Renaissance
Les trois amis se réveillèrent le lendemain à l’aube (où plutôt Harry et Hermione réveillèrent Ron) et s’habillèrent rapidement en silence. Tous semblaient un peu anxieux à l’idée de retrouver Poudlard, mais personne n’aborda le sujet. Mme Weasley était déjà debout, occupée à préparer le petit-déjeuner. Son visage marbré et ses yeux cernés témoignait qu’elle n’avait sans doute pas beaucoup dormi cette nuit.
- Ah vous êtes debout, parfait. Arthur est déjà parti au Ministère, Kingsley avait besoin de son aide. Asseyez-vous, j’ai fait des œufs brouillés.
En prenant place à table, le regard d’Harry fut attiré par son propre portrait, étalé en première page de la Gazette du Sorcier, accompagné d’un titre en lettre majuscule : Celui-Dont-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom terrassé par l’Elu. Harry haussa les sourcils. Terrasser était peut-être un peu fort… Après tout il n’avait fait que lui renvoyer son propre maléfice, rien de plus. Mais lorsqu’il partagea cette pensée avec ses amis, ceux-ci échangèrent un regard exaspéré.
- Rien de plus ? Ah mais oui, j’avais oublié que tuer Tu-Sais-Qui était tellement facile que même la baguette dans le…
- Ron ton langage ! s’indigna Mme Weasley
- Tu sais ce que j’ai voulu dire… Bientôt les gens vont croire que je l’ai battu en duel ou quelque chose dans ce genre.
- Harry, vous vous êtes battus en duel.
- Oui mais… commença Harry mais Hermione ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.
Elle avait déjà parcouru les grandes lignes de l’article, toujours avec cette remarquable habilité à déchiffrer les textes en quelques secondes.
- D’après ce que je lis là, les sorciers témoins ce soir-là n’ont pas vraiment compris ce qui s’est passé. Je dois avouer que pour quelqu’un n’ayant jamais entendu parler de reliques ou de Horcruxes, toute votre petite conversation devait davantage ressembler à du charabia qu’autre chose.
Harry leva les yeux de son assiette. Il n’avait jamais imaginé qu’il aurait à s’expliquer sur la mission que lui avait confié Dumbledore, mais maintenant qu’il y réfléchissait, il devait bien admettre qu’il s’était montré stupide. Bien évidemment que la communauté sorcière désirait savoir comment Voldemort était mort. Hermione semblait avoir compris ce qu’il venait de réaliser.
- Ne t’inquiète pas, tu auras tout ton temps pour t’expliquer.
Mais cela ne parvint pas à rassurer totalement le jeune brun. La dernière fois qu’il avait accepté de donner une interview, il s’était retrouvé enfermé dans un placard à balais en compagnie de Rita Skeeter.
L’interdiction de transplaner dans l’enceinte de Poudlard ayant été exceptionnellement levée afin de permettre au plus grand nombre de sorciers de venir apporter leur aide, les trois amis n’eurent aucun mal à rejoindre le château. A la vue de son école en ruine, le cœur d’Harry se serra. Moins de trois jours après la bataille, l’édifice portait encore les marques du terrible combat qui s’était déroulé entre ses murs. Harry se demanda combien de temps serait-il nécessaire pour reconstruire le château. Serait-il prêt pour la rentrée prochaine ? A la pensée qu’il lui serait peut-être possible de se reprendre ses études en Septembre, Harry éprouva une étrange sensation. Il n’avait pas encore pensé à ce qu’il ferait par la suite. Mener une existence normale sans doute…
Il ne lui fut cependant pas possible d’échafauder d’autres plans puisque les sorciers présents autours d’eux commençaient à le reconnaître. Il vit des bouches s’ouvrir de stupeur, des yeux le regarder avec avidité, et de nombreuses mains tenter de le toucher. Beaucoup s’approchaient pour le remercier et le féliciter.
- C’est lui, mon dieu…
- Monsieur Potter, quel honneur !
- Merci pour tout ce que vous avez fait, vous êtes notre sauveur…
Harry serra maladroitement quelques mains, avant de s’éclipser rapidement. L’admiration qu’il lisait dans les yeux des autres sorciers le mettait particulièrement mal à l’aise. On avait l’impression qu’ils se retrouvaient en face d’une sorte de demi-dieu vivant.
