Laissez moi rêver...

Chapitre 3 : Détermination et rencontre

1509 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/02/2023 12:19

« Sur ce, l'examen de Hunter peut commencer. »

Je frissonnai.

L'homme se laissa tomber du tuyau et atterrit agilement sur ses pieds.

— Par ici, je vous prie, dit il en désignant le reste du tunnel.

Il avança à pas légers dans cette direction.

— Bien. Nous allons commencer par une petite vérification. C'est un examen extrêmement difficile. On peut parfois manquer de chance, ou tout simplement de force, et par conséquent se blesser ou tout simplement mourir.

J'examinai attentivement les visages durs des autres participants. Ils ne semblaient pas touchés par ce que disait l'étrange homme, alors que ses mots résonnaient dans ma tête, me faisant l'effet d'un avertissement personnel. Tandis que de nombreuses questions tournoyaient douloureusement dans ma tête, la panique s'emparait progressivement de moi. Je reportai mon attention sur l'homme, qui continuait de débiter calmement un flot de paroles très encourageantes...

— ...qu'on se blesse irrémédiablement dans un accrochage avec un camarade, disait-il. Ce sont des choses qui arrivent. Maintenant, je vous prie de me suivre.

Autour de moi, les autres concurrents se mirent à avancer doucement. Le cœur battant à m'en faire exploser la poitrine, je reculait d'un pas, comme pour éviter de me faire entraîner par le courant.

Soudainement, brièvement, j'envisageai sérieusement la possibilité de concourir à l'examen. Je me sentis stupide rien que de l'imaginer, mais qu'est ce que je pouvais faire d'autre ?

Le tête soudain complètement vide, mon corps se mit lentement à avancer, d'une démarche hésitante. Mon esprit me criait de m'arrêter, de m'enfuir, mais mes jambes continuaient de se mouvoir vers l'avant, comme un automate programmé pour cela.

— Le compte est bon, déclara l'homme en costume. 405 participants au premier tour de l'examen.

Je fixai mon regard sur la veste noire du participant devant moi et continuai de le suivre. Son allure augmentait progressivement, et mon cœur se serra quand je compris que l'homme en costume avait commencé à courir. Je n'arriverai jamais à suivre la cadence.

Au bout d'une dizaine de secondes, nous étions franchement en train de courir. Je m'efforçais d'avancer malgré mon envie irrépressible de fuir dans la direction opposée de celle vers laquelle je me dirigeais. De plus, la douleur de ma jambe droite me fit grincer des dents plusieurs fois.

— J'avais omis un détail, reprit notre guide moustachu. Je me nomme Satotsu et je suis chargé du premier tour. Je dois par conséquent vous conduire sur les lieux du deuxième tour.

Je ne réagis pas particulièrement à ce que je venais d'entendre, mais les participants devant moi semblaient étonnés.

— Le deuxième tour ...? répéta quelqu'un en tête. Vous voulez dire dire que le premier...

— Le premier tour a déjà commencé, annonça le dénommé Satotsu d'une voix forte. Si vous parvenez à me suivre jusqu'à l'endroit où se tiendra le deuxième tour, vous aurez passé le premier.

J'étais comme hypnotisée par ses paroles. Passer le premier tour.

Ce qui m'arrivait était impossible. Je répétai ce mot encore une fois. Impossible. Il semblait n'avoir plus aucune signification. Normal, non ? C'était un rêve...

Dans un rêve, j'aurais pu participer à l'examen, et peut être même le réussir. Dans un rêve, l'impossible n'existait pas.

C'était un rêve.

— Je ne peux vous dire où et quand nous arriverons. Vous devez vous contenter de me suivre.

Très bien. J'allais le suivre. Même si je n'étais pas très athlétique, j'avais un mental d'acier. Je ne le lâcherais pas. Je décochai un bref regard au badge indiquant le numéro 406 sur ma veste, et pris une profonde inspiration.

Je ne lâcherais rien.

Pleine d'une nouvelle motivation, je décrétai que le temps des plaintes était définitivement terminé. Même dans un rêve, ou quoi que soit ce qui m'arrivait, il était hors de question que je passe mon temps à geindre.

Alors je courais, courais, sans réfléchir. L'allure des autres participants était très rapide, et allait vite devenir difficile à suivre pour moi. Mais cela allait faire environ vingt minutes que nous courions tous, et je n'étais que très légèrement essoufflée. Comme je l'avais dit, je n'étais pas extrêmement sportive, et j'étais étonnée de mon niveau de fatigue relativement faible, même si j'étais vers la fin du peloton. Finalement, peut être avais-je raison. Ce n'était pas réel ; je ne vivais pas vraiment ce qu'il se passait.

