hawaï 5.0 : Stella

Chapitre 96

3128 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/12/2021 09:58

Afin d'éviter un rendez-vous chez la psychologue avec Danny, Steve propose à celui-ci de passer une thérapie, sur une île avoisinante, à Maui. Un lieu magnifique où sa fille pourra arrêter de regarder derrière son dos, peur d'une mauvaise rencontre, peur d'Adrien. Il sait qu'elle le cache comme elle le peut, mais elle est toujours terrifiée par lui. Elle évite d'aller se cacher dans ses bras à la vue d'un inconnu, au son d'un bruit étranger, mais l'envie ne lui manque pas. Elle fait la forte avec son mauvais caractère, mais elle est en fait extrêmement sensible. Danny accepte cette proposition. Quelques heures, plus tard, ils prennent l'avion.


Sur place, Steve lit le prospectus des lieux tout en se dirigeant à l'accueil :


« Cet endroit est dément ! Il y a tout à disposition ! Trois piscines de spa, et même un jardin de méditation !, dit Steve époustoufler.

- Oh, quelle chance !, répond Danny.

- Sans rire, il y a une carte pour choisir ton oreiller, un conseiller pour le savon, c'est trop génial !

- Un conseiller pour le savon ! Excuse-moi, ça fait trente-neuf ans que j'utilise du savon pour me laver. Je n'ai pas besoin d'aide pour ça !

- C'est de la fabrication artisanale ! Ce gars-là, il est là pour t'expliquer quel type de produit convient à ta peau. Tu ne vas pas passer à côté de ça !

- Je voudrais que tes potes de la Navy t'entendent !

- On va commencer par un golf à neuf trous, ensuite paddle et dîner au resto grill. »


Ils arrivent dans le bâtiment où se trouve leur séminaire relationnel. Ils sont accueillis par leur thérapeute, Lorraine :


« Je vous demanderai de signer le formulaire et de déposer vos téléphones dans la boîte prévue à cet effet.

- Je vous demande pardon ?, dit Steve.

- J'ai établi une règle. Nous allons bientôt entamer un long voyage spirituel dans les coins les plus profonds et plus intimes au monde que vous partagez tous les deux et nous ne pouvons tolérer aucune distraction.

- Je vois, mais dites-moi, qu'est-ce que c'est que ce truc ?, demande Danny.

- Il s’agit du guide des sujets que nous allons aborder pendant ce séjour.

- Ah, ah !, s'étonne Danny. Je vois écrit ''régler les problèmes d’incompatibilités sexuels''.

- Le sexe est une composante absolument vitale de toute relation amoureuse, dit Lorraine tandis que Stella pouffe de rire.

- Donc, tu nous as inscrits à une thérapie de couple, dit Danny.

- Oups !, répond Steve qui regarde sa fille rire.

- Comme tu dis.

- Il n'y a aucun problème, on va s'arranger, propose Steve.

- Ça va être magnifique !, s'exclame Lorraine.

- Dites, vu que c'est pour des couples. Je ne me sens pas vraiment à ma place, ici. C'est vrai, je ne dors pas avec eux, moi ! J'ai vu sur le programme de ce site, un atelier ''remise en forme''. Vous pouvez m'y inscrire ?

- Hé !, disent les deux hommes à unisson.

- Tu as raison, tu n'as rien à faire dans ce groupe. Ce n'est pas un groupe pour ton âge. On va s'arranger.

- Cool ! À bientôt les amoureux !

- Ta fille est une traite !, dit Daniel en la regardant partir tout en les narguant.

- Je suis bien d'accord. »


Au retour de Lorraine, une fois Steve et Danny installés, une première réunion commence. Steve explique au reste du groupe son erreur, lors de son inscription.

Après les présentations, Lorraine passe à un jeu de confiance. Steve, qui veut des nouvelles de sa fille, accélère le pas pour que Danny chute accidentellement afin de stopper le jeu. Malheureusement, celui-ci se retrouve avec une cheville foulée. Steve part envoyer un message à sa fille. Il attend quelques minutes afin d'obtenir une réponse de sa part. Elle lui envoie une photo d'elle en train de manger une glace.


« On se voit ce soir. On se rejoint pour vingt heures devant le bassin de dauphins. », répond son père.


Il retourne dans la salle pour soigner Danny. Il se retrouve en béquilles et en incapacité de se retrouver avec Steve et Stella dans le centre pour profiter d'une balade.


