Harry Potter et la lumière infinie

Chapitre 10 : Les débordements de la Saint-Valentin

8066 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/01/2017 16:52

Chapitre 10 : Les débordements de la Saint-Valentin



Jessy était accroc aux nouvelles technologies. C'était un fait avéré. Il baignait dedans depuis qu'il vivait chez les Halliwell qui l'avaient comblé de consoles, télévisions et ordinateurs toute son enfance. Depuis qu'il travaillait, il s'offrait des portables, voitures suréquipées et autres gadgets intelligents… qu'il changeait systématiquement, dès qu'une nouveauté plus performante voyait le jour. Il ne vivait pas dans le grand luxe, mais son salaire à la MJP était bien plus satisfaisant que ce qu'il recevait de Poudlard. Alors acheter le tout dernier smartphone Z2060, grand design, plus performant et comportant plus d'applications que son défunt téléphone ne lui posait aucun problème. Jessy était un homme moderne, tourné vers une évolution constructive permanente du genre humain et il ne se faisait pas à son immersion chez les sorciers qui menait une vie qui semblaient s'être arrêtée au début du vingtième siècle. Sa vie dans le monde moldu l'attirait bien plus que tout phénomène magique qu'il pouvait à loisir recréer lui-même.

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Londres était une ville toujours en effervescence de jour comme de nuit. Les lumières de la ville donnaient à l'ambiance générale une impression de vie permanente. Jessy faisait le guet depuis un moment en haut d'un immeuble. Au départ, il pensait juste profiter de son passage dans la capitale pour aller boire un coup au pub du coin après être passé à Scotland Yard au sujet de l'individu qui apparaissait sur plusieurs photos de la police quand il remarqua un homme encapuchonné qui le suivait discrètement. Cependant, il n'eut pas le temps de le découvrir car au même moment, une course-poursuite entre trois voitures en fuite et une dizaine de voitures de police gyrophare allumé, étaient lancés à grande vitesse sur Regent street, slalomant entre les voitures de Citadins qui finissaient par s'encastrer les unes aux autres. Un coup d'œil dans la ruelle du bas lui apporta que l'individu n'y était plus.

Rageant plus pour lui-même par ce mauvais concours de circonstances, il sauta de toit en toit pour prendre en filature une des voitures qui avait réussi à semer les forces de l'ordre qui avaient fini leur course contre un poteau. Les deux autres étaient sur le point d'être rattrapé et ne nécessitaient pas son intervention. Il accéléra l'allure. Aucune chance d'être remarqué, caché par l'ombre des toits, il se dématérialisa pour apparaître sur la chaussée en face de la voiture. Le chauffeur, qui semblait avoir une conscience, pila à quelques centimètres de lui. Il klaxonna.

— Eh, mec ! Bouge de là ! Tu veux crever ma parole ! grogna l'homme. Et puis c'est quoi cet accoutrement, tu te prends pour un super héros ou quoi !

Jessy sourit devant l'ignorance du malfrat qui prit ce ton moqueur pour une insulte. Il appuya sur l'accélérateur et Jessy s'écarta pour éviter le choc. Il arma sa main et de l'index visa la voiture. Il s'imagina armé d'un revolver et d'une impulsion de l'esprit, fit feu. Les quatre pneus éclatèrent les uns après les autres, immobilisant le véhicule après un dérapage sur le bitume et finissant sa course contre des containers. L'alarme de la voiture hurla sinistrement avant de s'éteindre par un vague mouvement de main de Jessy.

Il s'approcha du véhicule et ouvrit la portière. Le chauffeur était partiellement sonné, son nez cassé saignait après avoir percuté le volant. Jessy sortit d'une de ses poches une paire de menottes – qu'il avait un jour emprunté à un policier – et l'attacha à son volant. Il envoya un message à l'inspecteur pour venir le récupérer.

Il sentit plus qu'il ne vit une présence dans son dos. La personne qui le suivait se trouvait à quelques pas derrière lui.

— Qui êtes-vous ? exigea Jessy en se retournant.

— C'est plutôt à moi de vous le demander, ricana la voix grave de l'homme qui garda son visage caché.

— Je ne vous dois rien, pourquoi me suivez-vous ?

— J'ai remarqué que vous enquêtiez avec la police au sujet de douze meurtres.

— Attendez ! Comment le savez-vous ? Cette affaire n'a pas été ébruitée par la police.

— Disons que j'ai mes sources. Je veux savoir ce que vous avez découvert.

— Je n'ai pas pour habitude de discuter de mes affaires avec ceux qui cachent leur identité.

— Que dois-je penser de vous alors… Justicier Masqué !

— En ce qui me concerne, c'est compliqué.

— Je peux en dire autant, pourtant, je vais vous révéler une chose : sachez qu'un démon vous a pris en chasse et qu'il a un complice à Poudlard. Ce serait ennuyeux que vous vous fassiez prendre. Nous aurons sûrement l'occasion de nous revoir alors en attendant, faites attention à votre entourage.

Sur ces derniers mots, l'homme s'engouffra dans l'ombre d'une ruelle.

— Attendez ! cria Jessy qui courait vers l'endroit où l'homme s'était dirigé, mais il ne vit personne.

