Renaissance

Chapitre 1 : Au lendemain de la bataille

2777 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a plus de 8 ans

Le cadavre de Fred ay beau milieu des débris, un dernier sourire accroché à ses lèvres...Les corps sans vie de Remus et Tonks, allongés mains dans la mains...Le visage de Lavande, lacéré par les griffes de Greyback...Et puis le sang, les débris, les explosions et au milieu de tout ça...Un crâne chauve et des yeux...

Harry ouvrit ses yeux brutalement, incapable de supporter plus longtemps la vision de Voldemort. Le souffle saccadé, les cheveux collés par la sueur, il porta machinalement la main à sa cicatrice, s’attendant à ressentir la brûlure habituelle, celle qui accompagnait chacun de ses cauchemars. Mais son front était parfaitement normal. Il lui fallut quelques secondes pour se remémorer les événements de la nuit passée.Voldemort était mort. Et cette fois-ci, pour de bon. Un élan d’adrénaline parcourut ses veines presque instantanément, mais cet état d’excitation ne dura que quelques secondes. Car la longue liste des sorciers tombés au cours de la bataille lui revint alors à l’esprit, et c’est tout son corps qui s’affaissa, comme écrasé par le poids du chagrin. Il ne voulait pas se lever. Comment faire ? Comment renouer avec le quotidien après tout ce qui s’était passé ? Que faire maintenant que son ennemi juré n’était plus ? Comment reprendre une existence normale ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête qu’Harry ne savait plus quoi faire, comment réagir.

La porte de la chambre s’ouvrit alors et Hermione apparut dans l’encadrement. La vue de sa meilleure amie dissipa un instant ses interrogations et Harry lui sourit, heureux à l’idée de la voir se tenir là, vivante, alors qu’il avait cru la voir mourir une dizaine de fois au cours de la nuit dernière. 

- Comment tu te sens ? demanda-t-elle d’une fois douce

Harry ouvrit la bouche mais ne trouva rien à dire. Que pouvait-il répondre à ça ? Mais cela sembla suffire à Hermione. Elle traversa la chambre à coucher pour aller ouvrir la fenêtre, illuminant la pièce jusque là plongée dans l’obscurité. Harry reconnut les affiches des Canons de Chudley accrochée au murs, et à la vue de ces éléments si familiers, son sourire réapparut. Il était au Terrier, à la maison. Tout allait bien. Son regard se posa ensuite sur la couchette vide de Ron. 

- Ron est déjà levé ? 

- Oh je ne crois pas qu’il ait vraiment dormi, il..

La voix d’Hermione trembla légèrement et elle ne put finir sa phrase. Harry se contenta de hocher la tête d’un air sombre. Lorsque Mr Weasley avait annoncé après la bataille qu’il était temps de rentrer à la maison, Harry était dans un tel état de choc et de fatigue qu’il avait suivi le reste de la famille Weasley sans poser véritablement de questions. Il avait obéi à Mme Weasley et était monté directement dans la chambre de Ron, Hermione en faisant de même, laissant un peu d’intimité aux Weasley pour pleurer la disparition de Fred. A la pensée du rouquin, Harry eut l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre. Plus pour se changer les idées, il demanda l’heure à Hermione.

- Il est presque vingt heure. Tu as dormi presqu’un jour entier.

Conscient qu’ils ne pourraient pas rester dans cette chambre pour l’éternité et qu’il leur faudrait bien affronter un jour la réalité, les deux amis descendirent les escaliers. Dans la cuisine, Mme Weasley s’affairait aux fourneaux alors que Ginny et Ron dressaient le couvert. Cette scène aurait pu paraître presque normale si leurs visages n’avaient pas été aussi tendus et crispés. Mme Weasley avait les yeux gonflés et rougis à force d’avoir pleuré, tandis que Ginny et Ron serraient les dents dans un silence assourdissant. Lorsqu’elle les aperçut, Mme Weasley vint les enlacer longuement et aux yeux de Harry, cette étreinte valait tous les discours du monde. Lorsqu’enfin elle se détacha, des larmes perlaient aux coin de ses yeux.

- Parfait, Harry, Hermione vous arrivez pile pour le dîner. Arthur, Bill et Charlie de devraient pas trop tarder. Vous n’avez qu’à apporter les plats à table si vous voulez bien. 