****


Le lendemain, le duo participe à une autre réunion de couple qui parle de sexe. Danny n'apprécie pas le sujet :


« Daniel, dit Lorraine. Vous n'avez pas encore pris part à la discussion. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

- Mon sentiment sur ce que je viens d'entendre, c'est que désolé hein, mais c'est stupide et si ça ne dérange personne, j'aimerais bien aller à la piscine.

- Donc, vous ne donnez aucune valeur à ce que nous faisons ici ?

- Non, pas beaucoup et je vais vous dire pourquoi. Mes parents sont restés marier quarante ans et ils s’engueulent, souvent même. Mais ils n'en sont pas arrivés à faire ça.

- Il ne s'agit pas de vos parents. Ici, nous parlons de vous et de Steve.

- Ah, non !, intervient Steve. Il ne s'agit pas de moi.

- S'il te plaît, Steve, laisse-moi parler. C'est juste mon opinion. Mais je ne comprends pas pourquoi c'est devenu si important de sur-analyser toutes les choses qui nous arrivent, de discuter d'absolument de tout ce qui se passe dans une vie de couple. Vous voyez, vous vous aimez tous les deux, moi, ça me suffit. Vous comprenez ? Vous êtes là pour elle, elle est là pour vous, il y a une implication mutuelle. Mais ça, ses séances où tout le monde débat sur tout le monde, c'est comme une blessure, ça n'arrête pas de saigner et vous savez ce qui va arriver ? Quelqu'un dira un truc impossible à rattraper. Vous oubliez de parler des trucs chouettes et au lieu de ça, vous vous concentrez sur ce qu'il y a eu de pire. Vous voulez connaître la suite ? C'est vous tout seul dans un studio en train d'ouvrir un futon pour accueillir votre fille, le mercredi soir. Vous lui avez commandé une pizza, une très mauvaise pizza. Alors si vous pouvez éviter ça, se serez mieux. Sur ça, croyez-moi, sur parole. »



Après leur séance, ils partent faire leur bagage. Steve rejoint une nouvelle fois, sa fille au bassin des dauphins. Elle lui donne sa facture à payer. Il voit qu'elle s'est éclatée, un peu trop à son goût, d'ailleurs.


« Tu as vu la facture !

- Ce n'est pas toi qui me disais, il y a encore quelques mois que je ne te demandais jamais rien !, dit-elle en le quittant pour la piscine.

- Oui, et bien là ne me demande plus rien !, crie-t-il en brandissant sa facture.

- Moi aussi, je t'aime. »


Il rejoint Danny au restaurant près de la piscine, où Stella se trouve. Il voit la canne près de Danny.


« Elle dit qu'elle n'en a plus besoin et qu'elle me remercie de mettre encore une fois sacrifié pour elle. Donc, merci Steve.

- Ah ouais, je vois. Je réglerai ce problème, plus tard.

- Alors, ta facture ?

- Sa facture, un nombre à trois chiffres !

- Tiens, goûte ce hamburger à vingt dollars. Tu comprendras pourquoi cette note est salée.

- Ah ouais ! C'est le meilleur hamburger que je n'ai jamais mangé !

- Comment s'est passée sa nuit, loin de toi ?

- Elle avait droit à son téléphone. Elle a mis un réveil, mais elle est restée seule d'après son entraîneur. Il l'a vu s'empêcher de pleurer, aussi. Elle cache bien son jeu. Il faut que tout cela cesse.

- Tu parviendras à l'aider. Je ne m'inquiète pas pour ça.

- Seulement, c'est long et pénible pour elle. J'ai mis plus de quatre ans pour arrêter Wo Fat dont plus de deux pour elle. Je ne veux pas qu'elle attende aussi longtemps pour Adrien et Anaëlle. Elle ne le mérite pas. Je vais la rejoindre. »


Avant de quitter les lieux, père et fille s'amusent dans la piscine. Danny, au bord de l'eau pour faire trempette est arrosé par le duo infernal.


****


Une fois revenu sur leur île, Steve prend un rendez-vous pour Stella, au médecin. Il veut s'assurer qu'elle ne pense pas que sa remise en forme au centre ne lui fait pas croire qu'elle est totalement guérie.


« Tu as bien travaillé Stella, dit le médecin.

- Merci, dit-elle heureuse.

- Je pense qu'elle est apte à marcher, sans soutien.

- Vous pensez ?

- Dites que vous en êtes sûr sinon ça ne va pas le faire.

- Votre fille peut marcher sans sa canne.

- Cool !, dit Stella.

- Mais pas d'effort physique.

- Moins cool.

- Et encore quelques séances de rééducation.

- Et encore moins cool. Vous n'êtes pas censé dire les mauvaises nouvelles pour terminer par les meilleures ?

