Le Prix à payer - Highlander Fanfiction

Chapitre 2 : Les Ombres du Passé

6794 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 5 mois

Methos gara sa voiture dans le parking souterrain de son immeuble, coupant le moteur dans un soupir fatigué. La soirée avait été agréable, plus qu'il ne l'aurait cru, et pourtant, une étrange sensation persistait en lui. Il attrapa son sac sur le siège passager, ouvrit la portière et s'extirpa du véhicule.

Alors qu’il refermait la porte, une vibration familière lui traversa la poitrine, un écho particulier qu’il connaissait trop bien. Il se figea, son regard balayé par une alarme instinctive. Ce n’était pas un simple visiteur ou un voisin curieux. Non, cette présence, il la reconnaissait.

Son instinct le plaça immédiatement sur la défensive : il saisit le pommeau de son épée, qu’il gardait toujours à portée de main, et scruta les environs avec méfiance.

Une détonation brisa le silence, suivie d’une douleur fulgurante. La balle lui transperça le cœur avant qu’il n’ait eu le temps de réagir. Et là, il le vit.

Kronos.

Un torrent de souvenirs enfouis resurgit, des images de cavaliers déchaînés, de villages en flammes, de sang et de chaos. L’époque où ils étaient frères d’armes, porteurs de mort et de terreur. Mais cette vie-là appartenait à un autre homme, à un Methos qu’il avait enterré depuis des siècles.

— Kronos... murmura-t-il, incrédule, avant de s’effondrer.

L’autre lui adressa un sourire malsain.

— Bienvenue, mon frère. Toi aussi, tu m’as manqué.

Puis ce fut le néant.




Quand il reprit conscience, il se trouvait enfermé dans le coffre exigu d’une voiture en mouvement. Il tenta de rassembler ses pensées et compta environ quinze minutes avant que le véhicule ne s’arrête. Le coffre s’ouvrit, laissant apparaître le visage balafré de Kronos. Ce dernier lui tendit une main faussement amicale.

— Ça fait un bail ! Comment te sens-tu, mon frère ?

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? lâcha-t-il sèchement.

Kronos éclata de rire.

— Oh, ne sois pas si susceptible. J’ai beaucoup pensé à toi ces derniers siècles, tu sais ? Je te croyais mort… Et puis, il y a peu, des rumeurs ont couru. Methos, le plus vieux d’entre nous, toujours en vie ?! J’ai décidé de mener ma propre enquête. Et voilà que je te retrouve ! Pas étonnant, après tout. La survie, c’est ce que tu fais de mieux... enfin, avant.

Methos fixa son ancien compagnon, son regard empli de méfiance.

— Alors quoi ? Tu es venu pour me tuer ?

— Ça dépend de toi, répondit Kronos en haussant les épaules. Tu as un choix à faire.

— Un choix ? Lequel ?

— Perdre ta tête… ou me rejoindre.

Il fronça les sourcils, déconcerté.

— Te rejoindre ? Pour quoi faire ?

Kronos plissa les yeux, un sourire narquois sur les lèvres et un air fou dans le regard.

— J’ai un projet. Un grand projet !

 

Il lui fit signe de le suivre à l’intérieur d’un entrepôt désaffecté. Ils pénétrèrent dans une pièce encombrée de matériel électronique, où des piles de circuits imprimés, câbles et écrans scintillaient sous une lumière crue. Kronos désigna une table couverte de composants.

— Tu as toujours été un homme de progrès, Methos. Et moi, j’ai toujours su utiliser les outils de mon époque. Imagine ce que nous aurions pu accomplir si nous avions eu ça… il désigna les circuits… il y a 3 000 ans.

Ce dernier haussa un sourcil, feignant l’indifférence.

— Je n’ai pas besoin d’imaginer. Tu comptes construire quoi, un char plus rapide ?

— Plus rapide ? Non. Plus efficace. Avec ça, je vais éteindre les lumières du monde. Tu te souviens comme ils sont pathétiques dans l’obscurité ? Quand ils ont peur ? Pandora leur prendra tout. Plus d’électricité, plus d’eau potable, plus de sécurité. Juste du chaos. Et moi, je serai là pour leur offrir… un nouvel ordre.

— Tu es toujours aussi poétique, Kronos. Mais il faut une clef pour ouvrir une boîte de Pandore.

Ce dernier le fixa intensément, un sourire carnassier étirant ses lèvres.

— Toi, Methos, tu es la clé. Qui mieux que toi peut infiltrer les cercles où je n’ai pas accès ? Ton savoir est sans égal, et ton talent pour te fondre dans le paysage, incomparable.

Il se pencha, posant une main lourde sur l’épaule de son ancien compagnon.

— Je veux que tu sois mon émissaire, celui qui ouvre les portes et pose les premières pierres du chaos. Tes compétences vont me permettre de déchiffrer ces systèmes complexes, de retourner leur technologie contre eux. Tu seras mes yeux, mes oreilles, et parfois, ma lame.