Ravi d’avoir enfin quelque chose à faire, il se dépêcha d’aller aider son meilleur ami. Sous ses tâches de rousseur, Ron semblait plus pâle que jamais, mais ses yeux n’avaient pas perdu de leur chaleur et le regard qu’ils échangèrent traduisait tout leur soulagement de se retrouver ensembles. Au moment même où ils finissaient de mettre le couvert, Mr Weasley et ses deux fils aînés transplanèrent dans la cuisine. Mme Weasley se précipita pour les accueillir.

- Alors ? Qu’est-ce qui se passe là-bas ? 

Harry comprit que par là-bas, Mme Weasley entendait Poudlard. Apparemment, ils n’avaient pratiquement pas dormi et s’était empressés de retourner au château. Mr Weasley s’assit sur la table d’un air las, comme s’il venait subitement de vieillir de dix ans. 

- C’est le chaos. Des dizaines familles viennent chercher le corps d’un de leur proche. Des centaines de blessés ont déjà été transférés à Sainte-Mangouste mais il reste beaucoup de disparus, et il a fallu qu’on enlève les débris un peu partout dans le château pour voir si certains ne seraient pas coincés en dessous. 

Le coeur d’Harry se serra un peu plus. Combien de personnes étaient-elles véritablement mortes durant cette nuit-là ? Mais Mr Weasley continua son récit. Parler de tout, sauf de Fred, semblait être le seul moyen de combler ce silence insoutenable. 

- Je ne suis pas encore allé au Ministère mais là aussi on me dit que c’est la folie. A l’annonce de la chute de Vous-Savez-Qui, presque tous ceux qui avaient collaboré avec le régime de Thicknesse ont fui par peur de se faire arrêter. On ne sait plus qui gouverne qui, ou qui décide de quoi. Je crois que dans la panique générale, c’est Shackelbot qui a décidé de prendre les rênes, histoire de maîtriser un peu toute cette histoire. 

Tous approuvèrent cette nouvelle avec enthousiasme. 

- On peut compter sur Kingsley pour remettre tout en ordre. Après tout c’est un Auror, il sait comment réagir face aux situations difficiles, dit Ron d’une voix forte.

- Le saura-t-il vraiment ? C’est un chasseur de mage noir, pas un bureaucrate. Il faut bien se rendre compte qu’il va y avoir du pain sur la planche. Il va falloir organiser de nouvelles élections, retrouver les Mangemorts en fuite, supprimer les lois anti-Moldu, et je ne parle même pas de tous ces innocents enfermés à Azkaban qu’il va falloir libérer.

Mr Weasley se pinça l’arête du nez, comme découragé devant l’ampleur de la tâche qu’il restait à accomplir. 

- Moi au contraire je trouve que c’est une bonne chose. On a désormais la chance de reconstruire notre monde sur de nouvelles bases, et de faire en sorte qu’on ne refasse pas les mêmes erreurs cette fois-ci, s’exclama Bill d’une voix enthousiaste.

Ses yeux brillaient d’excitation, et Harry ressentit lui aussi cette lueur d’espoir. Bill n’avait pas tort ; ils avaient une chance de faire en sorte que toutes ces morts, ces destructions, ces tragédies ne soient pas arrivées en vain. Mr Weasley sourit devant la ferveur de son fils aîné

.- Votre mère et moi avons déjà vécu ça à la fin de la Première Guerre, et nous savons que rien ne se passe toujours comme prévu. Nous avons vu l’histoire se répéter une fois, alors même que nous nous étions promis de ne plus jamais laisser cela arriver. Mais vous êtes encore jeunes et plein d’espoir, et c’est probablement une bonne chose. Parce que c’est vous qui incarnez le futur désormais. 

Face à ces paroles graves, personne ne sut quoi répondre, et c’est finalement Mme Weasley qui se chargea de détendre l’atmosphère.

- Il est temps de passer à table. Harry tu vas être content, j’ai préparé une tarte à la mélasse.

Ce ne fut que lorsqu’ils passèrent à table qu’Harry s’aperçut de l’absence de George. Le regard attristé que posa Hermione sur sa chaise vide lui fit comprendre qu’il n’était pas le seul à y penser. Mais d’un accord tacite, aucun n’aborda le sujet, conscient que ça n’aiderait en rien les Weasley à se changer les idées.

- Et qu’eche que vous faitches dchemain ? 

