Il y a des jeux bien pires

Chapitre 5 : Ce sont les choses auxquelles nous tenons le plus qui nous détruisent

9736 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/01/2024 19:37

Mon nom est Katniss Everdeen. Je suis du District 12. J’ai été deux fois dans les Hunger Games. J’étais le Geai Moqueur dans la guerre contre le Capitole. Le Capitole n’existe plus. Ma sœur est morte. Elle a été tuée par une bombe. Gale est peut-être celui qui l’a tuée. Ma mère ne vit plus ici. Le District 12 a été détruit. Le District 12 est en train d’être reconstruit. Je vis avec Peeta Mellark. Je suis enceinte de presque cinq mois. Mon bébé vient juste de bouger. J’en suis terrifiée. Il me reste encore presque cinq mois à tenir.


Je l’ai déjà répété sept fois. Je continue, en me balançant et en répétant mon monologue dans mon esprit. Je suis vaguement consciente de la présence de Peeta, se tenant à côté de moi. Il essaie de se montrer patient, mais, de toute évidence, il est inquiet. La sensation que l’on est en train de voltiger dans mon ventre est toujours là, par vagues, cela s’arrête un moment, puis recommence. Je ne comprends pas pourquoi je suis si terrifiée. Je ne peux même pas commencer à réfléchir à une explication pour l’instant. Tout ce que je peux faire, c’est me balancer et répéter mon monologue.


Après la douzième répétition, Peeta ne peut plus attendre et prend la parole.


-         « Le monologue ne marche pas, si ? »

 

-         « Non, pas vraiment » dis-je sans parvenir à desserrer mes dents.

 

-         « Il faut qu’on commence à réfléchir à autre chose, parce-que tu en as encore pour à peu près cinq mois avec ça »

 

Tout ce que je peux faire est hocher la tête, déjà en train de craindre pour les mois à venir.

Peeta s’élance hors de la pièce et réapparaît quelques temps plus tard avec un très vieux morceau de corde usagée. C’est la corde que Finnick m’avait donnée pour faire des nœuds. Je n’avais pas eu à l’utiliser depuis des années. Un souvenir me frappe soudainement. Finnick me donne un conseil « Il vaut mieux ne pas se laisser aller. Ça prend dix fois plus de temps de te reconstruire que ça n’en prend pour s’effondrer. » Je ne peux pas m’effondrer. Je ne peux pas me le permettre. Je ne peux pas finir comme ma mère. Elle a été brisée en tant de morceaux qu’elle n’a même pas pu s’occuper de nous. Cet enfant n’est même pas encore né. Je ne peux pas m’effondrer avant même qu’il soit né. Je ne peux pas être un parent brisé, inutile, dès le premier jour. Il faut que je tienne bon. J’attrape le morceau de corde avec mes mains tremblantes, et je commence à tenter de faire des nœuds. Ils sont négligés et maladroits, et pour cause, mes mains sont quasiment en train de vibrer. Je termine mon nœud et recommence mon monologue. Après un moment, je suis toujours terrifiée, mais je me sens de nouveau saine d’esprit. Je n’hyperventile plus, je ne me balance plus sur ma chaise. Mais je n’en suis pas pour autant à l’aise. Je ne me sens pas en sécurité. Je peux seulement rester à flots, mais même pour ça, il faut que je lutte.

Peeta semble le le remarquer. Il s’approche de moi, inquiet, et m’entoure de son bras. Ça m’aide un peu. Ce contact physique m’aide à garder les pieds sur terre dans des moments comme celui-là. Il hésite avant de placer sa main sur mon ventre. Je tressaute un instant, avant de finir par me détendre. Le poids de la main de Peeta me distrait un peu de la séance de voltige qui se tient dans mon ventre. Je ne la ressens plus aussi vivement. Je le laisse faire, heureuse d’être quelque peu soulagée. Je sais que ça ne fonctionnera pas éternellement. Quand l’enfant sera suffisamment grand et fort pour me donner des coups de coudes et me donner des coups de pieds dans les côtes, la main de Peeta ne le distraira plus. Je le laisse faire parce qu’il ne se passera pas longtemps avant que ces séances de voltige ne se transforment en véritables coups de pieds.


Bientôt, la voltige s’arrête. J’hésite un moment avant de cesser de nouer ma corde. Je la pose et Peeta me regarde, retirant sa main.


-         « C’est fini »


Peeta hoche la tête, reconnaissant. Il me jette un regard inquiet, remué par ma crise. Il pense à la même chose que moi. Comment vais-je pouvoir survivre aux mois qui viennent ?


-         « Que vas-tu faire ? »

 

-         « Que puis-je faire ? » Je ne peux penser à rien d’autre que de tenter de prendre sur moi-même. Cette nuit-là, je me couche avec le morceau de corde à côté du lit. Peeta dort, serré contre mon dos, m’entourant de ses bras, les deux mains sur mon ventre.

 

J’emporte cette corde partout où je vais, quoique Têtard semble bouger le plus souvent en soirée. C’est bienvenu, de cette manière, mes moments dans les bois ne sont pas interrompus, et Peeta est généralement présent quand les mouvements commencent. Parfois, cependant, Têtard décide de commencer à bouger quand il ne le faudrait pas. Un jour de la semaine suivante, Têtard décide de commencer à faire des cabrioles alors que je commerce en ville. Je ne peux pas m’effondrer, commencer à faire des nœuds et hyperventiler alors que j’ai une affaire à faire tourner. Il faut que je serre les dents et que j’essaie de garder un visage serein. Un jour, ça tourne suffisamment mal pour que j’en vienne à aller parler du problème à Sage plutôt que de l’éviter en espérant qu’elle n’interférera pas. Je lui dis que j’ai besoin de lui parler et elle m’introduit dans son bureau, prise par surprise du fait que plutôt que de faire de la rétention d’information, je lui en fournisse volontairement. Je lui parle de l’anxiété qui me paralyse quand Têtard bouge. Je lui parle des réticences que j’avais à avoir des enfants dans un premier temps. Elle acquiesce, en fronçant légèrement les sourcils.


