Le Prix à payer - Highlander Fanfiction
Depuis des siècles, les immortels savaient qu’une inattention pouvait leur coûter la tête. Le Jeu, cette compétition tacite qui imposait qu’il ne devait en rester qu’un, avait marqué leurs vies. Chaque combat gagné, chaque duel évité, était une victoire sur le temps. Mais les années récentes avaient changé les règles.
Avec l’arrivée au pouvoir d’Horton et le chaos qui avait suivi, la menace du Jeu semblait s’être estompée. Le monde s’était effondré, et avec lui, les vieilles rivalités immortelles s’étaient apaisées. Beaucoup avaient troqué leur épée contre un semblant de vie ordinaire, cherchant à survivre dans un monde où les guerres mortelles menaçaient de les engloutir tous. Les entraînements s’étaient raréfiés. Non par négligence, mais parce que la lutte contre un ennemi commun avait éclipsé les vieilles querelles.
Pourtant, ce répit n’avait jamais signifié un abandon total. Chaque immortel conservait de solides bases, fruit de siècles de pratique. Astrid, par exemple, continuait à s’exercer régulièrement, son épée toujours prête. Soleman, bien qu’il n’ait affronté personne depuis des décennies, n’avait pas perdu son instinct naturel de guerrier. Zafira, elle, avait préféré perfectionner des techniques défensives.
Aélis, elle, s’était longtemps concentrée sur le maniement de l’épée, mais au fil des années, elle avait trouvé un nouveau terrain d’excellence sous la tutelle de Zafira. Son apprentissage des techniques de combat rapproché, affûté par des années d’entraînement, avait fait d’elle une adversaire redoutable même sans lame en main. Rapide, imprévisible, elle savait désormais désarmer un ennemi d’un simple mouvement fluide, exploitant la moindre faille avec une précision chirurgicale.
Ils savaient qu’il ne suffisait pas de se reposer sur leurs acquis. Les assaillants qu’ils avaient récemment affrontés n’étaient pas immortels, mais leur sauvagerie et leur nombre avaient suffi à menacer les mortels avec qui ils vivaient. Plus déterminés que jamais, ils intensifièrent leurs entraînements, cette fois avec un objectif clair : non seulement renforcer leurs propres capacités, mais aussi transmettre leur savoir à ceux qui dépendaient d’eux pour survivre.
Sur le terrain dégagé près du camp, l’atmosphère était chargée d’une tension palpable, mêlée d’une étrange excitation. Ce retour aux armes n’était pas un choix, mais une nécessité, et chacun en comprenait l’enjeu.
Au centre du cercle formé par les autres, Astrid et Methos s’affrontaient en duel. Tous deux concentrés, ils tenaient leurs armes avec une assurance qui imposait le respect. Les mouvements d’Astrid étaient fluides et précis, empreints d’une grâce brutale. Chaque attaque était exécutée avec une technique irréprochable, sa lame fendant l’air avec une vitesse redoutable. Face à elle, Methos misait sur son expérience millénaire et sa tactique. Ses déplacements étaient calculés, ses parades astucieuses. Il semblait deviner les intentions d’Astrid avant même qu’elle ne les mette à exécution, esquivant avec un naturel désarmant ou déviant la lame d’un simple geste.
Le duel était un ballet de frappes et de contre-frappes, le métal résonnant à chaque impact. Astrid intensifiait ses assauts, testant les limites de son adversaire, mais Methos, imperturbable, gardait le contrôle.
— Il joue sur la fatigue, murmura Zafira à l’attention d’Aélis. Il attend qu’Astrid s’épuise avant de placer son coup.
La jeune immortelle acquiesça, fascinée par le combat. Methos jouait clairement un jeu de patience, attendant l’instant parfait. Astrid, bien que consciente de cette stratégie, poursuivait ses attaques avec détermination, espérant le surprendre par un enchaînement audacieux.
Enfin, après une série d’échanges intenses, il trouva l’ouverture qu’il attendait. Il feinta un pas en arrière, obligeant son adversaire à se déséquilibrer légèrement, avant de pivoter pour lui porter un coup précis au flanc. Sa lame s’arrêta à quelques centimètres de sa cible. Astrid éclata de rire, impressionnée par la manœuvre.
— Tu m’as eu, admit-elle en abaissant son arme.
Soleman s’avança alors, une étincelle malicieuse dans le regard, son sourire dévoilant un mélange de défi et de camaraderie.
