hawaï 5.0 : Stella

Chapitre 117

2875 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/01/2022 07:17

Quelques jours passent, Danny arrive chez Steve. Il revient du laboratoire :


« Salut, dit-il à Steve.

- Salut. Qu'est-ce que tu fais là ? Ton avion a atterri, il y a à peine une heure.

- Je suis passé par le laboratoire. Éric a réussi à allumer le téléphone après l'avoir séché. Dedans, se trouvent des photos de ses victimes juste avant de mourir, dit-il en lui montrant celle d'Alicia et de son ami au fond du trou. Ce sont les trophées de Madison.

- C'est pour ça qu'on la retrouvé proche de l'eau.

- Elle te cherchait. Où est ta fille ?

- Dans sa chambre. Elle regarde par la fenêtre avec son ours dans les bras. Elle n'a pas dit un mot depuis qu'il est avec elle.

- Et pour Madison ?

- On ne sait pas. Danny, tu gardes ça, pour toi. Stella a tiré sur Madison. Enfin, quand je dis ça, c'est qu'elle a appuyé sur la gâchette, mais le coup n'est pas parti, quand je suis tombé avec l'arme, mes munitions sont tombées avec le chargeur. Ensuite, on la retrouve à moitié frigorifiée avec plein d'eau dans la bouche. Danny, reprend-il inquiet, Stella fera ce qu'elle a dit. Elle tuera pour moi.

- Qui te dit qu'elle n'est pas choquée de son geste ? Elle est peut-être muette, car elle a compris son erreur pour l'arme.

- Comment veux-tu que je le sache ? Elle ne parle pas ! Même les psychologues se sont déplacés jusqu'ici !

- Tous les psychologues ?

- Où veux-tu en venir ?

- Alicia. Tu ne m'as pas dit que ta fille voulait à tout prix l'éviter.

- Et si elle veut l'éviter, c'est qu'elle sait qu'elle peut la comprendre. Je l'appelle. »


****


Le lendemain, tous se rejoignent sur la plage, chez Kamékona, une surprise les attend, surtout Stella : Adam est sorti de prison. Malheureusement, elle ne s'en préoccupe pas. Elle préfère s'asseoir près de son père, son ours dans ses bras à attendre que le temps passe. Adam la félicite pour ses jambes, mais celle-ci part dans les bras de son père. Un silence règne, quelques minutes.


« Vous savez, dit Adam qui sait qu'il faut rester naturel peu importe la santé de Stella, je rêve de ce repas depuis un an.

- On dirait que tu as perdu quelques kilos, répond Lou. Vas-y, goûte et tu vas tous les reprendre d'un coup.

- J'ai des textos pour toi, dit Kono. Celui-ci vient de Max.

- D'ailleurs, où est Max ?, demande Adam, après avoir lu le message.

- Il est à l'étranger. Il s'est engagé dans les Médecins Sans Frontières, dit Steve.

- Tu es sérieux ?

- Ouais. Danny, occupe-toi d'elle deux minutes. Je reviens. », dit-il après avoir vu Chin changer l'expression de son visage et s'éloigner du groupe, après avoir reçu un message.


« Ça va, Chin ?

- C'était Coughling, ces contacts n'ont rien trouvé, aucune information compromettante sur l'oncle et la tante de Sara. Ce qui veut dire que Sara va vivre chez eux. Ils sont blancs comme neige. Elle va partir, dans quelques semaines. »


Ils retournent à table. Flippa commence à chanter pour Kono et Adam. Steve reçoit un appel pour une enquête, il donne la journée à Kono. Adam demande à Stella de rester avec eux, mais cette dernière se réfugie aussitôt dans les bras de son père qui pour ne pas la perturber plus la prend au QG.


****


Le lendemain, Alicia est chez Steve. Elle le prévient tout de suite que la discussion pourrait devenir très vite brutale quand elle comprendra que la séance n'est pas la même comparée aux autres. Celle-ci ne durera pas une heure pile. Elle ne pourra pas comme à son habitude prendre la fuite au bout des soixante minutes.


Elle monte rejoindre la fillette au courant de sa venue. Steve l'eut informé comme demandé par Alicia pour ne pas la perturber. Durant une heure, celle-ci parle toute seule. Une fois l'heure écoulée, Stella quitte sa fenêtre puis elle invite Alicia à quitter sa chambre, en ouvrant sa porte. Elle voit son père.