- En tuant Tu-Sais-Qui, tu as sûrement dit adieux à 150 ans de tranquillité au moins, se moqua Ron
- Comme si je n’étais pas assez célèbre comme ça…
Lorsqu’ils pénétrèrent dans le hall d’entrée, Harry ne put qu’admirer le travail d’organisation accompli par les volontaires depuis que la bataille avait pris fin. La Grande Salle avait été reconvertie en hôpital improvisé afin d’accueillir les blessés pour qui le transplanage était encore trop dangereux. Des Médicomages s’affairaient un peu partout, courant d’un lit à l’autre. Harry vit avec soulagement que les morts avaient disparus, leurs corps ayant sans aucun doute été récupérés par leurs familles. Dans la petite salle annexe qui accueillait habituellement les premières années avant la Cérémonie de la Répartition, on avait entreposé les corps des Mangemorts morts au combat. Bien sûr, personne n’était venu les rechercher. Il ne faisait désormais pas bon d’être associés à de tels individus.
- Qu’est-ce qu’ils vont faire du corps de Vous-Savez-Qui à votre avis ? demanda Ron d’une voix intrigué
Harry haussa les épaules, peu curieux de savoir où son pire ennemi finirait ses jours. Ce n’était pas vraiment dans ses plans de se rendre sur sa sépulture dans un avenir proche.
- Ils vont sans doute le brûler, murmura Hermione. Pour éviter que sa tombe devienne une sorte de…lieu de pèlerinage ou quelque chose dans le genre.
Harry fronça les sourcils. Vu comme cela, l’incinération lui paraissait en effet une meilleure option. L’image d’un autre cadavre lui revint alors soudainement en mémoire.
- Rogue.
Ron et Hermione lui jetèrent un regard interrogatif mais Harry ne prit pas la peine de leur répondre tout de suite, trop occupé à s’en vouloir mentalement. Comment avait-il pu laisser le corps de Rogue dans la Cabane Hurlante ? Après tout ce qu’il avait fait pour lui, c’était la moindre des choses… Harry se tourna vers ses deux amis d’un air grave.
- Il faut que j’aille le chercher. Je ne peux pas le…laisser là-bas, ajouta-t-il maladroitement.
- Allons-y tout de suite, proposa Ron
Mais Harry secoua la tête. Il connaissait suffisamment son ancien maître de potion pour savoir qu’il n’aurait pas aimé qu’un trop grand nombre de personnes le voient dans cet état-là. Il fallait qu’il le fasse tout seul. Après avoir convaincu Hermione qu’il ne risquait plus rien, il se dépêcha de rejoindre le Saule Cogneur. Quelques personnes l’observèrent d’un air étonné en le voyant disparaître à travers les branches de l’arbre fou, mais personne n’osa le suivre, assumant sans doute qu’il s’agissait là d’une autre mission particulièrement importante.
Rogue était toujours étendu par terre, tel qu’Harry l’avait laissé. Il lui semblait désormais que tout cela s’était déroulé des jours, voire même des semaines auparavant. Le sang qui s’écoulait de sa blessure au coup avait séché, formant une étrange consistance.
- Tergeo.
Le sang séché se volatilisa. Harry fit ensuite apparaître un linceul de couleur noire et recouvrit le corps de son ancien professeur. Lui-même avait conscience de toute l’étrangeté de cette scène : lui, rendant un dernier hommage à l’homme qui l’avait humilié et haï pendant tant d’années. Mais l’immense sentiment de respect qu’il ressentait désormais envers cette homme avait effacé la rancœur et la haine. Harry savait qu’il lui serait à jamais redevable.
Lorsqu’il revint au château, beaucoup jetèrent un regard intrigué au drap noir qui flottait devant lui, mais personne ne lui posa de question. Être le Survivant pouvait avoir aussi ses avantages. Lorsqu’il pénétra dans le Hall, il tomba sur le professeur McGonagall.
- Potter ! Comment allez vous ?
Harry grimaça. Cela avait beau n’être qu’une formule de politesse, il avait du mal à répondre à ce genre de question. Son professeur de Métamorphose n’insista pas et jeta un regard attristé sur le corps de Rogue.