— À mon tour maintenant, déclara-t-il, sa voix chargée d’une énergie contenue. Aélis, montre-moi ce que tu vaux.
Il ôta son haut d’un mouvement décontracté, révélant une musculature sculptée par les siècles, marquée de cicatrices discrètes qui racontaient des batailles oubliées. Avec un geste assuré, il désigna une tache de naissance sur son flanc gauche.
— Voici ta cible, dit-il d’un ton sérieux. Essaye de m’atteindre ici.
Elle fit tourner la poignée de son épée entre ses doigts, pesant son poids, ajustant sa prise. Autrefois, elle se serait déjà jetée sur lui, cherchant l’ouverture par la force brute. Aujourd’hui, elle analysait. Dès le premier mouvement, elle comprit pourquoi il lui avait donné cet objectif. Soleman esquivait avec une aisance presque provocante, glissant d’un pas fluide pour éviter chaque attaque, comme s’il anticipait ses mouvements avant même qu’elle ne les amorce.
— Tes appuis sont trop lourds, observa-t-il calmement en pivotant pour déjouer sa lame. Allège-toi, Aélis. Tu dois être rapide, mais pas précipitée.
Elle inspira profondément, réajustant sa posture. Ce n’était plus une question de vitesse ou de force brute. Il voulait qu’elle pense, qu’elle ressente le combat différemment. Alors, elle se força à ralentir, à observer plutôt qu’à frapper à l’aveugle.
Les minutes passèrent. À mesure que leurs lames s’entrechoquaient, elle sentit une différence. Son corps ne réagissait plus par instinct incontrôlé, il calculait. Elle commença à feinter, à tester ses angles d’attaque, à utiliser la patience plutôt que l’impulsivité. Et enfin, elle le vit. Une faille, minuscule. Une fraction de seconde où son équilibre se déportait légèrement après une esquive. Elle enchaîna alors un coup, puis un autre, poussant son adversaire à se repositionner. Elle ne cherchait plus à toucher immédiatement la cible, mais à l’y amener. Lorsqu’elle frappa cette fois, sa lame effleura enfin le flanc gauche de Soleman.
Un éclat de surprise traversa le regard de l’immortel. Il recula, haussa un sourcil, puis esquissa un sourire approbateur.
— Pas mal. Tu apprends enfin à attendre.
Aélis se redressa légèrement, essuyant son front du revers de la main. Son souffle était court, mais un sentiment nouveau la traversait. De la satisfaction. Pas celle de la victoire, mais celle d’un véritable progrès.
— Tu n’es plus cette jeune immortelle qui fonçait tête baissée, ajouta Soleman, rengainant son épée. Tu commences à comprendre ce qu’est réellement un duel.
Elle croisa son regard, et dans ses prunelles sombres, elle lut autre chose qu’un simple compliment. Une reconnaissance.
Les entraînements se poursuivirent dans une ambiance studieuse mais teintée de camaraderie. Les aînés prenaient le temps de transmettre leur savoir, se défiant parfois entre eux pour illustrer leurs leçons.
L’après-midi, l’attention se tourna vers les villageois. Methos, Soleman et Astrid prirent chacun un groupe sous leur aile, démontrant avec patience les techniques de base.
Astrid montra à Elias comment parer un coup de bâton avec son épée.
— N’essaie pas de résister à la force brute, expliqua-t-elle. Utilise plutôt l’élan de ton adversaire contre lui. Regarde.
Elle fit signe à un autre apprenti de l’attaquer. D’un mouvement fluide, elle esquiva avant de placer sa lame contre le torse de son opposant. Impressionné, Elias hocha la tête, prêt à essayer.
Pendant ce temps, Soleman enseignait aux plus jeunes comment manier une lance sans perdre l’équilibre.
— Une arme longue peut te sauver la vie, mais elle ne sert à rien si tu es mal ancré. Plante bien tes pieds dans le sol. Voilà, comme ça.
Les premiers jours furent laborieux, les gestes maladroits et les erreurs fréquentes. Mais peu à peu, les progrès devinrent visibles. Les villageois gagnaient en assurance, leurs mouvements devenant plus précis et coordonnés.
La vie au camp avait trouvé un nouveau rythme, ponctué par le bruit des armes, les cris des exercices et les échanges entre immortels et humains. Le groupe, bien que disparate, commençait à fonctionner comme une véritable unité. Tous savaient qu’un affrontement se profilait à l’horizon, mais cette fois, ils se sentaient prêts à l’affronter.
