Harry Potter et la lumière infinie

Chapitre 14 : Prémonition

9114 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/03/2017 17:26

Chapitre 14 : Prémonition


Le moins que l’on puisse dire, quand Poudlard accueillait un invité de marque, toute l’école se mettait sur son trente et un pour lui faire bon accueil. Quand on recevait trois sorcières spécialistes de démons, venues spécialement de San Francisco pour assurer la protection de l’école, et dont l’information fut relayée par la Gazette du Sorcier, les parents d’élèves se sentaient plus rassurés à confier leurs enfants à l’institution la plus sûre au monde.

Le jour de la reprise des cours, aucun élève ne manquait à l’appel. Certains penseraient que l’abus de confiance ne résolvait pas tous les problèmes et que le risque zéro n’existait pas, pourtant, à ce moment précis, leur seule préoccupation se trouvait être de voir leurs protectrices en action ; tous étaient admiratifs par les capacités très spéciales des sœurs Halliwell, de la même trempe que Jessy.

Elles représentaient une autre figure de la communauté sorcière. Le monde sorcier avait toujours conservé des us et coutumes très anciennes, que ce soit dans leur habitat, leur mode de vie ou leur apparence, comme si le monde s’était arrêté au début du XXe siècle – avec un mélange de modernité qui jurait beaucoup aux yeux des Moldus qu’ils croisaient, prenant ces gens pour des marginaux. Ce monde contrastait avec celui des Moldus, tourné vers la technologie et la modernité. On pourrait penser que les Moldus étaient plus libres que les sorciers. Dans un sens, c’était à moitié vrai ; ils étaient totalement ignorants du monde magique et, de ce fait, n’avait rien à cacher, alors que les sorciers ne pouvaient pas se permettre de se faire remarquer par les Moldus sous peine de se voir traquer et dont les conséquences seraient fâcheuses pour les deux côtés.

Les représailles par le passé avaient prouvé que les deux communautés n’étaient pas encore prêtes à passer outre leurs différences – rien qu’en jugeant comment étaient traités les Moldus quel que soit leur handicape, leur couleur ou leur croyance. Par conséquent, il n’était pas du tout envisageable de côtoyer l’autre peuple si ce n’était pas indispensable. Dans le cas contraire, le sort d’amnésie résolvait tous les écarts.

À la différence, il y avait des sorciers qui avaient préférés vivre parmi les Moldus, que ce soit dans les études, le travail ou les fréquentations, et limitant leur contact avec le monde sorcier. Tel était le choix des sorciers comme les Halliwell, bien qu’ils aient eu les mêmes problèmes que leurs homologues anglophones par le passé, notamment avec le procès des sorcières de Salem au XVIIe siècle. Cette divergence avec leurs homologues européens datait de cette période. Le MACUSA, l’équivalent américain du Ministère de la magie, avait décrété que les sorciers ne devaient entretenir aucune relation, quelle qu’elle soit avec les Non-Maj (Moldus), ce qui décida certains sorciers à couper tout lien avec le monde magique pour vivre avec la population ordinaire.

Quand Jessy fut informé par Léo que Prue, Piper et Phoebe venaient leur apporter leur aide à Poudlard, il accueillit la nouvelle avec un soulagement non dissimulé.

Au-delà du fait que la menace démon planait toujours sur leur tête, Jessy était heureux de compter parmi ses alliés ses trois sœurs d’adoption. Il les considérait comme de très puissantes sorcières, les mieux préparées contre une offensive des démons. Leur aide était non négligeable.

Il savait pertinemment que son propre pouvoir avait considérablement augmenté depuis qu’il maîtrisait certains aspects de son énergie, pourtant, il devait reconnaître qu’il se demandait comment gérer la situation et tous risques de débordements. Maintenant, un poids était tombé de ses épaules.

En tout cas, la protection de Poudlard étant assurée, Jessy jugeait qu’il pouvait relâcher sa vigilance pour s’atteler à une autre tâche et pas des moindres : rechercher le lieu où résidaient les démons, car il devait forcément y avoir une entrée quelque part, sinon, comment pouvaient-ils apparaître et disparaître si vite ? C’était pour cette raison qu’il avait décidé de se rendre à Londres, là où tout avait commencé, persuadé qu’un accès au monde souterrain s’y trouvait.

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Depuis quelques semaines, Jessy s’était vu rappeler à l’ordre par sa manager, Penny Lane. Il avait, en effet, pris du retard dans ses répétitions et elle n’avait de cesse de lui rappeler, avec hystérie, que la date du concert était dans à peine deux mois. Autant Harry était quasiment au point, grâce aux cours réguliers que Jessy lui donnait. Autant lui, trop absorbé par les différents problèmes apparus ces derniers mois, avait négligé ses propres obligations.

Dans un sens, cette excuse était une aubaine pour passer plus de temps à Londres et débuter son enquête sur les démons.

L’arrivée de ses sœurs arrangeait bien ses affaires. En effet, à cause des cours qu’il devait dispenser en plus des répétitions, il ne lui restait que les nuits pour faire ses recherches – des excursions ne lui permettant pas de dormir suffisamment. Hors, il ne pouvait décemment pas tenter d’approcher l’antre des démons en pleine nuit. Ses sœurs lui avaient révélé que les démons étaient plus puissants sous l’astre lunaire. Par conséquent, il devait, dans un premier temps, repérer leur cache et revenir en journée pour passer à l’offensive.

Il profita de la première semaine pour proposer à Prue, douée pour le combat, à le seconder le temps qu’elle apprenne comment se passaient les cours. Elle avait tout de suite accepté le poste, ravie de découvrir l’enseignement dans une école de sorcier traditionnelle.

Celle-ci, pas du tout entraînée pour la magie liée aux baguettes, se montra capable de montrer qu’elle pouvait enseigner juste en disant quoi faire. Les élèves étaient attentifs et ne lui tinrent pas rigueur des quelques erreurs qu’elle commettait en ne leur montrant pas le bon mouvement à faire pour tel ou tel sort. Dans l’ensemble, tous avaient bien accepté le remplacement.