Comment savait-il qu'il venait de Poudlard ? Il ne semblait pourtant pas connaître sa véritable identité. Le suivait-il ? Était-il un sorcier ? Serait-ce la personne qui se trouvait sur les lieux des crimes ? Il ne semblait pas être le meurtrier. Ces révélations étaient importantes, mais pas suffisantes pour avoir un élément de réponse. Par contre, cela confirmait ce qu'il avait soupçonné : il était bien la cible des démons et savoir qu'il y en avait peut-être un à l'intérieur de l'école la plus sûre au monde ne le rassura pas. Après tout, Harry y était aussi et le côtoyait peut-être et nul n'ignorait son lien de parenté avec lui. Il allait lui falloir être très vigilant et en parler à Dumbledore.

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Harry, Ron et Hermione passaient le plus clair de leur temps à étudier, et le reste du temps, les deux premiers s'entraînaient en vue du prochain match contre Serdaigle à la fin du mois.

Harry referma le livre d'histoire qu'il tentait vainement de comprendre. Trop de questions tournaient dans sa tête depuis l'assassinat de Tim Carnigam et il était persuadé que le meurtrier se trouvait toujours à Poudlard. Il en fit part à ses amis.

— Harry, je comprends que cette histoire te touche au plus près, mais je crois qu'il faut laisser Dumbledore régler cette affaire. N'oublie pas ce que t'a dit Jessy : tu dois rester à l'écart.

— C'est de mon cousin qu'il s'agit, Hermione ! Je ne prendrais pas le risque de le perdre. Souviens-toi de ce qui s'est passé l'an dernier et les risques qu'avait pris Sirius ! Je refuse de revivre la même chose ! s'emporta-t-il.

— D'accord, Harry ! Alors qu'est-ce que tu suggères ?

— Si nous faisons le point sur ce qu'on sait : Tim a été tué, car il possédait le téléphone que voulait le démon…

— C'est un sorcier !

Ignorant la remarque d'Hermione, il poursuivit :

— … et comment le savait-il ? Il l'a très certainement suivi : soit il avait prévu de le voler lui-même directement au bureau de Jessy au risque de se faire surprendre au cas où Tim ne l'avait pas trouvé, soit il était sûr qu'il l'aurait pris et l'attendait pour le lui voler.

— Alors explique-moi comment il pouvait savoir que Tim allait justement dans son bureau à ce moment-là ? demanda Ron.

— (Harry réfléchit un instant) Peut-être se connaissent-ils ? Il faudrait chercher du côté des Serpentards qu'il fréquentait.

— Attends, Harry ! Tu penses réellement que les Serpentards te diront quoi que ce soit ? À moins d'utiliser la potion de Polynectar, je ne vois pas comment on arrivera ne serait-ce que les approcher.

— Je connais un moyen ! minauda Hermione.

Harry et Ron la regardèrent, surpris.

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Tout le château, du sol au plafond, était décoré de banderoles multicolores, d'étoiles scintillantes, de cœurs suspendus. L'ambiance avait radicalement changé, oubliant qu'un mois plus tôt, un élève avait trouvé la mort. De petits êtres volants ressemblant étrangement à des elfes de maison, poursuivaient des élèves à travers toute l'école pour transmettre au destinataire un message ou un cadeau.

La Saint-Valentin était une tradition très courue dans les pays Anglophones et le monde des sorciers prenait cette fête très au sérieux. Autant certains élèves attendaient avec impatience ce jour, autant pour d'autres, cela ne révolutionnerait pas leur vie privée.

Cette année, un concours pour élire le Prince et la Princesse de Poudlard avait été lancé. Qui avait lancé cette idée ? Personne ne pouvait le dire. Cette idée circulait depuis plusieurs semaines et avait germé dans l'esprit des élèves qui étaient très enthousiastes. Les élus auraient des droits privilégiés comme choisir les menus des repas, obtenir une rubrique au journal du Chicanneur qui sponsorisait l'événement et surtout, avoir accès à toutes les salles communes des quatre Maisons pour participer à l'échange et organiser des dialogues et jeux entre chaque maison.

La veille du 14 février, à côté de l'entrée de la Grande Salle figurait un panneau où étaient inscrits les noms, les années et les maisons correspondantes ainsi que le nombre de votes obtenus à chaque personne soutenue pour être élu. Plusieurs noms se détachèrent dès le premier jour :

… … … …Fred Weasley, 7e année, Gryffondor… … … … … … 86 points

… … … …Katie Bell, 6e année, Gryffondor… … … … … … … … 64 points

… … … …Hermione Granger, 5e année, Gryffondor… … … … 124 points

… … … …Harry Potter, 5e année, Gryffondor… … … … … … …168 points

… … … …Ginny Weasley, 4e année, Gryffondor… … … … … …172 points

… … … …Cho Chang, 6e année, Serdaigle… … … … … … … …189 points

… … … …Padma Patil, 5e année, Serdaigle… … … … … … … …57 points

… … … …Michael Corner, 5e année, Serdaigle…..… … … … … 25 points

… … … …Susan Bones, 5e année, Poufsoufle… … … … … … …98 points

… … … …Justin Finch-Fletchley, 5e année, Poufsoufle.… … … 44 points

… … … …Pansy Parkinson, 5e année, Serpentard… … … … … 32 points

… … … …Théodore Nott, 5e année, Serpentard… … … … … ..156 points

… … … …Drago Malefoy, 5e année, Serpenard … … … … … … 143 points

Bien sûr, les personnes concernées n'avaient pas leur mot à dire quant à leur inscription à la liste, vu qu'on pouvait bien élire n'importe qui comme Nick Quasi-Sans-Tête ou Peeves. Même les noms de Jessy Potter et de Severus Rogue avaient été ajoutés au début, mais retirés par le professeur McGonagall qui rappelait que l'inscription était ouverte uniquement aux élèves. Avec 664 points contre 1 (représentant en fait le vote de Jessy), le jeune professeur n'avait pu s'empêcher de sourire face à la grimace de Rogue qui n'appréciait guère la blague de son homologue.