L’attaque suivante ne tarda pas à venir.
Cette fois, les rebelles étaient méthodiques, disciplinés et dirigés par des immortels impitoyables. Les défenses laborieusement construites par la communauté furent balayées avec une facilité glaçante. Les pièges, bien que bien conçus, furent désamorcés ou contournés sans effort apparent. Les éclaireurs, habituellement vigilants, furent neutralisés dans un silence mortel avant même de pouvoir sonner l’alerte. En quelques instants, le camp sombra dans un chaos total.
La communauté, encore traumatisée par la précédente attaque, ne put réagir efficacement. L’ennemi avançait méthodiquement, leurs pas martelant le sol avec une régularité effrayante. Ils étaient armés de manière disparate mais efficace, et leurs mouvements trahissaient une coordination parfaite. À leur tête se trouvait un immortel imposant, une montagne de muscles au visage impassible et aux yeux glacials. Flanqué de deux autres immortels et d’une troupe de mortels armés, il taillait un chemin sanglant à travers les défenses improvisées. Leur objectif était clair : annihiler toute forme de résistance.
Mais Methos l’avait senti venir.
Quelques heures plus tôt, alors qu’ils s’étaient réunis pour organiser la surveillance nocturne, il s’était adossé contre un mur, les bras croisés, observant la scène d’un air pensif.
— On devrait évacuer les mortels, avait-il lâché d’un ton neutre.
Astrid, qui était en train de fixer un plan rudimentaire tracé sur le sol, s’était tournée vers lui, les sourcils froncés.
— Quoi ?
— Ceux qui ne sont pas prêts à se battre, précisa-t-il en désignant les fortifications du menton. On ne va pas les transformer en guerriers du jour au lendemain, et ils ne survivront pas si l’ennemi revient avec quelque chose de mieux organisé que la dernière fois.
Il y eut un silence.
— Tu proposes de les envoyer où, exactement ? demanda Soleman.
— N’importe où, du moment qu’ils ne sont pas ici quand ça commencera. Nous, on peut gérer une attaque, mais eux ? Ils n’ont pas l’expérience.
Astrid secoua la tête, agacée.
— Et tu crois que nous, on peut résister en étant encore moins nombreux ? Chaque personne ici compte, même ceux qui ne savent pas encore manier une arme. Ils aident à fortifier le camp, à surveiller, à soigner les blessés. On ne peut pas se permettre de se séparer.
— Ça leur servira à quoi, leur foutue barricade, quand ils auront un couteau sous la gorge ? répliqua Methos, cinglant.
— Si on les évacue, ils seront vulnérables sur la route. Ici, au moins, ils ont un minimum de protection, répliqua Soleman.
— Et si on reste, combien d’entre eux vont mourir ?
Un silence pesa sur le groupe. Methos fit un pas en avant, plus sérieux qu’il ne l’avait été depuis longtemps.
— Je ne dis pas ça pour me débarrasser d’eux. Mais soyons réalistes. La moitié d’entre eux n’a jamais tenu une arme avant les derniers mois. Ce ne sont pas des guerriers, et ils ne le seront jamais à temps.
Astrid serra les poings.
— Alors on fait quoi ? On abandonne ceux qui ne savent pas se battre ?
— Je dis qu’on leur laisse une chance d’être ailleurs quand l’enfer se déchaînera, corrigea-t-il.
Soleman observa Methos, puis Astrid.
— Nous avons besoin d’eux. Si on ne les protège pas maintenant, nous serons encore plus vulnérables plus tard.
Methos pinça les lèvres, son regard glissant sur les mortels rassemblés un peu plus loin. Il voyait déjà ceux qui tomberaient les premiers. Ceux qui hésitaient trop en combat, ceux dont les mains tremblaient en tenant une lame. Mais il savait aussi que personne ici ne changerait d’avis. Il lâcha un soupir résigné.
— Très bien, avait-il fini par dire, à contrecœur. Faites comme vous voulez.
Il n’avait pas insisté. Il savait reconnaître une cause perdue.
Alors, lorsque le chaos s’abattit sur le camp quelques heures plus tard, il ne put s’empêcher de laisser échapper un soupir amer. Évidemment.
Au cœur du tumulte, Astrid se retrouva face à un adversaire redoutable. Un immortel. Il était grand, élancé, ses mouvements d’une précision chirurgicale. Il ne portait aucune armure, juste des vêtements sombres qui ne gênaient en rien son agilité. Son épée luisait sous la lueur des flammes, et dès le premier échange, Astrid comprit qu’il n’était pas un amateur.
