Laissez moi rêver...

Chapitre 2 : Début du cauchemar

1113 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/02/2023 13:35

J'ouvris soudainement les yeux.

Mon coeur battait tellement fort qu'il semblait vouloir s'échapper de ma poitrine, et tout mon corps était agité de violents tremblements. Mais je mis plusieurs secondes à m'en remémorer la raison.

Accident.

Mon coeur s'accéléra encore et je baissai les yeux sur mon corps pour m'assurer que j'étais toujours en un seul morceau. Mais la seule trace de cette horrible matinée se trouvait sur mes chaussures blanches sous la forme de salissures boueuses.

J'avais la tête cotonneuse de quelqu'un qui venait de s'éveiller d'un long sommeil, comme si ce qu'il s'était passé n'était simplement qu'un affreux cauchemar. Mais... Ce n'était pas le cas, n'est ce pas ? Tout était vraiment arrivé ? Alors... j'étais... morte ?

Je levai pour la première fois un regard fiévreux sur les lieux autour de moi et hoquetai en observant des dizaines d'hommes réunis dans une espèce de souterrain au plafond et aux murs parcourus de longs et gros tuyaux.

— Qu'est ce que c'est que cet endroit ? je lâchai étourdiment, sans me rendre compte que je parlais toute seule.

Affolée, je reculai un peu et heurtai un mur.

— Tout va bien ? s'enquit une voix à ma gauche.

Je mis trois secondes à réaliser qu'elle devait s'adresser à moi, et encore trois supplémentaires pour trouver le courage de lever la tête vers son propriétaire. La personne qui m'avait parlée était un petit homme de forte corpulence affichant une mine inquiète.

Je balbutiai quelques propos inintelligibles.

— Tu m'as l'air bouleversée, reprit il aimablement. Ce doit être le stresse de l'examen. Que dirais tu de boire quelque chose avec moi, histoire de te détendre un peu ?

À ces mots, il sortit deux cannettes de soda, et m'offrit un large sourire qui se voulait sans doute rassurant.

Je restai immobile, à le regarder fixement comme une imbécile. J'avais bien entendu ce qu'il m'avait dit, mais encore aurait il fallu que je le comprenne. Mal à l'aise devant mon silence, l'homme se racla la gorge puis continua, en décapsulant les cannettes.

— Je m'appelle Tompa. Tu es nouvelle, n'est ce pas ? J'ai l'œil pour les repérer, les nouveaux, il faut dire que c'est ma 35ème participation à l'examen Hunter !

Il prit mon air ahuri pour de l'admiration.

— Et oui ! C'est ça qu'on appelle un vétéran !

— Vous avez dit... ( je déglutis ) examen Hunter ?

J'écarquillai les yeux quand je reconnus enfin l'endroit dans lequel je me trouvais. Un endroit inventé dans un manga.

— Examen Hunter, répétai je, stupéfaite.

— Et bien... Où croyais tu être ? demanda l'homme, presque aussi étonné que moi.

Je fus prise d'une vilaine nausée, tandis que mes jambes courbaturées se mirent à trembler.

— C'est impossible ! m'écriai je. Je devrais...être morte ou... à l'hôpital ! Mais pas...

Je me laissai glisser le long du mur et atterris au sol sur les fesses. Je me pris la tête entre les mains et éclatai en sanglot. Je vis du coin de l'œil l'homme reculer et s'éloigner à pas vifs, sûrement effrayé par le tableau de folie pure que je devais offrir.

Quelques secondes plus tard à peine, une petite voix nasillarde s'adressa à moi :

— Voilà votre numéro.

Je levai la tête et fut nez à nez avec une basse créature verte à la tête ronde et aux grands yeux. J'eus un mouvement de recul et me cognai le crâne dans le mur en béton.

— Vous êtes...?

— Prenez votre numéro, répéta t-il.

Je remarquai alors qu'il me tendait un badge blanc, inscrit du numéro 406. Je jetai un nouveau coup d'œil méfiant à sa tête de haricot, et pris la plaque d'une main tremblante.

— Euh... ( je ne sus pas comment m'adresser à lui ) Monsieur ? Où sommes nous ?

Je devais vraiment paraître débloquée, mais c'était bien ma dernière préoccupation. J'avais impérativement besoin d'une seconde confirmation.

— À l'endroit de la première épreuve de l'examen Hunter, répondit il sur un ton étonné.

J'accusai le coup un instant. Puis je me relevai, essuyai mes joues humides de larmes, et accrochai le badge sur ma veste en jean.

— Merci, dis je au haricot en tâchant de maîtriser ma voix.

Il s'éloigna en trottinant.

À présent, je devais me reprendre en main. Le première chose que je fis fut de vérifier l'état de mon corps. Je remontai un peu mon pantalon, mes manches, mais rien. Aucune trace. Pourtant, bien que minime, la douleur était là. Celle du dos ne devait correspondre qu'à une simple égratignure, mais ma jambe droite me faisait un mal de chien. Rien de cassé, toutefois. Tant mieux...

Restait la dernière question.

Comment se faisait il que je me retrouvais dans un manga, alors que je venais d'avoir un accident de voiture ? Quelques inspirations calmes, et mon cœur ralentit enfin, mes tremblements diminuèrent, et mes nausées disparurent.

Finalement, pas besoin de paniquer.

C'était impossible.

Tout simplement.

Je rêvais, non ? Un rêve étrange, tellement réaliste, mais forcément un rêve.

Mon cœur accéléra de nouveau quand j'aperçus sur le dos de ma main la balafre causée par le coin de ma table de chevet. Mes habits et mes chaussures sales, la petite blessure sur ma main, les douleurs de mon corps, tout semblait me hurler que cette matinée s'était réellement passée.

Mais ça ne pouvait pas être possible !

Et si j'étais morte ? J'avais l'impression que mes pensées tournaient en rond... Mais pour la première fois, j'envisageai sérieusement la possibilité d'avoir été tuée sur la route. Cela voudrait dire que j'étais au Ciel, ou quelque chose dans ce style ? Moi qui n'y avais jamais cru, je ne pouvais accepter une chose pareille.

Soudain, un hurlement aigu m'arracha un cri de surprise. Sur la défensive, je tournai la tête dans tous les sens et aperçus un homme moustachu en costume, perché sur l'un des tuyaux qui parcouraient les murs, surplombant la foule de gens. Le son aigu provenait d'une espèce de porte-clés, que l'homme éteignit. Un silence tendu s'installa.

— Me voilà, dit il solennellement. Le temps de l'accueil est terminé.

La salle entière sembla retenir son souffle. Je fermai les yeux, terrorisée. Quoi qu'il dise, cela ne m'aiderait pas du tout.

— Sur ce, l'examen de Hunter peut commencer.

Cette phrase me fit l'effet d'une douche glacée.

Mes derniers espoirs venaient d'être réduits à néant.

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