflexions par un bruit sourd, ressemblant à une déflagration, un éboulement de terrain.
— Oh mon dieu ! paniqua Kagome. Rin !
Les quatre individus délaissèrent le campement et se dirigèrent à toute vitesse vers l’endroit d’où venait le bruit, inquiets pour Rin qu’ils croyaient victime d’une attaque de Sesshoumaru. Inuyasha fut le premier à se détacher du groupe et à bondir, Tessaïga au-dessus de sa tête, sur son idiot de demi-frère mais s’arrêta net dans un nuage de poussière. Il toussa allègrement le temps que tout se dissipe. Lorsque la scène s’éclaircit, ses amis l’avaient rejoint. Tous furent les témoins de ce qui ressemblait à un duel. Sesshoumaru et le fantôme de youkai qui avait enfin bougé sur son pic qui avait légèrement souffert. Mais où était Rin ? Sous les pierres ? Désagrégée ? Que nenni ! La jeune fille qui chevauchait Taichan escaladait prudemment, face au vent, les flancs abrupts de la falaise. Son compagnon semblait ramper sur la paroi.
Son but était de rejoindre aussi discrètement que possible son mentor pour lui apporter un coup de pouce. La pauvre ! Elle était résolument candidate au suicide ! Non seulement elle risquait de se prendre des attaques des deux entités, mais en plus, si elle parvenait à rejoindre Sesshoumaru, ce dernier dont l’orgueil et l’image seraient écornés à cause d’une main tendue, veillerait très certainement à ce que l’humaine ne l’importune plus. Perdante sur tous les tableaux !
Inuyasha comprit la situation. Le youkai avait attendu son frère. C’était après lui qu’il en avait. Même si le hanyou et sa petite troupe étaient proches et que leur odeur était perceptible, l’autre n’avait pas bronché et avait préféré attendre son véritable adversaire.
— Miroku, Sango, Kagome ! Ce combat ne nous concerne en rien ! Rentrons ! Ce type ne nous en veut pas. Mon cher frère saura très bien en venir à bout, dit le hanyou en rengainant son sabre et en tournant le dos à la scène.
Mal lui en prit. Ses compères désapprouvèrent totalement son attitude. Leur mine se renfrogna. Inuyasha ne bougea même plus. Les reproches allaient pleuvoir. Le moine ouvrit les hostilités :
— Inuyasha ! Je ne te savais pas aussi égoïste ! Que cela soit une affaire personnelle ou non, ton frère a besoin de nous. Au moins de toi !
— Keh ! Il n’a besoin de personne ! Et il ne s’abaissera certainement pas à implorer mon aide même s’il n’a plus de jambes. Qu’il se débrouille ! Il a encore plein d’armes en réserve : arrogance, manipulation et j’en passe.
— Et Rin ? s’inquiéta Sango.
— C’est une grande fille ! Elle a délibérément choisi d’aller sur le champ de bataille. Elle sait très bien ce qu’elle ris…
PAF !!
Kagome n’y tenait plus. En temps normal, son incantation favorite aplatissait son époux une ou plusieurs fois. Mais cette fois-ci, se défouler physiquement lui permit d’extérioriser toute sa colère mais aussi ses propres frustrations. Inuyasha la regardait, complètement abasourdi. C’était la première fois qu’elle manifestait ainsi sa colère.
— Même si la hache de guerre n’est pas officiellement enterrée, ton frère ne nous a jamais attaqués depuis la défaite de Naraku. Souviens-toi qu’il nous a souvent aidés sans qu’on lui ait jamais rien demandé. Mais bien sûr, au lieu de vous battre ensemble, votre rivalité d’ados attardés faisait que vous vous affrontiez en plein combat !
— C’était pas pour nous aider ! Mais juste pour flatter son ego de seigneur des territoires de l’Ouest et m’empêcher de récolter les lauriers ; ou bien parce qu’il avait quelque chose à gagner dans le combat ! Un pur égoïste, je te dis ! répliqua le hanyou qui frottait sa joue endolorie.