Le jour J, on pouvait déjà déterminer les demi-finales pour départager les têtes d'affiches : Ginny, Cho et Hermione pour les filles et pour les garçons : Harry, Théodore et Drago dont les scores avaient dépassé les 300 points chacun, laissant loin derrière tous les autres concurrents.

Les campagnes qui avaient eu lieu pendant tout le long de la journée amenèrent chacun à convaincre tous les étudiants à voter pour eux. Hermione, bien que candidate malgré elle, choisit de supporter Harry pour l'aider à obtenir plus de points. Elle lui avait révélé que son moyen d'entrer chez les Serpentards était tout bonnement de gagner ce concours au grand dam de Harry qui n'aimait pas être en tête d'affiche. Affiche de sa tête lançant des clins d'œil, qu'il voyait placarder un peu partout dans l'école. Harry dut promettre de faire des cours privés en défense contre les forces du mal pour ceux qui le voulaient s'il était élu. La célébrité du Survivant jouait beaucoup en sa faveur.

Au moment du dîner, tout le monde attendait que le professeur Dumbledore ainsi que les professeurs qui encadraient ce concours, viennent leur annoncer le couple gagnant sous les applaudissements de tous les élèves : Harry Potter et Cho Chang.

Harry hurla de joie intérieurement. Les élèves trouvaient que les deux élus allaient bien ensemble et cette constatation ne fit que le renforcer dans son choix qu'il ferait tout pour conquérir la belle de Serdaigle.

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Alors qu'ils travaillaient ensemble à la bibliothèque sur des activités auxquelles les élèves des différentes maisons pourraient se mélanger, Cho appela Harry qui était perdu dans ses pensées.

— Harry… Harry ! Tu m'écoutes au moins ?

— Oh ! Oui, bien sûr ! Désolé !

— Je disais que j'aimais beaucoup ton bracelet, dit-elle.

— Ah oui ? C'est mon cousin qui me l'a offert à Noël. Je ne le quitte jamais.

— Il a bon goût et il te va très bien.

Harry se sentit rougir au compliment. Il ne pouvait s'empêcher de la trouver très jolie.

Les yeux dans les yeux, il eut l'impression qu'elle partageait le même sentiment que lui. Et alors que leurs visages se rapprochaient inexorablement, il perçut un son moqueur à côté de lui, ce qui les fit s'écarter de honte d'être observé alors qu'ils pensaient être seuls.

Harry tourna la tête vers l'importun et vit Malefoy et Nott qui les observaient à quelques pas.

— C'est une plaisanterie, Potter, tu n'as pas trouvé mieux que ça, cracha-t-il de dédain alors qu'il la fixait avec un regard meurtrier.

Cho se sentit rougir de honte alors qu'elle se faisait toute petite. Harry répliqua :

— Malefoy ! Excuse-toi !

— Certainement pas ! Eh ! Cho ! Tu devrais avoir honte de ce que tu fais ? Je t'ai vu embrassé Eddie Carmichael ce matin et maintenant, tu veux Harry Potter !

Harry suffoqua à cette révélation, mais il préféra lui laisser le bénéfice du doute.

— Laisse-la tranquille ! s'interposa Harry qui frôla la main du Serpentard par inadvertance.

Au moment où leurs peaux se rencontrèrent, Harry fut parcouru d'un frisson qui lui hérissa les cheveux à la base de la nuque. Il eut l'impression que son cœur allait quitter sa poitrine. Nott fit un signe à Drago qui se pencha sur Harry pour lui murmurer à l'oreille :

— Demain, après le cours de potions, retrouve-moi devant les toilettes du sixième étage et seul.

Puis les deux camarades sortirent de la bibliothèque en piaffant, laissant Harry pantois.

— Je suis désolée, Harry, dit Cho, le sortant de sa rêverie.

Le Gryffondor la regarda, tout désir disparu. Il se demandait ce qu'il lui avait trouvé d'intéressant et se concentra sur l'étrange invitation de Malefoy qu'il accepterait. Il était curieux de savoir ce qu'il lui voulait.

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Ron et Hermione cherchaient Harry. Après le cours de Rogue, le survivant était parti le premier. À l'heure du déjeuner, il n'était toujours pas revenu à la Grande Salle. Ils partirent à sa recherche en demandant à tous ceux qu'ils croisaient s'ils l'avaient vu. Plusieurs élèves leur donnèrent la direction où il allait et ils prirent donc le chemin du sixième étage.

Harry était impatient. Il ne comprenait pas pourquoi d'ailleurs. Depuis plusieurs semaines, ses émotions lui jouaient souvent des tours, ne comprenant pas pourquoi il rougissait pour un rien, pourquoi le moindre frôlement l'électrisait. Il avait mis ce changement sur le compte de ses sentiments grandissants pour Cho. Il ne pensait pas qu'il deviendrait si sensible à l'adolescence. Mais le dernier contact avec Malefoy lui avait remué bien plus ses sens qu'ils le devraient et ses pensées avaient tendance à dévier vers la mauvaise personne. Parfois, il était obligé de s'enfermer dans les toilettes ou prendre une bonne douche froide pour calmer ses ardeurs. Malgré tout, il ne trouvait pas normal ce qui lui arrivait.