« Je n'ai pas terminé, Stella, annonce-t-elle tandis que la fillette se cache dans les bras de son père.

- Elle n'a pas terminé, ma puce. »


Stella se retrouve face à deux adultes qui ne lâchent pas prise sur elle. Elle quitte les bras de son père pour se réfugier de nouveau à sa fenêtre, l'ours fortement serré contre elle, les larmes coulantes. Steve reste cette fois-ci, dans la chambre, tout va se jouer maintenant.


« Cet ours a une grande importance pour toi. Il est plus que ça, je me trompe ?

- Il était à moi étant enfant. Mon père lui a donné quand il l'a accueilli. »


Steve sous la demande d'Alicia explique le passé de sa fille avec son père. En même temps, elle surveille le langage corporel de l'enfant, mais elle reste impassible.


« Cet ours est une personne, n'est-ce pas ? Qui est-il ? Le père de Steve ou Steve ? On est là pour t'aider. Comme tout spécialiste, j'ai le secret professionnel à respecter.

- Si vous n'auriez pas ignoré la loi, tout ça aurait pu être évité. », répond Stella.


Après trois heures sans réponse à leurs questions, les adultes quittent la pièce. Alicia annonce son ressenti sur Stella : pour elle, l'ours est Steve. Si elle le prend pour lui, qu'elle le protège comme Steve lui a expliqué, comme elle le fait aussi avec lui, c'est que John a dû lui dire une chose qui la pousse à croire qu'elle doit coûte que coûte le protéger.


« Vous pensez que mon père a demandé à ma fille de veiller sur moi ? Je sais qu'elle est très protectrice envers moi, mais mon père n'aurait jamais dit ça à ma fille ! Elle était très jeune !

- Je pense que votre père lui a dit quelque chose vous concernant, qu'il s'est mal exprimé ou qu'elle la mal comprit. Elle pense que votre père lui a demandé de vous protéger. La façon dont elle tient cet ours, elle le protège, il est dans une bulle. Vous avez une gentille gamine, Steve, mais elle peut être redoutable, pour vous.

- J'ai déjà entendu ça, quelque part. Que pensez-vous de la scène chez Madison ?

- J'en venais, justement. Elle a visé la jambe, elle ne voulait pas la tuer, juste l'affaiblir pour vous sauver, vous, insiste-t-elle bien, sur ce dernier mot.

- Elle l'aurait fait pour vous aussi.

- Non, elle m'aurait aidé, certes, mais autrement. Elle aurait pris le temps de réfléchir avant d'agir. Elle risque sa vie et la vôtre à chaque fois qu'elle cherche à vous protéger, c'est impulsif.

- Comment je peux l'aider ?

- Vous ne pouvez pas. Essayer de découvrir ce que votre père a pu lui dire. Tout vient de là. Et essayez de savoir qui sont les autres ours.

- Le tout petit vient de moi, il n'a rien à voir avec mon père. Mais comment je peux aider ma fille si aucun médecin ne m'aide ? Vous dites tous la même chose !

- La clé est la communication. Elle se confie plus à vous qu'aux autres. Écrivez tout ce qu'elle vous dit et montrez ces écrits à un spécialiste qui pourra vous aider. On ne peut pas aider un patient qui ne montre aucune émotion face à nous. Tout ce que j'ai dit dans cette chambre n'était qu'un coup de poker, j'aurais pu me tromper, mais j'ai eu de la chance, c'est tout.

- Je n'ai pas besoin d'écrire tout ce qu'elle me dit. Tout est là, répond-il en tapotant sa tempe avec son index.

- Avec vos notes, le spécialiste gagnera du temps. Il aura un support sur quoi travailler. »



Une fois, Alicia partie, Steve monte rejoindre sa fille toujours à sa fenêtre avec son ours :


« Je suis désolé. Je ne voulais pas, mais je suis tellement inquiet pour toi. Je ne sais pas quoi faire pour t'aider. Ton ours est trempé. Je sais que tu pleures derrière lui, ma puce.

- Je ne pleure pas, mes yeux coulent.

- Parce que tu t'empêches de pleurer. Tu as le droit de pleurer. Tu m'as dit ne plus t'empêcher devant moi.