Methos fronça les sourcils, son esprit s’agitant. Kronos poursuivit, implacable :

— Tu as toujours su survivre. Mais cette fois, ce n’est pas seulement une question de survie. C’est une opportunité. Ensemble, nous pourrions reconstruire ce monde à notre image. Tu seras mon stratège, l’homme derrière le rideau. Sans toi, tout cela n’est qu’un rêve ; avec toi, c’est une certitude.

Après un moment d’hésitation, Methos lâcha un soupir. S’il voulait survivre, il n’avait pas le choix.

— C’est bon d’être de retour…

Kronos éclata de rire, visiblement ravi.

— Parfait ! Je t’expliquerai le reste en temps voulu. Pour l’instant, j’ai besoin de toi pour une petite mission.

Après avoir détaillé ce qu’il attendait de lui, il le pointa du doigt, son ton devenant plus menaçant.

— Et surtout… Ne t’avise pas de me trahir. Si tu t’enfuis, je te retrouverai. Si tu essaies de me doubler, je le saurai. Et si, d’une manière ou d’une autre, tu me trahis, je prendrai ta tête, mon frère. C’est clair ?

— Parfaitement, répondit Methos d’une voix sombre.

Il quitta l’entrepôt désaffecté, les paroles de Kronos résonnant encore dans son esprit.




Aélis, rentrant du travail, franchit la porte de son immeuble en soupirant. Son téléphone vibra dans sa poche. Elle le sortit machinalement, mais en voyant le nom de Noé s’afficher, son estomac se serra. Elle hésita une seconde avant d’ouvrir le message.

"Donc maintenant tu ne réponds plus ? J’imagine que tu étais encore avec Adam. J’espère que ça en valait la peine."

Un agacement immédiat lui brûla la poitrine. Elle sentit ses doigts se crisper sur le téléphone alors que son pouce glissait sur le clavier.

"Arrête ton délire. Tu veux quoi, un rapport détaillé de mes moindres faits et gestes ?"

Elle fixa l’écran. Trop sec. Trop agressif. Elle soupira et effaça le message. Elle recommença.

"Je rentre du boulot. Tu pourrais éviter de sauter aux conclusions ?"

Toujours trop cassant. Elle soupira encore, effaça à nouveau. Finalement, elle verrouilla son téléphone et le rangea dans sa poche. Elle n’avait pas la patience pour ça. Pas ce soir.

 

Elle poussa la porte de son appartement d’un geste distrait, toujours tendue par ce simple message. Il ne devrait pas l’atteindre autant. Elle refusait que Noé ait ce pouvoir sur elle. Mais le fait même qu’elle y pense prouvait qu’il l’avait déjà.

En refermant la porte, un détail lui échappa : la serrure n’avait pas résisté à son geste habituel. Comme si la porte avait été simplement poussée, et non verrouillée. Mais préoccupée par son échange avec Noé, elle ne remarqua rien. Elle fit quelques pas à l’intérieur, alluma la lumière…

Un choc violent l’atteignit à l’arrière de la tête. Une douleur fulgurante lui transperça le crâne avant que le noir ne l’engloutisse.




Lorsqu’elle reprit conscience, l’air était froid et chargé d’humidité. L’obscurité l’enveloppait, un silence oppressant pesant sur elle. Elle voulut bouger, mais ses poignets et ses chevilles étaient solidement attachés. Une vague de panique monta en elle. Sa respiration s’accéléra. Son cœur battait à tout rompre. Où était-elle ? Que lui était-il arrivé ? Elle tenta de se souvenir… La porte de son appartement, le message de Noé, puis… rien. Juste cette douleur à l’arrière du crâne.

Une porte s’ouvrit dans un grincement, brisant le silence. Une silhouette massive se dessina à contre-jour. Un homme à la carrure imposante, le regard vide et la mâchoire serrée. Ses pas lourds résonnèrent alors qu’il s’approchait d’elle.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?! cria-t-elle, l’adrénaline lui redonnant un semblant de force. Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous me voulez ?!

L’homme ne répondit pas. Il se contenta de grogner avant de la saisir brusquement par les poignets.

— Y’a quelqu’un qui veut te voir.




Dans l’entrepôt abandonné où Aélis était retenue prisonnière, Kronos se tenait sur une plateforme, observant Methos avec un sourire carnassier. Ce dernier venait d’entrer, les bras chargés des composants informatiques qu’on lui avait exigés. Il posa le matériel avec prudence, son regard scrutant les alentours.

— Je vois que tu suis mes instructions, mon frère, lança Kronos d’un ton faussement chaleureux. Très bien. Et pour te remercier, j’ai trois surprises pour toi.

Methos se raidit. Rien venant de Kronos n’était jamais vraiment un cadeau. D’un claquement de doigts, ce dernier donna son signal. Un frisson familier, glacial, remonta l’échine de Methos alors que trois présences se manifestèrent.

À droite, Caspian, petit, trapu, un rictus dérangé sur le visage. Au centre, Silas, massif, impressionnant comme une montagne de muscles. Et à sa gauche…

Aélis.