- Encore un ? Qui est-ce cette fois ?
- Le professeur Rogue.
McGonagall eut une exclamation étouffée avant que ses yeux se teintent de mépris.
- Je suis désolée que ce soit vous qui ait eu à faire cette macabre découverte Potter. Il doit rester de la place aux côtés des autres Mangemorts décédés.
Harry soupira, réalisant qu’hormis lui, Ron et Hermione, personne n’était encore au courant du véritable rôle qu’avait joué Rogue au cours de ces dernières années. Il se promit de tout faire pour rétablir la vérité.
- Professeur McGonagall sauf tout votre respect, Rogue n’était pas un Mangemort.
- Enfin Potter, il a assassiné Dumbledore. C’est vous-même qui nous l’avait affirmé, il...
- Il l’a fait uniquement sur ordre du professeur Dumbledore. Je…
Harry hésita un instant. Rogue avait fait parfaitement savoir qu’il ne voulait pas que son véritable rôle soit révélé. Mais il était désormais mort… et Harry ne pouvais pas supporter de voir la mémoire de l’homme à qui il devait la vie souillée plus longtemps. Vérifiant qu’ils étaient seuls, il entreprit de tout raconter au sujet de son ancien maître des Potions. Lorsqu’il eu finit, Mcgonagall était si ébahie qu’elle dut prendre appuie contre une armure fracassée.
- Si j’avais su…toutes ces années, dit-elle d’une voix chevrotante
- Ce n’était absolument pas votre faute Professeur. Il ne voulait que personne ne soit au courant.
Harry ne voulait surtout pas que McGonagall se sente coupable à tort. Lui-même avait probablement haï Rogue plus que quiconque, sans jamais se douter de tous les sacrifices auxquels son professeur avait consenti.
- Je vais me charger de son corps. Faire en sorte qu’il ne finisse pas entre de mauvaises mains.
Harry jeta un regard empli de gratitude à son professeur qui s’éloigna rapidement, faisant léviter le linceul devant elle avec tout le respect que Severus Rogue lui imposait désormais.
- Harry, Harry !
Harry se retourna vers Luna et Seamus qui venaient de l’appeler. Sans un mot, les trois amis s’enlacèrent. Seamus abordait une large cicatrice qui lui barrait désormais le visage, et lorsqu’il surprit le regard de Harry sur sa blessure, il grimaça légèrement.
- C’est moins terrible que ça en a l’air. Ils m’ont rafistolé à Sainte-Mangouste mais puisque c’est de la magie noire, ils n’ont pas pu la faire disparaître.
Harry acquiesça d’un air sombre. Il se doutait que les blessures de guerres feraient désormais partie du paysage.
- Vous êtes venu aider à la reconstruction ? demanda-t-il afin de changer de sujet
- Oh non ce sont des sorciers beaucoup plus compétents qui s’en chargent. On est venus donner un coup de mains au Médicomages mais ils n’en avaient pas besoin. Il y a tellement de monde qui se sont portés volontaires.
Harry dut admettre que le château était bondé, et il se doutait qu’il en était de même pour Sainte-Mangouste. Apparemment, personne ne souhaitait rester assis à ressasser les mauvais souvenirs. Il était plus facile de ne pas penser aux morts si on s’occupait l’esprit. Harry s’apprêter à demander des nouvelles de Dean lorsque Ron et Hermione réapparurent.
- L’aile Est est complètement détruite. Apparemment c’est par là que sont entrés les géants… On a voulu aider mais le Ministère a déjà envoyé des experts, les informa Ron.
- Kingsley aimerait que l’école soit reconstruite au plus vite, pour accueillir la cérémonie, continua Hermione.
Harry tiqua légèrement à la mention d’une cérémonie. Il aurait dû y penser plus tôt. Les sorciers voudraient évidemment rendre hommage à ceux qui étaient tombés pour libérer Poudlard. Il pressentit qu’il lui faudrait une fois de plus jouer les premiers rôles. Comme pour confirmer ses doutes, Hermione s’adressa cette fois-ci à lui.
- Kingsley était là. Il a dû repartir mais il nous a dit qu’il aimerait avoir un entretien privé avec toi… si tu le voulais bien sûr. Je crois qu’il voudrait comprendre ce qui s’est vraiment passé toute cette année.
