hawaï 5.0 : Stella

Chapitre 155

1432 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/02/2022 08:17

Le lendemain, Stella demande à son père de se rendre sur la tombe de John. Il est étonné de cette demande, mais il accepte avec joie. Celle-ci dépose des fleurs achetées par son père, puis elle regarde la plaque. Elle touche la date de son décès :


« Comment tu as vécu sa mort ?, demande-t-elle. Tu l'as vécu à travers un combiné, mais...

- Mal. J'ai entendu sa mort même si je ne l'ai pas vue.

- Je t'ai entendu crier.

- Tu étais là.

- Oui, malheureusement. Ils voulaient que je voie tout ça. Une punition, je présume, de Wo Fat. Il est mort sans souffrance. Il est mort sur le coup.

- Et toi, comment tu l'as vécu ?

- J'ai eu peur. J'ai pleuré. Après ça, le complice de Victor m'a attaché. Il m'a enfermé dans le noir et c'est Wo Fat qui est venue me récupérer avec un de ces hommes. La suite, tu la connais. Souvent, reprend-elle après un long silence, j'imagine comment aurait été notre vie si rien de tout ça ne se serait produit. J'imagine ton retour à la maison, moi qui cours dans tes bras en criant ''papa ! Papa !'' et toi qui regardes ton père rempli de questions. Malgré tout, tu joues le jeu. Tu me prends dans tes bras, m'embrasses et me demandes de monter. Tu profites de ce moment pour discuter avec ton père et là, il te raconte tout. Tu apprends qu'il m'a protégé d'un danger qui n'en est plus un, qu'il m'a ancré dans la tête que tu es mon père et que tu dois jouer ce rôle pour moi. Bien sûr, tu acceptes. Ensuite, tu décides de tout quitter ce qui est dans le domaine de la défense. Tu t'occupes de moi, tu travailles dans un domaine avec des heures fixes, me conduit à l'école, au sport, un peu partout. On est heureux et sans aucun problème. On est une famille normale. Et toi, comment tu aurais réagi ?

- Je ne sais pas. Imaginer une petite fille courir dans mes bras et crier ''papa ! Papa !'', c'est vrai que pour moi, cela aurait été choquant, mais j'aurais joué le jeu pensant que tu m'aurais confondu avec quelqu'un. Ensuite, en partant dans ton imagination, j'aurais fait comme toi, j'aurais attendu ton absence pour demander à mon père ce qui se passe.

- Et à cette période, comment tu aurais réagi de savoir que tu es père, malgré toi ?

- C'est compliqué. On ne peut pas réellement savoir. Là, actuellement, je te connais, mais à cette période, tu aurais été une inconnue pour moi.

- Oui, c'est vrai, mais ton père avait déjà tout préparé les papiers, mon cerveau, tout.

- Ouais, mais je n'ai pas envie de te dire quelque chose qui pourrait être faux.

- Je comprends. Tu sais, cette photo de moi à Noël, je ne l'aime pas. Et tu veux savoir pourquoi ?

- Ouais.

- Elle a été prise à Noël deux mille neuf. Ton père voulait absolument que tu voies cette cicatrice à mon bras pour que tu me reconnaisses au cas où rien ne se passerait comme prévu. Ça a été le cas au passage, dit-elle avec un petit sourire. Il disait que c'était la seule façon pour toi de me reconnaître comme tu ne m'avais jamais vu. Il voulait aussi que je tienne Didou dans mes bras...

- Pour le mot de passe.

- Ouais, pour ce mot de passe. Je n'ai plus envie d'en parler. On peut rentrer ?, demande-t-elle en enterrant la photo sous l'herbe.

- J'ai une question, pour toi.

- Vas-y.

- Pourquoi tu me protèges autant ? Qu'est-ce que mon père t'a dit ?

- Alicia avait raison, j'ai pris ces paroles pour toi, au début. Il m'a donné Didou et il m'a dit ''prend soin de lui'', mais on avait parlé de toi juste avant et je pensais qu'il parlait de toi. J'ai compris bien plus tard qu'il parlait en fait de l'ours, quand je t'ai connu et que toi aussi, tu me disais de prendre soin de ceci ou cela en me les donnant. Seulement, j'ai refusé d'y croire, car te protéger était pour moi un bel objectif pour continuer de me sentir en vie et utile.