Il attaqua sans sommation, d’un coup tranchant destiné à tester sa défense. La guerrière para avec fermeté, ses bras absorbant l’impact, mais l’homme enchaîna sans lui laisser le moindre répit. Chaque attaque semblait calculée, exploitant la moindre ouverture dans sa garde. Elle tenta une riposte rapide, visant ses flancs, mais il pivota avec une souplesse inhumaine et dévia sa lame d’un revers habile.
— Pas mal, admit-il avec un sourire en coin.
Astrid ne répondit pas. Elle jaugea son environnement, cherchant une faille. Son adversaire ne portait pas d’arme secondaire. Il misait tout sur la rapidité et la précision. Elle devait briser son rythme. Elle feinta un pas en avant avant de reculer brusquement, l’incitant à attaquer. Il mordit à l’hameçon.
L’instant d’après, il chargea. Astrid esquiva de justesse, pivotant sur le côté, et en profita pour lui asséner un coup sec du plat de la lame contre son poignet. Son épée lui échappa des mains et tomba sur le sol dans un bruit métallique.
L’immortel hésita un dixième de seconde. C’était suffisant. Astrid frappa. Sa lame siffla dans l’air, et avant que son adversaire ne puisse réagir, elle trancha net sa gorge.
Le corps bascula en arrière dans un silence presque irréel. Un battement de cœur plus tard, l’air se chargea d’électricité. La brume se leva. Puis la foudre s’abattit. Le quickening explosa dans un éclair de lumière blanche, projetant des arcs électriques autour d’elle. Astrid sentit l’énergie la parcourir, brûlante, insoutenable. Son corps se tendit sous la décharge. Autour d’elle, les combats s’étaient figés un instant.
Les mortels, surpris par le phénomène, reculèrent d’instinct. Certains crièrent, d’autres regardèrent la scène avec un mélange de fascination et d’horreur. Les immortels ennemis, eux, comprirent immédiatement ce que cela signifiait. L’un d’eux pesta, visiblement contrarié d’avoir perdu un allié.
Astrid, haletante, sentit enfin l’énergie s’apaiser en elle. Son corps lui semblait à la fois plus fort et terriblement épuisé. Elle releva les yeux, sa lame toujours en main, et reprit le combat.
Methos quant à lui se retrouva face à un immortel plus jeune, mais dont l’agilité et la précision trahissaient un entraînement rigoureux. Ses mouvements étaient fluides, chaque attaque calculée pour exploiter la moindre faille. Leurs lames s’entrechoquaient avec une intensité qui résonnait dans l’air chargé de poussière et de cris. Malgré son expérience millénaire et son calme stratégique, Methos peinait à contenir son opposant. Chaque parade lui coûtait en énergie, chaque contre-attaque semblait anticipée.
Puis, un éclair illumina le champ de bataille. Une onde d’énergie déferla dans l’air, projetant des étincelles bleutées autour d’Astrid. Le quickening s’abattit sur elle avec la violence d’une tempête, illuminant son corps de décharges électriques. Methos détourna un instant son regard, un éclat d’alerte dans ses yeux. Ce bref moment d’inattention lui coûta cher.
Son adversaire profita de la distraction pour accélérer. L’épée fusa vers lui, et il para de justesse, mais un second assaillant, embusqué derrière lui, ajusta l’angle de sa lance.
Aélis, déjà engagée dans un duel féroce, aperçut l’homme prêt à transpercer Methos. Son corps réagit avant même que son esprit ne puisse réfléchir. Elle feinta un recul brusque, obligeant son propre adversaire à hésiter une fraction de seconde, puis pivota et lança son épée d’un mouvement vif. La lame fendit l’air et se planta avec un bruit sourd dans la poitrine du porteur de lance. L’homme s’effondra avant d’avoir pu porter son coup.
Mais à peine son arme quittait-elle ses mains qu’elle comprit son erreur.
L’immortel qui combattait Methos vit immédiatement l’ouverture. Sans attendre, il pivota et plongea son épée dans l’abdomen de son adversaire, qui laissa échapper un grognement étranglé en s’effondrant au sol.
Aélis se figea. Elle voulait l’aider, se précipiter vers lui, mais elle était désormais sans défense. Son propre adversaire, comprenant instantanément l’opportunité qui se présentait, fondit sur elle. Il voyait une faille, une faiblesse, et comptait l’exploiter sans hésitation.
