hawaï 5.0 : Stella

Steve et Stella déjeunent dans la cuisine. Elle voit son père tourner en rond, la regarder, boire une gorgée de son café et refaire cette même chose encore et encore.

« Tu vas arrêter de stresser !, lance-t-elle, amusée.

- Je ne suis pas stressé.

- Ah oui ! Et tu es quoi alors ?

- Inquiet.

- Oh non ! Pas encore !

- Je suis très fière de toi, tu le sais ça, mais te voir au lycée... je n'arrive pas à l'accepter.

- C'est le lycée ou autre chose qui te gêne ? Tu m'as dit de vivre normalement. Tu as mis des agents de police sous couvertures et en fraction devant le lycée, donc arrête de t'inquiéter pour moi.

- C'est vrai, oui. Mais comment tu sais ça, toi, encore ?

- J'ai des oreilles, partout, dit-elle, les yeux brillants.

- Tu n'oublies pas, tu m'appelles avant de prendre la route. Si je peux venir te chercher, je viens te chercher.

- Oui, oui. Oh non ! Ce n'est pas vrai, qui c'est ?

- C'est peut-être Danny qui est derrière cette porte.

- Non, j'ai prévenu tout le monde. Personne n'appelle ici tant que je ne suis pas au lycée, même pour une enquête. C'est notre moment, à nous.

- Fini de manger, je me dépêche avec notre invité. »

Malgré le mécontentement de sa fille, Steve avec sa tasse de café à la main ouvre sa porte d'entrée :

« Commandant Mc Garrett ?

- Oui.

- Seconde classe, Junior Reigns des forces spéciales. C'est un honneur de vous rencontrer.

- Ravi de vous connaître, Junior, mais détendez-vous, je ne suis plus dans l'armée. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

- Mon chef me dit beaucoup de bien de vous. J'ai décidé de ne pas rempiler.

- Vous avez quitté la Navy ?

- Oui, monsieur.

- Que faites-vous sur le pas de ma porte ?

- J'ai entendu parler de votre unité. Une unité que vous dirigez et du travail que vous faites. Et pour tout vous dire, je cherche un boulot.

- J'apprécie l'initiative dont vous faites preuve, mais malheureusement, on n'embauche pas pour l'instant. En revanche, si vous voulez un autre type de travail, je peux passer quelques coups de fil.

- Je vous remercie, commandant, mais je ne veux pas juste un job. Je veux travailler pour vous.

- Papa !, intervient Stella que Junior aperçoit à peine. On peut y aller, on va être en retard ?

- Mets ton vélo dans la voiture, ma puce, j'arrive. Écoutez, je suis navré de ne pas pouvoir vous aider, Junior Reigns.

- Je comprends, merci de votre accueil. »

****

Steve et Stella prennent la route du lycée. Il regarde sa fille puis il sourit doucement :

« Qui a peur, maintenant ?

- Je n'ai pas peur. Je ne sais pas si je dois ou pas cacher mes cicatrices pour ce premier jour.

- Tu dois les assumer.

- Je les assume, mais j'ai peur qu'ils ne me posent des questions, et je n'ai pas envie de leur dire. Je vais mettre un gilet, du moins aujourd'hui.

- Stella...

- Juste aujourd'hui. C'est une classe que je verrais que quelques heures par semaine et en informatique, on n'aura pas le temps de papoter. Ils ne me questionneront pas.

- D'accord. Tu m'appelles avant de partir.

- Oui, je sais pour savoir si tu viens ou pas me chercher. À tout à l'heure. Je t'aime.

- Je t'aime. À tout à l'heure. N'oublie pas ton vélo dans le coffre, au cas où je ne pourrais pas venir. »

En prenant son vélo, Stella regarde attentivement autour d'elle. Elle remarque les voitures banalisées avec les policiers à l'intérieur. Elle reconnaît un flic qui joue le rôle d'un surveillant. Elle regarde son père, une fois le vélo en main, puis elle rigole. Son père comprend qu'elle a déjà trouvé les agents.