-         « Eh bien, le fait que vous soyez anxieuse ne me surprend pas, surtout si vous étiez réticente à l’idée d’avoir des enfants avant. Être la figure de proue d’une guerre à dix-sept ans n’a certainement rien arrangé non plus de ce côté-là. Le mouvement vous semble invasif et étranger. Cela fait se rejoindre toutes vos peurs. Mais, bien sûr, ce n’est pas le sujet. Le problème est de faire en sorte que vous puissiez la gérer. Que faites-vous pour le moment ? »

 

-         « Eh bien, Il y a cette chose que je répète dans ma tête. Quand je deviens confuse, ou que je suis bouleversée par quelque-chose. Ce sont simplement des choses que je sais être vraies. Je commence avec des choses simples puis je vais vers ce qui est plus compliqué. Ce genre de choses. C’est ce que je fais. Ah, et j’ai cette corde avec laquelle je fais des nœuds. Différents types de nœuds. Ça me garde les mains occupées. »

 

-         « Et ça fonctionne bien ? »

 

-         « Ça me permet de ne plus hyperventiler. »

 


-         « Ce n’est toujours pas bon. Je suis désolée, Katniss, ce n’est pas mon champ d’expertise. Je ne sais pas que vous dire d’autre, à part de continuer à faire des nœuds. La seule chose que je peux vous suggérer est de demande des conseils à des personnes dont vous savez qu’ils sont en lien avec la guerre. Y-a-t-il quelqu’un de votre connaissance qui a eu des enfants ? Je suis sûre qu’ils ont aussi rencontré des problèmes. Je pense que vous recevrez de meilleurs conseils de la part de personnes qui comprennent tout à fait ce que vous avez vécu. Ils seront en tout cas toujours meilleurs que ceux d’un docteur qui n’avait que six ans pendant vos premiers jeux. » Sage me montre un grand sourire, en rougissant. J’oublie parfois que Sage sait qui je suis depuis qu’elle a dix ans. Elle m’a regardée avec Peeta pendant nos premiers jeux, et nos seconds. Je me demande ce que peut ressentir un si jeune enfant devant une guerre aussi sanglante, une guerre qu’aucun enfant aussi jeune n’a la capacité de comprendre. Je me demande ce que ça peut faire de soigner une personne qui a été la figure de proue d’un évènement qui a changé votre monde pour toujours, qui l’a incarné, qui a causé tant de bouleversements et de morts. Je suis certaine que Sage a vu les clips de propagande dans lesquels j’apparaissais. Je devais être terrifiante pour une enfant de six ans. Je suis certaine que je dois lui rappeler des souvenirs terrifiants. Je me sens soudainement très coupable. Peut-être que c’est pour ça que Sage ne montre jamais ses sentiments. Elle a certainement dû grandir aussi vite que moi quand j’avais son âge.

 

-         « Katniss ? » Je réalise que je n’ai pas dit un mot. Je dévisageais Sage.

 

-         « Désolée, j’étais juste en train de réfléchir. » Cette fois, je réfléchis à ce qu’a suggéré Sage. Tant de noms me passent à travers la tête. Tant de personnes sont mortes. Ceux qui sont encore en vie sont éparpillés un peu partout, rendus seuls par la guerre. Je vais répondre « non », quand je me souviens. Annie. La pauvre, l’endeuillée, la folle Annie a réussi à mener à terme sa grossesse. Je suis certaine que ça n’a pas été facile, plus encore sans Finnick pour garder ses pieds sur terre. Parfois, nous recevons des lettres de sa part. Je pense qu’il est temps qu’elle en reçoive une de la mienne.

 

-         « Oui, il y a quelqu’un à qui je peux demander. »

 

-         « Bien, bon, dites-moi ce qu’elle vous dit et dites-moi si ça fonctionne. »

 

-         « Je le ferai »

 

-         « Bon courage. Tenez-moi au courant de vos progrès. Et, comme toujours, s’il y a quoi que ce soit… »

 

-         « Je viens chez vous. » Cette fois-ci, je le pense.

 

Sage acquiesce, professionnelle et je la quitte. Quand je rentre, j’écris ma lettre à Annie. Elle sera la première de nos anciens amis à entendre parler de ma grossesse. En dehors des Hawthorne, dont je suis certaine qu’ils sont au courant par le biais d’Hazelle. Je lui dis combien je suis terrifiée quand Têtard bouge, que je ne peux pas me défaire des liens que j’ai fait entre ce mouvement dans mes entrailles, et les étranges châtiments du Capitole. Je lui dits que je fais des nœuds, comme Finnick me l’avait enjoint, je lui dis pour mon monologue. Je lui demande si elle a rencontré des difficultés semblables aux miennes. Je lui demande si elle sait comment chasser mes terreurs. Bien sûr, je lui demande comment se porte son fils, Killian. C’est encourageant de savoir qu’Annie a un fils qui est en sécurité, tout entier, heureux, qui a déjà 14 ans et, quoique je l’aurais pensé impossible pour quiconque avant la révolution, insouciant. Je sais que la lettre va prendre un certain temps pour parvenir à Annie dans le District 4. Tout ce que je peux faire en attendant, c’est faire mes nœuds et répéter mon monologue en attendant qu’elle ait des conseils à me donner.