Elle tenta de reculer, mais elle était prise au piège. Elle leva les bras pour se défendre, cherchant à bloquer ses attaques à mains nues. Son entraînement auprès de Zafira lui permit d’esquiver un premier coup, de dévier un second en agrippant le poignet de son adversaire. Mais elle était déjà en retard d’un temps. Un coup vicieux la frappa aux côtes. La douleur irradia dans tout son flanc. L’air quitta ses poumons dans un halètement étranglé. Elle s’effondra à genoux, essoufflée, vulnérable.
Pendant ce temps, l’immortel qui avait abattu Methos se pencha sur lui, un sourire carnassier aux lèvres. Il leva son épée pour achever le travail. Mais avant que la lame ne puisse s’abattre, une silhouette jaillit de l’ombre.
Elias.
Caché derrière une charrette renversée, il bondit et agrippa l’assaillant par-derrière, ses mains saisissant fermement l’épaule de l’immortel. D’un mouvement rapide, il enfonça une lame courte à la base de son cou. Le coup, précis et implacable, lui arracha un cri étranglé. Ses jambes fléchirent sous lui, et il s’effondra avant d’avoir pu porter le coup fatal.
Methos, toujours au sol, lutta pour reprendre son souffle, son regard troublé glissant entre son sauveur et le corps inerte de son adversaire.
Zafira arriva presque aussitôt. Ignorant la douleur et l’urgence, elle entreprit de tirer leur compagnon, agonisant, à l’écart. Ses efforts étaient acharnés, mais la tâche s’avéra trop lourde pour elle seule. Astrid, apercevant la scène, se précipita à son secours.
— On ne peut pas tenir ce combat, murmura Astrid, sombre mais résolue. On doit sauver ceux qu’on peut.
Avec un mélange de force et de détermination, Astrid souleva Methos sur ses épaules, l’éloignant du cœur de la bataille.
Aélis, au sol et saignant abondamment, tenta de se relever. Chaque mouvement lui coûtait une douleur lancinante. Elle leva les yeux… Une ombre gigantesque se dressait devant elle.
La Montagne s’avançait, son épée massive reposant sur son épaule comme une promesse de mort imminente. Elle sentit son souffle se raccourcir. Elle était à sa merci. Ses pensées s’embrouillèrent, un mélange de terreur et de résignation. Est-ce que c’était ainsi que tout devait finir ? La douleur dans son flanc pulsait, mais c’était son impuissance qui l’écrasait.
L’immortel s’arrêta à quelques pas, levant son arme avec une lenteur délibérée. Elle pouvait voir la lumière scintiller sur la lame, et son cœur tambourinait dans sa poitrine.
Soleman, qui s’était éloigné pour tenter de renforcer une autre position plus loin, aperçut la scène. Son regard croisa celui d’Aélis, et un éclair de décision passa dans ses yeux. Sans hésiter, il pivota sur ses talons et sprinta vers elle, son sabre déjà dégainé. Au dernier moment, il plongea devant Aélis, parant d’un coup la lame massive qui s’abattait sur elle. Le choc résonna comme un coup de tonnerre.
Il se redressa rapidement, ses yeux sombres fixés sur son adversaire. L’air autour de lui semblait se charger d’une tension presque palpable. À ses pieds, la jeune immortelle l’observait, abasourdie. Son souffle était court, son flanc blessé la faisait souffrir, mais ce n’était rien comparé à la stupeur qui la figeait.
— Soleman… Pourquoi ?! murmura-t-elle, la voix tremblante, cherchant à comprendre pourquoi il avait choisi de risquer sa vie pour elle.
Il ne tourna pas les yeux vers elle, tout entier concentré sur son ennemi qui exerçait une pression féroce, tentant de le désarmer par la seule puissance de son bras.
— J’ai promis à Darius de veiller sur toi, répondit-il dans un souffle, presque comme une prière.
Ces mots frappèrent Aélis comme un coup en pleine poitrine. Soleman, lui, ne vit pas son expression bouleversée. Son esprit, l’espace d’un instant, s’égara dans un souvenir. Il revint à la réalité en sentant son adversaire pousser plus fort.
— Va, maintenant ! siffla-t-il. Sauve-toi.
Il jeta un dernier regard rapide vers elle, une lueur d’insistance dans ses yeux. Puis, sans attendre, il s’élança sur la Montagne, son sabre brillant dans l’obscurité.