- Merci docteur. », dit Steve avec un petit sourire.


Ils montent en voiture :


« Je t'ai vu sourire, tu sais, dit-elle déçue. Tu es content parce que je ne peux pas reprendre mon sport de combat.

- Non, ce n'est pas ça.

- Parce que tu sais que vu, je suis encore faible, je n'affronterai pas Adrien.

- Je ne veux pas que tu l'affrontes, ma puce.

- Alors, tu ne veux pas que je guéris ?

- Si ! Stella, je veux que tu te guérisses, mais je ne veux pas que tu affrontes cet homme. Je ne veux pas que tu reprennes l'enquête.

- Ouais, je te comprends, mais je le ferai que s'il le faut vraiment.

- Seulement s'il le faut ? Pas derrière mon dos, en le localisant ? Rien de tout ça ?

- Seulement si je n'ai pas le choix.

- On est sur la même longueur d'onde sur ces paroles ?

- Oui, la même, promis. Je ne ferai rien pour aller le trouver. Si je le localise, je te le dirai. De toute façon, je n'arrive pas à le localiser, ni lui, ni elle.

- Écoute-moi, je suis très heureux pour toi, tes jambes, mais en fait, je pense à notre dernière discussion concernant Adrien et tes recherches. Tu as dit que tu reprendrais les rênes, une fois les béquilles hors de ta vue, et c'est le cas maintenant. Ma belle, ne les reprend pas.

- Ce n'est pas la première fois que tu m'appelles ''ma belle'', et à chaque fois que tu me nommes ainsi, je sens ta peur dans le ton de ta voix. D'habitude, tu t'empêches de le dire, mais parfois sa sort, tout seul.

- J'ai peur pour toi, Stella. Et je vais te dire un petit secret que tu gardes depuis bien longtemps toi aussi.

- Ah oui ! Quoi !

- L'équipe et moi-même, on t'a déjà entendu dire ''papa'' tout bas, avant de dire mon prénom peu de temps après que tu as commencé à parler.

- Oh ! Je pensais ne pas le dire si fort. Pourquoi tu ne me l'as pas dit, à cette époque ?

- Pour ne pas te faire peur et que tu ne retournes pas dans ton mutisme. Alors, maintenant, dis-moi que tu ne vas rien faire avec cette enquête.

- Je ne suis pas encore très habile. », dit-elle avec un petit sourire.


Steve met le contact, content de cette réponse. Elle reste à distance, pour le moment. Sa fille le regarde :


« Hé ! Qu'est-ce que tu me caches ?

- C'est difficile à croire, mais il a dit qu'il ne me ferait jamais rien de mal. Tu ne dois pas avoir peur d'Adrien.

- Et tu le crois ?

- Oui, dit-elle faiblement.

- Et cette brûlure ! Tu l'as oublié ?

- Il était en colère que je l'ai affronté pour te retrouver au bâtiment.

- Tu sais que ça aurait pu s'infecter ?

- Il restait encore des crèmes de ma brûlure au bras à la maison.

- Je suis content que tu me parles de tout ça, tu sais.

- Que ce ne soit plus des secrets ?

- Mais ils en restent. Notamment trois qui sont très importants pour moi.

- Catherine et moi ?

- Oui, mais le plus important pour moi ce n'est pas celui-ci pour le moment.

- Ah bon ! Qu'est-ce que c'est, alors ? La cicatrice ?

- Oui. Stella, la personne qui te l'a critiquée, t'as fait souffrir. Cette personne t'a renfermé sur toi-même pendant des mois si ce n'est pas une année. Qui est-ce ?

- Je pensais que ta question était plus : qui m'a infligé cette cicatrice ?

- C'est vrai, j'aimerais le savoir aussi. Pour moi, pour le moment, c'est de savoir qui s'est amusé à jouer avec tes émotions. Avant ça, tu acceptais cette blessure.

- Et je l'accepte de nouveau, avec toutes les autres.

- Donc, tu ne me le diras pas ?

- Non, mais il y a une chose que je peux te dire, je ne sais pas qui m'a fait cette cicatrice.

- D'accord, répond-il doucement. Qui t'a dit que tu es la responsable de la mort de mon père ?

- Joker, comme dirait Joe. Quel est l'autre secret qui te tracasse ?

- Tu le sais, ma puce.

- Washington, dit-elle en baissant la tête. Je ne peux pas.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Je t'ai vu résister face au médecin quand il te touchait.

- Ce sont les filles qui m'ont frappée. Elles disaient que peut-être ça me rendrait stérile, car un enfant de moi sur cette terre serait une erreur. Anaëlle m'a dit que Wo Fat a ouvert le ventre notre mère pour me donner la vie. Est-ce vrai ?

