Inazuma Eleven Solaris

Chapitre 2 : Prologue

1760 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/07/2022 23:13

Un manoir traditionnel japonais. Une cour extérieure, avec un petit étang entouré de pierres. Dans une des salles qui entoure la cour, une petite fille médite devant les yeux de son père. Elle aime beaucoup son père. Il lui a tout donné, son amour, sa passion. Il lui a appris un sport : le football.

Elle est assise dans un coin. Ses yeux sont fermés, ses mains sont posées sur ses genoux, elle est assise en tailleur : elle médite. Son père, la coupe de thé à la main, la regarde, l’encourage. « Tu dois pénétrer dans ton for intérieur » disait-il. « Tu dois voir ce qu’il y a tout au fond de toi. » La jeune fille est troublée : un rythme régulier l’empêche de se concentrer pleinement. Un jeune garçon aux cheveux rouges joue avec un ballon, jongle avec adresse, l’envoie en l’air, la récupère, l’envoie sur sa tête et tente de la faire garder en équilibre. « Il a déjà fini l’exercice avant moi », pense la jeune fille. Elle voulait jouer avec lui, elle le savait : mais elle ne pouvait pas. Il fallait finir l’exercice.

Elle se souvint que son père avait passé une heure entière avec lui. Aux sourires échangés après les cours, son père devait être fier de lui. « Pourquoi ? Pourquoi est-il meilleur que moi ? » Elle sentait le regard de son père se durcir. Il avait remarqué le troublé de sa méditation.

« Un jour, je lui montrerais. Un jour, je gagnerais. »

 

Isabelle Trick ressassait ainsi ses pensées et ses souvenirs, perdu dans la vision de Tokyo qui s’étendait devant elle. Que restait-il de cette époque ? Que restait-il de ce monde ?

« Plus grand-chose » pensa-t-elle. Son père l’avait trahi, elle et tous ses frères et sœurs, ces orphelins qu’il avait recueillis et à qui il avait promis un amour qu’il n’avait jamais vraiment donné. Il en avait fait des soldats d’une guerre à présent perdue, et qu’il n’avait voulu que par égoïsme et puérilité.

Seul Xavier avait intéressé Astram Schiller, et il l’avait trahi au dernier moment. Puis il avait rejoint Inazuma Japon, et ils avaient gagné la coupe du Monde. Le Japon, champion du monde, et Xavier Schiller avec… Il était meilleur, toujours meilleur.

A côté d’Isabelle, Aquilina Schiller conduisait sereinement, sourire aux lèvres. Ses nouvelles lunettes lui allaient bien, se disait à contrecœur la jeune fille. Un beau jour, Aquilina s’était réveillée en trombe et avait pris Xavier avec elle. Elle avait pris rendez-vous chez un opticien, lorsqu’elle s’était rendu compte qu’elle n’était plus capable de discerner les gardiens de but dans leurs goals, et avait décidé d’emmener Xavier avec elle, car il se plaignait lui aussi de certains troubles de la vision. L’opticien avait lors trouvé des signes de myopie chez le frère et la sœur, bien qu’encore assez faible chez Xavier. Devant les soucis financiers d’Alius, il avait alors dit que ça ne le dérangeait pas d’attendre pour avoir des lunettes correctrices.

Tout cela s’était passé avant la Coupe, et depuis, la carrière de Xavier avait bien sûr décollé. Ses premiers salaires de joueur professionnel étaient alors tombés, et bientôt on le vit avec des lunettes aux branches rouges et noires, même s’il préférait porter des lentilles pour les matchs afin de ne rien casser. Cet argent n’avait toutefois pas suffi à Alius pour reprendre le chemin de la stabilité, tout au plus diminuer les dégâts.

Car oui, les finances d’Alius allaient mal. L’inculpation d’Astram Schiller avait fait fuir les actionnaires et le cours de la Bourse était en chute libre depuis plusieurs mois. L’orphelinat Alius, qui était un trou financier béant, devait donc être dissous, du moins pour un temps ; et il avait été décidé que les différents orphelins seraient envoyés dans différentes écoles afin d’alléger les dépenses d’Alius. Pour cela, le premier ministre Stewart Vanguard avait réussi à débloquer quelques fonds pour permettre de payer les inscriptions des élèves et de les faire vivre un ou deux mois, le temps de s’installer. Aquilina avait cependant demandé aux élèves de rapidement trouver un emploi supplémentaire afin de réussir à vivre tout au long de l’année.

Il y eut bien sur des contestations et des refus, mais face aux explications d’Aquilina et l’absence d’alternatives, tout le monde se prépara à faire ses valises avec un poids au cœur.

Certains essayèrent de retarder le départ ; Isabelle était de ceux-là. Elle avait prétexté des fatigues chroniques et des moments de fièvre et Aquilina, même si elle n’y avait pas vraiment cru, avait préféré la laisser tranquille. Car Isabelle était attaché aux bâtiments d’Alius, aux grands dortoirs dans lesquels dormaient ses frères et sœurs, là où elle avait passé toute son enfance.