Methos sentit son estomac se nouer. Elle était pâle, visiblement sonnée, traînée sans ménagement par Silas.

— Alors, ça ne te fait pas plaisir ? lança Kronos, un sourire triomphant aux lèvres. Je t’avais promis de reformer le groupe, et nous voilà enfin réunis !

Caspian et Silas avancèrent vers lui pour le saluer. Methos resta immobile, son regard fixé sur Aélis. Pourquoi était-elle là ? Que comptait en faire Kronos ? Son ancienne vie lui avait appris une chose : son ancien frère d’armes ne prenait jamais d’otages sans raison.

Kronos se rapprocha d’Aélis et la maintint contre lui d’un geste possessif. Elle se débattit faiblement, son souffle court, ses yeux emplis d’incompréhension et de peur.

— Et elle ? demanda Methos d’une voix qu’il s’efforça de garder neutre. Pourquoi est-ce qu’elle est là ?

Kronos éclata de rire.

— Oh, celle-là ? Elle est là pour toi, mon frère.

Methos fronça légèrement les sourcils. Pourquoi Kronos aurait-il pris la peine de l’enlever? Elle n'avait rien à voir avec tout ça. Il ne comprenait pas… jusqu'à ce qu'une idée germe dans son esprit. Son regard se durcit alors qu'il réalisait la vérité : Kronos avait dû les voir ensemble. Leur amitié naissante avait suffi à éveiller ses soupçons. Il se retint de jurer.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Elle, répondit Kronos avec un sourire cruel, c’est ta garantie, mon frère. Tu vois, je sais à quel point tu es malin, et j’ai eu l’impression que mon grand projet ne te motivait pas à 100 %. Alors elle va rester ici, pour s’assurer de ta coopération. La moindre trahison de ta part, et je prends sa tête.

D’un geste vif, il sortit un poignard et le pressa contre la poitrine d’Aélis. Le souffle de la jeune femme se bloqua. Methos vit la terreur pure traverser son regard.

— Arrête, Kronos.

— Ah ! Là, je reconnais le Methos que j’aimais. Toujours en train de parlementer…

Il enfonça la lame. Aélis eut juste le temps de croiser le regard horrifié de Methos avant qu’une douleur fulgurante ne la submerge et qu’elle sombre dans l’inconscience, s’effondrant dans les bras de son ravisseur.




Elle se réveilla en inspirant profondément, désorientée et tremblante. Son corps était engourdi, comme si son esprit l’empêchait encore de percevoir pleinement ce qui l’entourait. Pendant un instant, elle se sentit flottante, incapable de faire le lien entre son dernier souvenir et l’endroit où elle se trouvait à présent.

L’obscurité pesait sur elle, oppressante, et son regard glissa lentement sur les contours métalliques d’une cage étroite. Ses doigts effleurèrent le sol froid sous elle, une vieille couverture rêche à peine suffisante pour amortir la dureté du béton. Elle ne bougea pas tout de suite, trop figée dans cette sensation irréelle qui lui donnait l’impression que rien de tout cela n’existait vraiment.

Mais le sang sur sa peau, poisseux et tiède, l’empêcha de s’accrocher plus longtemps à cette illusion. Lentement, elle baissa les yeux vers son torse. Là où Kronos avait enfoncé la lame, elle s’attendait à voir une plaie béante, une blessure encore vive qui justifierait la douleur qu’elle devrait ressentir. Mais il n’y avait rien. Juste une peau intacte, un tissu noir troué et cette large tache qui s’étalait sur sa robe.

Son souffle se bloqua. Non. Ce n’était pas possible.

Elle ferma les yeux un instant, cherchant désespérément un raisonnement logique. Une mise en scène ? Une illusion provoquée par le choc ? Son esprit refusait de lui fournir une explication cohérente. Elle tenta de ralentir sa respiration, de calmer les battements désordonnés de son cœur, mais chaque pensée la ramenait à la même conclusion inacceptable. Elle avait été blessée. Elle avait senti la lame transpercer sa chair. Elle se souvenait de la douleur atroce, de la peur suffocante… et pourtant, elle était là, bien vivante.

Un frisson la traversa alors qu’un autre souvenir surgissait. Adam. Il était là. Il l’avait vue. Et il n’avait rien fait. Il n’avait pas cherché à la libérer, pas tenté de la défendre. Il était resté là, immobile, spectateur de sa détresse.

Un poids glacé s’abattit sur sa poitrine. Pourquoi ?

Elle secoua doucement la tête, comme pour chasser cette question, comme si en refusant d’y penser, elle pourrait effacer ce qu’elle avait vu. Son instinct lui criait que quelque chose n’allait pas, mais son esprit refusait encore de s’y confronter. Pas maintenant. C’était trop.

Elle ferma les yeux et serra les genoux contre elle, cherchant un semblant de réconfort dans cette posture enfantine. Elle ne voulait pas comprendre. Quelqu’un finirait bien par venir. Elle n’avait pas besoin de réfléchir à tout ça. Elle pouvait juste attendre.

