Laissez moi rêver...

Chapitre 4 : Fin de la course et début des ennuis

1545 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/02/2023 17:27

J'avais échoué.

Je pouvais voir entre mes larmes brûlantes le groupe de participants s'éloigner.

Haletante, ruisselante et tremblante...

A genoux au sol, empreinte d'un puissant sentiment de frustration.

Je.

Ne.

Peux.

Plus.

Bouger.

Je me laissai glisser sur le dos, mais grimaçai quand ma jambe droite se déplia.

Je contemplai le plafond d'un regard flou et absent, le souffle coupé.

De toute ma vie.

Jamais.

Je n'avais été aussi fatiguée.

À peine capable d'aligner deux pensées. J'avais vraiment puisé dans toutes mes ressources.

Petit a petit, le bruit des pas des autres concurrents diminuait, tandis que je restais étendue sur le béton.

Une longue minute s'écoulait dans le silence oppressant, quand un miracle se passa.

Je retins mon souffle, alors qu'un flux glacé s'écoula dans mon corps, comme si mon sang s'était soudainement rafraîchi. Il parcourut délicieusement tous mes membres, atténuant les courbatures. Cela dura une ou deux secondes, mais quand ce fut fini, je me redressai sur les genoux, stupéfaite. Petit à petit, les douleur diminuaient jusqu'à disparaître complètement. Même ma fatigue se faisait ressentir plus douce.

Sans chercher à comprendre ce qu'il venait de se passer, j'accueillis avec plaisir la situation et bondis sur mes jambes. Hormis un petit vertige, toute trace de ma souffrance précédente s'était évaporée.

J'eus un sourire grimaçant, et me remis à courir. Je devais rattraper les autres, à présent.

Enfin, j'aperçus quelqu'un. Il devait trainer un peu aussi car la foule semblait un peu plus loin, mais l'homme ne s'était pas arrêté.

Mais mon sourire ravi se figea quand je me fus assez approchée pour le reconnaître.

Oups, voilà Léolio.

Je rivai mon regard au sol et le dépassai lentement. Il ne fit pas attention à moi. Je fus doublement étonnée quand je vis Gon, immobile. Gon. La seule remarque qui me vint fut sur sa taille. J'étais plus grande que lui. Plus grande que Gon. C'était tellement absurde que je dus reprimer un rire nerveux.

Captivée par le garçon, je fis l'erreur de ne pas être attentive à ce qu'il se passait devant moi et percutai quelqu'un.

— Eh ! s'écria la personne.

Nous fument violemment projetés au sol.

— Tu ne peux pas regarder devant toi ?! s'énerva un jeune garçon aux cheveux ébouriffés et... blancs ?

Un peu étourdie, je balbutiai de vagues excuses. Le garçon se releva en moins de deux, alors que je mis cinq bonnes secondes.

— Aller, viens, Gon, dit il en me lançant un regard désagréable.

Il connaissait Gon ?

L'intéressé était concentré sur Léolio, qui s'était finalement arrêté.

— Gon ! s'exaspéra le garçon aux cheveux blancs.

Il m'avait l'air bien agaçant, celui là... Après un dernier coup d'oeil à Gon, je repartis au pas de course.

Il fallait que je m'éloigne d'eux. Pour la première fois depuis le début du marathon, j'avais assez de force pour me retrouver au milieu du peloton. Je ne comprenais toujours pas ce qu'il s'était passé tout à l'heure, mais cela m'avait sauvée.

Je soupirai bruyamment, encore toute retournée par la vue de personnages cencés ne pas exister.

— Ça va mieux ?

Je sursautai exagérément fort. Kurapika. De nouveau à côté de moi. Pourquoi s'obstinait il à vouloir me parler ? Je lui adressai un rictus crispé et détournai le regard. Le garçon commença à parler mais fut vite interrompu par Léolio, qui nous passa devant à toute vitesse en hurlant. Je crus d'abord qu'il fuyait quelque chose, mais il avait simplement retrouvé sa motivation et voulait le faire savoir à tout le monde.

Peu de temps après, les nerfs des participants furent mis à rude épreuve. Devant nous, le sol plat laissait place à un immense escalier, qui, de là où nous étions, paraissait interminable. De plus, la cadence de la course augmenta de façon considérable et au cri d'un concurrent - ''quel enfoiré !'' - je devinai que le juge de l'épreuve avait encore accéléré. Les gens autour de moi firent toute sorte de grimaces, mais je me sentais sereine. Le miracle de tout à l'heure semblait faire toujours effet, et ce pour un long moment. Alors, tandis que les autres étaient essoufflés et faiblissaient, je gravissais les marches à une vitesse ahurissante, parfois même deux par deux. À cette allure, je me retrouvai rapidement en tête. Mais quand je vis, juste derrière le juge, Gon et son nouvel ami grognon, je me contraignis à ralentir un peu.