Arrivé devant les toilettes des garçons, il ne vit d'abord personne puis Drago émergea de derrière un mur. Nott aussi était là.

Drago s'approcha de Harry sans hésiter, mais ce dernier, prompt aux manigances de Malefoy, sortit sa baguette ce qui le stoppa à deux pas de lui.

— Qu'est-ce que tu avais à me dire, Malefoy ?

— À dire… mmh, beaucoup de choses, mais l'action est parfois plus explicite, dit-il en faisant un pas de plus, la baguette de Harry appuyait contre son torse. Harry ne recula pas, mais ne se sentait pas très à l'aise.

Au même moment, Ron et Hermione les rejoignirent.

— Harry ! Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda Ron.

Théodore Nott se plaça entre eux, baguette levée.

— Ça ne vous regarde pas, trancha-t-il d'une voix cassante.

— C'est notre ami ! Je vous interdis de lui faire du mal ! lança Hermione qui sortit également sa baguette.

— Oublie ces idiots et concentre-toi sur moi ! susurra Drago à Harry.

Harry se sentit bizarre et quand il vit Malefoy avancer sa main vers son visage, il la contra avec sa main libre. À cet instant, leurs bracelets respectifs se touchèrent et se mirent à s'illuminer conjointement sous le regard interloqué de ses deux amis et le grand sourire de Nott.

Harry se perdit dans les yeux bleus de Drago et lâcha sa baguette. De ses deux mains, le blond prit le visage de Harry en coupe et l'embrassa.

— Harry ! cria Hermione.

Ron fut complètement choqué par ce qu'il voyait.

Les yeux fermés, Harry perçut à peine le cri de Hermione. Quand le contact se brisa, il ne put s'empêcher de regretter que ça s'arrête déjà. En rouvrant les yeux, Drago s'était écarté, mais il le regardait avec une lueur dans les yeux.

La sonnerie de la reprise des cours les ramena tous à la réalité et chacun retourna en classe sans un mot sur ce qui s'était passé.

Hermione et Ron amenèrent le sujet plus d'une fois sur le tapis, mais Harry s'irrita pour qu'ils respectent sa vie privée. Il n'avait pas eu l'occasion de se retrouver à nouveau seul avec le Serpentard, Ron ne le quittait pas d'une semelle malgré le ressentiment de Harry à son égard.

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Sur son lit à baldaquin, Harry était allongé sur le dos, les yeux dans le vague. Il manipulait distraitement son bracelet. Ses pensées le ramenaient systématique vers les Serpentards et surtout pour un certain blond. Depuis qu'ils avaient échangé un baiser, quelque chose avait changé entre eux : alors que d'habitude, ils se seraient regardés en chiens de faïence à se lancer toutes les infamies possibles, il fut comme éclairé d'une nouvelle pensée agréable et depuis, il n'avait d'yeux que pour Drago. Il ne pouvait se l'expliquer, mais sa conviction l'emmenait à retourner le voir et il avait hâte de le retrouver tout à l'heure chez les Serpentards. Drago avait réussi à faire passer un mot magiquement jusqu'à Harry et celui-ci trépignait d'impatience jusqu'à l'heure fixée.

Au même moment, Ron entra dans le dortoir et vit Harry immobile sur son lit.

— Harry, il faut qu'on parle. Ton attitude est vraiment bizarre depuis quelques jours.

— Je ne vois rien d'anormal, je suis comme d'habitude, répliqua Harry sur la défensive.

— Tu devrais retirer ton bracelet. Il n'est pas normal qu'il brille comme celui de Malefoy. Il doit être envoûté et le sien aussi. Tu devrais arrêter de le voir. Il va t'apporter que des problèmes, je suis sûr qu'il rit de toi en ce moment.

Harry se redressa et s'assit au bord du lit.

— Attends ! Essaies-tu de me dire que Jessy m'a offert un bracelet ensorcelé pour me jeter dans les bras de Drago ? Qui a dit que je devais être plus ouvert pour me faire accepter des Serpentards ? Si tu voulais ma place, il fallait le dire tout de suite !

— Je n'ai…

— Oh ! Et puis, tu sais quoi ? Laisse tomber ! Ton avis ne m'intéresse pas !

Harry se leva et sortit du dortoir, laissant Ron maugréer qu'il ne devrait pas venir se plaindre après si ça tournait mal. Il traversa la salle commune d'un pas décidé et se dirigea vers la sortie sous l'œil étonné d'Hermione, assise sur l'un des fauteuils lui faisant face, en pleine discussion avec Ginny. Après tout, ce n'était pas encore l'heure du couvre-feu.

Il longea les couloirs et descendit les multiples escaliers avant d'atteindre l'entrée des cachots. Il hésita un instant car il était un peu en avance à son rendez-vous, mais il savait où se trouvait la salle commune des Serpentards pour y être allé durant sa deuxième année et il songea que Drago ne lui en voudrait pas de le retrouver un peu plus tôt.