Elle s’accrocha à cette pensée comme à une bouée, repoussant le tumulte de ses questions et l’étrange vérité qui menaçait d’émerger. Alors elle s’accrocha au seul espoir absurde qui lui restait : peut-être que si elle fermait les yeux assez longtemps, tout ça disparaîtrait. Et le sommeil fini par l’emporter.




Une vibration brutale la réveilla en sursaut, résonnant dans son crâne comme une alarme intérieure. Un gémissement lui échappa alors que ses mains se plaquaient sur ses tempes. Quand elle ouvrit les yeux, Silas, immense et imposant, se tenait devant sa cage.

— Alors, te voilà enfin réveillée, lança-t-il de sa voix grave, presque douce.

Elle ne répondit pas, figée par la peur et l’incompréhension. Il continua :

— Tu verras, tu vas t’y faire.

Ses mots, bien que prononcés avec une étrange bienveillance, n’avaient aucun sens pour elle. "Tu vas t’y faire ?" Parlait-il de sa captivité ? De ce phénomène incompréhensible, cette vie arrachée puis rendue ? De la douleur de mourir ou de cette vibration dérangeante qui l’avait réveillée ? Elle resta silencieuse, espérant qu’il en dise davantage.

Silas, apparemment satisfait de son écoute muette, entama un long monologue. Il lui parla de l’immortalité, de la première mort, toujours la plus marquante, et du temps qu’il fallait pour s’habituer à mourir, puis à revenir à la vie. Il décrivait cela comme une routine, une leçon à apprendre pour mieux gérer la douleur. Ses mots étaient absurdes, irréels, mais quelque chose dans son ton simplet et presque apaisant lui fit penser qu’il ne représentait pas une menace immédiate.

La voix de son geôlier fut soudain interrompue par une autre vibration, cette fois plus aiguë, qui résonna dans son esprit. Il tourna la tête, et son regard se porta sur la plateforme. Methos apparut, le visage fermé.

— Silas, viens, ordonna-t-il simplement avant de disparaître de nouveau dans l’obscurité.

Ce dernier obéit sans un mot, laissant Aélis seule avec ses pensées. Les heures passèrent, lentes et implacables. La faim et la soif la rongeaient. Le hangar, traversé par quelques rayons de lumière filtrant à travers des fenêtres sales, n’offrait aucun répit.

Enfin, une nouvelle vibration annonça la visite de Methos. Il arriva seul, une bouteille d’eau à la main. Aélis se précipita vers les barreaux, s’y agrippant comme à une planche de salut.

— Tiens, dit-il en tendant la bouteille à travers les barreaux. Tu n’en as pas vraiment besoin, mais c’est plus agréable ainsi.

Elle ignora la bouteille, ses mains se crispant davantage sur les barreaux.

— Adam ! souffla-t-elle, désespérée. Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que tu fais ici ?

Il baissa les yeux, déposa la bouteille au sol et croisa les bras. Après un instant d’hésitation, il finit par répondre, d’un ton mesuré :

— Je ne peux pas t'expliquer.

Aélis sentit un mélange de colère et d’incrédulité monter en elle.

— Tu es avec eux ?

Methos resta silencieux un instant, son regard fuyant. Il finit par hausser légèrement les épaules.

— Ce n’est pas si simple.

Pas si simple ? Cette réponse creusa un gouffre d’amertume en elle. Il se tenait là, à quelques mètres d’elle, alors qu’elle était enfermée comme un animal, et il osait prétendre que ce n’était pas simple ?

— Pourquoi je suis là ?

Il hésita de nouveau, avant de soupirer.

— Prends sur toi, Aélis. Tiens bon.

C’était la phrase de trop. Un rire nerveux, amer, lui échappa.

— Prendre sur moi ? Vraiment ?! Tu veux que je "tienne bon" pendant que tu joues les chiens de garde pour ces tarés ?

Methos ferma les yeux un instant. Sa position était intenable. Kronos avait toujours su comment manipuler ses faiblesses, et cette fois, il avait joué la carte parfaite. Aélis n’était qu’une victime collatérale, prise dans un jeu dont elle ne connaissait ni les règles ni la portée. Mais il ne répondit pas.

Elle sentit sa gorge se serrer, son corps se tendre. Son esprit tournait à toute vitesse, cherchant une logique, une raison, n’importe quoi qui puisse justifier ce qu’elle voyait. Mais il n’y avait rien. Rien d’autre qu’un mur, froid et insensible. Alors elle frappa. Pas avec ses poings, pas sur les barreaux. Elle frappa avec les mots.

— Donc c’était ça, hein ? Tout ce jeu au dojo, c’était pour m’amener ici ?

Les mots s’étaient échappés avant qu’elle ne puisse les retenir, comme un coup de couteau donné sans réfléchir. Methos releva légèrement la tête, mais son expression ne changea pas. Son silence, son absence de réaction, était pire qu’un mensonge.