Je soufflai doucement, et quittai le sol bétonné du regard pour la première fois. Maintenant que je me sentais plus en sécurité, la curiosité s'immisça dans mes pensées. Je regardai attentivement autour de moi dans l'espoir d'apercevoir l'un des personnages que j'avais rencontrés entre les pages du manga ce matin même - ou ce qui me semblait l'être. Gon, Léolio, ou ce blondinet dont j'avais oublié le nom. Mais le seul visage familier que je trouvai pour l'instant fut celui de l'homme grassouillet qui m'avait abordée alors que j'étais complètement paniquée, quand je venais de me réveiller dans le tunnel. Je me sentis ridicule en me souvenant de la manière dont je m'étais comportée devant lui, mais je ne pouvais rien arranger. L'idée d'aller lui parler m'effleura mais je la bannis rapidement. Les personnes ici ne me paraissaient pas encore tout à fait réelles, et j'aurais volontier effacé le court échange que j'avais eu avec cet homme.

Je devais me contenter de courir, et qui sait ? Peut être que ce tunnel représentait mon chemin vers le paradis. Je n'avais plus qu'à attendre d'apercevoir la Lumière, ou quelque chose dans le genre. Avant ce jour, je ne croyais à rien de tout ça, mais j'avais à présent l'impression que tout pouvait arriver.

Quoi qu'il en était, je devais continuer de courir.

Quand je reportai mon attention sur les autres participants, mon cœur loupa un battement. Mon regard fut accroché par une paire d'yeux gris, et j'évitai de justesse une chute de surprise.

Je m'en souvenais maintenant.

De son nom.

Kurapika.

Mon étrange réaction ne lui avait pas échappée, mais il reporta son attention sur la route devant nous, indifférent. Il n'était qu'à trois ou quatre mètres à ma gauche.

Je plantai mon regard au sol et tâchai de reprendre une allure et une respiration régulières.

Je. Ne. Dois. Pas. Le. Regarder.

Toute ma curiosité s'était envolée. Je n'avais aucune envie de croiser Gon et sa clique stupide, et tout simplement aucune envie de parler à qui que ce soit. Chassez le naturel, il revient au galop, comme on dit.

Je décidai de m'interdire formellement de lever le regard sur les autres. Cela risquait de nuire au mince et fragile courage que j'avais réussi à rassembler.

Les yeux obstinément figés sur la route, je me reconcentrai sur mon souffle. Les pas des participants résonnaient dans un concert de claquements, étrangement amplifiés par la structure du tunnel.

— Tout va bien ?

Je me tournais vivement vers la provenance de la question, et me retrouvai face à lui. J'eus un hoquet de surprise et lâchai :

— Kurapika ?

L'étonnement s'afficha sur son visage.

— Alors tu me connais ?

Je pestai intérieurement. Impossible d'expliquer ma situation.

— Non, je répondis sèchement.

Puis j'allongeai le pas afin de le distancer un peu et de clore définitivement la discussion. Mais le garçon n'en avait pas terminé avec moi.

— Attends ! Qui es tu ?

Qu'est ce que je pouvais lui dire ? Il réapparut à mes côtés, et resta silencieux, attendant clairement une réponse.

— Je m'appelle Norah, lâchai je bêtement.

Il fronça les sourcils.

— Norah. Je te connais ?

Je tentai de mettre mes pensées en ordre pour lui fournir un réponse claire et satisfaisante.

— Non, tu ne me connais pas. Moi si mais...pas toi. Enfin, je ne te connais pas vraiment...

Je me frappai le front du plat de la main, dépitée. Comme réponse claire, je pouvais encore faire mieux.

— Écoute, je repris sur un ton acide, ce serait trop compliqué à expliquer alors laisse tomber !

Quand je me rendis compte que j'avais haussé la voix, je rougis.

— J'aimerais économiser mon souffle, ajoutai je doucement en guise de justification.

Kurapika voulait clairement en savoir plus mais il sembla réfréner sa curiosité. Il se remit à courir en silence, à un mètre de moi.

Je n'étais pas très fière de cet échange désastreux. Depuis que j'étais ici, je n'avais pas réussi à tenir une seule conversation correctement.

Pas grave, je n'étais pas là pour ça.

Je soupirai, et calai ma respiration sur mes foulées.

Je devais juste courir, pour l'instant.


Laisser un commentaire ?