Comme si la gymnastique de Têtard ne suffisait pas, je deviens suffisamment grosse pour que les chemises de Peeta ne masquent plus rien. Même dans des vêtements amples, on voit clairement que mon ventre s’est arrondi. On dirait que quelqu’un m’a coincé la moitié d’un ballon de football dans le ventre. Les gens le remarquent maintenant. Une femme fronce des sourcils en me regardant avant que son visage ne s’éclaircisse. Elle de dit rien, mais elle essaie de toute évidence de ne pas arborer un grand sourire. Beaucoup de gens le font, ils réalisent doucement, et retournent à leurs affaires, avec un petit sourire. Quelques-uns, cependant, sont plus francs.


-         « Katniss, est-tu ? »


Je coupe habituellement ces interpellations par un rapide « Oui ».


Certains me disent tout simplement « Félicitations » en souriant, comme si de rien était.


Peu me disent des choses comme « Il était temps », ou « Vous en avez mis un temps ».


D’autres gloussent, secouant leurs têtes en disant, « Je n’aurais jamais cru voir ça un jour »


Sae Boui Boui, qui, bien que plutôt âgée soit toujours en affaires, se contente de sourire, puis rit à tout rompre, et finit par me tapoter deux fois le ventre. Je prends soin d’elle maintenant, tout comme elle a pris soin de moi après mon retour dans le District 12. C’est de sa réaction dont je m’offusque le moins.

Une chose est sûre. Tout le monde est incroyablement excité que je m’apprête à avoir un bébé. Le mot va commencer à se passer jusqu’à atteindre les confins de Panem. Têtard pourrait avoir quelques-mois le temps que la nouvelle ne les atteigne, mais elle les atteindra. Je sais pourquoi tout le monde est si enthousiaste. Je n’ai jamais cessé d’être le Geai Moqueur. Je ne pourrai jamais m’en défaire. Les gens prennent exemple sur ma manière de vivre, et de faire face. Je suis toujours le symbole de la révolution. Si je peux guérir, si je peux trouver quelque bribe de bonheur, si je peux avoir des enfants, si je peux avoir une vie après être passée à travers l’enfer, alors eux aussi le peuvent. Je n’aime pas ce fardeau. Mais je réalise maintenant, que, même si je n'avais pas été d’accord pour mettre l’armure de Cinna et apparaître dans quelques clips de propagande, j’aurais toujours été le Geai Moqueur. J’étais le Geai Moqueur dès que j’ai sorti cette poignée de baies de ma bourse. Alors, je m’efforce de me montrer patiente, et je le supporte.


Voir Sage au milieu de l’enthousiasme environnement est rassurant. Elle est aussi laconique et professionnelle que d’habitude, ça me change de l’allégresse ambiante qui m’étouffe. Ce jour-là, c’est un de ces jours où Sage me tire à l’intérieur pour me faire des examens. Elle me fait m’allonger à côté de cette étrange machine, et la passe de nouveau sur mon ventre. Elle ricane légèrement à un moment donné, alors qu’elle scrute l’écran.


-         « Quoi ? »


-         Elle hoche la tête en regardant le moniteur. « Le bébé est en train de sucer son pouce, c’est tout. »

 

-         « Quoi ? »

 

Elle tourne le moniteur de sorte que je le voie. Elle ne m’a jamais dit ce qu’elle cherchait avec cette machine. Il y a des formes grises sur l’écran, toutes floues. Après un instant, la mise au point se fait, et je le vois. C’est petit, enroulé, et clairement, terriblement humain. Effectivement, le bébé suce son minuscule pouce. Je ne réalise pas tout de suite la portée de ce moment. C’est probablement le plus important, le plus difficile, le plus gratifiant, et le plus désintéressé des travaux que j’aurai jamais à accomplir. C’est terrifiant de réaliser l’écrasante responsabilité qui nous incombe désormais, à Peeta et à moi.


-         « Est-ce que tout va bien ? »

 

-         « Oui, j’essaie juste de le digérer, je crois. »

 

-         « Eh bien, vous vous en sortez mieux que la plupart des gens. Normalement, les mères commencent à pleurer. »

 

-         « Ça impliquerait que je sois normale. »

 

-         « C’est vrai. Vous savez, je peux l’imprimer. Je parie que Peeta aimerait le voir. »

 

-         « Il pleurera certainement » dis-je en hochant la tête.

 

Sage rit en entendant ça.


-         « Alors, je vais l’imprimer. »


Elle produit une petite image carrée avec les formes grises et noires de l’image. Je sais que Peeta sera hors de lui quand il va le voir. Sage me dit que je peux y aller. Je la remercie pour l’image et je sors de son cabinet à l’aube. Le soleil est bas au-dessus des montagnes arrondies, ici, dans le douze. Je marche en regardant l’image. Je me sens idiote., mais je n’avais pas encore envisagé cette enfant comme un être vivant, dont il nous faudra prendre soin. A quoi va-t-il ressembler ? Quel genre de personnalité va-t-il avoir ? Va-t-il ressembler davantage à Peeta ? Ou à moi ? Ou alors sera-t-il lui-même, sans ressembler à aucun de nous ? Je pense aussi à des choses concrètes maintenant. Nous n’avons pas préparé la maison pour l’arrivée d’un bébé. Où va-t-il dormir ? Que va-t-il porter ? Il nous faut un berceau, des couvertures, des vêtements, des biberons, des couches. Je marche dans la maison en pendant à toutes les choses que nous devons faire ces quatre prochains mois et demi. J’ai presque oublié l’image quand Peeta me demande.


-         « C’est quoi, ça ? »

Je réalise que je suis toujours en train d’à moitié la regarder, et que j’ai marché à travers de la maison sans lui porter la moindre attention. Il me regarde avec curiosité, si ce n’est avec un peu d’inquiétude.