— Alors … si tu ne te bats pas pour l’aider, fais-le au moins pour Rin. Elle n’a pas sa force.
— PARDON ?! C’est SA pupille ! Je ne me mêle pas de leurs affaires pas plus qu’il ne se mêle des nôtres ! Je dois au moins lui accorder cette qualité. Je dois déjà veiller sur toi, Shippo et les autres. A chacun son problème.
— Très bien ! fit Kagome plus que décidée. Moi, je ne vais pas me borner à vos petites querelles d’amour propre. J’aiderai Sesshoumaru et Rin.
Même si Sesshoumaru a toujours eu des intentions équivoques, je ne peux que me ranger du côté de Kagome, renchérit Miroku.
— L’union fait la force, conlut Sango.
Les trois contestataires se dirigèrent au pas de course vers Rin. Le combat faisait rage entre le youkai et le fantôme. Un mauvais coup pouvait toujours partir. Mais plus il se rapprochait du dernier endroit où avait été localisée la jeune fille, moins ils la voyaient. Et pour cause ! Elle avait rejoint le giron de son ancien protecteur. S’ils avaient bénéficié de l’acuité auditive de leur ami hanyou, ils auraient pu entendre la dispute au milieu des attaques lancées et parées.
— Va t’en d’ici, Rin ! Je crois que je t’ai bien fait comprendre que je ne supportais pas que l’on outrepasse mes ordres.
— Et bien il faudra faire avec mon insolence et ma stupidité ! Je compte bien mettre les choses au point en vous parlant clairement, répondit Rin qui, de son épée, avait projeté un formidable youki éloignant provisoirement l’adversaire.
— Ce n’est ni le lieu, ni le moment ! tonna le youkai qui voyait Masahiro se relever et revenir avec fougue.
Ce dernier envoya de sa main un éclair dont l’impact sépara le binôme belligérant. Rin sauta sur sa gauche ; Sesshoumaru dans la direction opposée. Mais la jeune fille qui pouvait elle aussi se montrer têtue si les circonstances l’exigeaient, vociféra parmi les bruits d’éboulement.
— Si ! Justement ! Maintenant ou jamais ! Joignons nos forces pour venir à bout de cette réapparition. Ce n’est plus la même configuration qu’il y a quelques années. Je sais me défendre et pas seulement mordre !
— Parce que tu crois qu’une simple épée te sera utile ?
— Il ne faut rien négliger, Sesshoumaru-sama !
La scène de ménage fut interrompue par un rire amusé.
— Ton point faible te talonne, on dirait ! nargua Masahiro. Merci à toi, jeune fille ! Cette fois, tu seras l’artisan de ma victoire !
Joignant l’acte à la parole, Masahiro pointa son épée en direction de Sesshoumaru. La pointe de son arme devint incandescente puis la couleur feu se répandit à toute la lame qui envoya un fabuleux rayon sur le youkai qui encaissa du mieux qu’il put en brandissant Bakusaïga. Il glissa vers l’arrière toujours frappé par cette énergie qui ne voulait pas décroître. Mais Sesshoumaru tenait bon. Il serrait les dents. Bon sang qu’il aurait voulu riposter mais avec une telle énergie en face, impossible. Son vœu fut exaucé par l’intervention de Rin qui envoya le youki contenu dans sa propre épée vers l’agresseur, le forçant ainsi à abandonner son attaque pour se protéger.
— Tu te trompes, Masahiro ! Je serai à nouveau la cause de ta perte, répondit-elle passablement essoufflée.
Le jeune fille tourna la tête pour s’assurer que son mentor allait bien. Elle lui sourit puis déglutit bruyamment en voyant le regard plein de réprobation qu’il lui lançait.
— Je te le dis une dernière fois, Rin ! Quitte les lieux sur le …
— Et pour quelle raison ? Parce que vous ne supportez pas qu’une humaine vous vienne en aide ou bien parce que vous avez peur pour moi ?