- Je ne veux plus la voir, jamais, même si on doit travailler de nouveau avec elle.

- Tu ne travailles pas avec nous, Stella. Tu vis juste au QG.

- ...

- Tu devrais répondre à Adam, il ne cesse pas de t'envoyer des messages depuis sa sortie.

- Il y a un truc que je ne comprends pas, pourquoi ton cran de sécurité était enclenché alors que tu étais en mission.

- Il ne l'était pas. Mon chargeur est tombé au sol pendant ma chute, dit-il en commençant à fermer la porte pour la laisser tranquille.

- Alicia s'est trompée, dit-elle pour qu'il ne quitte pas de suite sa chambre. Je n'ai pas voulu tirer sur elle pour l'affaiblir et que tu prennes le relais. J'ai voulu tirer sur elle, parce qu'elle t'avait blessé, alors elle devait l'être aussi. Je vais faire une machine pour mes doudous, tu as du linge à laver ?

- J'arrive. », dit-il pensif.


Il la rejoint au garage avec du linge. Elle est assise sur la machine à l'attendre.


« Il n'y a plus qu'à appuyer sur démarrer.

- Je n'arrive pas à te comprendre. Tu restes muette et subitement, tu parles, de nouveau.

- Elle a raison, je ne peux pas rester silencieuse parce que je ne veux pas en parler. Je ne vais plus me taire, je te le promets. Je veux que tu sois bien, toi aussi.

- J'ai vu que ton puzzle n'avance plus depuis quelque temps. Ça me manque de ne plus les poser.

- Il est pour Adam, un cadeau pour sa sortie de prison. Tu penses que ce qu'a dit Alicia avant de monter dans sa voiture est vrai, à propos de mon état ?

- Tu vas bien. Tu as besoin d'aide pour aller mieux, c'est tout. Tu dois tout simplement parler et dire ce que tu ressens.

- Peut-être, une prochaine fois. Je vais lire le temps que la machine tourne. Je remettrai Didou et Loulou sur leur étagère ensuite.

- Comme si rien ne s'était passé, comme d'habitude, dit-il en quittant le garage. Mon père a foiré quelque chose avec toi, je le trouverai, dit-il en revenant sur ses pas pour la faire réagir, en la mettant en colère.

- Ton père n'a rien foiré avec moi ! N'essaie pas de mettre tout sur son dos juste pour me trouver des excuses !

- Dis-moi ce qu'il t'a dit. Alicia pense...

- Je sais ce qu'Alicia pense. J'ai envie de lire, d'accord ?

- Ouais, j'espère qu'un jour, tu me feras suffisamment confiance pour t'ouvrir à moi !

- J'ai confiance en toi !

- Alors, parle-moi ! Laisse-moi t'aider !

- C'est du passé !

- Qui est omniprésent !

- Tu crois que ça a été simple pour moi ? Il n'arrêtait pas, tous les jours de me dire qu'il était mon grand-père et que tu étais mon père ! Qu'est-ce que tu crois que j'ai ressenti au fil des jours ? Pourquoi mon père n'est pas là ? Pourquoi, c'est mon grand-père qui m'élève ? Il avait beau me dire que tu étais en mission, pour ton pays, j'étais mal, j'ai fini par croire toutes ces histoires ! Après, je retourne avec Wo Fat, je me suis sentie abandonnée que mon père se batte pour son pays, mais pas pour moi ! Et Wo Fat a ensuite remémoré mon passé. Je ne savais plus lequel croire ! Ça a été dur pour moi, tout ça ! Et ces cauchemars que je ne comprenais pas du temps où je vivais avec ton père !

- Je sais, je le comprends bien.

- Il voulait juste me protéger. Il ne pensait pas que j'allais terminer avec un criminel ! Alors, s'il te plaît, n'en veux pas à ton père.

- Tu le protèges beaucoup.

- C'est la seule personne excepté toi qui dans cette famille est restée honnête. Il n'a pas menti. Il disait des choses qui devaient se réaliser. Tu le sais, il a tout fait pour que tu sois mon père. Il fallait juste que j'y croie fortement avant ton retour. C'est ce qu'il voulait, et tu le sais. En tout cas, moi, je l'ai compris et il faut que toi aussi, tu le comprennes. Si Wo Fat ne m'avait pas récupérée, tout serait différent.