****

Steve part en mission. Il revient plusieurs heures, plus tard. Il remarque sa fille dans son bureau, il soupire.

« Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Bah ! J'ai fini ! La rentrée des classes ça ne dure pas longtemps. Présentation, emploi du temps, administration et voilà !

- Tu devais m'appeler !, dit-il en regardant son journal d'appel.

- Oui, mais j'ai regardé où tu étais avec le GPS. Tu étais sur le terrain et non au QG...

- Tu dois tout de même m'appeler.

- Mais j'ai des agents qui me suivent ! Même le faux surveillant m'accompagne jusqu'à ma porte de cours ! Au passage, dis-lui d'être plus discret, dit-elle en mangeant un biscuit.

- On rediscutera de tout ça !

- Je peux te montrer un truc ?

- Quoi !

- Regarde, il est intéressant ce profil. Tu peux lui dire qu'elle ne fait pas l'affaire. Elle a raté sa période d'essai et tu prends ce candidat-là !

- Ce n'est pas vrai ! Tu es encore sur des dossiers confidentiels !

- Pour moi, pas pour toi. C'est ton PC, donc personne ne sait que c'est moi. Je te laisse y réfléchir. »

Steve quitte son bureau, Stella le suit, elle n'a pas terminé :

« Attends, je n'ai pas fini !

- Quoi ! J'ai une enquête sur le feu, ma puce. Ne me dis pas que ça concerne encore notre dernière discussion.

- Non, c'est une nouvelle. Jerry m'a dit que tu as sauvé un chien, son maître est mort alors...

- Non !

- Mais allez, s'il te plaît.

- C'est de ta faute, dit Steve à Danny en le montrant du doigt. Depuis que tu as amené ce chien chez moi, elle n'arrête pas avec ça !

- Mais c'est tout mignon.

- Tu vas le sortir ? Ramasser les excréments ? Le nourrir ?

- Mon rôle envers lui, serait plus câlin, caresse. Des choses cool, pas ingrates.

- Je me disais aussi.

- Je suis honnête ! On peut le prendre tout de même ! », dit-elle en souriant tandis que Danny rigole.

Lou revient d'une course. Il demande à Steve de le suivre, car il ne sait pas comment lui expliquer ce qu'il vient de voir.

« Je viens aussi !, dit Stella.

- Elle peut venir, ce n'est pas dangereux, c'est sur le parking. », répond Lou.

Sur le parking, ils voient Junior en train de laver la voiture de Steve. Stella se pince les lèvres pour ne pas rire devant son père qui la regarde, sceptique.

« Ok, dit-il en se tournant vers Junior. Qu'est-ce que vous faites ?

- Je me suis permis de laver votre voiture.

- Oui, je vois ça. Pourquoi ?

- Parce qu'elle était sale.

- Ah ! Comme je vous l'ai déjà dit, je n'ai besoin de personne.

- Oui, je sais. C'est juste pour vous remercier d'avoir consacré un peu de votre temps, ce matin.

- OK, je peux peut-être vous aider, dit-il après un coup d'œil vers sa fille. Vous pouvez passer ici, demain, à midi précis ?

- Oui. »

Steve prend sa fille par l'épaule, puis il la raccompagne dans les bureaux avant de reprendre son enquête en cours.

****

Le lendemain matin, avec sa fille, ils se rendent à l'enterrement du maître du chien, Eddie. Ils se rendent ensuite, directement au QG pour le rendez-vous avec Junior.

« J'ai quelqu'un à vous présenter. Junior, je vous présente mon ami Duke de la police d'Honolulu. Vous voulez un poste dans mon équipe, c'est comme ça que ça marche. Il suffit de rejoindre l'académie pour devenir flic.

- Sans vous manquer de respect, monsieur, je ne veux pas être policier, je veux travailler avec vous.