Le youkai d’habitude si impassible ouvrit de grands yeux. Quelle effronterie ! Sa colère montait mais il ne laissait rien paraître. Il préféra détourner la tête pour se concentrer sur son opposant et sa prochaine attaque. Il lui répondit laconiquement.
— Va rejoindre Jaken et Ah-Un.
Il ne put en dire plus car il se préparait à attaquer quand il vit Masahiro lever son arme au-dessus de sa tête, les mains soudées au pommeau. Quand il voulut abattre son épée pour déclencher à nouveau une puissante attaque, son mouvement fut stoppé et un râle lui échappa : une flèche imprégnée d’une aura bienveillante venait de se planter dans son bras. Sesshoumaru reconnut sans peine la flèche de la miko qui vivait avec son frère, ce qui signifiait que ce dernier n’était pas loin. Que venaient faire tous ces humains ici ? Cette bataille ne les regardait pas ! C’était à nouveau cette Kagome qui se mêlait de ce qui ne la concernait pas. Le youkai soupira pendant que son ennemi pestait face à cette nouvelle intrusion tout en essayant de retirer la flèche.
— RIN !! s’affola Kagome juchée sur le dos de Kirara en compagnie de Sango. Tu vas bien ? Et vous Sesshoumaru-nisan ?
— Merci, Kagome ! On va bien !
— Où est Taichan ?
A peine la prêtresse eut-elle prononcé le nom que l’inumata se manifesta. Il était resté sur les flancs abrupts, attendant patiemment mais fébrilement un signal de sa maîtresse. Il se posta aux côtés de Rin et l’encouragea d’un affectueux coup de tête contre son bras. Encore une surprise pour Sesshoumaru qui considéra pendant quelques secondes l’animal qui accompagnait la jeune fille. En voyant cette scène, il réprima difficilement un grognement qui naissait dans sa gorge à sa plus grande surprise. Que lui arrivait-il ? Pourquoi n’avait-il aucune sympathie pour la bestiole ? Pas le temps de réfléchir. Masahiro plus enragé que jamais, tel un buffle chassant une horde de moucherons, se voyait attaqué de tous côtés.
— Disparaissez ! Vos vies ne m’intéressent pas ! Mais si vous persistez, je n’hésiterai pas et commencerai par vous éliminer en premier.
La voix de Miroku retentit. Il choisit ses mots pour ne pas vexer le seigneur des territoires de l’Ouest.
— Sesshoumaru est dans notre camp. T’attaquer à lui, c’est t’attaquer à nous ; menaça-t-il en pointant son sceptre agrémenté de talismans vers l’entité ressuscitée.
Sesshoumaru soupira intérieurement. Allié avec ces humains ? La peur les faisait divaguer ! Mais soudain, alors qu’on ne l’attendait plus, la voix d’Inuyasha retentit avec un phénomène d’écho, doublée de son attaque fétiche, le kaze no kizu. Le sol trembla puis se fissura, laissant à Rin, Taichan et Sesshoumaru tout juste le temps d’esquiver l’éclair fendeur d’air. Combien Sesshoumaru partageait le point de vue de son adversaire à ce moment-là ! Combien il aurait voulu être seul et terminer honorablement son duel ! Mais non ! Une fois de plus, son hanyou de demi-frère jouait les trouble-fêtes. Maudit soit-il !
Cette fois, ce n’était plus une personne dont devait se débarrasser le Lazare ! Autant affronter le menu fretin tout de suite pour se garder la meilleure part pour la fin. Toutefois, il était étonné que le youkai pût avoir un tel comité de soutien même s’il n’affichait pas une mine réjouie.
— Très bien ! Je vais m’occuper de vous d’abord. Je doute fortement que Sesshoumaru m’en veuille si l’un de vous décède.