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Grâce au pouvoir des trois, Prue, Piper et Phoebe renforcèrent le champ de protection mis en place par les Aurors, avec une incantation de leur crue. Plus aucun démon ne pouvait franchir l’enceinte de Poudlard, que ce soit par le sol ou par les airs, rien n’avait été négligé, ce qui rassura les jeunes sorciers à reprendre les entraînements de Quidditch.

Il ne restait plus que deux matchs de Quidditch avant la fin de l’année scolaire et le premier qui eut lieu une semaine après la fin des vacances, voyait s’affronter Poufsouffle contre Serpentard. Tout se passa sans aucun incident notable, exceptés quelques mauvais coups habituels lors d’un match. Serpentard sortit vainqueur, mais l’équipe n’avait pas suffisamment de points pour gagner la coupe.

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Les jours passèrent et la routine avait repris ses droits. Le mois de mai était particulièrement doux et ensoleillé. Les élèves sortaient souvent à l’extérieur du château pour profiter du temps radieux. Même si personne n’avait oublié ce qui s’était passé tout au long de l’année, chacun faisait comme si rien n’avait changé. Les examens approchants à grands pas, nombreux étaient ceux qui étudiaient d’arrache-pied pour rattraper leur retard.

Harry et Drago se fréquentaient de plus en plus souvent au grand damne de Ron qui n’aimait pas le Serpentard. Hermione, quant à elle, était plongée dans ses révisions et n’avait nullement l’intention de faire quoi que ce soit, agacée par les remarques désobligeantes de Ron à son égard.

— Mais tu ne comprends pas, Hermione ! Il essaie de l’éloigner de nous.

— Ron ! Pour la centième fois, je te répète que tu imagines des complots là où il n’y a en fait qu’une amitié. Franchement, je préfère les voir amis que continuellement en train de s’affronter pour un oui ou pour un non. Harry est assez grand pour savoir ce qu’il fait. Et je te signale qu’eux, au moins, ils étudient avec plus de sérieux que toi. Drago est un bon élève et ils s’entraident. Tu ferais mieux de prendre leur exemple. Tes notes ont encore chuté au dernier trimestre.

Dans un grognement très appuyé, Ron relut pour la dixième fois les quelques phrases qu’il avait réussi à écrire, en cherchant un moyen de les développer pour augmenter le nombre de ligne de sa copie.

Allongé sur l’herbe, devant le grand lac, au sud de l’école, où aucun élève ne pouvait le voir, Harry réfléchissait. Les révélations de la Prophétie, même s’il le niait à chaque fois qu’on lui posait la question, ne l’avaient pas complètement rassuré. En fait, c’était plutôt le contraire. Comment lui, un garçon de quinze ans, pouvait être de taille à se mesurer à Voldemort ? Même si son pouvoir avait fortement augmenté, la réalité des faits l’avait replongé dans le doute et l’incertitude. Décidément, il ne pourrait jamais vivre une jeunesse comme les autres. Et c’était peut-être ce constat qui le désolait le plus.

Il n’avait pas la tête à étudier ce jour-là. Beaucoup de questions trottaient dans sa tête. Il fit abstraction de la Prophétie, car il doutait que le jour de la confrontation soit pour bientôt. En revanche, les démons devaient lancer une attaque très prochainement aux dires de Phoebe, la benjamine des Halliwell, d’où la présence des sœurs de son cousin à Poudlard.

Depuis l’arrivée des Halliwell, Harry se sentait rassuré de ne plus être seul face à l’adversité devant les problèmes qui s’annonçaient – comme chaque fin d’années d’ailleurs, constata-t-il avec amertume. Dumbledore ne lui avait jamais permis d’éviter toutes les épreuves et confrontations que ses amis et lui avaient dû surmonter les années précédentes. Le directeur jugeait Harry capable de se débrouiller dans n’importe quelles situations, et en le laissant face à ses propres choix, il devait apprendre à ne pas toujours compter sur les autres.

Cette fois, avec les Halliwell et Jessy à ses côtés, il se sentait plus serein. Peut-être parce que la guerre qui se préparait ne portait pas directement sur ses épaules, mais sur son cousin, comme si la famille Potter était frappée d’une malédiction. Et comme celui-ci lui avait juré de l’aider le moment venu, lors de la bataille contre Voldemort, Harry voulait faire de même pour Jessy. L’enquête que son cousin menait semblait faire chou blanc jusqu’à présent.

Drago lui avait fait remarquer un détail que tout le monde semblait avoir oublié : tout avait commencé par l’histoire de possession du jeune Serpentard, puis celle de Harry, à cause des bracelets. Harry lui avait expliqué que Jessy avait acheté le sien dans un magasin de Pré-au-Lard. Par conséquent, c’était de là-bas qu’ils devaient débuter leurs investigations, tel Sherlock Holmes.

Harry et Drago avaient bien compris qu’un très puissant démon, haut dans la hiérarchie, ne devait pas se trouver très loin. Pourtant, rien n’indiquait sa présence nulle part. Seuls ses acolytes avaient été envoyés jusqu’à présent.

Quand Drago rejoignit Harry, sur le lieu de leur rendez-vous, celui-ci lui adressa un sourire. Le jeune Serpentard appréciait de plus en plus la compagnie de son ennemi juré – enfin, plus si ennemi que cela. Au-delà de l’appartenance de sa famille, il avait finalement décidé d’en faire fi et de soutenir le Gryffondor dans l’épreuve qui lui incombait.

— Salut, Harry ! dit le Serpentaire en s’asseyant à côté de lui.

— Salut, Drago ! Alors ? Tu as des nouvelles ?

— Oui, il est à Azkaban. Il a comparu devant le Magenmagot qui l’ont accusé coupable de complot contre le Ministère et complice de Tu-sais-qui.

— Ce n’est pas trop dur ? C’est ton père après tout, dit Harry en se redressant.

— Ça fait mal, mais au fond, il ne m’obligera plus à vivre selon ses principes. Ma mère est plus cool. Je suis enfin libéré de son influence. Et toi ? Où en es-tu avec les démons ?

Harry avait fait beaucoup de recherches sur les démons et avait bien écouté le discours de Prue sur leurs particularités, leurs pouvoirs et leur hiérarchie lors du dîner de bienvenue, le soir de leur arrivée. Il fit part à Drago du résultat de ses réflexions.

— Tu ne peux pas savoir où il se trouve. Personne ne l’a vu. Pourtant, une tête comme la sienne ne devait pas passer inaperçue, réfléchit Drago.