Un frisson glacé lui parcourut la nuque. Elle aurait dû ravaler ses paroles, admettre qu’elle n’en savait rien, que c’était un pur délire paranoïaque. Mais elle s’accrocha à cette colère comme à une bouée, refusant de reculer.

— Dis-moi au moins la vérité. Est-ce que tu m’as approchée pour ça ? Depuis le début ?

Son propre souffle tremblait. Il resta figé, les bras croisés, avant de finalement détourner le regard.

— Je ne peux pas t’expliquer, pas maintenant, répéta-t-il d’une voix plus basse.

Elle sentit une vague de rage pure l’envahir, incontrôlable.

— C’est tout ce que tu as à dire ?!

Il ne répondit pas.

— Adam ! Pourquoi tu ne me parles pas ?! cria-t-elle alors qu’il tournait déjà les talons pour remonter l’escalier vers la plateforme.

Ses cris restèrent sans réponse. D’un geste rageur, elle frappa les barreaux, une douleur sourde irradia instantanément sa main, mais elle s’en fichait. Elle aurait voulu briser quelque chose, détruire cette impassibilité qu’il affichait, l’obliger à réagir, à s’expliquer. Mais il ne se retourna pas. Elle le regarda s’éloigner, chaque pas le rendant plus inaccessible, plus étranger.

Loin d’elle, Methos gravissait les marches, la mâchoire serrée, son corps tendu sous la frustration. Il ne pouvait pas faire grand-chose pour elle, pas encore. Il lui fallait du temps, de la patience. Et pour cela, il devait jouer le jeu de Kronos. Il poussa un soupir, ravalant son agacement, et serra les poings. Il détestait cette situation.




Les journées d’Aélis s’enchaînaient dans un flou oppressant, rythmées par les visites de ses geôliers. Silas, avec son attitude brute mais presque candide, était celui qui restait le plus souvent auprès d’elle. Il lui parlait parfois, maladroitement, comme s’il cherchait à la rassurer sans vraiment comprendre pourquoi. Il lui glissait parfois de la nourriture en douce, comme un enfant défiant une autorité qu'il n'osait pourtant pas affronter. Caspian, en revanche, était une menace constante, imprévisible et dérangeante. Il la fixait avec un regard fou, savourant son malaise, passant de longs moments à jouer avec une lame ou à murmurer des mots insensés. Chaque fois qu’il s’attardait trop près de la cage, elle se tendait, retenant son souffle, espérant qu’il finirait par perdre intérêt.

Kronos venait quotidiennement, s’assurant de sa soumission avec son sourire moqueur, s'amusant de sa peur. Il lui parlait comme si elle n’était qu’un jouet entre ses mains, savourant chaque frisson qu'il pouvait provoquer. Methos, lui, apparaissait sporadiquement, toujours aussi distant, mais jamais totalement indifférent. À travers ses gestes – une bouteille d’eau, un morceau de savon, une couverture un peu moins rêche – elle percevait un semblant de protection, aussi infime soit-il. Pourtant, chaque fois qu’elle tentait d’accrocher son regard, il l’évitait. Il n’était plus Adam. Il n’était plus cet homme qui plaisantait avec elle au dojo. Ici, il était autre chose, et elle ne comprenait pas quoi.

Un jour, alors qu’elle échangeait un mot avec Silas, Kronos aboya :

— Silas, ferme-la ! T’es pas là pour faire la causette !

Ce dernier s’exécuta, évitant le regard d’Aélis. Dès lors, leurs conversations s’éteignirent, et elle se retrouva plongée dans une solitude plus étouffante encore. Peu à peu, le temps perdit son sens, l’obscurité et la lumière se confondant en un éternel crépuscule. L’espoir, lui, s’effritait jour après jour.




Dans une pièce à l’écart, Methos s’adossa au mur, les bras croisés, son esprit agité. Il s’en voulait. Il s’en voulait d’avoir été trop négligent, de ne pas avoir remarqué plus tôt qu’ils étaient surveillés.

Et il s’en voulait surtout vis-à-vis de Darius.

Il n’avait jamais été du genre à faire des promesses, encore moins à se lier aux autres, mais il savait ce que son ami attendait de lui. “Je n’ai jamais prétendu être le seul à pouvoir l’aider.” Ces mots lui revinrent en mémoire, lourds de sens. Il n’avait rien répondu à l’époque, préférant détourner la conversation, esquiver la responsabilité qu’on voulait lui imposer. Mais maintenant, Aélis était là, prisonnière d’un jeu qui la dépassait. Et il n’avait rien fait pour l’empêcher.

Il serra les poings, inspirant profondément pour calmer sa frustration. Mais il ne pouvait pas faire d’erreur. Pas maintenant. Il connaissait trop bien Kronos pour se laisser aller à l’imprudence. La peur grondait en lui, bien qu’il la refoule sous une apparente indifférence. Il avait déjà vu de quoi son ancien frère était capable, il savait jusqu’où il pouvait aller pour obtenir ce qu’il voulait. Lui désobéir signifiait mourir. Il devait jouer le jeu, pour l’instant.