- Dis-moi, que représentent ses peluches ?

- Laisse-les tranquilles.

- Il t'a dit quelque chose en te les donnant, je me trompe ?

- Hum...

- Dis-moi.

- C'est un secret.

- C'est ça, c'est ce qu'il t'a dit en te les donnant qui fait que tu es comme ça avec moi. Maintenant, en grandissant, tu as compris le sens de ces paroles, et tu refuses de les accepter parce que tu ne veux pas changer.

- J'aime te protéger.

- Je sais, mais ce n'est pas ton rôle.

- Est-ce que je peux lire, maintenant ?

- Ouais, je vais m'occuper du repas. Tu ne m'en diras pas plus de toute façon.

- Je t'aime, tu sais. Je n'ai pas envie d'être en froid avec toi.

- Moi aussi, je t'aime, mais il faut que tu te libères.

- Je sais, mais je n'ai pas envie.

- Pourquoi ?

- Tout changera. Ce sera encore un chamboulement dans ma vie, et elle aura aussi un impact dans la tienne.

- Sauf que je serai là, tu ne seras pas seule.

- Je sais. »


Steve est sous le choc de cette discussion. Son père a grillé le cerveau de cette enfant. Il lui a imprégné dans sa tête une nouvelle famille qui pouvait ne pas se concrétiser, un jour. Wo Fat a, lui aussi, de son côté fait la même chose en lui ravivant son passé. Pour lui, cette gosse a été martyrisée psychologiquement, mais son père pensait bien faire pour elle.


« Salut, Danny.

- Qu'est-ce qui se passe ?, dit-il au téléphone.

- Je sais d'où viennent tous ces problèmes, Danny.

- D'où ?

- Elle a été maltraitée psychologiquement... par mon père, par Wo Fat, par tous ceux qui lui ont monté la tête. Peut-être, moi-même.

- Non ! Je t'interdis de dire ça ! Tu as puni cette enfant comme j'aurais puni ma fille, peut-être même que j'aurais été plus sévère sur certaines actions ! Tu n'as pas le droit de te sentir coupable ! Qu'est-ce que ton père a à voir là-dedans ?

- Il lui a fait croire une vie qui n'était pas la sienne.

- Il pensait bien faire, Steve. S'il te plaît, ne sois pas en colère contre lui. Il est la seule personne excepté Mary, Joanna et ta fille, peut-être moi, qui compte beaucoup pour toi.

- Tu comptes beaucoup pour moi, Danny. Il pensait bien faire, je le sais, Danny, mais elle est fatiguée et moi aussi. Il n'aurait pas dû prendre ce risque. Et si j'aurais refusé d'être son père, comment il lui aurait annoncé ça si tout ce serait passé comme il le pensait ?

- Mais ce n'est pas le cas. Que comptes-tu faire ?

- Je vais suivre le conseil d'Alicia. Je vais écrire tout ce que je sais sur ma fille, les comportements des gens envers elle et vise versa, et je vais trouver un bon médecin qui pourra s'occuper d'elle. »


Au repas du soir, Stella s'excuse pour le bracelet GPS, cassé. Il sourit puis la regarde prendre sa nourriture dans son assiette :


« Qu'est-ce que je t'ai déjà dit ? Tu ne dois pas t'excuser pour quelque chose dont tu n'es pas responsable.

- Il était sur moi... Est-ce que tu vas m'en commander un autre ? Il n'a pas vraiment fonctionné celui-ci ?

- Et si tu prenais celui que tu veux ! N'importe quoi, tant qu'il y a une géolocalisation.

- Je suis vraiment obligée de porter un GPS ?

- Quand tout sera fini, Stella, je te promets, je te promets que plus jamais je me servirai des applications pour te suivre.

- Une montre.

- Une montre ?

- Oui, c'est un bracelet qui indique l'heure et si elle peut aussi avoir des options tels que combien de pas j'ai fait, calculer ma fréquence cardiaque...

- Je vois, je vois, stop !, dit-il joyeusement. Je sais ce qu'est une montre. Va passer ta commande sur Internet. »


Son père n'a pas besoin de lui répéter une seconde fois. Elle quitte vite la table pour aller pianoter sur le clavier de l'ordinateur de son père.

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