— Et s’il prenait une apparence humaine, comme je te l’ai dit, quand j’ai eu mon premier rêve avec Voldemort ? Il y avait un autre homme avec lui. Je n’ai pas très bien vu son visage. Je suis persuadé que c’est lui le chef des démons.

— Un homme de grande taille, cheveux noirs, yeux noirs… C’est maigre comme informations. Tu ne te rappelles rien d’autres ?

— Juste une vague impression de déjà-vu. J’ai beau me creuser l’esprit, je n’arrive pas à me souvenir où j’aurais pu le rencontrer.

— Pour le moment, ça n’a pas d’importance. On va commencer par se rendre chez Breloques et Merveilles et voir où cette piste nous mènera.

— Encore faut-il arriver à sortir de l’école ! La plupart des passages secrets ont été bouchés et les autres sont gardés. Fred et George se sont fait attraper la semaine dernière quand ils ont essayé de se rendre chez Zonko. J’ai vérifié sur la carte du Maraudeur. Il est impossible de sortir par ce moyen. Poudlard est devenue une véritable forteresse !

— As-tu pensé à la forêt interdite ?

— Hagrid en garde l’accès… Et puis, traverser la forêt avec tous les monstres qui s’y cachent… On ne s’en sortira jamais vivant.

— Mais où est passé le Harry Potter qui ne respecte aucun règlement et qui brave tous les dangers pour la bonne cause ? C’est plutôt moi qui devrais te convaincre de ne rien tenter. À croire que te côtoyer au quotidien m’a transmis ton courage.

— C’est vrai ! Tu as raison ! Excuse-moi, je…

— Ne t’excuse pas. Je sais combien cette Prophétie t’a plombé le moral, mais dis-toi que tu n’es pas seul et que tu peux compter sur moi à présent.

Drago donna une tape dans le dos de Harry pour le rassurer. Ce dernier lui offrit un léger sourire. Drago avait raison. Il n’était pas seul et il disposait de plus de moyens qu’un an plus tôt.

En temps normal, il échafaudait ses plans avec Ron et Hermione. Ron, le pessimiste, était toujours hésitant entre écouter Harry ou Hermione. Hermione lui indiquerait toutes les failles de son plan et prenait au final la décision du meilleur à faire. Et lui se lançait dans l’aventure, tête la première. Cette fois, il décida de les laisser sur la touche. Il trouvait l’opération suffisamment anodine pour ne pas les déranger dans leurs révisions.

— Très bien ! Que suggères-tu ?

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Le professeur Rogue ne savait pas trop quelle attitude il devait adopter en ce qui concernait les sœurs de Prue. Il s’était tout de suite bien entendu avec l’aînée. Il sentait qu’elle était droite dans ses bottes et qu’elle prenait tout très au sérieux. Elle était de loin la plus puissante des trois. Ses cadettes, en revanche, étaient plus frivoles, bien que Piper possédait une certaine forme de sagesse, elle était beaucoup plus posée, mais les allées et venues de Léo, l’homme dont elle était amoureuse, pouvait la faire devenir niaise à pleurer.

Pour ce qui était de Phoebe, c’était la catastrophe ambulante. Une femme au grand cœur, et très sensible, certes, mais complètement imprévisible dans ses réactions, et son franc-parler typiquement américain, ne le prédisposaient pas à des réparties cinglantes à son égard ; il dut bien avouer qu’il se trouvait sans défenses.

Quand Dumbledore les avait présentées au corps enseignant, la benjamine ne le lâchait pas du regard. Il avait fait de son mieux pour ne pas trop la regarder. Il s’avoua qu’une part d’elle lui faisait repenser à son premier amour. Mais depuis sa mort, et Voldemort, il avait fait une croix sur tous sentiments amoureux. Et sentiments tout courts !

Jamais, ô grand jamais, il n’avouerait qu’il ne haïssait pas autant Harry Potter qu’il le montrait au quotidien – et Jessy l’avait très bien cerné à ce sujet – et il avait fini par s’attacher à son cousin bien malgré lui – cette famille aurait sa peau, il en était certain.

Pourtant, il reconnaît que Phoebe était une femme vraiment séduisante et ses dons pour les prémonitions et ses connaissances sur les potions et ne le laissait pas indifférent. Bien sûr, il ne dérogerait pas à ses propres règles et il garderait des relations strictement professionnelles à l’égard de cette troublante femme.

Il n’avait pas prévu que les deux sœurs devaient partager leur connaissance au contact du professeur de potions. Ce fut un choc quand il comprit qu’ils allaient passer leur temps libre ensemble. Il n’aimait pas beaucoup le contact avec les gens, et qui plus est deux femmes. C’était une épreuve qui ne lui plut guère. Dumbledore avait juste exprimé un vœu : « Je pense que vous apprendrez beaucoup mutuellement. »

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Assis à son bureau de New Scotland Yard, l’inspecteur Dawkins épluchait les rapports de la dernière affaire que l’on venait de lui attribuer. Il était à nouveau confronté à des meurtres inexplicables. Ce qui changeait de la dernière fois : les corps présentaient des marques noires et les yeux étaient remplacés par des trous béants. Il n’avait jamais vu de telles mutilations. Le ou les meurtriers ne devaient avoir aucun sens moral ni même une âme.

La police trouva six victimes – toutes des jeunes femmes d’une vingtaine d’années : deux à Abney Park Trust, une à Kensal Green, une à Lambeth et deux à Nunhead. Leur point commun : tous ces lieux étaient des cimetières. Après recherche, il s’était avéré qu’aucune des victimes n’avait de famille dans ces cimetières et elles n’avaient aucun lien les unes avec les autres. Sur les lieux, il n’avait trouvé aucune trace de lutte ou même de sang, comme si les meurtres avaient eu lieu autre part et que l’on avait déposé les corps là. Rien n’avait de logique à son sens.

Pour la énième fois – il ne comptait même plus –, il dut avoir recours à la seule personne expérimentée dans ces cas mystérieux. Il espérait qu’il résoudrait cette affaire rapidement avant que la presse n’en soit informée. La première fois, ils avaient réussi à transformer les meurtres en une cause naturelle exceptionnelle. Cette fois, la police avait préféré mettre sous clé l’information en les redirigeant vers d’autres délits plus communs afin de ne pas lancer une vague de panique parmi la population.