Le choc des deux adversaires fit résonner un bruit sourd, presque primitif, dans l’air saturé de cris et de fumée.
Aélis resta figée un instant, incapable de détourner les yeux. Elle voulait crier, l’aider, mais elle savait que son intervention ne ferait que compliquer les choses. Elle était faible, désarmée. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était survivre, comme il le lui avait ordonné.
Un nœud au ventre, elle se redressa avec difficulté et se mit à courir. Chaque pas l’éloignait un peu plus de Soleman et de cette lutte titanesque qu’elle ne voulait pas voir.
Les ruelles du hameau étaient en feu, jonchées de corps et de débris. Ses amis humains, membres de la communauté, continuaient à se battre désespérément. Mais elle savait que tout était perdu. Les assaillants étaient trop nombreux, trop organisés. Ils ne cherchaient pas à prendre des prisonniers. Leur objectif était clair : anéantir tout ce qui se dressait sur leur chemin.
Elle jeta un dernier regard en arrière, espérant apercevoir les autres immortels, mais il n’y avait que le chaos. Son cœur se serra à cette pensée : étaient-ils morts ? capturés ?
Alors qu’elle atteignait les abords du hameau, un cri guttural retentit derrière elle, si puissant qu’il semblait déchirer l’air lui-même. Aélis se retourna instinctivement. Son cœur rata un battement.
La Montagne d’acier et de chair, tenait la tête de Soleman entre ses mains, un rictus sauvage déformant son visage. Un instant, tout sembla se figer. Puis, une brume blanche s’éleva autour de la dépouille du vaincu, suivie par les éclairs familiers du quickening.
Les assaillants comme les membres de la communauté s’immobilisèrent, fascinés et terrifiés par le spectacle. L’énergie du quickening, vivante et chaotique, dansait dans l’air, illuminant la scène d’une lueur fantomatique. La jeune immortelle sentit une douleur sourde lui transpercer la poitrine. Soleman était mort. Ce sacrifice... elle ne pourrait jamais l’oublier.
Profitant de la distraction générale, elle serra les dents et reprit sa fuite. Ses jambes tremblaient, ses forces s’amenuisaient, mais elle ne s’arrêta pas. Elle savait que si elle restait là une seconde de plus, elle subirait le même sort que ceux qu’elle laissait derrière elle.
Quand le dernier écho du quickening s’éteignit, Aélis avait disparu dans l’ombre de la forêt, seule, avec le poids de la perte et de la culpabilité pesant lourdement sur ses épaules.
La forêt était dense, son feuillage épais tamisant la lumière du jour en une lueur verdâtre et étouffante. L’odeur de cendre et de sang flottait encore dans l’air, vestige du carnage récent.
Methos ouvrit les yeux dans un sursaut. La douleur fut la première chose qu’il sentit. Une douleur sourde et profonde, ancrée dans ses entrailles, vestige du coup d’épée qui l’avait abattu. Il inspira brutalement, et son corps se tendit lorsqu’un spasme secoua ses muscles encore engourdis par la mort récente.
— Doucement, grogna une voix près de lui.
Astrid. Elle était assise non loin, adossée à un tronc d’arbre, scrutant les environs d’un regard attentif.
— Tu nous as fait une belle frayeur, ajouta Zafira, agenouillée à quelques pas, effaçant machinalement le sang séché sur sa main.
Methos cligna des yeux, sa vision encore trouble. Il se redressa lentement, les bras tremblants sous son propre poids.
— Où est Aélis ? demanda-t-il immédiatement, la gorge sèche.
Un silence tomba. Zafira détourna le regard. Astrid passa une main sur son visage, visiblement épuisée.
— On ne sait pas, finit-elle par dire.
Methos sentit son estomac se nouer.
— Soleman ?
Un silence. Zafira inspira profondément avant de répondre.
— La dernière fois qu’on les a vus, ils étaient encerclés. C’était le chaos, Methos. On n’a pas eu le choix.
Lui, sauvé. Eux, laissés derrière. Il serra les poings, les ongles s’enfonçant dans ses paumes. Un sentiment qu’il connaissait trop bien s’insinua en lui, cette vieille culpabilité qu’il portait depuis des siècles.,Aélis. Il avait peut-être perdu Aélis. La pensée était insupportable. Il se leva brusquement, mais son corps protesta violemment. Une douleur fulgurante irradia de sa blessure encore en train de se refermer, le forçant à vaciller. Astrid se leva à son tour et posa une main ferme sur son épaule.