Hermione suivit Harry pendant un moment. Elle était curieuse de savoir où allait son meilleur ami à cette heure-ci. Il était rare que Harry sorte seul sans avertir ni Ron, ni elle. Il ne semblait pas remarquer qu'elle le suivait et continua son chemin. Quand elle le vit descendre dans les cachots, elle comprit qui il allait voir. Le rapprochement entre Harry et Drago n'était pas pour lui déplaire si ça pouvait supprimer la haine entre les deux maisons, mais elle trouvait que tout s'était passé trop rapidement. Elle avait bien remarqué depuis quelques mois que Drago devenait moins acerbe dans ses propos et avait des allusions plus que douteuses les concernant. Elle avait surpris par hasard une conversation entre les Serpentards et ce qu'elle avait entendu ne lui avait pas plu. Elle pensait se tromper, mais quand elle les avait vu s'embrasser, elle comprit que ce n'était pas dans le caractère de Harry qui était amoureux de Cho et que quelque chose clochait. Elle décida que c'était Drago qui tentait d'attirer Harry dans un piège et elle se résolut à croire que Harry était sous une influence magique. Elle croyait même que leurs bracelets jouaient un rôle dans l'histoire.

Harry marchait tranquillement quand une voix l'arrêta.

— Hé ! Harry ! Viens pas là, lui dit Drago.

Harry le rejoignit dans un couloir. Son cœur bondissait dans la poitrine. Quelque chose en lui disait que ce n'était pas normal qu'il réagisse comme ça, après tout, Drago et lui avaient toujours gardé leur distance d'habitude, pourtant, à cet instant précis, il n'arrivait pas à refuser et suivit le blond qui longeait un long couloir qui donnait accès à un escalier qui les menait encore plus loin dans les sous-sols du château. Drago mit sa main dans celle de Harry et à un moment donné, leurs bracelets se touchèrent et ils s'illuminèrent d'une lueur sombre, comme si la nuit générait sa propre lumière qui au contraire du soleil, avalait tout autour d'eux, prisonnier d'un étrange cocon malsain.

En bas de l'escalier, ils avançaient dans un tunnel qui les emmenait vers un lieu qu'ils ne voyaient pas encore. Harry se sentait en sécurité malgré l'obscurité omniprésente qui les entourait. Les bracelets vibraient de plus en plus à mesure qu'ils avançaient. Arrivé au bout du tunnel où une faible lumière leur permit d'appréhender leur environnement, ils avancèrent de quelques pas avant de s'arrêter. La salle était gigantesque. De nombreuses torches autour des murs parsemaient une lumière qui éclairait le lieu. Elle rappelait un peu celle de la chambre des secrets excepté qu'elle n'avait jamais été aménagée. Ils étaient dans une sorte de grotte à moitié battis par l'homme et le reste forgé par la nature où une rivière dont la réverbération zébrait la voûte du plafond, s'écoulait tranquillement pour s'engouffrer parmi l'une des ouvertures à travers la paroi rocheuse. Une ombre se déplaça et s'arrêta devant eux. Théodore Nott leur fit un sourire en coin, ravi de les trouver là.

— C'est bien, Drago, tu as parfaitement joué ton rôle.

— Mon rôle ? répéta le Serpentard. De quoi parles-tu ?

— Tout simplement d'avoir réussi à attirer Harry Potter ici.

— Explique-toi, Nott ? Pourquoi es-tu ici ? réagit aussitôt Harry.

— Harry, Harry ! Comment crois-tu que Drago et toi qui étiez les pires ennemis depuis toujours, êtes tout d'un coup devenus si intimes ? C'est très simple en fait : c'est grâce aux bracelets que vous portez tous les deux.

— C'est mon cousin qui me l'a offert à Noël ! Il ne m'aurait jamais donné un objet ensorcelé, argua Harry.

— Évidemment, mais il a été ensorcelé par une formule qui rend deux objets inséparables, c'est-à-dire que ce que ressent l'un, l'autre le ressent aussi. Ça fait plusieurs mois que je tente de pousser Drago à s'intéresser à toi depuis que je lui ai donné l'autre bracelet.

— Tu ne me l'as jamais donné, contredit Drago.

— Je l'avais laissé bien à l'évidence sur le fauteuil que tu utilises tout le temps. Tu te l'es juste accaparé comme ton bien. Les bracelets magiques renforcent les sentiments que vous éprouvez et dans ce cas précis, je voulais que vous tombiez amoureux l'un de l'autre pour t'attirer vers moi par le biais de Drago. C'est également moi qui ai lancé ce concours pour la Saint-Valentin, cette fête me rend toujours sentimental. Le jour où tu as mis ce bracelet, Potter, n'as-tu pas ressenti quelque chose de fort ?

Harry fouilla dans sa mémoire. Il se souvint qu'il l'avait mis à son poignet le jour même où il a déballé son cadeau. Il se rappela de son cœur qui s'était mis à battre la chamade comme lorsqu'il avait éprouvé de l'attirance pour Cho Chang, mais il avait mis cette sensation sur le compte de l'excitation du moment.

Pourtant, il savait qu'il était attiré par Drago et qu'à moins d'avoir avalé un philtre d'amour, il ne pouvait pas croire que seuls les bracelets en étaient la cause.

— C'est faux ! cracha Drago, ramenant Harry au moment présent. J'aime Harry ! Ne me fait pas croire que c'est à cause du bracelet. Aucune magie de ce type ne peut me tromper. Je sais ce que je ressens.

Harry fixa Drago. Ce qu'il venait de dire se répercuta dans sa poitrine comme une douceur.

— Oh ! C'est si mignon que j'en pleurerais de rire tellement c'est pathétique. C'est moi qui ai distillé ce sentiment avec mes allusions. Ce que tu crois ressentir n'est qu'un mensonge. Le moindre sentiment même insignifiant en retour qui a émergé dans ton esprit a été capté par le bracelet qui te l'a renvoyé puissance mille. Tu n'es pas exempte de cœur, Drago et tu ne détestes pas autant Harry que tu le prétends. Ça a été un jeu d'enfant. Bon, fini la plaisanterie ! Il est temps que je conclus cette mission. Harry, tu vas venir avec moi. Mon patron veut que je te ramène à lui et cette fois, je n'ai pas l'intention d'échouer. Je tiens à la vie !