Il pensa à Silas. L’immense colosse avait beau être un guerrier redoutable, il restait simple, presque naïf. Il obéissait à Kronos par habitude, mais Methos savait qu’il n’était pas mauvais. Caspian, en revanche… il frissonna en repensant à lui. Caspian n’avait pas changé. Il était toujours aussi instable, imprévisible, dangereux. Dans le passé, même parmi les Cavaliers, Methos avait su qu’il ne fallait jamais lui tourner le dos. Aujourd’hui encore, cette règle demeurait.

Il ferma les yeux un instant, des images de l’époque lointaine des cavaliers surgissant dans son esprit. Des villages en flammes. Des cris. Caspian riant au milieu du carnage, le regard illuminé d’une folie incontrôlable. Silas, immobile après un massacre, comme s’il ne comprenait pas ce qu’il avait fait. Et Kronos… Kronos qui les regardait tous, satisfait, maître de ce chaos.

Un goût amer lui emplit la bouche. Il n’était plus cet homme. Darius l’avait compris bien avant lui. Son ami l’avait vu changer, là où Methos avait toujours cru qu’il ne faisait que survivre. Et maintenant, il était en train de tout foutre en l’air.

Il laissa échapper un rire sans joie. Tu serais fier de moi, Darius.

Il s’était battu pour ne plus être ce qu’il avait été autrefois. Mais Kronos venait de le replonger en enfer. Et une innocente était prise au piège avec lui.



 

Après plusieurs jours de détention, le quotidien oppressant d’Aélis bascula. Ce jour-là, Kronos chargea Methos et Silas d’une mission à l’extérieur, tandis qu’il partait de son côté pour une affaire pressante. Avant de quitter le hangar, il donna des consignes claires : Caspian devait surveiller la prisonnière.

Kronos s’éclipsa en premier, suivi de Methos et de Silas peu après. Alors qu’ils roulaient à quelques centaines de mètres, un mauvais pressentiment s’insinua en Methos. L’idée de laisser Caspian seul avec Aélis lui donnait la nausée. Il prétexta un oubli, fit demi-tour et gara la voiture près du hangar. Silas, peu contrarié, accepta d’attendre. Methos entra discrètement, son objectif en tête : récupérer son épée et s’assurer que tout allait bien. Mais dès qu’il franchit le seuil, il entendit un bruit sourd, suivi d’un cri étouffé.

 

Dans la pénombre du hangar, Caspian rôdait près de la cage. Son sourire malsain s’élargit lorsqu’il vit la lueur de terreur dans les yeux de la prisonnière.

— Tu sais, dans l’asile où j’étais enfermé, il n’y avait pas beaucoup de femmes, déclara-t-il d’un ton traînant. Je ne me souviens plus du goût que ça peut avoir…

Il passa lentement sa langue sur ses lèvres, avant de décrocher un trousseau de clés du mur. Il le fit glisser entre ses doigts, savourant chaque seconde de tension qu’il instillait. Aélis sentit une panique glaciale lui nouer l’estomac. Son corps lui criait de fuir, mais où ? Elle recula instinctivement lorsque Caspian introduisit la clé dans le cadenas. Un déclic retentit, et la porte s’ouvrit. Il laissa tomber les clés au sol, comme pour souligner son mépris des règles imposées par Kronos.

— Regarde-toi, murmura-t-il, avançant lentement. Une pauvre petite chose sans défense…

Elle savait qu’elle n’était pas à la hauteur. Son entraînement au dojo lui avait donné quelques réflexes, mais face à un homme comme Caspian, elle n’avait aucune chance. Pourtant, elle refusa de rester passive. Son regard balaya la pièce. Pas d’issue. Pas d’arme. Elle devait agir vite.

Lorsqu’il se jeta sur elle, elle esquiva tant bien que mal et lui asséna un coup de pied à la jambe. Ce n’était pas suffisant pour lui faire mal, mais cela lui permit de reculer vers la sortie. Caspian grogna, amusé plus qu’agacé.

— Oh, tu veux jouer ?

D’un mouvement rapide, il l’attrapa par le poignet et la tira violemment en arrière. Aélis perdit l’équilibre et tomba au sol. Elle tenta de se dégager, griffant son bras de toutes ses forces, mais Caspian, galvanisé par son combat, la retourna brutalement sur le dos et la maintint fermement au sol.

— Arrête de bouger, murmura-t-il, son souffle fétide effleurant sa joue.

Sa main libre se referma sur la ceinture de son pantalon. La panique d’Aélis explosa en une poussée d’adrénaline. Elle ne réfléchit plus. Elle visa son visage et lui cracha dessus avant de lui enfoncer ses doigts dans les yeux. Caspian hurla et recula légèrement, suffisant pour qu’elle tente de ramper en arrière. Mais sa force physique restait dérisoire face à lui. Il se redressa, furieux, prêt à lui faire payer cet affront.

