hawaï 5.0 : Stella

Chapitre 68

1772 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/11/2021 06:40

Deux jours passent, Stella se repose, surmonte la nouvelle de l'état de ses jambes. Steve la voit démunie. Elle se retient de pleurer, surtout quand elle doit demander de l'aide. Personne ne parvient à la faire parler des événements passés. Elle veut juste rentrer chez elle comme elle l'écrit si bien.

Gibbs et ses deux agents pénètrent dans la chambre pour prendre de ses nouvelles.


« ''Où il est ?'', écrit-elle pendant qu'ils discutent. ''Où est le père des deux filles ?''

- Il est mort, répond Gibbs honnêtement à l'enfant avec l'accord de Steve.

- Chut, chut. Calme-toi, ma puce. Il n'avait pas le choix. », dit-il tandis qu'elle jette tout ce qui se trouve autour d'elle.



Une fois sa fille calme, Dinozzo lui tient compagnie tandis que Steve quitte la chambre pour discuter avec le patron. Il apprend par celui-ci que l'acheteur est incarcéré, que tous les hommes qui travaillaient dans ce lieu ont été arrêtés. Ils ont tout le monde, sauf les deux jeunes filles. Il montre ensuite en photo l'épave de l'avion dans lequel sa fille se trouvait, puis ensuite, une vidéo amateur où l'on peut y voir Stella aidée par les filles à avancer vers une camionnette non retrouvée. La vidéo, en mauvaise qualité, rien ne peut être identifiable, elle n'a ni plaque d'immatriculation, ni visage net.


« J'ai une question, pour vous. Depuis quand cet établissement vendait des filles ?

- Quelques années, environ un peu moins de trois ans, pourquoi ?

- Cela correspond au moment où ma fille est arrivée chez moi.

- Vous pensez quoi, commandant ?

- Que toutes ses filles étaient des substituts à la mienne... Votre homme, depuis quand il a réussi à être proche de Robert ?

- Trois semaines. Durant ses trois semaines, cinq filles ont été vendues, dont votre fille. Ce sont cinq filles qui ont été sauvées et quatre hommes qui ont été arrêtés.

- Pourquoi cet assaut, seulement, maintenant ?

- On voulait Robert, mais il n'était jamais sur place. Dinozzo a appris qu'ils avaient une grosse vente à faire ce soir-là et qu'ils devaient être présents.

- La vente de ma fille.

- Oui, l'assaut que l'on avait prévu une semaine plus tôt a donc été annulé pour pouvoir l'arrêter lui et ses filles.

- Vous dites que votre agent n'a jamais vu les deux soeurs...

- Elles restaient toujours à l'écart des ventes, mais elles vivaient à l'hôpital. Apparemment, leurs hobbie étaient de maltraiter les filles en attente d'une vente.

- Et les filles ne peuvent pas les décrire ?

- Elles étaient trop apeurées pour regarder ses bourreaux.

- Où elles ont trop peur pour vous les décrire. »


« Prends soin de toi, d'accord ? », dit Dinozzo quand Steve se montre à l'encadrement de la porte pour retrouver sa fille.


Dinozzo échange sa place avec Steve. Ils s'échangent un sourire amical en se croisant. Une fois seul, Steve se lance une fois de plus dans un monologue. Elle ne veut pas parler. Il n'accepte pas cette situation, un retour en arrière qui a trop duré et qu'il ne veut pas revivre.


« Parle-moi, ma puce, s'il te plaît. Ne te renferme pas. Pose-moi des questions, parle de tout ce que tu veux, mais ne me laisses pas comme ça.

- ''Wo Fat ne veut pas que je parle'', écrit-elle. ''Je ne veux pas encore être punie''.

- Hé ! Wo Fat est mort, tu le sais ça. Où il est, il ne peut rien te faire. Je suis désolé, ma puce, dit-il en prenant sa main. Excuse-moi, j'ai failli à mon rôle de père. Je ne t'ai pas protégée. »


Elle le regarde, il s'enfonce dans la douleur, il grelotte s'empêchant de pleurer devant sa fille. Elle finit par faiblir, d'un geste de main, elle lui caresse ses cheveux.


« Tu n'as pas le droit de pleurer. Tu es un Marine.

- Oh si ! J'ai le droit de pleurer, pour toi, j'ai tous les droits. »


Stella ne répond pas à cela. Il veut qu'elle parle, elle le fait, mais elle lui pose des questions auxquelles elle n'a pas besoin de parler beaucoup. Elle lui demande de raconter sa libération d'avec Wo Fat. Elle veut connaître les détails de sa mort. Elle veut connaître les détails de l'évasion de son père. Il ne lui cache rien. À son tour, il souhaite connaître ce qui s'est passé avec sa famille dans l'avion, mais à part lui dire qu'elle n'a ressenti pendant son vol que douleur et humiliation, elle ne se souvient de rien, elle était à moitié endormie par la drogue de Wo Fat. Elle lui raconte ensuite les dires de ses demi-sœurs par rapport à son père biologique.



« Elles ont dit qu'elles allaient te faire la même chose.

- Je vais les retrouver, ne t'inquiète pas. Stella, il faut que je sache ma puce. Est-ce que tu as été... est-ce que tu as eu des attouchements ?

- Je ne veux pas en parler, dit-elle en lui détournant le regard.