L’inspecteur avait laissé un message au numéro habituel. Il était persuadé qu’il viendrait.

Une fois son travail de la journée terminé, il se rendit sur le lieu du rendez-vous.

Assis sur un banc, à l’entrée du cimetière Nunhead, lieu des deux derniers meurtres, l’inspecteur attendait que le justicier masqué apparaisse comme par magie.

Le soleil descendait derrière les arbres, assombrissant les pierres tombales de grandes mains qui s’allongeaient au fur et à mesure que la nuit prenait ses droits. Les voitures qui circulaient sur les routes adjacentes rompaient le silence des lieux.

Soudain, un craquement retentit sur sa gauche, derrière les buissons. Il porta son regard avec attention, s’attendant presque à voir surgir le meurtrier.

— Ce n’est qu’un écureuil, interpella une voix à côté de lui qui le fit sursauter.

— Bon sang ! Ça ne vous viendrait pas à l’idée de vous annoncer au lieu de me faire une peur pareil !

Jessy était assis à côté de lui, jambes croisées, les coudes sur le dossier du banc.

— Désolé ! Ce n’était pas mon intention. Alors, racontez-moi en détails ce qui s’est passé !

Dawkins inspira à fond et lui résuma la situation ; les corps ; l’absence de preuves ; et tout ce qui était lié à l’affaire.

— Je vois. En d’autres termes, nous nous retrouvons avec le même problème qu’en fin d’année dernière, mais avec des circonstances un peu différentes. C’est peut-être l’œuvre de la même personne ou un autre qui chercherait à l’imiter.

— C’est possible. Venez avec moi, dit-il en se levant du banc. Je vais vous montrer où se situaient les deux corps. Vous verrez peut-être quelque chose qui nous a échappé.

Ils s’enfoncèrent dans le petit bois qui recouvrait plusieurs tombes anciennes. Le cimetière était resté en l’état et personne ne semblait s’intéresser à son entretien. Devant un vieil arbre biscornu, on voyait les traces de deux corps marqués au sol, et tout autour, les bandes de sécurité bloquaient le passage.

Ils pénétrèrent dans la zone. Dawkins attendit quelques pas derrière Jessy qui s’étaient accroupi pour scruter le sol entourant la peinture blanche. L’ombre des arbres empêchait de discerner quoi que ce soit, mais une petite boule lumineuse apparue d’on ne sait où, et éclairait comme en plein jour.

L’inspecteur leva un sourcil, toujours surpris par les prouesses de son jeune détective en herbe très spécial.

Depuis qu’il le côtoyait, il avait fini par relever quelques éléments sur l’identification du justicier masqué, au son de sa voix et par sa silhouette plutôt fine ; même si son visage lui était caché, il avait pu juger qu’il devait avoir entre vingt et trente ans. Il avait également remarqué son accent américain, moins marqué que les natifs cependant, que l’on retrouve surtout chez les personnes migrant en Amérique. Toutefois, il conservait encore des traces de ponctuations très british londoniennes.

Le justicier masqué était présent dans le monde entier depuis quelques années, et principalement sur la côte ouest des États-Unis. En regroupant toutes les affaires qui semblaient avoir été résolues bien avant l’apparition du justicier, toutes menaient à une seule ville : San Francisco, une ville où des événements mystérieux de même nature semblaient s’y dérouler bien plus souvent qu’à Londres. Il n’avait pas été difficile de deviner que le jeune homme était un Anglais, londonien, qui avait dû, pour différentes raisons, partir pour les États-Unis durant sa jeunesse. Il savait également qu’il utilisait ses dons hors normes pour aider la police. En faisait-il partie ? Il en doutait. Savoir qui il était vraiment n’était pas nécessaire pour le moment. Il lui ferait part de ses conclusions plus tard. L’arrêterait-il en connaissant la vérité à son sujet ? Il était encore trop tôt pour se décider.

Les mains au-dessus du sol, Jessy scanna la zone pour détecter toute trace d’énergie résiduelle. Il ne nota pas de magie. Par contre, l’aura maléfique qui se dégageait de l’endroit lui fit froid dans le dos. Il n’y avait qu’un puissant démon qui pouvait laisser une telle emprunte négative après son passage.

Il se releva et fit apparaître une carte de Londres entre ses mains.

— Inspecteur, dites-moi où ont été retrouvés les autres corps.

Dawkins marqua d’un feutre qu’il sortit de sa poche les emplacements des différents cimetières.

— Vu comme ça, et en reliant tous les points, on pourrait croire que le tueur a voulu dessiner un cercle, remarqua le justicier. Est-ce que cela représente une signification particulière pour vous ?

— Ça pourrait indiquer qu’il se trouve quelque part au centre du cercle…

— Hyde park, dirent-ils à l’unisson.

Ils se regardèrent un instant avant de sourire. Ils étaient sur la même longueur d’onde.

Jessy chargea le flic de rechercher toute ouverture, excavation, tout ce qui sortirait de l’ordinaire, que le parc contiendrait et de l’en informer au plus vite.

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Le week-end arriva rapidement et toute l’école se trouvait sur le terrain de Quiddich. Le dernier match de l’année allait déterminer qui, de Gryffondor ou Serdaigle, remporterait la coupe des quatre maisons. Pour l’instant, Gryffondor menait, mais rien n’était perdu pour les Serdaigles qui pouvaient encore prendre l’avantage.

Depuis l’affaire des bracelets, Harry n’avait plus porté attention à Cho à cause de l’attraction qu’il avait ressentie pour Drago – attraction qui, heureusement, s’était estompée une fois libérés de l’empire du maléfice. Depuis lors, la belle de Serdaigle en était à son troisième petit ami.

Harry était déçu, plus que furieux, d’avoir été amoureux d’une fille aussi frivole. Il était évident qu’elle n’envisageait rien de sérieux avec lui, ou alors, tentait-elle de le rendre jaloux ? Avec du recul, il se demandait si elle n’était pas juste un béguin ; un coup de cœur que tous les jeunes de son âge ressentaient en présence d’une jolie fille. Dans tous les cas, il ne la voyait plus que comme une fille parmi tant d’autres. Alors franchement, si elle pensait le rendre jaloux avec cette méthode, elle pouvait toujours attendre.