C’est alors que Methos surgit.

— CASPIAN !

Sa voix claqua comme un coup de fouet. Son épée pointée vers eux. Ce dernier relâcha sa proie, relevant lentement la tête, un sourire délirant aux lèvres.

— Tu arrives au meilleur moment, Methos…

— Recule. Maintenant.

Le ton glacial de l’immortel ne laissait aucune place à l’interprétation. Il descendit lentement les marches, son regard vrillant son ancien frère d’armes avec une intensité menaçante.

— Tu n’as jamais été très partageur, poursuivit Caspian d’un ton moqueur. Juste un petit morceau, je te la rends intacte, promis…

Methos ne répondit pas. Il avança encore d’un pas, levant légèrement la lame. Son regard n’exprimait rien d’autre qu’un calme meurtrier.

— Touche-la encore, et je te jure que tu mourras aujourd’hui.

Caspian recula, mais son regard brillait toujours de cette folie incontrôlable. Il jeta un coup d’œil aux escaliers et aperçut Silas, qui venait de revenir et les observait, sa hache en main.

— Silas ! Garde la porte, Methos et moi avons un différend à régler… Entre frères.

— Tu n’es pas mon frère, rugit Methos en se jetant sur lui.

Caspian bondit sur le côté pour attraper son épée et contrer l’attaque. Silas, en voyant le combat commencer, dévala les marches en courant. Aélis, profitant de la confusion, tenta de s’échapper, mais Silas la rattrapa d’un mouvement rapide. Il la poussa violemment dans la cage et referma la porte, fixant précipitamment le cadenas sans remarquer les clés tombées à terre.

 

Elle se redressa, le souffle court, et observa, impuissante, le combat qui s’engageait. Methos et Caspian tournaient l’un autour de l’autre, cherchant une ouverture. Le métal s’entrechoqua, chaque coup résonnant dans le hangar. Silas, bras croisés, regardait sans intervenir. Un combat entre frères d’armes devait suivre son cours. Kronos n’étant pas là, il ne comptait pas s’en mêler.

Aélis serra les barreaux, les yeux rivés sur Adam. Il s’était jeté dans ce combat sans hésitation. Elle ne savait pas pourquoi. Par culpabilité ? Par instinct ? Une chose était sûre : s’il perdait, elle était condamnée.

Elle baissa les yeux vers le sol. Les clés de la cage gisaient à quelques centimètres de ses pieds. Un mince espoir, mais un espoir tout de même.




Les deux immortels s’étaient engagés dans un combat sans merci, chacun luttant avec une intensité qui ne laissait aucune place à la faiblesse. Les épées s’entrechoquaient, leurs lames déchirant l’air dans un vacarme métallique qui résonnait dans le hangar vide. Leurs mouvements, rapides et précis, les menèrent peu à peu vers l’escalier en face de la cage, et bientôt, ils disparurent du champ de vision d’Aélis. Elle n’entendait plus que l'écho des bruits de fer et des éclats de voix.

Silas, qui veillait à proximité, détourna son attention de la cage pour suivre le combat du regard, se rapprochant de l’escalier sans même jeter un coup d'œil vers elle. Aélis sentit son cœur s'emballer alors qu’elle voyait là une opportunité. Rassemblant tout son courage, elle se pencha en silence et attrapa les clés du cadenas.

Elle envisagea la fuite, mais Silas n’était pas loin. Si elle tentait d’ouvrir la cage maintenant et qu’il se retournait, elle serait prise sur le fait, sans espoir d’échappatoire. Elle se crispa, retenant son souffle, avant de se forcer à patienter. Il fallait attendre le bon moment. Son esprit dériva malgré elle vers Adam.

Adam.

Elle n’avait plus confiance en lui. Cet homme qui se tenait face à Caspian, l’épée levée, n’avait rien à voir avec celui qui lui servait de confident occasionnel. Il était un guerrier, impitoyable, froid, et d’une rapidité qui dépassait l’entendement. Pourtant, elle ne pouvait ignorer ce qu’il avait fait. Il l’avait sauvée des griffes de Caspian. Il s’était dressé contre lui, sans hésitation. Et maintenant, il était en train de se battre pour sa vie.

Le cri affolé de Silas résonna dans l’entrepôt, le bruit du métal s’entrechoquant se tût, et Aélis vit une étrange brume s’élever, presque éthérée, avant que des éclairs lumineux ne déchirent l’obscurité. Figée par la peur, elle observa, les mains crispées sur les clés qu’elle venait de récupérer. Son souffle était court, sa tête bourdonnait. Elle ne comprenait rien à ce qu’elle voyait. Et pourtant, elle savait qu’elle devait prendre une décision.