- Oui, Wo Fat a ouvert le bas du ventre de ta mère pour te sortir.

- Tu es sûr de ça ?

- Ce sont les paroles de Wo Fat.

- Et il ne mentait jamais, dit-elle en baissant la tête.

- C'est pour ça que tu ne veux pas de famille ? À cause d'elles ?

- Non ! Je suis fille d'une mère terroriste que je ne connais même pas, fille d'un père de profession inconnue. J'ai peur de ne pas arriver à laisser mon enfant dans le droit chemin. J'ai peur de faire un monstre. J'ai peur de créer un terroriste.

- Tes enfants ne seront jamais des personnes méchantes. Tu as un grand cœur, il passe au-dessus de toute la méchanceté. Tes enfants te ressembleront beaucoup.

- On ne peut pas le savoir, et je ne veux prendre aucun risque. Je ne veux pas prendre le risque de faire un monstre ou pire. De faire un enfant qui devra se battre chaque jour pour survivre, comme moi. Il peut être très bien élevé, mais si un jour, il vient à me demander des choses sur ma famille, mes origines, je ne pourrais pas lui mentir. Et s'il venait à choisir cette voie ? Je m'en voudrais énormément. Le risque est trop grand pour moi.

- Ton père était un homme bien, Stella.

- Tu sais, qui c'est ?, demande-t-elle surprise.

- Ouais, je le sais, depuis quelques mois déjà.

- Qui est-ce ?

-...

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit dès que tu l'as su ?

- Tu es déjà très perturbée...

- Mais j'ai le droit de savoir.

- Ma puce, j'allais te le dire, un jour.

- Un jour ! Quand ?

- Le jour où ce sujet serait revenu sur le tapis, comme aujourd'hui. C'est Lance Donovan, ma puce.

- Le médecin de la Corée !

- Oui. Ta mère et lui ont eu une aventure sur le continent. Il a suivi ta mère en Corée, et il t'a cherché. Elle lui a dit qu'elle attendait un bébé avant de partir. Elle voulait accoucher sur le continent et te laisser à lui, mais son mari a tout découvert et ils ont fui, en Corée.

- Comment tu sais tout ça, puisqu'il est mort ?

- Mon contact a retrouvé ta famille.

- Et du coup, ils veulent me récupérer ?

- Ils te cherchent, oui.

- Mais comment il a su que j'étais sa fille ?

- Il faisait des tests ADN à tous les enfants qu'il croisait à l'hôpital en fonction de l'âge que tu pouvais avoir et de ta couleur de peau. Stella, je ne sais pas s'il a su qu'il était ton père avant ou après que Joe soit parti avec toi de la Corée, mais s'il m'a laissé te prendre, c'est qu'il savait que ton temps était compté avec lui.

- Et il ne t'a pas demandé de m'amener à ma famille ?

- Non... Est-ce que tu essaies de me dire... Que tu veux vivre chez eux ?

- Non. J'essaie de le comprendre.

- Comprends juste qu'il voulait sauver sa fille, donc toi. Il savait que jamais une vie avec toi était possible, mais qu'il voulait que tu vives. Même s'il ne savait pas ce qui pouvait t'arriver en me laissant avec moi, il espérait que tu es une chance de vivre.

- Et il est enterré, où ?

- Il est à Los Angeles. Il était un médecin très réputé.

- Il faut dire à sa famille où je suis.

- Ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Ma puce, si on fait ça, tu risques de devoir vivre avec eux. Les juges privilégieront une vie dans ta famille de sang plutôt qu'ici, surtout avec ma situation actuelle.

- De quoi tu parles ?

- Je suis père célibataire, avec un boulot à risque. Je ne suis pas ton père biologique.

- Mais je ne veux pas te perdre ! Ils ne savent pas où on est ? Ton contact ne leur a rien dit ?

- Ils ne savent rien, non. Il s'est fait passer pour un vieux copain d'école de l'université auprès d'eux.

- J'aimerais qu'ils sachent que je suis en vie et qu'ils arrêtent de me chercher. Ton contact pourrait poster la lettre pour moi. On ne laissera aucune trace.

- On va rentrer et on va en discuter, d'accord ?

- Papa, qu'est-ce qui t'a fait croire qu'il pouvait être mon père ?

- Il était très inquiet pour toi, en Corée. Les médecins s'inquiètent pour leur patient, mais chez lui, il y avait plus que ça. Ensuite, ce rapport sur son décès, les paroles de tes sœurs ont fait que je voulais enlever ce doute. »

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