En vol, sur son balai, il scrutait les gradins. Ron et Hermione, au milieu des Gryffondor, fort bruyants, encourageaient leur équipe à grand cri.

Drago, du côté des Serpentards, observait le match en soutenant Serdaigle. Malgré leur récente amitié, les dissensions entre leurs deux Maisons n’allaient pas disparaître pour autant. Malgré tout, Malefoy le regardait à chaque fois que Harry tournait la tête de son côté. C’était sa manière de le soutenir sans que les autres Serpentards ne se doutent de quelque chose. Ils n’avaient toujours pas envisagé de se montrer au grand jour devant toute l’école. Drago n’était pas prêt à l’assumer et Harry non plus.

Jessy se trouvait assis à côté de Prue, Piper et Léo. Quant à Phoebe, elle était en pleine discussion avec le professeur Rogue.

Les rumeurs de couloirs auguraient qu’ils sortiraient ensemble, car elle passait beaucoup de temps dans les cachots. En tout cas, Phoebe ne cachait pas qu’elle était attirée par le charme ténébreux du Maître des potions. Il faut dire que son fort caractère affable, enjoué et déterminé était diamétralement opposé au cyniquement détestable et arrogant de l’homme ; ce qui était à se demander ce qu’elle lui trouvait. Mais ne disait-on pas que les opposés s’attiraient ?

Le match venait à peine de commencer que Harry décida de conclure rapidement avant que Serdaigle ne prenne des points qui pourraient coûter la victoire à son équipe.

Une demi-heure passa, quand tout à coup, Cho fonça en direction du sol. Elle avait aperçu le Vif d’or alors que Harry cherchait du côté des gradins. Il fonça dans son sillage. Il poussa son éclair de feu à fond et rattrapa l’attrapeuse qui tendait déjà son bras pour se saisir de la petite balle ailée. Harry poussa encore un peu et sa main se referma sur le Vif d’or au grand dam de sa concurrente, furieuse de n’avoir pas été plus rapide.

Dans les tribunes, Gryffondor et Poufsouffle exultèrent. La coupe fut donc remportée par Gryffondor avec quatre cent quatre-vingt-dix points.

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Dans le studio de la MJP Compagny, Jessy terminait enfin l’enregistrement de sa dernière chanson qui lui avait pris une bonne partie de la matinée. Le nouvel album devait sortir juste après le concert et contenait vingt titres, écrits par lui-même. Il se félicitait d’ailleurs d’avoir eu l’inspiration en début d’année scolaire, sinon, avec tous les événements qui s’étaient enchaînés après, il n’aurait plus eu la tête très inspirée. Au moins, c’était une bonne chose de faite et il n’avait plus qu’à répéter régulièrement pour être prêt le jour du concert. Même si, son travail de professeur, son rôle de justicier et la préparation de l’offensive contre les démons lui prenaient beaucoup de temps, il trouvait toujours un moment pour se donner à fond dans son métier initial : il adorait chanter et il ne s’arrêterait pour rien au monde.

Jessy espérait que l’attaque des démons ne viendrait pas chambouler tous ses projets. Qui aurait pu imaginer, un an plus tôt, comment l’année allait se dérouler ? Tout ce qu’il voulait en venant aménager à Londres, c’était revoir son cousin, Sirius et toutes les connaissances qu’il avait laissées derrière lui quand il avait quitté précipitamment la Grande-Bretagne, tout en préparant son concert. Sa vie était devenue bien plus compliquée depuis la découverte des démons.

Il discutait avec quelques collègues lorsque son téléphone vibra, signifiant l’arrivée d’un message qu’il lut : "Je pense avoir trouvé ce que vous cherchiez. Retrouvez-moi à 14 heures, à l’entrée du parc. – Dawkins. »

Jessy sourit. Il trouvait que l’inspecteur ferait un parfait partenaire ; ils formaient une bonne équipe. En tout cas, voilà une nouvelle qui tombait à pic. Il s’excusa auprès de ses collaborateurs et s’éloigna pour appeler Prue – il avait trafiqué son portable pour qu’elle puisse capter des appels à Poudlard.

— Prue, le repaire des démons est localisé. Libère-toi pour 14h, je viendrais te chercher

— D’accord, à tout à l’heure !

Jessy raccrocha. Après déjeuner, il termina une séance photo pour la jaquette du disque avant de retourner à Poudlard, récupérer Prue et se rendre à son lieu de rendez-vous. Il déposa Prue à l’écart pour que l’inspecteur ne la voit pas : inutile d’ajouter plus de complications à la situation quant à sa présence sur les lieux.

— Comme vous me l’avez conseillé, je m’en suis chargé seul et je n’ai pas cherché à jouer les cowboys. Si ce type est aussi dangereux que vous me l’avez dit, je n’ai pas pris le risque de me retrouver dans le même état que ses victimes.

Dawkins amena Jessy jusqu’à une entrée bien camouflée sous un petit bois peu entretenu et qui semblait descendre dans le sol par des escaliers. Il n’avait pas besoin de se concentrer pour sentir l’aura maléfique qui s’en dégageait.

— Merci, pour votre aide précieuse, Inspecteur. Maintenant, je vais prendre le relais.

— Attendez ! Je veux vous seconder ! contra l’inspecteur.

— Vous ne pourrez rien contre ces démons. Je ne peux pas me battre contre eux si je dois vous protéger. Ayez confiance en moi ! Je m’occupe de l’arrêter définitivement.

— Très bien ! Je retourne au poste. Mais soyez prudent !

Jessy apprécia le soutien de l’inspecteur. Celui-ci se détourna et s’éloigna.

Prue, cachée non loin, sortit de l’ombre des arbres pour rejoindre le jeune professeur.

— Bien, maintenant, allons-y !

Ils observèrent l’entrée du passage et s’y engouffrèrent.

L’inspecteur Dawkins réfléchit un moment à ce qu’il avait appris des monstres qui s’en prenaient à la population, et ses récentes découvertes sur le justicier masqué. Il avait fini par découvrir sa véritable identité. En tout état de cause, il s’était résolu à ne pas le dénoncer. Il appréciait énormément ce jeune homme. Lui-même n’avait ni femme ni enfant, sa seule raison de vivre était son travail. Bien malgré lui, il le considérait un peu comme le fils qu’il n’aurait jamais.