Aussitôt dit, il pointa son arme vers l’élément le plus agité du groupe : le hanyou. Il serait ainsi plus tranquille pour s’occuper des humains. Inuyasha venait d’apparaître enfin sur la scène et avait à peine pris connaissance des lieux qu’il n’eut pas le temps d’esquiver le coup impressionnant mais pas fatal que lui envoyait un ennemi qu’il ne connaissait même pas. Le hanyou fut rapidement balayé par un rayon rouge qui le plaqua, voire l’incrusta, dans une paroi rocheuse et abrupte. Il chuta lourdement, recouvert de quelques roches, complètement sonné, sous les yeux horrifiés de son épouse.
La voie était enfin libre. Aux humains maintenant ! Surtout la miko qui était la plus à craindre. Il réitéra son attaque dans la direction de la jeune femme mais le moine et la taijijya firent bouclier et prirent toute l’intensité de l’assaut. Ils furent envoyés quelques mètres plus loin et finirent dans le même état que leur ami hanyou. Ne restait plus que l’humaine sous la protection du youkai ainsi que la prêtresse plutôt coriace. Il faudrait frapper plus fort en raison des pouvoirs qu’elle possédait.
Sesshoumaru qui n’avait pas levé le petit doigt jusqu’ici réagit enfin. Masahiro avait perdu bien trop de temps à s’occuper des misérables insectes. Juché quelques mètres au-dessus des deux mortelles, il brandit Bakusaïga en direction de son opposant pour infliger les mêmes dommages qu’à la petite équipe. Mais Masahiro esquiva. Il connaissait cette technique et ne s’était pas laissé prendre. Profitant de l’absence de visibilité engendrée par la poussière soulevée par l’attaque, il lança directement son épée en direction de la miko. Un cri de femme retentit. Il avait atteint sa cible et pouvait dorénavant se consacrer entièrement à son ennemi juré. Mais c’est ce dernier qui vint à lui sous la forme d’un fouet dont la brillance ressortait admirablement dans la poussière. L’arme naturelle du youkai ne fit que lui lécher la joue. Masahiro pesta et Sesshoumaru apparut cette fois devant lui. C’était maintenant un corps à corps. La dernière humaine ne pourrait même pas les interrompre.
Ce fut une succession d’attaques lancées et parées, de coups manqués jusqu’au moment où Sesshoumaru, rompu à tous les combats, surprit son adversaire : Masahiro fut empoigné au cou par le bas, comme si le youkai était sorti de terre alors qu’il était encore devant lui il y a à peine quelques secondes. Il était prêt à utiliser son dokkasou pour la seconde fois. Mais malgré sa seconde vie, malgré les puissances qui l’habitaient, Masahiro semblait rouillé après une dizaine d’années d’inactivité. Sesshoumaru savait très bien que l’utilisation de son poison raviverait d’anciens souvenirs et que l’autre réagirait … comme il le souhaitait. Ainsi, en tentant de se dégager, Masahiro laissa suffisamment d’espace et de temps au youkai pour que ce dernier dégaine Bakusaïga à la vitesse de l’éclair et la lui plante dans le ventre tout en laissant l’épée se charger d’une énergie létale.
— Tu as eu tort de réapparaître devant moi. Tu aurais dû accepter tes différentes défaites au lieu de te ridiculiser une fois de plus. Ton échec était couru d’avance.
L’autre, sachant qu’il n’avait que quelques secondes à vivre, esquissa un sourire de défiance avec ses dernières paroles, fixant une scène au-dessus de l’épaule du youkai.
— Tu te trompes, Sesshoumaru. Je t’ai gravement blessé. Je dirai même que je viens de t’anéantir.
Agacé par autant d’insolence, Sesshoumaru relâcha toute l’énergie dans son épée et désintégra Masahiro en particules si fines qu’il lui serait désormais impossible de prétendre revenir parmi les vivants. Puis, il secoua son épée comme pour la débarrasser des derniers miasmes de son adversaire et la rangea dans son fourreau. Soudain, un hurlement d’animal blessé retentit, secondé par un cri de femme.
— RIIIIN !
Sesshoumaru se retourna pour comprendre ce qui se passait derrière son dos et ouvrit de grands yeux.