Et puis enfin...

— Regardez ! La sortie !!

Je relevai la tête vers le carré de lumière, le cœur battant la chamade, hâtive et en même temps effrayée de savoir ce qui allait m'arriver ensuite. Mais je franchis la porte sans que rien de spécial ne se passe. Un peu aveuglée par la lumière soudaine, je plissai les yeux et, sur mes gardes, j'examinai immédiatement le nouvel endroit où nous nous trouvions. J'étais l'une des rares à ne pas haleter, mais j'eus le souffle coupé quand je compris ce que j'avais sous les yeux.

— Le marécage de Numelle, dit le juge Satotsu. Surnommé ''le nid des escrocs''.

Super. Un marécage.

— Voici le lieu où se passera le deuxième tour : vous devrez passer par là. Les animaux rares que vous ne trouverez que dans ce marécage sont pour la plupart amateurs d'humains aux heures de repas. Ce sont donc des rapaces, joueurs de surcroît... Suivez moi et faites bien attention ! Se perdre, c'est mourir.

Les participants hochèrent la tête. Avaient ils bien compris ? Des animaux mangeurs d'hommes se baladaient dans le marécage, celui là même que nous allions traverser ! N'importe qui avec un minimum de jugeote refuserait de suivre ce taré moustachu ! Courir longtemps était une chose, mais risquer sa vie en était un autre. Même si je n'étais pas certaine d'être vraiment encore en vie...

Derrière nous, un volet ferma définitivement la sortie du tunnel dans un grincement métallique.

Mal à l'aise, j'examinai le visage de chaque personnage dans l'espoir d'apercevoir un signe de peur ou de faiblesse, mais je ne vis que de la détermination. Ils n'étaient pas normaux ! Après tout, j'étais dans un manga. La peur n'existait pas. Sauf pour moi, bien sûr. Que pouvais je faire, maintenant ?

— Veillez bien à ne pas vous faire surprendre, disait le juge. Faites de votre mieux pour me suivre.

J'avais raté une partie de son explication, mais ce n'est pas comme si je l'écoutais souvent, celui là.

— Cest faux !! ( je sursautai, encore une fois ) Il vous ment à tous !

Un homme sortit de l'ombre. Il semblait sévèrement blessé et nous hurlait dessus.

— Cest un imposteur ! Ce n'est pas un juge ! Puisque le vrai juge, c'est moi !!

Il pointa un doigt accusateur sur Satotsu, qui restait imperturbable.

— Un imposteur ?! répéta Leolio. Qu'est ce qu'il veut dire ?!

— Mais alors... ? Qui est ce ?! renchérit un jeune homme se distinguant par sa chevelure inexistante.

Dépitée, je conclus que la jugeote n'était décidément par leur truc. Comment pouvaient ils le croire après les avertissements de Satotsu...?

— Regardez ça ! s'écria l'homme blessé.

Il révéla ce qu'il tenait dans la main. C'était une espèce de singe, qui était très maigre et qui semblait mort. Mais ce qui me frappa fut la ressemblance évidente avec notre juge, de la forme de son nez jusque dans sa coiffure.

— C'est un singe homme, un de ceux qui peuplent le marécage de Numelle !

Je fus moi même prise d'un doute, mais je le balayai rapidement. Comment, s'il n'était pas le juge, aurait-il pu accéder au tunnel où nous avions couru ?

L'homme commençait à s'emballer un peu quand une volée de carte se dirigea vers lui à toute vitesse. Avant même que je compris ce qu'il se passait, elles tranchèrent son visage, s'enfonçant dans sa peau tel des couteaux. Je lâchai un cri effrayé et plaqua mes mains sur ma bouche, dégoûtée.

Un ricanement mielleux s'éleva à ma gauche.

— Je vois, je vois... sourit l'homme le plus étrange que j'avais jamais vu. Et pourtant, tous ici pourraient prétendre au titre.

Ses cheveux roses, son maquillage, ses habits, je l'aurais pris pour le Joker. Et son sourire, cruel. Je le rangeai immédiatement dans la catégorie des gens qui me faisaient froid dans le dos.

Le singe, prétendument mort, bondit sur ses pattes et s'éloigna avec un rire aigu, mais l'homme aux cheveux roses l'acheva avec une nouvelle volée de cartes.

Une nausée me brûla la gorge.

C'était clair, je n'avais rien à faire ici. Le sang battait à mes oreilles, si bien que je n'entendis pas un mot de ce que disaient le Joker et le juge.

Je vais vomir...

Je m'adossai au mur du tunnel avec la tête qui tournait. Je n'étais pas à ma place, avec ces gens...

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