Harry tâta ses poches, mais il se rendit compte qu'il n'avait pas pris sa baguette. Puis, quelque chose le fit sourciller :

— Attends, il ne me semble pas que nous ayons déjà eu cette conversation, n'est-ce pas ?

— Malin, le petit Potter ! Nous nous sommes rencontrés deux fois : au Club des sœurs Halliwell sous l'apparence d'un serveur et dans leur manoir. Mon nom est Anton !

—Tu es un démon alors !

— Presque, je suis moitié sorcier, moitié démon, c'est pour ça que les alarmes de Poudlard ne m'ont pas détecté. J'ai pris un risque, mais ça en valait la chandelle.

Harry réfléchit rapidement. Même sans baguette, il avait un atout dans sa poche. Jessy lui avait appris la magie ancienne pour des situations comme celle-ci, mais il ne pensait pas qu'il aurait besoin de l'utiliser si tôt. Il devait par contre tout faire pour protéger Drago. Manipuler ou non, ses sentiments étaient tournés vers lui et à aucun moment il ne pouvait se résoudre à l'abandonner. Il lui fallait aussi obtenir un maximum d'informations.

— Qu'as-tu fait de Nott ? enchaîna Harry.

— Oh ! Eh bien, j'avais besoin de pénétrer à Poudlard et comme j'ai la faculté de prendre n'importe quelle apparence, j'ai patienté jusqu'à votre première sortie à Pré-au-Lard. J'ai attendu longtemps. Puis, je vous ai vu tous les deux, Jessy et toi, aux Trois-Balais, et c'est là, que je vous ai entendu et compris que vous étiez parents. J'ai donc pensé que ma mission serait plus simple en t'enlevant. Après votre départ, j'ai pris un élève au hasard et j'ai pris sa place. Là où j'ai fait une erreur, c'est qu'à Poudlard, vous êtes divisés en quatre maisons et c'est comme ça que je me suis retrouvé à Serpentard alors que toi, tu étais à Gryffondor. Je ne pouvais pas prendre le risque de changer de corps sinon, la disparition de Nott aurait été suspecte et je ne devais surtout pas attirer l'attention. C'est comme ça que j'ai imaginé mon plan. Et pour répondre à ta question, j'ai dû le tuer sinon je n'aurais pas su quoi faire de lui.

—Enfoiré ! Comment as-tu osé le tuer ! rugit Drago qui s'avança d'un pas.

Harry lui tenait toujours la main, incapable de s'en défaire. Il donna une pression pour l'exhorter à rester calme. Une pression de sa part rassura Harry : Drago restait concentré sur la situation et ne voulait pas créer d'autres problèmes. Harry ignorait s'il avait sa baguette sur lui, mais il espérait qu'il serait prompt à réagir en cas de besoin.

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Hermione avançait dans le couloir menant à l'escalier qui descendait dans les profondeurs du château quand elle entendit une voix sifflante derrière elle qui la fit bondir.

— Que faites-vous ici, Miss Granger ? Cette partie du château est interdite aux autres maisons que Serpentard.

— Je… je…

Elle hésita. Elle ne voulait pas que le professeur Rogue sache que Harry était là, mais l'arrivée de Jessy derrière Rogue la persuada de tout leur révéler. Elle raconta tout ce qui s'était passé entre Harry et Drago ainsi que l'étrange comportement qu'ils avaient eu.

— C'est forcément un sortilège ! conclut-elle.

— Il n'y a rien d'anormal dans son comportement. Son rôle en tant que Prince de Poudlard lui demande d'entretenir le dialogue entre chaque maison et de passer du temps avec tous les élèves. Et si Harry et Drago ont décidé de briser la glace, c'est plutôt une bonne chose, dit Jessy.

— Professeur, vous n'ignorez pas que l'assentiment entre Gryffondor et Serpentard a toujours été tendue et c'est d'autant plus valable entre Harry et Drago depuis le premier jour. Ce rapprochement est tout sauf normal.

— Écoutez, Miss Granger, amorça Rogue. Je pense que tout ceci ne vous regarde en rien. Même si je ne suis pas très enthousiaste à l'idée que monsieur Potter puisse entretenir une nouvelle amitié parmi les élèves de ma maison, il serait dommageable de les en dissuader.

— Au point qu'ils soient… intime ? précisa Hermione sans détailler.

Sa dernière argumentation fit tiquer Jessy d'inquiétude.

— Hermione, es-tu en train de me dire que Harry aurait… une liaison avec Drago ?

Rogue manqua de s'étouffer à cette déclaration.

— Et venant de Drago à ce que j'ai vu… c'est pour ça que je ne comprends pas Harry qui n'a pas réagi. Harry n'est pas comme ça… jamais !

Rogue souffla. Les relations entre adolescents gonflés d'hormones étaient aux antipodes de ses préoccupations, mais il ne pouvait laisser ce genre de comportement au sein de l'école impuni.

— Où sont-ils ? exigea le professeur des potions.

Hermione se détourna pour leur montrer le chemin.

— En bas de l'escalier, là-bas.

— C'est impossible ! Cette issue a été condamnée depuis qu'un troll est arrivé par là, il y a cinq ans.