— Tu ne peux pas y retourner.
— Je dois…
— Non.
Son ton était tranchant, sans appel. Methos planta son regard dans le sien, cherchant à ignorer la colère et l’impuissance qui lui nouaient la gorge.
— Ils sont peut-être encore vivants, souffla-t-il.
Astrid secoua la tête.
— Ou ils sont morts, répondit-elle froidement. Et si c’est le cas, on ne peut rien faire.
Methos sentit son souffle se raccourcir, et cette fois, ce n’était pas la douleur physique qui en était la cause. Zafira, restée silencieuse jusque-là, s’agenouilla et arracha une feuille humide d’un buisson à côté d’elle, la froissant distraitement entre ses doigts.
— On doit se concentrer sur ceux qui restent, dit-elle d’une voix plus douce, plus lasse.
Elle ne regardait pas Methos, mais il perçut l’émotion dans son ton. Ils avaient tous perdu des gens ce jour-là. Zafira détourna la conversation, presque mécaniquement.
— On doit trouver un nouvel endroit où se regrouper. Ce camp est perdu. Les survivants se disperseront, certains rejoindront d’autres groupes, d’autres partiront seuls. On doit anticiper ce qu’il va se passer après.
Elle parlait pour combler le vide. Parce que penser à l’avenir était plus supportable que de ressasser ce qu’ils avaient perdu. Methos baissa les yeux vers ses mains. Il ne pouvait pas se permettre de s’effondrer. Pas maintenant. Il inspira profondément et se redressa, ignorant la douleur qui vrillait son ventre.
— Alors, on s’organise, lâcha-t-il enfin, la voix rauque.
Astrid hocha lentement la tête. Ils n’avaient plus de camp. Plus de refuge. Peut-être plus d’alliés. Mais ils étaient encore en vie. Et pour l’instant, c’était la seule chose qui comptait.
Errant dans la forêt sombre, Aélis avançait péniblement, son souffle court et ses pas lourds. La douleur de sa blessure s’était estompée rapidement. L’air froid de la nuit mordait sa peau, mais elle n’y prêtait plus attention. Son esprit était embrouillé par les images terrifiantes de l’attaque, le sacrifice de Soleman, et le chaos qu’elle avait fui. Était-elle la seule survivante ? L’idée l’écrasait, mais elle n’avait pas le luxe de s’y attarder. Elle pensa à Methos, et une douleur serra son cœur. Pourtant, cette pensée lui insuffla du courage. À son image, elle recentra ses efforts sur une seule priorité : survivre.
Les arbres, hauts et serrés, formaient un labyrinthe oppressant autour d’elle. Alors qu’elle se demandait combien de temps elle pourrait encore avancer, des lumières blanches, froides et artificielles, transpercèrent soudain l’obscurité. Le bruit d’un moteur grave et régulier résonna à travers les bois. Elle s’arrêta, son cœur s’emballant.
Avant qu’elle ne puisse réagir, quatre hommes surgirent de l’ombre, vêtus de combinaisons noires ajustées, munis de casques aux visières opaques et d’armes à la technologie inconnue. Ils étaient organisés, méthodiques, et clairement en mission.
—Pas de résistance, ordonna une voix métallique amplifiée par l’un des casques.
Aélis tenta un mouvement de recul, mais ses jambes flageolantes la trahirent. Elle s’effondra à genoux, à bout de forces.
— Attendez ! Je… je ne suis pas une menace ! balbutia-t-elle, levant les mains dans un geste désespéré.
Ses mots tombèrent dans le vide. Les hommes ne semblaient pas intéressés par ses protestations. Deux d’entre eux l’attrapèrent fermement par les bras, la soulevant presque sans effort. Elle se débattit faiblement, mais ses forces étaient dérisoires comparées à leur poigne d’acier.
Un véhicule s’avança dans la clairière. Sa carrosserie pâle, brillante, dépourvue de roues apparentes, flottait légèrement au-dessus du sol. Sa surface était lisse et uniforme, trahissant une technologie avancée. Des lumières clignotantes le parcouraient, pulsant doucement comme une créature vivante. Ils l’y poussèrent sans ménagement. À l’intérieur, l’habitacle était étrangement silencieux, insonorisé, baigné d’une lumière blanche aveuglante. Les murs lisses semblaient sans couture, et le siège sur lequel on la força à s’asseoir s’adapta automatiquement à son corps. Des mécanismes émettaient des bips doux, ajoutant une atmosphère clinique à l’environnement.