- Tu es utile. Tu es une gamine qui grandit, apprend pour devenir encore plus utile dans une future profession.

- Avec mon ordinateur.

- Avec ton ordinateur, dit-il en passant son bras autour d'elle pour l'approcher de lui.

- Temps qu'on y est, tu as encore des questions ?

- Ouais, pas mal.

- Alors choisis les biens, je n'ai pas envie d'y passer ma journée. Et ne me demande pas pourquoi je n'aime pas lui ou elle.

- Pourquoi quand tu t'es mise à parler, tu disais toujours ''je suis prête'' ?

- Après avoir écouté la cassette, tu es monté, tu n'as rien dit et tu n'avais aucune émotion, aucune expression sur ton visage. J'ai donc cru que tu ne voulais pas de moi. J'ai donc dis de nouveau cette phrase pour te dire que j'étais prête à te quitter pour une nouvelle famille. Je pensais vraiment que tu te débarrasserais de moi une fois que tu aurais obtenu mon aide, concernant Shelburn.

- Une idée que quelqu'un t'a mise en tête. Et pourquoi ensuite, tu as dit ''je ne suis pas prête'' ?, demande-t-il sans réaction de la part de sa fille.

- Parce que j'ai pris peur d'un abandon dans une famille où une nouvelle fois, j'aurais pu être en insécurité. À la vue de ton visage, j'avais compris qu'il ne t'avait donné aucune information sur une famille pour moi, qu'il ne t'avait pas non plus parlé de Loulou. J'étais là quand il l'a faite, mais je ne me souvenais pas de tout ce qu'il a dit.

- Pourtant, il l'a fait. Il ne l'a pas dit, mais j'avais compris qu'il voulait que je te garde. Tu sais cette histoire avec Loulou et ses papiers, quand tu me l'as dit, j'ai eu très peur de te perdre au point que j'ai dit à Danny que je cramerai ces papiers et sûrement la peluche avec, finit-il de dire alors qu'elle sourit. Ma puce, pourquoi à peine, tu t'es mise à parler, tu m'as donné cette cassette ? Pourquoi, tu n'as pas attendu ?

- Il fallait que je sache si tu me voulais comme fille. Je voulais quitter ta maison au plus vite au cas où tu ne voudrais pas me garder. Je m'attachais trop à toi, il fallait que je quitte cette maison avant que ce ne soit trop dur pour moi, une éventuelle séparation.

- À peine sept ans et tu pensais déjà comme une grande.

- Le dictionnaire m'a appris beaucoup de choses, pas que l'informatique. Je devais tuer le temps quand je n'étais pas dressée. Tu as fini avec tes ''pourquoi'' ?

- Oui, je pense. Je suis content qu'on ait enfin pu parler de tout ça. Au fait, ton dossier d'informatique, comment ça s'est passé ? Tu es monté pour ça au bureau, non ?, dit-il tandis qu'ils partent à la voiture.

- Tu as compris que c'était pour ça ?, demande-t-elle étonnée.

- Bien sûr.

- J'ai eu un A+.

- Félicitations, ma belle. Je suis si fier de toi. »


Dans la voiture, son père allume le contact, mais elle l'éteint aussitôt :


« J'ai ouvert la brèche avec Adrien.

- Comment ça ?

- J'ai trouvé quelque chose sur le toit, hier. C'était tout récent. Il la mit, il n'y a pas longtemps.

- Ce n'est pas possible, Stella. Depuis que l'on sait qu'il est moi, je dois dire un code et montrer mes papiers à chaque fois que je pénètre dans le bâtiment.

- Tu n'as plus besoin de le faire. Il ne monte pas sur le toit. C'est un drone. Je l'ai vu. Et Adrien m'a vu avec la caméra.

- Qu'est-ce que tu as trouvé ?

- Une photo de Didou et de Loulou.

- Où est-elle ?

- Sur le drone, il y avait un sac. Je devais la lui rendre pour qu'il ne leur fasse pas du mal. Je l'ai fait.

- Et pourquoi tu penses que tu as ouvert la brèche ?

- Parce que ce toit, c'est notre endroit à lui et à moi. »

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