-         « C’est Têtard. », lui dis-je, en lui tendant l’image. Il fronce légèrement les sourcils pendant un instant avant qu’il ne reconstitue l’image parmi les ombres. Ses yeux s’écarquillent, puis ils se mettent à s’illuminer. J’avais raison. Peeta pleure juste un peu. Mais il semble aussi terrifié que je ne le suis.

 

-         « Oh mon Dieu »

 

-         « Oui, c’est ce à quoi je pensais. »

 

-         Il hésite à me poser la question, « Est-ce que ça veut dire que je suis stupide que je n’aie pas réalisé jusqu’à maintenant ? »

 

-         « Non, j’ai pensé la même chose. Je voulais t’en parler. Nous n’avons aucun endroit où Têtard pourrait dormir, nous n’avons pas de vêtements. Peeta, nous n’avons rien fait. »

 

-         « Tu as raison, nous devrions y travailler. Est-ce qu’on ne peut pas transformer une des chambres à l’étage en nurserie ? »

 

-         « Oui, mais laquelle ? »

 

-         « Je dirais celle en face de notre chambre. Alors, on sera à côté. Je n’aime déjà pas l’idée de mettre bébé dans une pièce où on ne pourrait pas se rendre rapidement. »

 

Peeta réfléchit comme moi. Je n’aime pas plus que lui l’idée que têtard dorme dans une autre chambre que la nôtre, mais cet enfant aura besoin de son propre espace quand il sera un peu plus vieux. Mais, s’il doit être dans une autre chambre que la nôtre, nous voulons pouvoir l’entendre. Je suis aussi d’accord.

 

-         « Ça va fonctionner. Il nous faudra sortir le mobilier, cependant. »

 

Toutes les maisons du village des vainqueurs ont été livrées meublées, et pré-décorées, une superficie gigantesque et un objectif rêvé pour chaque pièce. Nous avons beaucoup trop de place ici, même pour trois personnes. Mais, à moins que nous voulions que la nurserie de têtard ne ressemble à un salon du Capitole, il nous faudra changer le mobilier, et adopter une palette de couleur moins criarde.

-         « Je peux repeindre cette chambre. Je ne pense pas que ces couleurs soient adaptées à une Nurserie. »

 

 

 

-         « J’y pensais justement. De quelle couleur devrait-elle être ? »

 

 

 

-         « De quelle couleur voudrais-tu qu’elle soit ? »

 

 

 

-         « Jaune ou bleue. Mais doux. Pas comme au Capitole. »

 

 

 

-         « J’aime l’idée du jaune. Un jaune doux, comme le soleil. »

 

Après cette nuit-là, Peeta se dévoue à décorer la nurserie de Têtard. Chaque jour que j’y vais, il y a des évolutions. Le jour qui suit celui au cours duquel nous avons décidé de repeindre la chambre, je suis revenue à la maison, j’ai monté les escaliers pour enlever mon équipement de chasse, et j’ai vu j’ai vu que Peeta avait posé des bâches sur le sol et commencé à peindre les Plinthes et les fenêtres. Le jour suivant, je sens la peinture fraîche et je monte pour voir Peeta avec ses rouleaux, recouvrant les murs criards, le violet du Capitole ne réapparaîtra plus. Le jour d’après, il est en train de recouvrir les murs d’un jaune, de la même couleur que du beurre, du jaune qui convient à un bébé. Mon préféré, je crois, où, après être montée, je découvrais Peeta en train de peindre le plus grand mur de la pièce. Je me demandais pourquoi il ne l’avait pas peint en jaune. Maintenant, je comprends. Peeta est occupé à peindre ce mur pour qu’il ressemble à mes bous. Mon lac est d’un côté, la forêt dense de l’autre. Ça a l’air superbement réel. Il s’est assuré de mettre en valeur la même teinte de jaune que pour le reste de la pièce, le rendu est parfait. Peeta me remarque après quelques temps.


-         « Ça te va ? Tu aimes ? »

 

-         « Bien sûr que j’aime. Ce sont mes bois. Qu’est-ce qui t’a décidé à faire ça ? »

 

-         « Eh bien, quoi qu’il arrive, je serai bien dans cette pièce. En revanche, tu vas devoir passer beaucoup de temps ici. Je sais que le fait d’avoir un bébé va te prendre beaucoup du temps que tu passes dans les bois. Je me suis dit que ça te ferait du bien. »

 

-         « Ça a l’air réel. »

 

-         « C’est ce que je voulais. Tu penses que ça t’aidera ? »

 

-         « Absolument. C’est parfait. Merci »

 

Peeta sourit alors qu’il continue de peindre. Dans les prochains jours, le mobilier va commencer à apparaître dans la chambre. D’abord, un berceau fait en bois clair et léger. Ensuite, une table à langer. Enfin, une commode. Ensuite, nous installons des étagères. Le jour où je rentre et que Peeta se tient au milieu de la pièce, sans rien faire d’autre, je sais que c’est terminé. Le dernier ajout a été un rocking chair. Je m’installe dedans, hésitante. La chambre est ensoleillée, spacieuse et ouverte. Peeta hoche la tête plusieurs fois.


-         « Tu penses que ça y est ? »

 

-         « Oui, je ne voudrais rien y changer. »

 

Je m’assieds un peu dans cette pièce tous les jours. Je pense que c’est en train de devenir ma pièce préférée de la maison. Bien que je n’y reste jamais trop longtemps. Les bois de la peinture vont bientôt remplacer les vrais très bientôt. Il me devient plus difficile de me faufiler sous la clôture. J’ai dû creuser un petit trou arrondi en dessous de celle-ci pour m’accommoder de mon ventre, désormais plus gros. Le bébé devient de plus en plus grand et lourd. Je peux commencer à le sentir déformer mon dos. Je ne peux plus grimper aux arbres. Je sais que mont centre de gravité s’est suffisamment déplacé pour que ce soit trop dangereux. Je m’assieds donc dans l’herbe plus souvent ces derniers temps. Ça devient difficile de transporter ma gibecière dans le village maintenant. Têtard en plus du gibier, ça fait une bonne masse supplémentaire. Les mouvements de Têtard sont plus puissants que ce dont j’avais l’habitude. J’en arrive à un point où il est plus fréquent que j’ai la plupart du temps ma corde entre les mains. Le seul endroit où Têtard ne gigotte pas, c’est dans les bois. Peut-être que l’enfant peut sentir que j’y suis moins tendue. Je ne sais pas, mais je suis reconnaissante d’avoir un peu de calme.