Quand elle s’était rendu compte de cet attachement, elle avait été surprise : elle ne se pensait pas si nostalgique de cette époque où tout semblait aller pour le mieux. Un temps bien sur bâti sur les mensonges et les rêves de revanche d’Astram Schiller.

D’autres de ses camarades avaient eu moins de regrets : c’était le cas de Kiburn et de Kiwill, ses deux amies de l’équipe Genesis. Kiwill était allée à Inazuma, et apparemment s’y plaisait beaucoup. Quant à Kiburn, elle était à Solaris, et Isabelle la rejoignait.

Solaris était une école pour filles, ce qu’Isabelle avait voulue : au moins, il n’y aurait pas de Xavier là-bas ; elle aurait les coudées franches pour ses projets. De plus, elle se lassait de l’ambiance très masculine des équipes d’Alius, et s’était dit que ce changement d’air serait une occasion rêvée de voir autre chose que les forêts et le mont Fuji à longueur de journée.

Solaris était située dans Tokyo Est, assez loin des écoles célèbres comme la Royal Academy ou Inazuma, qui restaient néanmoins à portée en cas où les projets d’Isabelle réussiraient. C’était une toute jeune écolé, fraichement refaite sur de vieux bâtiments désaffectés. Les brochures la décrivaient comme la plus sérieuse des écoles pour filles, où ordre et discipline régnaient en maîtres incontestés.

La description avait bien plus à Isabelle : ses valeurs s’accordaient parfaitement avec ce genre de principes. Alors, quand Kiburn donna de ses nouvelles, elle en fut ravie : l’école semblait en tout point telle qu’elle l’avait voulue, avec ses élèves gradées qui faisaient la loi dans les couloirs et ses levées en fanfare dès l’aube. L’ordre et la discipline : voilà ce qui avait fait la grandeur d’Alius avant la chute.

 

Aquilina avait dû remarquer un léger sourire sur le visage d’Isabelle.

« Tu as l’air heureuse de ta nouvelle école, dit-elle. La remarque sortit Isabelle de ses réflexions.

- J’espère que Kiburn n’a pas menti dans ses appels. C’est le genre de blague qu’elle est capable de faire.

- Vraiment ? Je la connais mal, soupira Aquilina. Je n’ai pas pu lui parler souvent.

- Ah », lâcha Isabelle. Elle accusait le coup, mais Aquilina se douta de quelque chose.

« J’ai été très occupée durant la dernière année, expliqua-t-elle. Entre les procès, les conseils d’administration, la gestion de l’Académie…

- Tu as pourtant pris le temps de former une équipe remplaçante contre Inazuma Japon. »

Aquilina se figea. Le ton montait, et Isabelle n’avait pas l’intention d’arrêter.

« Pourquoi ne nous as-tu pas entraînés, nous, notre équipe avec Vanguard ?

- Je n’en ai pas eu l’utilité. LE projet n’avait rien de sérieux.

- Rien de sérieux ?

- De plus, je te rappelle que le Tournoi était réservé aux hommes. C’est le règlement.

- Ha, cette règle. Une vieillerie que l’on n’a jamais pris le temps d’adapter aux problèmes d’aujourd’hui. » Elle ricana. « De toute façon, tu n’avais jamais eu la volonté de gagner. Tu as fait tout ça pour Xavier. »

A ce moment-là, la voiture pila d’un coup sec, surprenant Isabelle. Après s’être remise de l’arrêt, elle regarda Aquilina, attendant une réaction. Cette dernière leva la tête. Elle était furieuse.

« Que tu sois en colère contre moi à cause de la destruction d’Alius, très bien. Que tu sois en colère contre ton père, je comprends aussi. Mais Xavier a fait ce qu’il a voulu, et a toujours tenu compte des autres et de ce qu’ils voulaient. Je me fiche de savoir si tu lui en veux, ou si tu crois que nous avons tout fait pour lui. Ce que je peux te dire, c’est que ce chemin l’a mené loin, parce qu’il a été capable de laisser ce passé derrière lui. Et toi ? Que comptes-tu faire ?

- Ce ne sont pas tes affaires, répondit sèchement Isabelle. Je sais ce que je fais, et je le fais pour moi. C’est tout ce qui importe.

- C’est bien ce que j’ai compris » lâcha Aquilina, et elle redémarra la voiture.

Le reste du voyage se fit dans le silence le plus total. En arrivant devant les grilles de l’Université Solaris, Isabelle sortit de la voiture et attrapa ses valises dans le coffre. Elle commença à s’approcher des grilles, sans se retourner vers Aquilina, quand cette dernière dit, avant de partir d’un coup sec :

« Au revoir, Bellatrix. »

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