C’est Ron qui avait posé la question, la bouche à moitié pleine. Mme Weasley leva les yeux au ciel, alors que le reste de la famille souriait devant la tenue catastrophique du rouquin. Après des mois passés à se nourrir de champignons insipides, Harry était au moins ravi d’apprendre que son ami n’avait pas perdu son appétit légendaire.- Je pense que je vais aller au Ministère. Percy va probablement rester dormir là-bas, compte tenu de la masse de travail qui nous attend, et j’aimerais donner un coup de main, répondit Mr Weasley

- Avec Charlie on pensait passer à Sainte-Mangouste. Ils auront probablement besoin de volontaires pour s’occuper de tous ces blessés.

Harry écouta Bill avec attention. Il se sentit un peu coupable d’être resté à se prélasser au lit alors que d’autres mettaient déjà la main à la pâte. Lui aussi voulait participer à l’effort collectif. 

- Est-ce que je pourrais venir avec vous ? J’aimerais aider aussi.

Pour être honnête il n’y connaissait absolument rien en Médicomagie mais il était prêt à récurer les toilettes si cela pouvait être utile au personnel de l’hôpital. Ron hocha vigoureusement de la tête, manifestant son envie de se joindre à eux également. 

- Harry tu as déjà tant fait. Il faudrait mieux que tu restes ici pour te reposer. Sans vouloir être indélicate tu as une mine épouvantable mon chéri. Cela vaut aussi pour vous, Ron et Hermione.

Ron haussa les yeux au ciel.

- M’man on va devenir fous si on reste enfermé ici. Je préfère avoir une occupation plutôt que…

Il s’interrompit brusquement, mais tout le monde comprit ce que ce silence voulait dire. Tout plutôt que de penser à Fred. Le visage de Mme Weasley se fit plus livide que jamais, et elle ne chercha pas à argumenter davantage.

- Je pense que vous trois feriez mieux de vous rendre à Poudlard. Le château est à moitié détruit et ils auront besoin de toute l’aide nécessaire pour nettoyer les dégâts, suggéra Bill d’une voix douce.

Harry se figea quelques instants. Il n’imaginait pas retourner à Poudlard si tôt. La perspective de revoir son ancienne école en ruine et de marcher à nouveau entre ces murs qui avaient vu tant de ses amis tomber ne l’enchantait guère. Hermione sembla comprendre son moment d’hésitation, et se pencha doucement vers lui.

- Tu sais il faudra bien y retourner un jour… Et je pense que le plus tôt sera le mieux, ça ne sert à rien de se voiler la face trop longtemps. 

Harry hocha la tête, reconnaissant à son amie d’avoir su trouver les mots. Au cours de ces derniers mois passés ensembles, il lui semblait que leur connexion s’était fait plus forte que jamais. Ils avaient vécu ensembles vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans personne d’autre sur qui compter, et savaient désormais déchiffrer le moindre froncement de sourcil, le plus infime tressaillement. Ron avait également été un soutien inestimable, et son départ était depuis longtemps oublié, mais il n’était pas là lorsque lui et Hermione s’étaient rendus à Godric’s Hollow. Ce qu’ils avaient vécu et vu là-bas resteraient à jamais gravés dans leur mémoire.

- Bon alors c’est réglé. Ron, Hermione et Harry vous irez aider à Poudlard demain.

- Moi aussi je veux venir.Harry se tourna vers Ginny, qui avait pris la parole pour la première fois de la soirée.

Il ne lui avait plus parlé depuis la bataille. Elle était encore livide, et d’immenses cernes violettes cerclaient ses yeux. Harry eut soudainement envie de la prendre dans ses bras mais n’osa pas devant le reste de la famille. Il ne savait plus véritablement où leur relation en était et ce n’était certainement pas le moment pour aborder le sujet avec elle. Elle devait faire le deuil de son frère, et n’avait sûrement pas la tête à ça. 

- Tu n’as qu’à venir avec nous Gin’, proposa Charlie.

La jeune fille acquiesce et retourna en silence à son assiette. La conversation continua à porter sur Sainte-Mangouste, et bientôt il fut temps pour tout le monde de quitter la table. Harry, Ron et Hermione remontèrent ensembles, désireux de se retrouver enfin tous ensembles. En passant devant la chambre de Fred et Georges, Harry crut entendre un sanglot étouffé mais ne chercha pas à déranger le jumeau, conscient qu’il serait incapable de savoir comment se comporter. Et c’est le cœur lourd qu’il continua à monter les escaliers.

 

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