Le jour où je suis essoufflée du fait d’aller chez Sage, elle me dit qu’il me reste deux semaines avant que je ne sois plus capable de le faire. Mon temps se fait court. Je lui dis, mordante que je continuerai d’aller dans les bois jusqu’au jour où je resterai coincée en essayant de me faufiler sous la clôture. Elle lève les yeux au ciel.


-         « Eh bien, ne m’appelez pas au secours si vous restez coincée. Je vous aurai prévenu. »


Je lui ris au nez.


Quelques jours plus tard, je remarque qu’il commence à faire frais dehors. La plupart des feuilles sont tombées, et les mois ont l’air plus gris, plus austères, dégingandés et nus. Le lendemain, une mince pellicule de givre s’est déposée partout. Heureusement, j’ai des bouffées de chaleur la plupart du temps, donc le froid est un changement bienvenu. Le givre m’aide également à me glisser sous la clôture plus facilement. Cependant, le gel est inégal, le soleil est encore suffisamment chaud pour le fait fondre par endroits. Je m’assieds souvent dans les endroits où le givre a fondu, en étendant mes jambes. Je ne peux plus vraiment voir mes pieds, maintenant. Je soupire.

« A quel point as-tu encore l’intention de grossir ? » dis-je, soufflant en direction de mon ventre. Je sais que je ne tiens pas à avoir la réponse à cette question. Je sais que si je trouve déjà que Têtard est gros, je vais avoir un réveil brutal dans les semaines à venir. Têtard vient à peine d’entrer dans sa phase de croissance exacerbée. Je n’ai pas encore l’air d’avoir un ballon de plage sur mon ventre, mais ça ne saurait tarder. Je m’allonge, les mains posées sur mon ventre, en train de regarder un instant les nuages, en respirant béatement l’air vif. Je reviens à mon, et je me rends compte que je me suis assoupie dehors. Le soleil va bientôt se coucher. J’espère que Peeta ne s’inquiète pas trop, et je me glisse jusqu’à la clôture. Je n’ai rien dans ma gibecière, par la faute de mon assoupissement, mais de toute façon, le froid fait que le gibier se de plus en plus rare alors que l’hiver approche. Je suppose que je vais pouvoir vérifier les pièges demain, et qu’ils sauront mieux récompenser mes efforts. Je passe sous un arbre quand je perds l’équilibre. Il y a du givre qui s’y est suffisamment accumulé pour se transformer en une fine et glissante couche de glace. Je parviens à me raccrocher aux branches, évitant ainsi la chute, mais pas avant que ma cheville ne se retourne et prenne soudainement un angle peu habituel. Je me redresse, utilisant l’arbre pour me tenir. J’essaie de mettre un peu de poids sur ma cheville. Elle conteste vivement, une douleur aigue me remontant tout au long de ma jambe.


Je jure de tout mon souffle. Je n’aurais jamais perdu l’équilibre de cette façon auparavant. Je sais piétiner sur la glace sans glisser. Le changement de mon centre de gravité est la cause responsable de cet accident. Je ne peux qu’être reconnaissante que mes réflexes ne se soient pas émoussés, et que j’ai pu me rattraper à temps. Qui sait ce qui se serait passé si j’étais tombée ? Toujours est-il que maintenant, je dois retourner chez moi avec une cheville blessée, en marchant sur de la glace, et ce alors que je suis enceinte de six mois.


« Après tout, mieux vaut que ce soit maintenant. », dis-je, grognant à moi-même. Je veux juste rentrer à la maison avant qu’il fasse nuit, pour ne pas effrayer Peeta. Tout particulièrement parce qu’il va aller me chercher dans le noir, et qu’il ne se déplace pas bien sur la glace. Je ne veux pas qu’il se blesse parce-que je me suis endormie et que j’ai laissé le givre s’accumuler au sol. Je commence mon lent retour, essayant de marcher près des arbres, des clôtures, et des murs des maisons. Tout ce sur quoi je peux m’appuyer. Je ne peux pas m’appuyer sur ma cheville, sinon, je vais tomber pour de bon. Je glisse encore plusieurs fois et ne doit de rester debout qu’au fait que je parvienne à m’accrocher à quelques branches, ou à des piquets de grillages. J’atteins une plaque de glace particulièrement dangereuse, et je m’assieds sur une souche a mi-parcours, tâchant de réfléchir à un plan pour parvenir à en terminer la traversée. Il y a un arbre pas si éloigné, et puis une boîte aux lettres.


-         « C’est si stupide » dis-je, en crachant mon désolément.

 

-         « Comme si ça pouvait être nouveau pour toi. » J’entends un rire sarcastique derrière moi et me retourne. De tous les gens qui peuvent se montrer alors que j’ai besoin d’aide, Haymitch, saoul comme toujours, chancelle derrière moi alors qu’il rentre chez lui. Peeta et moi ne le voyons pas si souvent, bien que l’un d’entre nous va prendre de ses nouvelles toutes les quelques semaines. C’est Peeta qui le faisait ces derniers temps. Je ne fais pas confiance en mon estomac pour supporter l’odeur qui règne dans sa maison. Haymitch roule une bille de bois et est piqué d’un fou rire.