Il ignorait, toutefois, comment il avait obtenu ses pouvoirs, mais il espérait qu’un jour, avec un peu plus de confiance, le justicier masqué le lui révélerait.

Malgré tout ce qu’il savait de lui, il était tout de même inquiet des risques qu’il prenait. Ces monstres, dont il ignorait la nature exacte, qui tuaient sans une once de remords, pouvaient très bien s’en prendre à lui.

Il se retourna, pris d’un doute et après plusieurs profondes inspirations, rebroussa chemin. Il tenait à découvrir la vérité sur ces meurtres étranges et il n’aurait pas d’autres occasions.

Jessy et Prue avancèrent prudemment dans le souterrain. La chaleur qui y régnait et l’odeur de soufre se déversant par des fissures au sol n’étaient pas très engageantes.

— Il n’y a pourtant pas de volcans sous Londres.

— Nous ne sommes plus vraiment à Londres. C’est un peu un passage qui mène directement dans les profondeurs des enfers.

— En tout cas, ce calme ne me dit rien qui vaille. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de comité d’accueil ?

— Nous allons le savoir très vite. Regarde, nous arrivons au bout du tunnel.

Les deux sorciers débouchèrent dans une profonde cavité dont les parois étaient illuminées par des bougies insérées dans des torches murales. Une grande cage vide se trouvait sur un côté. De nombreux objets jonchaient le sol, comme abandonnés là.

Au fond de la salle, un démon à forme humaine, assis en tailleur, semblait méditer. Ils avancèrent au centre de la pièce quand le démon prit la parole :

— Je vous attendais !

S’ils semblaient surpris, ils n’en montrèrent aucun signe.

— Où sont les autres ? exigea Jessy.

— Très loin. Je m’appelle Barbas et je suis ici pour vous arrêter, fit-il en se levant.

Il chargea ses mains d’un feu et les projeta contre les intrus.

Jessy et Prue s’esquivèrent en se jetant sur le côté. Jessy se releva le premier et balança une boule d’énergie sur le démon. Pourtant, elle ne l’atteignit pas. Le sort s’arrêta devant lui et disparut sans faire de dégâts.

Pas dissuadé pour autant, il renouvela la tentative qui cette fois fit mouche. Le démon ne broncha pas, comme si le sort ne lui faisait rien.

— Quel est ce maléfice ? s’étonna Jessy.

— Mon maître m’a immunisé contre votre pouvoir, je ne risque rien. Si vous croyez me vaincre comme ça, vous avez tort.

Il utilisa son pouvoir pour capter le point faible de Prue : il savait que sa plus grande peur était de perdre sa famille. C’était ainsi qu’il lui fit croire que le corps de Jessy était un démon qui voulait tuer ses sœurs.

Jessy ne comprit pas tout de suite le changement qui s’opéra en sa sœur et celle-ci utilisa son pouvoir pour faire léviter un objet et le jeter sur Jessy.

— Prue ! Qu’est-ce qu’il te prend ?

— Tu n’es pas Jessy ! Dis-moi ce que tu as fait de lui ?

— Mais c’est moi ! Prue… (il évite un autre objet) Qu’as-tu fait, démon ?

— Moi ? Pas grand-chose. Je lui ai juste rappelé sa peur première : la peur de perdre sa famille.

Jessy avait une excellente mémoire et avait eu l’occasion de lire le livre des ombres. Il se rappela très bien les capacités de ce démon et comment se défaire de son emprise.

Jessy se dématérialisa et apparut derrière Prue. Il la prit dans ses bras et tenta de la raisonner.

— Prue, écoute-moi ! C’est un démon des cauchemars, il te fait ressentir ce qui te fait le plus peur. Je suis ton frère. N’en doute pas un seul instant. C’est lui le démon, pas moi !

Prue se débattit violemment au début, mais les paroles de Jessy la réconfortèrent et le sort disparut.

— Jessy ? Je suis désolée. Comment ai-je pu croire en ces visions ?

— Ce n’est rien. L’important maintenant, c’est de le faire parler et savoir où sont les autres démons.

— Tu as raison. Toi, Barbas ! Tu vas nous dire quels sont vos plans !

— Pauvres humains ! Si vous pensez que je vous dirais quoi que ce soit, vous pouvez toujours attendre.

Il fit apparaître une boule de feu pour le lancer sur eux, mais d’un mouvement de bras, Prue le projeta contre le mur.

Le démon se releva en colère. Il détruisit un flanc du mur qui explosa, projetant Prue au sol, à demi inconsciente. Il concentra son pouvoir dans ses mains et alla lancer son énergie contre Jessy quand une balle l’atteignit en pleine poitrine. Le démon tourna la tête à l’entrée de l’antre et découvrit l’inspecteur Dawkins, poing armé, bras tendus.

— Mais qu’est-ce qui se passe ! Qui êtes-vous ?

Le démon se dématérialisa et apparut dans le dos du policier.

— NOONN ! cria Jessy.

Dawkins ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Une lame dépassait de son ventre et son sang gouttait à ses pieds. Le démon retira son poignard et le corps tomba au sol. Il balança deux boules de feu en direction des deux sorciers. Jessy les arrêta et Prue, qui s’était réanimée aux cris de Jessy, les renvoya à l’expéditeur, surpris, qui explosa dans un long hurlement d’agonie.

Jessy fonça vers le corps de l’inspecteur.

— Inspecteur ! Est-ce que vous m’entendez ?

Il porta ses mains à sa poitrine et une lumière dorée enveloppa ses paumes pour se répandre sur la blessure.

Après quelques instants, il se rendit compte que la blessure ne se refermait pas.

— Pourquoi ça ne marche pas ! ragea désespérément Jessy.

— Léo ! Léo ! appela Prue.

Léo et Piper arrivèrent ensemble. Ils étaient retournés à San Francisco pour régler un problème au club P3. En entendant l’appel paniqué de Prue, Léo avait décidé de l’amener avec lui au cas où.

— Aide-moi, Léo, je n’arrive pas à le soigner, paniqua Jessy.

Léo prit sa place, mais n’obtint pas davantage de résultat.