Lorsque Silas descendit l’escalier, son expression bouleversée par ce qu’il venait de voir, elle sentit une vague de panique s’emparer d’elle. Elle ouvrit précipitamment la cage et s’en échappa, inspirant une bouffée d'air marquée d'une étrange odeur métallique. Son premier réflexe fut de fuir. Une ouverture s’offrait à elle, une possibilité d’échapper à cet enfer. Son regard balaya le hangar, cherchant une issue. Pourtant, au lieu de courir immédiatement vers la sortie, elle hésita. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, une part d’elle hurlant de partir, de se mettre en sécurité. Mais une autre, plus profonde, plus irrationnelle, l’incita à regarder en arrière. À comprendre.

Son regard se posa sur une table non loin. Un pistolet y était posé. Elle resta figée une seconde, son souffle s’accélérant. Ses doigts se crispèrent, mais elle tendit la main malgré elle. Le poids de l’arme était familier et étranger à la fois. Elle savait comment ça fonctionnait, mais jamais elle n’avait visé un être vivant. Ce n’est pas pour tuer. Elle se répéta ces mots en serrant la crosse entre ses doigts. Juste pour me défendre.

Elle sentit ses mains trembler. Pourtant, ses jambes avancèrent. Comme si une autre force, indépendante d’elle, la poussait à aller voir ce qu’il se passait. Elle arriva au bord de la plateforme et vit la scène en contrebas. Adam était à genoux, à bout de forces, dans une mare de sang. À côté de lui gisait le corps décapité de Caspian, son visage figé dans une expression de surprise macabre. Silas, le regard empli de colère, avançait vers le survivant avec une menace évidente.

Aélis sentit un frisson glacial la parcourir. Elle n’avait jamais vu quelqu’un tuer avant aujourd’hui. Et pourtant, c’était ce qui allait arriver sous ses yeux. Adam ne pouvait plus se défendre. Il allait mourir. Son premier réflexe fut de détourner le regard. Pars. Sors d’ici. Mais elle ne bougea pas. Elle savait que Silas n’hésiterait pas. Lui, il ne tremblait pas. Lui, il ne doutait pas. Alors, pour la première fois, elle s’autorisa à changer d’avis. Elle ne voulait pas tuer. Mais elle refusait de le voir mourir.

Elle serra les dents et leva l’arme, les bras tendus, essayant d’ignorer la peur qui lui vrillait l’estomac. Son index hésita une fraction de seconde sur la détente, puis elle pressa la gâchette. Une première détonation retentit, presque assourdissante. Le recul de l’arme lui fit perdre l’équilibre, mais elle se rattrapa de justesse. Silas sursauta, stoppant son mouvement. Son regard se leva vers elle, à la fois furieux et incrédule. Elle inspira profondément et tira une deuxième fois. Cette fois, la balle l’atteignit. Silas tituba, son immense silhouette vacillant sous l’impact. Elle n’attendit pas de voir s’il allait se relever. Une troisième balle partit. Silas recula d’un pas, puis un autre, avant que son corps massif ne bascule lentement en arrière et ne s’effondre dans un bruit sourd. Aélis resta figée, le souffle court, l’arme encore levée devant elle. Elle venait de tirer sur quelqu’un. Elle ne savait pas si elle avait tué. Elle ne savait même pas ce que ça changeait.

Methos leva la tête, interloqué, avant de poser son regard sur l’homme qui venait de tomber. Avec une détermination féroce, il leva son épée et porta le coup fatal, tranchant la tête du géant. Quelques instants plus tard, une brume blanche s'échappa du corps de Silas, flottant un instant dans l’air avant de se diriger vers Methos. Les éclairs se déchaînèrent à nouveau, le frappant de plein fouet et le faisant tomber à genoux. Ses traits se crispèrent de douleur tandis que l’énergie l'envahissait, transformant l’entrepôt en un spectacle terrifiant et fascinant.

Aélis s’agrippa à la rambarde, incapable de détourner les yeux de la scène jusqu’à ce que le silence retombe. Lorsqu’elle retrouva enfin l’usage de ses membres, elle dévala les escaliers et courut vers lui, malgré elle.

— Tu vas bien ?! demanda-t-elle d'une voix tremblante.

Il hocha la tête, ses yeux verts à demi voilés par la fatigue.

— Il faut partir d’ici, tout de suite, murmura-t-il d'une voix rauque.

Elle l’aida à se relever et le soutint alors qu’il ramassait son épée, ses gestes encore imprégnés de la violence du quickening. Ensemble, ils se dirigèrent, chancelants, vers la voiture garée à l’extérieur. Aélis prit le volant et démarra en trombe, quittant la zone industrielle déserte où Kronos avait établi son repaire. Le silence pesant fut finalement brisé par Methos, après plusieurs minutes.

— Va chez Darius, dit-il d’une voix faible mais résolue. On sera en sécurité là-bas.

Aélis lui jeta un regard en coin, surprise par cette directive. Elle savait qu’il connaissait Darius, il l’avait mentionné autrefois, mais elle ne comprenait pas pourquoi il était aussi catégorique. Une nouvelle vague d’incertitude l’envahit, mais elle garda le silence et prit la direction de Paris.

Laisser un commentaire ?