— De toute évidence, elle a été rouverte, constata Jessy qui guettait l'ouverture menant dans les profondeurs obscures du château. Un frisson le traversa. Allons y jeter un œil ! Hermione, allez prévenir le professeur Dumbledore. J'ai un mauvais pressentiment sur ce lieu, quelque chose qui n'a aucun lien avec l'école.

Une fois Hermione partie, les deux professeurs descendirent l'escalier sous la lumière de leurs baguettes.

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— Que voulez-vous exactement ? Est-ce un piège pour attirer Jessy ? exigea Harry.

— Évidemment ! Nous sommes là pour lui. Avec le pouvoir dont il dispose, mon patron sera invincible.

— Qui est votre patron ? J'aime savoir à qui j'ai affaire ? tenta-t-il.

— Tu le sauras bien assez tôt. Maintenant, trêve de bavardage, tu vas gentiment venir avec moi maintenant.

— Je ne vous suivrais nulle part ! cracha Harry qui alluma ses mains sous les yeux étonnés de Drago.

— Oh, oh ! En voilà une drôle de surprise. Ainsi, ton cousin t'a appris à te servir de l'ancienne magie ! Mais elle est encore rudimentaire, tu ne me feras pas grand mal.

La provocation eut raison de ses réserves et il balança un jet d'énergie sur le bras déjà amoché du demi-démon qui grogna de douleur. Harry s'était rappelé que Jessy l'avait blessé et il espérait qu'il n'était pas encore guéri.

— Sale petit vermisseau, comm-…

Il se tut en percevant du bruit provenant de l'escalier et la lueur des baguettes.

D'un geste de sa baguette le demi-sorcier ordonna muettement aux deux garçons de s'écarter de l'entrée. Il ne voulait surtout pas échouer à sa mission et il était prêt à tout pour réussir.

Harry espérait que Jessy vienne lui prêter main-forte. Il savait qu'il n'avait aucune chance contre lui tout seul même avec Drago.

À peine Severus apparut à la sortie du tunnel qu'un trait de lumière rouge fonça sur lui. Par réflexe, il se protégea. Il courut à droite, tandis que Jessy tourna à gauche. Séparément, ils avaient plus de chance de s'en sortir que de rester ensemble.

À la vue de son élève, Théodore Nott, il ne comprit pas pourquoi celui-ci l'attaqua et songea qu'il était sûrement manipulé.

— Nott, reprenez-vous, gronda Rogue. Pourquoi nous attaquez-vous ?

— Vous faites erreurs, je ne suis pas Nott. Je m'appelle Anton et vous ne m'empêcherez pas d'emporter Harry avec moi.

Pendant qu'ils étaient tous les trois sur le qui-vive, cherchant la moindre faiblesse de leurs adversaires, Harry pressa Drago de s'en aller, mais celui-ci ne bougea pas. Son visage n'exprimait rien de plus que de indifférence.

— Drago, emmène Harry dans les galeries et rejoignez le boss à l'extérieur, ordonna Anton.

Harry se débattit du mieux qu'il put pour l'empêcher de le traîner avec lui, mais la poigne de Drago se fit plus forte et dans un mouvement, il le balança sur son dos qui généra un hoquet de stupeur à Harry.

— Lâche-moi, Drago !

Mais les bracelets se mirent à briller et toute volonté déserta Harry qui suivrait n'importe où le Serpentard.

Toute la scène venait de se dérouler devant les yeux de Jessy, complètement horrifié à l'idée de perdre son cousin. Il comprit du premier coup d'œil qu'ils étaient contrôlés par les bracelets que portait chacun.

Le temps lui était compté. Il laissa Anton aux bons soins de Rogue et s'éclipsa pour apparaître devant les deux garçons. Surpris, Drago pointa sa baguette contre son professeur et cria « Stupéfix ». Jessy n'eut aucun mal à dévier le sort, comme les deux autres qui suivirent. La magie n'était pas assez puissante pour l'inquiéter.

« Bracelets ! » appela-t-il, mais étrangement, son sort d'attraction ne fonctionna pas. Les bracelets rougeoyèrent au contact du sort. Il comprit que ce n'était pas de la magie qui imprégnait les bracelets, mais un pouvoir démoniaque.

En attendant de trouver une solution, il leva une main et balaya l'air devant lui « Dormez ! » et les deux possédés s'écroulèrent l'un sur l'autre. Avant d'aller aider Rogue qui semblait en difficulté, il érigea une barrière magique autour d'eux pour les protéger.

Relevant la tête vers le responsable, son regard se durcit. Il avait espéré que Harry ne serait pas mêlé à cette manigance le visant et voilà que par sa faute et son inconscience, le voilà au cœur de la tourmente.

Rogue avait beau lancer les plus puissants sorts contre Anton, il semblait insensible à tout. Celui-ci n'avait même pas besoin de bouger, les sorts ricochaient sur lui et celui-ci s'esclaffait alors que ses boules d'énergies se fracassaient à quelques centimètres de la tête du professeur, l'acculant de plus en plus contre le mur. Il avait laissé sa baguette de côté, plus à l'aise avec son pouvoir démoniaque.

Tout à coup, ses rires furent remplacés par un cri étranglé. Jessy venait de lui balancer un éclair dans le dos. Il avait rangé sa baguette, certain qu'elle n'aurait aucun effet sur ce démon. Ce dernier se retourna vivement, furieux d'avoir été touché. Un coup d'œil du côté des garçons le fit rager davantage, comprenant qu'inconscients, il ne pouvait plus les contrôler.