— Avec quoi est faite cette blessure ? s’enquit-il.

Prue ramassa le poignard et le tendit à Léo qui examina la lame.

— Il y a un maléfice sur cette lame. Je ne peux rien faire. Je suis désolé.

— Ce n’est pas grave. Je mourrais en sachant que je vous ai sauvé, gémit l’inspecteur.

— Économisez vos forces !

— Non, laissez-moi parler, Jessy Potter.

Jessy fut surpris qu’il connaisse son nom.

— Vous n’auriez jamais dû nous suivre. Je vous avais dit que c’était trop dangereux pour vous.

— L’instinct du flic, sûrement. Je suis heureux de vous avoir connu, même si je ne sais pas ce que vous êtes et…

— Un sorcier ! Je suis un sorcier, dit Jessy en baissant sa capuche et en retirant ses lunettes noires. Je suis tellement désolé. Comment avez-vous su pour moi ?

— Un sorcier… je ne m’en serais jamais douté. J’ai mis du temps à savoir qui vous étiez. Vous vous êtes trahi avec votre accent. Je savais que vous vous êtes fait remarquer aux États-Unis avant que vous ne vous fassiez connaître dans le monde. J’ai cherché les premiers faits inexpliqués avant que vous ne vous révéliez au grand jour. Les Halliwell ont longtemps été cités dans les rapports de police. En fouillant, j’ai su que cette famille avait adopté un petit garçon anglais. Les dates correspondaient à votre âge. C’est comme ça que j’ai découvert qui vous étiez.

— Vous êtes le meilleur flic que j’ai jamais connu.

— Jurez-moi que vous protégerez la population à ma place. Continuez à veiller sur eux.

— Je vous le jure ! Plus personne ne mourra.

Un sourire apparut sur le visage de Dawkins.

— Je suis heureux de voir votre visage. Et je vous avoue que… je suis fan de vos chansons. Je… Je…

Ses derniers mots moururent entre ses lèvres.

Des larmes coulaient sur les joues de Jessy. Il avait fini par apprécier cet homme et son esprit ouvert.

Après la tristesse, c’est la colère qui la remplaça.

— Les démons ne s’en sortiront pas à si bon compte. Je jure devant sa dépouille que justice sera faite.

Le visage fermé, Jessy prit le corps de l’inspecteur dans ses bras et ils sortirent tous de l’antre des démons. De toute évidence, ces derniers ne reviendraient plus ici.

Arrivés à l’air libre, il déposa le corps au sol. Il appela la police pour prévenir qu’il avait découvert un corps sans vie dans le parc. Il raccrocha avant de donner son nom.

— Jessy, je vais rester là et attendre la police. Vous deux, retournez à Poudlard. Inutile de vous faire remarquer ici, ordonna Léo.

Jessy jeta un dernier regard triste au visage serein de l’inspecteur Dawkins. Il se jura que sa mort ne serait pas vaine.

.

Phoebe était seule avec Severus. À côté d’un chaudron placé sous un feu, elle plaça plusieurs ingrédients dans l’eau bouillonnante tandis que le Maître des potions parcourait d’une main fébrile les pages du livre des Ombres. Les trois sœurs avaient jugé utile de l’emporter pour avoir la formule pour tuer Balthazar, mais également pour pouvoir faire face à toute éventualité. De toute façon, à Poudlard, le livre était bien protégé.

Severus était très impressionné par les formules que contenait le livre de ces sorcières qui se transmettait de génération en génération dans la famille Halliwell. Certaines potions lui étaient totalement inconnues et destinées à tuer des démons, des spectres et bien d’autres. Il y avait également des formules particulièrement originales et innovantes. Rien qu’en parcourant les pages, il pouvait évaluer toutes les possibilités que recelait un tel savoir. Entre de mauvaises mains, ce livre pouvait faire beaucoup de mal.

Tous les sorciers suivaient une formation identique en magie. Ce que ces femmes parvenaient à faire par leur propre imagination étaient bluffantes. Elles avaient un don pour apprendre de leurs expériences et au danger qu’elles encouraient dans leur quête de protéger toutes les communautés. À côté, le Seigneur des ténèbres était un enfant de cœur face à ces entités démoniaques qui pouvaient faire basculer le monde dans l’apocalypse.

Quand on avait une destinée hors du commun, il n’y avait aucune matière à railler une telle vie si solitaire. Car il était persuadé qu’elles devaient se trouver bien isolées face à leur destin. Il ne pouvait qu’être admiratif à cette normalité qu’elle tentait de conserver au quotidien.

— La potion est prête ! s’exclama Phoebe. Tout ce qu’il nous faut à présent, c’est un morceau du démon. Ce ne sera pas la tâche la plus facile vu que nous ignorons où il se cache. J’ai essayé de le convoquer, mais quelque chose bloque le processus. Une protection, j’imagine.

— Donc, pour le moment, nous avons une potion inutile et un sort.

— C’est déjà un bon début. Maintenant, il faudrait arriver à le débusquer et ce n’est pas la meilleure partie du travail. J’espère que Jessy trouvera leur repère avant qu’il ne soit trop tard. Je crains que si l’armée des démons est trop nombreuse, on ne puisse rien faire.

— Je lui fais confiance pour les trouver. Ce jeune homme possède des qualités indéniables en investigation.

— Dites-moi, Severus, que diriez-vous de sortir prendre l’air, amorça-t-elle pour changer de sujet. Je n’ai rien contre l’école, mais je trouve que les cachots ne soient pas un lieu très sein au quotidien. Un peu de soleil vous ferait le plus grand bien.

— Ces lieux sont mon quotidien et je m’y sens bien.

— Oh, allez ! Vous pourriez me faire visiter le domaine. J’adorerais voir une licorne.

— Demandez donc au garde chasse ! Il sera ravi de vous montrer sa collection de créatures.

— Oui, mais j’aimerais que cela vienne de vous. Cessez donc de m’éviter. Croyez-moi, je ne lâche jamais l’affaire tant que je n’ai pas gain de cause.

Severus soupira. Phoebe était vraiment très entêtée et rien ne pouvait la faire changer d’avis.

— Très bien ! Puisque vous insistez. Rangeons cette potion pour que personne n’y touche.