Harry hocha la tête. Il n’avait pas encore décidé ce qu’il choisirait de révéler au public concernant leur quête des Horcruxes et des Reliques. La communauté sorcière méritait d’avoir des réponses, et il ne pouvait pas continuer à les laisser croire qu’il avait tué Voldemort à l’aide d’un simple sortilège de désarmement. Mais révéler l’existence des Reliques de la mort lui semblait dangereux. Il n’avait pas véritablement envie qu’on sache qu’il possédait la baguette de Sureau, ni que la Pierre de résurrection se trouvait quelque part dans la Forêt Interdite. Et puis il n’avait pas envie qu’on commence à le surnommer le Maître de la Mort. Il avait déjà bien assez de surnoms comme ça.
- Je lui enverrai un hibou ce soir, pour lui demander un rendez-vous. J’imagine qu’il ne doit pas avoir beaucoup de temps libre, maintenant qu’il est Ministre.
- Ne t’inquiète pas, je pense qu’il en trouvera pour toi, conclut Ron d’une voix ironique.
Durant le reste de l’après-midi, ils aidèrent à réparer les multiples armures de Poudlard qui avaient pris part à la bataille. Cela s’avéra être plus difficile qu’ils ne le pensaient, puisqu’il fallait souvent retrouver des bras et des jambes éparpillées un peu partout. Ce ne fut que lorsque le jour commença à tomber qu’ils se décidèrent à rentrer au Terrier avant de se faire assassiner par Mme Weasley.
Durant les jours qui suivirent, Harry, Ron et Hermione continuèrent de se rendre à Poudlard afin d’aider à la reconstruction du château. Ils n’étaient pas les seuls et Harry eut le plaisir de revoir les anciens membres de l’AD et de l’Ordre. La plupart de ceux qui avaient combattu durant la bataille en étaient sortis indemnes physiquement, mais la guerre avait laissé des blessures bien moins visibles. Les regards étaient désormais hantés par les horreurs que tous avaient vécu et les visages portaient les marques de la fatigue accumulée ces derniers mois. Mais malgré les pertes et les destructions, tous semblaient plus soulagés que jamais. Harry était habitué depuis longtemps à voir les sorciers se retourner sur son passage. Mais depuis qu’il avait vaincu Voldemort, sa célébrité avait atteint des proportions inimaginables. Désormais tous cherchaient à le toucher et à lui témoigner sa gratitude. Plus mal à l’aise qu’autre chose face à ces démonstrations, Harry cherchait à s’esquiver dès qu’il le pouvait.
- Si j’avais su, j’aurais réfléchi deux fois avant de tuer Voldemort, maugréa Harry.
Un gnome eut le malheur de passer par là et Harry évacua son agacement en l’envoyant promener d’un coup de pied bien senti. Lui, Ron et Ginny avaient proposé à Mme Weasley de dégnomer le jardin, dans l’espoir de se changer les idées avant l’enterrement de Fred qui devait avoir lieu le lendemain.
- Vois les choses du bon côté, plus personne n’osera plus jamais te défier en duel désormais, tenta de positiver Ron.
Il est vrai que depuis son face-à-face avec Voldemort, la communauté magique semblait persuadée qu’il ne devait son salut qu’à ses pouvoirs prodigieux. Un article de la Gazette publié la veille avait particulièrement amusé les Weasley. Un prétendu expert du Ministère clamait que le Survivant était désormais capable de repousser n’importe quel sort, y compris un Impardonnable, à l’aide d’un simple sortilège de Désarmement. Un autre affirmait carrément qu’il ne pouvait pas mourir. Harry ne savait pas s’il devait en rire ou en pleurer.
- Ron ! La goûle s’est encore échappée !
Ron soupira d’un air exaspéré avant d’aller rejoindre Hermione. Depuis qu’il avait installé la goûle dans sa chambre l’année dernière afin de justifier son absence de Poudlard, celle-ci semblait s’être habituée au confort de sa chambre. Ils avaient beau l’enfermer au grenier, celle-ci trouvait toujours un moyen de s’échapper. Harry suivit des yeux son meilleur ami en souriant, avant de brusquement réaliser que lui et Ginny étaient désormais seuls.