 

-         « Seigneur » parvient-il à s’étouffer avant que le fou rire ne le reprenne.

 

-         « Je ne vois pas ce qui est si drôle. », dis-je, caustiquement mordante.

 

-         « Je ne te vois pas pendant six mois, et quand je finis par te trouver, tu parles toute seule assise sur une souche, K.O et aussi grosse qu’une grange.

 

-         « Bon sang, Haymitch ! Je pense que je me suis foulé la cheville et j’ai dû mettre une demi-heure pour me traîner jusqu’ici. »

 

Haymitch rit d’autant plus, comme si de rien était. Je ramasse une petite pierre assez lourde, et la lui jette. Elle le frappe droit dans le nez, suffisamment fort pour le faire un peu saigner. Ses mains se portent à son nez et il maudit.

-         « Tu veux me rendre aveugle ou quoi ? »

 

-         « Non, je veux que tu la fermes et que tu m’aides ! »

 

-         « Bien ! Que veux-tu que je fasse ? »

 

-         « Aide-moi à rentrer chez moi ! Je ne peux pas m’appuyer sur cette jambe, ou elle va se dérober. J’ai dû m’appuyer aux arbres, aux clôtures et aux boîtes aux lettres pour revenir des bois ! »

 

-         « Qu’est-ce que tu y faisais, grosse comme tu es ? »

 

-         « Tu sais bien que je vais dans les bois tous les jours. »

 

-         « Et Peeta te laisse y aller ? »

 

-         « Tu penses vraiment que je l’aurais écouté s’il m’avait dit de ne pas le faire ? »

 

-         « Bien sûr que non. Katniss n’écoute jamais personne, elle sait toujours tout mieux que tout le monde. Et elle se demande pourquoi ses plans se finissent toujours comme ça. Encore une fois, c’est pour ça que personne ne te laisse faire les plans, chérie. »

 

-         « Tu penses être assez sobre pour m’aider sans me laisser tomber ou pas ? Peut-être que tu devrais simplement aller chercher Peeta. »

 

-         « Peeta tombe tout le temps sur la glace. Je vous ai gardé en vie pendant deux Hunger Games et une guerre, je peux gérer une marche de dix minutes. »

 

-         « Oui, et il m’a presque fallu vous arracher la main avec un couteau pour que vous vous impliquiez suffisamment pour nous aider dans nos premiers jeux. »

 

-         « Ferme-là et attrape mon bras. »

 

Je grogne et me redresse, en agrippant le bras d’Haymitch. Il est un peu instable, mais j’avance plus vite avec lui que je ne l’ai fait en me tenant aux branches d’arbres. 

-         « Qu’est-ce qui a bien pu te décider à en arriver là » dit Haymitch, hochant la tête en direction de mon ventre. »

 

-         « C’était l’idée de Peeta. »

 

-         « Je m’en doute bien. Je déteste te le dire comme ça, mais tu n’es pas exactement le genre de fille qui a l’instinct maternel. Qu’est-ce qui t’a fait accepter ? C’est ça que je veux savoir. »

 

-         « Je me sentais méchante de dire non à Peeta. Il me l’a demandé pendant quinze ans. Je ne suis pas assez bien pour lui, et il veut tellement des enfants. Je ne pouvais plus lui dire non. »

 

-         « Tu ne le mérite toujours pas. Mais je dois reconnaître que c’est un pas dans la bonne direction. Je te l’accorde. »

 

-         « Quelle générosité » dis-je, acerbe.

 

-         « Alors, combien de temps avant que le petit bougre ne sorte de là ? »

 

-         « Environ trois mois »

 

-         « Je vais prier pour Peeta. »

 

-         « Je ne suis pas si méchante ! »

 

-         « Bien sûr que tu ne l’es pas. Tu étais juste assise sur une souche à m’hurler dessus comme une furie. Tu vises même encore mieux maintenant. »

 

-         « … vraiment ? »

 

-         « Je n’aurais pas dû te le dire. »

 

-         « Oui, vous n’auriez pas dû. »

 

Nous atteignons finalement notre maison. Haymitch me porte à moitié au-dessus des marches et ouvre la porte. Il achoppe dans la cuisine, et me pose sur une chaise. Peeta redescend en courant.


-         « Katniss, où étais-tu ? Haymitch, que se passe-t-il ?»

 

-         « Mon garçon, tu as des idées noires ? A quoi est-ce que tu pensais en mettant celle-là enceinte ? »

 

-         « Je ne suis pas méchante avec lui, Haymitch. Je suis méchante avec toi, parce-que tu as décidé de te moquer de moi pendant dix minutes avant que tu ne te décides à m’aider à rentrer ! »

 

Peeta serre les dents.


-         « Haymitch, que fais-tu ici ? »

 

-         « Je suis là parce-que tu la laisse aller dans les bois, elle y est allée et s’est foiré la cheville, et je me suis retrouvé à devoir porter son cul de femme enceinte, après qu’elle m’a eu hurlé dessus et fait saigner. »

 

-         « Il ne m’a pas laissée aller dans les bois, Haymitch, ne rejette pas la faute sur lui. »

 

-         « Non, tu as raison. Je devrais toujours partir du principe que quand quelque-chose tourne mal, tu es la seule responsable, et que Peeta est simplement inconscient. »

 

-         « Vous ne voulez pas la fermer tous les deux ! »

 

Haymitch et moi sommes glacés devant la tonitruance de Peeta. La dernière fois que j’ai entendu Peeta être en colère à ce point, c’était dans le District 11, pendant la tournée de la victoire, quand nous ne lui avions pas parlé des menaces du Président Snow. Il se tient là, les yeux fermés, la main appuyée sur sont front, comme s’il essayait de calmer un mal de crâne. Haymitch et moi ne disons absolument rien. Après un instant, Peeta ouvre ses yeux lentement et soupire. Il me regarde.