Alors que Phoebe éteignit le feu, elle fut prise d’une sensation qui l’ébranla.

— Vous allez bien ? s’inquiéta Rogue.

— Je viens d’avoir une prémonition. J’ai vu les démons. Ils attaquaient l’école. Et Voldemort…

— Quoi ? Dans l’enceinte de l’école ?

— Oui. C’est assez flou, mais certains détails me laissent à penser que ça passera ici.

— Allons en parler au Directeur.

(…)

— En effet, c’était un risque que je craignais, confirma Dumbledore après avoir écouté la jeune femme. Avez-vous vu Balthazar dans votre vision ?

— Oui ! C’était effrayant. Et j’ai vu… C’est difficile à croire, mais Jessy et Harry se battaient l’un contre l’autre. J’ai peur. C’est la première fois qu’une vision me fait cet effet-là.

— Par contre, professeur. Je ne comprends ce que Voldemort vient faire dans cette guerre, dit Rogue. Je n’ai eu aucune information à ce sujet. Étant sur place, je suis étonné qu’il n’ait pas pris contact avec moi.

— Je pense, Severus, que les démons contrarient ses plans de prise du pouvoir. J’ignore ce qu’il compte faire, mais nous ne pourrons pas combattre deux ennemis en même temps. Essayez d’en savoir plus à ce sujet.

— Bien, Professeur.

— Nous devons rappeler Jessy. Sa mission doit être terminée. Il n’y a de toute façon plus rien à chercher à Londres. Nos ennemis se cachent plus près de nous que nous le pensions et il faut nous y préparer.

.

Muni de la carte du Maraudeur et recouverts de la cape d’invisibilité, Harry et Drago se faufilaient tels des ombres silencieuses en direction de la forêt interdite. Il s’avérait que sortir de Poudlard en journée était difficile à cause du nombre d’obstacle à éviter : élèves, professeurs, Aurors et sorts de protections.

Malheureusement, il leur était impossible de tenter leur escapade de nuit. Un nouveau système de repérage avait été mis en place par les sœurs Halliwell grâce au pouvoir des trois. Connaissant très bien le modus operandi des démons, la sécurité nocturne était doublement renforcée et il leur était impossible de mettre un pied hors de leur dortoir sans que des alarmes se mettent à hurler et rameutent en un instant Professeurs et Aurors.

Depuis la mise en place de cette protection, les jumeaux Weasley avaient plus d’une fois mis à l’épreuve le système de défense. Ils durent se résoudre à convenir qu’aucun démon ne pouvaient plus pénétrer dans l’école, et à contrario, personne ne pouvait non plus en sortir, ce qui rassura tous ses occupants.

Harry et Drago durent tenter le tout pour le tout en profitant de l’allègement des protections pour permettre la libre circulation des Aurors et Professeurs.

Plus d’une fois, ils percutèrent des élèves qui se trouvaient sur leur trajectoire sans pouvoir les éviter. Heureusement, l’utilisation de la magie étant ce qu’elle est, personne ne se douta un seul instant que des élèves invisibles tentaient de partir en douce, étant donné que la commercialisation des capes d’invisibilité était très rare et fortement réglementée. Qui pouvait imaginer que le célèbre Harry Potter en détenait une ?

Arrivés à la bordure de la forêt, Harry observait son ami Hagrid en train d’arroser son potager.

— Il faut se dépêcher, Harry. Plus vite nous y serons, plus vite nous serons revenus, chuchota Drago.

Harry était persuadé que la bijouterie de Pré-au-Lard était l’indice le plus sérieux sur le lien avec les démons. Qui que soit le gérant de cette boutique, cette seule piste leur permettrait peut-être de découvrir la vérité.

Heureusement, ils n’avaient pas besoin de s’enfoncer profondément dans la forêt. En suivant l’un des sentiers, ils pouvaient arriver au village en une heure sans même croiser de créatures effrayantes.

Harry lui fit signe de tête et ils s’engouffrèrent dans la profonde forêt en direction de Pré-au-Lard.

.

Au village, un homme buvait tranquillement au Trois-Balais, jetant par moment un coup d’œil par la fenêtre. Son rôle de guetteur n’était pas très passionnant et avec le temps, il commençait à se lasser d’attendre quelque chose qui ne viendrait sans doute pas. Il se leva de table et sortit prendre l’air.

Le temps trop lumineux ne lui plaisait pas et il aurait bien aimé porter des lunettes de soleil. Malheureusement, dans ce village composé exclusivement de sorciers, la présence d’objets Moldus le ferait facilement repérer d’autant qu’une vigilance d’Aurors et d’habitants surveillaient tous comportements suspects.

Il avança sur le chemin en direction de la sortie du village, vers la forêt interdite. Il comptait s’y rendre pour inspecter de plus près la barrière de protection qui l’empêchait d’approcher de l’école pour essayer de trouver un moyen de la percer. Jusqu’à présent, toutes ses tentatives restaient vaines. Seuls des sorciers enregistrés comme élèves, professeurs et membre du Ministère de la magie pouvaient franchir le bouclier magique.

À une centaine de mètres devant lui, il observa deux silhouettes émerger de la forêt ; du moins, grâce à sa vue très spéciale, il ne voyait que deux sources de chaleur qui avançaient le long du chemin. Il se cacha rapidement derrière un fourré et attendit. Une fois que les deux formes l’avaient dépassé, il les suivit discrètement, ne voulant pas les effrayer. Il comprit tout de suite où ils allaient et c’est tout sourire qu’il les intercepta devant le magasin Breloques et Merveilles en tirant sur la cape d’invisibilité qui les camouflait.

— Alors les garçons ? C’est gentil de nous rendre une petite visite. Et ça m’évitera plein de complications.

Harry et Drago sortirent leurs baguettes, mais le démon fut plus rapide et les leur subtilisa.

— Allez, entrez ! Il est temps que vous rencontriez le patron, clamait-il avec un sourire carnassier.

Les deux jeunes sorciers se regardèrent avec circonspection. Ils se trouvaient en bien mauvaise posture, pourtant, ils restèrent calmes. En entrant dans le magasin, ils ne voyaient rien de particulier jusqu’à ce qu’un homme sorte de l’arrière boutique.

Quand Harry le vit, ses souvenirs lui revinrent d’un coup.


À SUIVRE…


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