Il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras depuis plusieurs jours mais ne fit pas un geste. Au contraire de Ron qui faisait tout ce qu’il pouvait pour ne pas y penser, elle n’avait pas arrêté de pleurer la disparition de son frère aîné. Harry, qui ne l’avait jamais vu pleurer, n’avait pourtant pas osé la consoler. Il se sentait terriblement coupable de la mort de Fred (après tout, n’étais-ce pas par sa faute que la bataille de Poudlard avait eu lieu ?), comme celle de tous les autres combattants. Hermione avait bien tenté de le raisonner, en lui martelant que tout cela était la faute de Voldemort et de Voldemort seulement. Mais Harry était persuadé qu’il aurait pu trouver un autre moyen de récupérer le diadème, sans plonger le château dans le feu et le sang. Il s’était repassé la scène des centaines de fois, et en avait conclu qu’il aurait pu mener sa mission de manière plus discrète.
- Ton problème, c’est que tu aimerais sauver tout le monde, avait conclu Hermione en soupirant.
C’était probablement vrai, et c’est peut-être pour cela qu’Harry n’arrivait pas à goûter véritablement à la victoire. Tant de personnes étaient mortes pour lui permettre de vaincre Voldemort. Sirius, Dumbledore, Rogue, Fred… S’il avait été plus perspicace ou plus rapide, peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé.
- Harry, tu vas enfin me dire pourquoi tu m’évites ?
Harry se retourna vers Ginny qui attendait sa réponse, les bras croisés et les yeux flamboyants. Il la trouva plus belle que jamais, malgré ses yeux cernés et ses joues marbrées. Il hésita un instant, avant de répondre avec franchise.
- J’avais peur que tu m’en veuilles.
Ginny soupira d’un air las.
- Je pensais bien que tu dirais ça. Harry, rien de tout ça n’est de ta faute.
Harry ne répondit rien, se contentant d’envoyer voler un gnome au loin. Voyant qu’il ne répondit pas, Ginny continua sans se laisser démonter.
- Fred est mort parce qu’il croyait en toi. Il s’est battu pour que Tu-Sais-Qui soit vaincu et grâce à toi, il n’est pas mort en vain.
- Si j’avais été plus perspicace, j’aurais pu éviter tout ça…Et Fred ne serait pas mort du tout, ajouta Harry d’un ton amer.
- Harry nous étions en guerre par Merlin ! Il aurait forcément fallu qu’on se batte un jour. Si ça n’avait pas été ce jour-là, cela aurait été un autre.
- Je ne…
Mais Ginny ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Elle se posta devant lui les mains sur les hanches, sérieusement agacée.
- Je sais que ce n’est pas à cause de ça que tu n’oses pas me regarder. Tu n’évites pas mes frères et pourtant à ce que je sache, Fred était autant leur frère que le mien. Non je pense que tu refuses de te remettre avec moi parce que tu ne penses pas avoir le droit d’être heureux ! Et bien tu veux savoir ce que j’en pense ?
Harry recula légèrement, légèrement intimidé par la rousse.
- C’est totalement stupide. Je t’ai laissé rompre l’année dernière parce que tu devais mener à bien ta mission, mais Voldemort est mort maintenant ! Et ce n’est pas en refusant d’être heureux que tu rendras hommages aux disparus.
Le dernier argument de Ginny fit mouche et Harry ne put s’empêcher d’admettre qu’elle avait raison. Ses parents, Sirius, Dumbledore, Fred… Ils ne s’étaient pas sacrifiés pour qu’il puisse survivre, mais pour qu’il puisse mener une existence heureuse. Là était toute la différence entre vivre et survivre…
- Je ne sais pas si j’y arriverai, avoua Harry d’une voix brisée.
La colère de Ginny s’évanouit instantanément, et elle l’enlaça tendrement.
- Personne n’a dit que c’était facile, lui murmura-t-elle tendrement.
Harry retrouva avec bonheur la présence si réconfortante de la jeune femme. Elle lui avait tant manqué ! Il ferma les yeux, se contentant d’apprécier cette étreinte si réconfortante. Harry ne sut pas combien de temps ils restèrent là, dans les bras l’un de l’autre, mais lorsqu’il fut temps de se mettre à table, sa main trouva celle de Ginny naturellement, comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.