Pendant le trajet, la jeune immortelle resta muette, son esprit envahi par un tourbillon d’émotions. Qui étaient ces hommes ? Que voulaient-ils d’elle ? Ses pensées se perdaient dans des hypothèses, chacune plus inquiétante que la précédente.
Après un temps indéterminé, le véhicule s’immobilisa et Aélis fut à nouveau tirée de force à l’extérieur. Elle arriva dans une installation massive et qui ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait connu jusque là. Les murs, d’un blanc immaculé, réfléchissaient une lumière crue et aseptisée. Les bruits de pas résonnaient sur le sol lisse, accentuant la froideur du lieu.
On la conduisit dans une pièce exiguë, presque chirurgicale dans son apparence. Des tables et des appareils émettaient une lueur bleuâtre. Elle était entourée d’hommes et de femmes vêtus de combinaisons impeccables, leurs visages masqués, leurs gestes précis.
— Immobilisez-la, ordonna une voix calme mais autoritaire.
Avant qu’elle ne puisse protester, ses poignets furent attachés à des supports métalliques. L’un des individus s’approcha avec un instrument long et fin, brillant sous la lumière.
— Que faites-vous ?! Qu’est-ce que vous me voulez ?! s’écria-t-elle, se débattant vainement contre ses entraves.
Aucune réponse. L’individu planta l’instrument dans sa chair, et Aélis poussa un cri de douleur. Le sang perla sur sa peau, mais la plaie commença à se refermer presque instantanément sous leurs yeux attentifs.
— Elle est immortelle, confirma l’un des assistants, une note d’excitation dans la voix.
À ces mots, elle sentit un frisson glacial parcourir son corps. Ils savaient ce qu’elle était, et cela ne présageait rien de bon.
Deux hommes entrèrent alors, massifs et vêtus d’uniformes distincts. Ils la saisirent sans un mot, la soulevant sans effort. L’immortelle, bien que terrifiée, tenta de résister, mais ses efforts furent aussi inutiles que précédemment.
On la transporta à travers un dédale de couloirs uniformes, aux murs lisses et brillants, dépourvus de toute marque ou aspérité. Une lumière blanche et uniforme illuminait chaque mètre, renforçant l’impression d’un lieu à la fois infini et inhumain. Aélis se sentit glisser dans un univers déshumanisé où elle n’était rien de plus qu’un objet déplacé d’un point à un autre.
La cellule dans laquelle on l’enferma était d’une austérité glaciale. Les murs métalliques, d’un gris uniforme, renvoyaient une lumière froide diffusée par un éclairage encastré dans le plafond, sans ombre ni chaleur. Le mobilier, réduit à un lit encastré et une table fixée au sol, affichait une sobriété clinique. Chaque détail – les angles parfaits, les surfaces immaculées – donnait à l’ensemble un aspect aseptisé, dénué de la moindre trace de vie ou de confort.
Assise sur le lit rigide, Aélis se recroquevilla, ses bras entourant ses genoux dans une tentative dérisoire de se protéger de cette réalité oppressante. Son corps tremblait, mêlant douleur physique et angoisse viscérale. La solitude de la cellule amplifiait chaque pensée, chaque émotion.
Les souvenirs récents tourbillonnaient dans son esprit. Soleman. La communauté. Methos. Tout ce qu’elle connaissait, tout ce qui la rassurait, semblait s’être volatilisé en un instant. Des images fugitives défilaient dans sa mémoire : Methos lui souriant, leur complicité tacite lors de longues discussions, les moments où il lui avait semblé si infaillible. Ces souvenirs, aussi précieux qu’ils soient, ravivaient une douleur qu’elle peinait à contenir.
Pourquoi ? Pourquoi moi ?
Cette question revenait sans cesse, martelant son esprit comme une litanie désespérée. Avait-elle fait un choix qu’elle n’avait pas mesuré ? Était-ce un piège qu’elle n’avait pas vu venir ? Elle tenta de recoller les morceaux, de trouver une logique à cette situation, mais rien ne s’emboîtait.
Le silence de la cellule devenait presque une entité vivante, pesante, amplifiant le bruit sourd de son propre cœur affolé. À chaque battement, une nouvelle vague de peur l’envahissait, une peur qu’elle n’avait jamais connue auparavant : et si elle ne sortait jamais de cet endroit ?