-         « Que s’est-il passé ? Explique-moi sans te disputer, s’il te plaît. » Ses yeux fusillent Haymitch dans la dernière partie.

 

-         « Je me suis endormie dans les bois, et je les ai quittés trop tard. Je rentrais quand j’ai glissé sur la glace. Je ne suis pas tombée, mais j’ai fait quelque-chose à ma cheville. Je ne peux plus m’appuyer sur elle quand je marche. Il a fallu que je marche en m’appuyant sur les arbres et les clôtures. J’étais à mi-chemin de la maison quand Haymitch m’a trouvée et m’a aidée à revenir. »

 

-         « Katniss… » Peeta soupire de nouveau et ferme de nouveau les yeux. Je me sens vraiment coupable. Je provoque tant d’ennuis à Peeta, et il ne proteste que rarement. Il secoue la tête.

 

-         « Quelle cheville ? »

 

-         « La droite. »

 

Peeta, sans un mot, marche dans ma direction et se baisse pour regarder ma cheville. Il délace mes bottes avec précaution, et me les enlève du pied. Il enlève ensuite ma chaussette, et relève un peu la jambe de mon pantalon. Je ne peux pas voir ma cheville, mais à en juger par la réaction de Peeta, ce n’est pas très beau.


-         « Tu penses que c’est cassé ? » demande-je, doucement.

 

-         « Je n’en ai aucune idée. Je pense que nous devrions faire venir Sage pour qu’elle la regarde. »

 

Têtard choisit ce moment pour bouger, mais c’est différent cette fois. Il bouge par saccades, en rythme, ce qui me surprend. Je plonge sous la table pour prendre ma corde et je commence à faire des boucles. Je sursaute à chaque fois que Têtard le fait. Peeta remarque la différence et me regarde avec anxiété.


-         « Qu’est-ce qu’il se passe ? »


-         « Je ne sais pas, il fait des sortes de sauts. Je ne sais pas ce qu’il se passe. Vous pensez qu’il va bien ? Je l’ai peut-être blessé quand je suis tombée ? » Mes mains commencent à trembler autant que ma voix.

 

-         « Wow, calme-toi, trésor. Cet enfant a certainement simplement le hoquet » dit Haymitch calmement.

 

-         « Vraiment ? Ça peut arriver ? »

 

-         « Oui, les bébés peuvent avoir le hoquet dans le ventre de leur mère. Il est probablement juste stressé parce-que tu es énervée en ce moment. » Dit Haymitch hochant patiemment la tête.

 

Je ne sais pas d’où Haymitch sort ça, mais j’acquiesce, me calmant un peu. Maintenant, je reconnais le sautillement. Ce pauvre Têtard a le hoquet parce-que je suis trop tendue. Peeta repose son front sur ma tête une seconde, essayant de se calmer. Je suis en train de le stresser à mort ce soir. Après un instant, il se lève.


-         « Très bien, je vais aller voir Sage, elle nous dira quoi faire avec ta cheville. »

 

-         « Non, je vais y aller. Tu n’es pas à l’aise avec ta jambe sur la glace qu’il y a dehors. Reste ici avec elle, je serai de retour dans une minute. »  Dit Haymitch en maugréant.

 

Haymitch est sorti avant que nous puissions protester. Peeta se tient, fatigué, sur la chaise à côté de moi. Après quelques minutes de silence, je pose la question que Peeta a l’habitude de me poser.


-         « Tu es en colère après moi ? »


Peeta sourit en me voyant adopter sa phrase.


-         « Non, tu m’as juste inquiété, et je ne peux pas imaginer ce qu’il se serait passé si Haymitch et toi ne vous étiez pas rencontrés. J’étais inquiet à l’idée que ce genre de chose se produise, et je continue simplement de penser à ce qui se serait produit si Haymitch ne t’avait pas trouvé. »

 

-         « Je suis désolée. J’aurais dû t’écouter, et je n’aurais pas dû hurler sur Haymitch. »

 

-         « Je ne sais pas, il l’a sûrement mérité. »

 

-         « En quelque-sorte. Il ne voulait pas arrêter de se moquer de moi. Je lui ai lancé une Pierre. »

 

Peeta rit un peu, je blêmis alors que le Hoquet de Têtard se poursuit.


-         « Désolée, Têtard a toujours le hoquet. »

 

-         « Alors comme ça, les bébés ont vraiment le hoquet ? » Peeta sourit, de toute évidence, il pense que c’est mignon.

 

-         « Ouais. Je ne sais pas si tu pourras le sentir. Viens là ».

 

Je réalise que Têtard frétille maintenant depuis quelques semaines, et que je n’ai jamais laissé Peeta le sentir.  Je ne pense pas qu’il l’aurait peu les premières fois quand il avait sa main sur mon ventre. Les mouvements étaient trop petits, et maintenant qu’ ils sont trop grands pour que la main de Peeta y fasse quelque-chose, je me contente de faire des nœuds. Je ne sais pas piurquoi je n’ai pas pensé à permettre de Peeta de voir s’il pouvait le sentir. Peet hésite avant de mettre la paume de sa main à plat sur mon ventre. Après un instant, il se décide.


-         « Tu le sens ? »

 

-         « Ouais ! Je n'arrive pas à croire qu’il ait vraiment le hoquet ! » Peeta sourit. Il laisse sa main ici pour u temps, sentant les petits sauts que Têtard continue de faire. Je suis heureuse que Peeta passe un bon moment. Je déteste que Têtard bouge, mais ça fait sourire Peeta comme un fou, donc au moins quelqu’un est heureux. Quand Peeta se lève quand la porte s’ouvre, Sage s’introduit à l’intérieur, suivie par Haymitch.