- Je sais que tu n'as pas été violée, mais vu les blessures, on ne peut pas savoir pour les attouchements. Et là, est-ce que tu souffres ?

- Tu leur as dit de mettre mes cachets dans ma nourriture ?

- Tu ne dois pas souffrir.

- Ne t'en veux pas, s'il te plaît. »


Seulement, son père s'en veut énormément de ne pas avoir su la protéger. Elle ne lui en veut pas, mais lui ne parvient pas à se pardonner. Elle change de discussion. Elle préfère changer de sujet, pour ne pas s’énerver.


« Papa, j'aimerais connaître ce que tu as vu avec le produit de vérité. Comment elle était ton autre vie ?, demande-t-elle en prenant les friandises apportées par Dinozzo.

- Et toi, tu me raconteras la tienne ?, dit-il ravie de la voir manger.

- La mienne est plutôt courte, tu sais. Ton père était mon grand-père, tu étais mon père, ta sœur, ma tante et Doris ma grand-mère. C'est grâce aux albums photos de ton père que mon cerveau a dû imaginer ça. Je n'ai vu que de belles choses. On s'aimait beaucoup, mais par contre, tu étais très jeune, dit-elle moqueuse.

- Ah oui ! Je veux bien te croire, dit-il en riant. Alors, dit-il en prenant la main de sa fille entre ses mains. J'ai vu Danny, il fallait l’appeler Danno. Il adorait l'île et il m'apprenait à parler Hawaïen. Il était marié avec Rachel et ils étaient heureux avec leur fille. Il portait même des tenues hawaïennes ! Ah ! Et le meilleur, il conduisait sa voiture !

- Il était tout l'opposé d'aujourd'hui. Il a dû être amusé que tu lui dises ça.

- Il le sera, quand tu lui raconteras.

- Ah !, dit-elle déçue.

- Il a sauvé la vie de mon père et de la tienne, reprend-il en pensant au fond de lui-même qu'il aurait préféré cette version.

- Et les autres ?, demande-t-elle, après un silence.

- Kono était une surfeuse professionnelle. Elle faisait des publicités à la télévision pour vendre des produits pour cette activité. Chin était le chef de police. Lou portait plainte pour le vol de son set de golf. Il était en vacances sur l'Archipel. Jerry, lui, c'était un pauvre clochard, il délirait avec ses Martiens.

- Je vois le genre, dit-elle en rigolant.

- Ton premier vrai sourire, ma puce.

- Et toi, dans tout ça ?

- J'ai tué Wo Fat de deux balles dans le torse quand Danny et moi, on l'a retrouvé, tout était terminé. J'ai adoré la fin de mon rêve. J'étais avec mon père près de la plage, à la maison, avec des bières, à regarder l'océan. Tu étais là, petite comme sur la première photo, heureuse que je sois revenu de mission. J'ai tout abandonné et je suis resté près de vous deux.

- On n'est pas cette vie-là, aussi.

- Il y a des parties vraies, ma puce. Je suis ton père, tu es ma fille, mon père est ton grand-père. On va reprendre notre vie à Hawaï. Oh ! J'ai quelque chose pour toi. »


Il lui tend une enveloppe. Elle se redresse un peu plus, sur son lit :


« C'était ma surprise, dit-elle déçue.

- Tu ne l'ouvres pas ?

- Je sais déjà ce que contient cette enveloppe. Même ça, Wo Fat a réussi à nous le prendre.

- Non, il ne nous a rien pris, car on est ensemble. Est-ce que tu es contente que ce soit officiel ?

- Oui. On est de la même famille, maintenant.

- C'est vrai, oui.

- Je veux rentrer à la maison. Je veux quitter ce lit.

- Bientôt. »


****


Une semaine plus tard, Steve prépare doucement les papiers de sortie. Le gouverneur va venir les chercher avec son jet privé. L'équipe du NCIS vient lui souhaiter du courage pour sa rééducation et un bon retour.


« Elle ne parle à personne, sauf moi, quand elle en a envie, dit Steve à Dinozzo qui pose des questions à Stella. Elle a ce papier pour vous.

- '' Ne culpabilisez pas, ce n'est pas de votre faute. Merci de votre accueil.''

- C'était un plaisir de faire ta connaissance Stella, dit Dinozzo.

- C'est vrai. J'espère te revoir un jour. », dit McGee.


Steve quitte la chambre avec Gibbs :


« J'aimerais que vous me teniez au courant de son évolution.

- Je le ferai. Elle le fera, elle aussi, je pense, quand elle ira mieux. Elle adore avoir des amis. Elle parlerait devant vous, elle serait en train de me demander si elle peut mettre vos numéros de téléphone dans son répertoire, dit-il avec un sourire d'espoir.

- Vous pourrez lui donner. Je donnerai ceux de mes collègues si elle le désire et eux aussi, quand elle le demandera. »


Il retourne dans la chambre. Sa fille regarde la fenêtre de son fauteuil roulant, les jambes tendues, avec Didou. Il salue les deux autres agents. Il reçoit un message :


« Vous partez toujours cette nuit ?

- Oui. Le gouverneur nous affrète son jet privé.

- Je serai là pour vous accueillir. »


Steve sourit, son ami n'avait pas besoin de le lui dire, il le savait déjà. 

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