- Oui, j'avais compris. Le marché est le suivant : vous décrochez le diplôme de l'académie de police, et si vous y arrivez, je vous embauche. Vous avez ma parole. »

****

Danny arrive chez Steve. Ce dernier est en train de préparer un poulet pour le chien. Danny s'amuse de cette scène :

« Ta fille a obtenu gain de cause !

- Quoi !

- Eddie, le chien, il reste ici.

- Ouais, même si je sais ce qui va se passer par la suite.

- De toute façon, tu y es aussi très attaché.

- Ce n'est pas faux. »

Steve appelle sa fille et Eddie pour que ce dernier mange. Personne ne vient, pas un bruit. Il fouille la maison, mais personne. Steve regarde où sa fille se trouve, il s'y rend, seul.

Elle est assise avec le chien auprès de la tombe du maître d'Eddie. Il s'installe près d'eux :

« Papa, il est tout triste.

- Ça va lui passer.

- Tu penses ?

- Avec le temps. Tu n'aurais pas dû venir ici, toute seule.

- Je ne suis pas toute seule.

- Pourquoi tu veux tellement Junior dans mon équipe ? Me montrer son dossier, ensuite, il lave ma voiture, ce ne sont pas des coïncidences. Je t'ai vu sur le parking lever les deux pouces en l'air dès que je lui ai donné un rendez-vous au QG.

- Il est comme toi, certes pas décoré, mais comme toi.

- Et tu t'es dit ?

- Qu'il pourrait te remplacer au QG ou du moins faire les choses les plus dangereuses à ta place. Tu es malade et tu vieillis. C'est hypocrite de le mettre en danger à ta place, mais j'assume entièrement.

- Je vais ouvrir un restaurant avec Danny, ma puce. Mon temps de travail sera déjà réduit.

- Non, c'est un projet retraite, donc vous allez embaucher et vous y travaillerez bien plus tard. J'aimerais tellement que tu quittes le 5.0.

- Je ne peux pas, pas maintenant, dit-il sûr de lui.

- Je sais, c'est plus que ton métier, c'est ton hobby. Il n'y a pas que ça, hein, dit-elle quand elle entend son père soupirer, se frotter les mains et baisser la tête.

- Non, dit-il en inclinant la tête vers elle. Je prendrais ma retraite quand tu ne seras plus en danger.

- Et si on ne les arrête jamais ? Tes contacts n'ont jamais retrouvé Anaëlle.

- Ils ont arrêté. Je leur ai demandé de la laisser venir à nous.

- D'accord, alors j'espère qu'elle et Adrien viendront à nous, très rapidement. Tu viens Eddie, on rentre manger du poulet.

- Comment tu sais que c'est du poulet ?

- Tu as gardé la carcasse pour récupérer le reste de viande difficile à obtenir sans les mains. Au fait, il a fait caca là-bas !

- Donc, tu n'allais pas rentrer tant que je ne serai pas venu te chercher !

- Bah non ! », dit-elle en courant vers la voiture avec le chien.

Elle s'installe dans la voiture, elle regarde son père, amusée avec son sac pour ramasser les crottes.

« Il a fait où ? Je ne trouve pas !

- J'ai déjà ramassé, il est dans la poubelle !

- Oh ! Tu me cherches toi ! Tu vas me trouver !

- Dans cinq secondes, je verrouille la voiture, dit-elle en montrant les clés !

- Je suis en tongs !

- Je sais, je sais ! Cinq, quatre, trois, deux,...

- Gagné !

- Tu as triché, dit-elle en boudant.

- Fallait compter et non me narguer. Moi, je venais tranquillement jusqu'à toi pendant que tu papotais. Donne-moi mes clés, dit-il en la chatouillant pour les récupérer.

- Je peux conduire ?

- Non ! Personne ne conduit ma voiture. Et tu n'as pas l'âge.

- Ne t'inquiète pas Eddie, je gagnerais aussi sur ce sujet, dit-elle en chuchotant.

- Hé !

- Tu veux parier ? »