 

-         « Eh bien, vous n’êtes pas restée coincée sous la clôture, mais je pense que c’est peut-être plus impressionnant encore. »

 

-         « S’il vous plaît, épargnez-moi vos remarques. » Maugrée-je. « Ma cheville me tue, le bébé a le hoquet, j’ai faim, et je ne suis pas d’humeur. »

 

-         « Quand l’êtes-vous de toute façon ? Vous auriez dû y penser avant de n’en faire qu’à votre tête. »

 

-         « Je l’aime bien » dit Haymitch, ricanant alors qu’il installe une chaise près de la cheminée.

 

Je lutte de toutes mes forces pour ne rien dire à aucun d’entre eux. Sage examine ma cheville.


-         « Ce n’est pas complètement cassé, mais il semble que vous l’avez fêlée un peu. Ça ne demandera pas de remise en place, mais il faudra la gardée enroulée avec quelque-chose, et surélevée. Mettez de la glace dessus si vous le pouvez. S’il neige dans les semaines à venir, vous pourrez vous en servir également. N’utilisez plus votre cheville. Elles sont déjà gonflées du fait de votre grossesse. Qui plus est, vous n’avez pas assez d’équilibre pour rester debout si vous ne vous appuyez pas correctement dessus. »

 

-         « Combien de temps vais-je devoir attendre avant de pouvoir marcher avec ? »

 

-         « Katniss, vous n’allez pas marcher beaucoup, en dehors du fait d’aller de pièce en pièce chez vous. »

 

-         « Vous voulez dire que je ne peux pas sortir ? »

 

-         « A moins que vous ne vouliez parler du pas de votre porte, non. Il n’est plus question de vous glisser sous la clôture désormais. Ce qui importe désormais, c’est la de ne plus utiliser votre cheville, ou vous allez l’endommager de manière permanente et vous risquez de tomber. Si vous tombez avec ce poids supplémentaire, vous êtes certaine de vous cassez quelque-chose. Bien entendue, plus vous vous approcherez du terme de votre grossesse, plus une chute risque de vous faire commencer le travail prématurément. Désolée, Katniss, mais votre cascade de ce soir a scellé votre sort. »

 

Je ne dis rien. Je ne peux pas. Je suis officiellement cloitrée chez moi. Je suis coincée ici pour les trois mois à venir. Que vais-je faire à rester ici pour les trois mois à venir ? Que vais-je faire pour le bébé, qui ne se calme que dans les bois ? Je sais ce que ça signifie. Ce veut dire que je vais rester trois mois assis devant le feu, à devenir de plus en plus grosse, avant rien d’autre à faire que de frénétiquement nouer une corde. Pas d’air frais, pas d’arbres, pas d’herbe. Piégée ici comme je l’étais au Capitole, tout comme je l’ai longtemps été dans le District 13. Ne rien faire d’autres que de rester assise et tenter de ne pas m’effondrer.

J’ai des cauchemars récurrents dans lesquels je suis piégée dans une cellule du Capitole. La cellule est pleine de mutants à l’odeur de rose qui nous avaient chassé des égouts du Capitole. Je me réveille en sursaut, alors que Peeta tente frénétiquement de me réveiller, puis de me calmer. Je n’ai pas eu de cauchemars si violents depuis longtemps. Le bébé donne frénétiquement des coups de pieds, bouleversé par ma réaction à ce cauchemar, ce qui empire les choses. Peeta pose sa main sur mon ventre et grimace. Il sait que ces mouvements m’effraient et il peut en sentir la force. Je vois ses yeux bleus me dévisager, inquiet, les sourcils rejoints. Il sait à quel point tout cela m’affecte. Il sait ce que signifie un cauchemar aussi violent. Il sait ce que ça veut dire quand je ne parle pas. Sage peut facilement dire que je suis cloîtrée à la maison, mais c’est lui qui est réveillé par les cauchemars. Peeta est celui qui me vois regarder dans le vide en direction de la cheminée. Peeta est celui qui me voit regarder longuement par la fenêtre. Peeta est celui qui m’observe grimacer, faire des nœuds, et répéter mon monologue. Je suis terrifiée, je suis malheureuse, et j’ai pour seule hâte que tout ça se finisse au plus vite, et il le sait. Quand je ne peux plus soutenir son regard empli d’inquiétude, j’enfouis ma tête dans son épaule. Il me serre contre lui, comme s’il voulait me protéger. Après quelques temps, il commence à parler, d’un ton feutré, rebelle, presque colérique.


-         « Tout va bien, Katniss. Nous allons réfléchir à ce qu’il faut faire. Sage essaie de faire de son mieux, mais elle ne te comprend pas. Je te promets qu’on trouvera une solution. Je ne vais pas te laisser passer les trois mois à venir dans cet état. »


Je hoche la tête, blottie contre lui, réconfortée par sa confiance, quoiqu’un peu sceptique. Je ne sais pas ce qu’il compte faire. Je peux à peine marcher. Tout ce que je peux espérer est que Peeta soit suffisamment inventif pour tenir sa promesse, alors que je tremble et que je répète mon monologue.


Mon nom est Katniss Everdeen. Je suis du District 12. J’ai été deux fois dans les Hunger Games. J’étais le Geai Moqueur dans la guerre contre le Capitole. Le Capitole n’existe plus. Ma sœur est morte. Elle a été tuée par une bombe. Gale est peut-être celui qui l’a tuée. Ma mère ne vit plus ici. Le District 12 a été détruit. Le District 12 est en train d’être reconstruit. Je vis avec Peeta Mellark. Je suis enceinte de presque sept mois. Mon bébé n’arrête pas de me donner des coups de pieds. Ça me terrifie. Le bébé se calme uniquement dans les bois. Il me reste encore trois mois à tenir.


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