Jessy prépara son prochain coup quand Dumbledore apparut aux côtés des professeurs McGonagall, Flitwick et Chourave ainsi qu'Hermione qui restait en retrait.

— Monsieur Potter, je vous prie de vous calmer.

— Professeur, c'est un démon ! On ne peut pas le laisser partir !

Le directeur ne lui répondit pas et s'adressa au présumé démon.

— Êtes-vous Théodore Nott ?

— Qu'est-ce que ça change ? Tuez-moi et le gamin mourra, mentit-il.

Anton n'avait aucune envie de rester là plus longtemps sachant la réputation du directeur de l'école et il se languissait de pouvoir emmener le gamin avec lui pour recevoir sa récompense. Il arma ses mains de son plus puissant pouvoir qui l'illumina et attaqua tous les professeurs en même temps. Tous furent sur le point de périr sous ce coup d'une extrême violence qu'aucune magie ne pouvait arrêter, mais le coup fut arrêté à quelques centimètres des cinq professeurs, désarmés face à l'inévitable. Jessy venait d'apparaître devant eux et bloqua l'attaque par un sort de bouclier qui luisait à travers un miroitement. Tous furent étonnés par ce pouvoir qu'ils voyaient concrètement pour la première fois pour certains et toujours bluffer pour les autres. Dumbledore qui était rarement surpris, fut éblouis par cette magie que lui-même n'avait pas. Seulement, ce contre-sort avait aussi l'effet boomerang et le pouvoir fut renvoyé à l'expéditeur qui hurla de douleur et le laissa agonisant. L'image de Théodore Nott qu'avait pris le demi-démon s'évapora pour laisser place à sa véritable apparence à la surprise de tous.

Anton, ne voulant pas dire son dernier mot, disparut d'un coup dans un feu sombre pour réapparaître du côté des garçons et détruisit d'un coup la protection qui les entourait. Il se baissa pour attraper Harry en espérant disparaître avec lui, mais Jessy, sous le coup de la colère, créa une boule de feu qui rougeoyait dans sa main et la lança contre le démon qui hurla alors que le feu le consumait et explosa dans une myriade d'étincelles. Anton était mort.

Jessy s'effondra d'un coup, le sort l'avait vidé de toutes ses forces. McGonagall se précipita vers lui pour le soutenir.

— Harry ! lança Jessy. Comment va Harry ?

Les professeurs Dumbledore et Rogue s'avancèrent vers les deux garçons toujours inconscients. Hermione se précipita au-devant d'eux. Alors que Rogue allait détacher celui de Drago, Jessy cria :

— Attention aux bracelets. C'est à cause d'eux qu'ils ont été envoûtés.

Rogue sortit un foulard de sa poche et détacha le bracelet. Il fit de même au poignet de Harry. Une fois récupérés, il les enveloppa pour les garder hors de contacts.

Même en les secouant, Harry et Drago ne se réveillaient pas. Jessy approcha d'eux, soutenus par Minerva.

— Ils ne se réveilleront pas tous seuls, j'ai lancé un sort un peu trop puissant.

Jessy se baissa légèrement et passa une main au-dessus des garçons. L'air semblait vibré, puis quelques secondes après, ils se réveillèrent. Ils tentèrent de se redresser tant bien que mal, mais quand ils constatèrent que leurs membres étaient enchevêtrés l'un sur l'autre, Drago poussa Harry.

— Nom d'une gargouille ! Qu'est-ce que tu fais sur moi, Potter ! grogna Drago qui était redevenu lui-même.

Harry grimaça et se leva, gardant une certaine distance entre eux. Le pouvoir des bracelets n'agissant plus, il se rendit compte combien la situation avait mal tourné.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est le démon ? paniqua Harry, se rappelant de leur situation avant de s'évanouir.

— Ne t'inquiète pas, il est mort, le rassura Dumbledore. Allons dans mon bureau, nous y serons mieux pour discuter de tout ça.

Flitwick et Chourave retournèrent dans leur maison, tandis que les autres suivirent Dumbledore. Heureusement, plus personne ne circulait dans les couloirs. Drago marchait derrière eux. Il était perturbé par tout ce qu'il avait fait et ressenti durant plusieurs mois. Il était dégoutté d'avoir été manipulé de cette façon et des sentiments qu'il avait eu pour le Gryffondor. Il observait la silhouette de Harry à côté de son cousin et se demandait comment il avait pu le trouver si attirant. Son visage blêmit au fur et à mesure que ses pensées le ramenaient à l'instant fatidique entre eux quelques jours plus tôt.

Harry se sentit observé et tourna la tête pour remarquer Drago très pâle. Il se souvenait également de tout ce qui s'était passé et n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu être manipulé à ce point. Quoi qu'il se soit passé, il n'éprouvait rien pour Drago, il n'était pas gai ! Pourtant, il ne le détestait pas non plus. Même si ce n'était pas lui qui avait voulu cette hostilité entre eux au départ, cette expérience atténua toute animosité à son encontre. Il ralentit le pas pour se retrouver à sa hauteur.

— Ça va Malefoy ?

— Je n'ai pas besoin de ta sollicitude, grogna le blond.

— C'était bizarre ce qui s'est passé entre nous.

— Il ne s'est rien passé et si tu t'avises d'en parler à qui que ce soit, je te réserverais un châtiment bien pire.

— C'est bon, inutile d'en venir à de telles extrémités. Je n'ai pas l'intention de me ridiculiser en avouant tout ça. Je… je suis désolé pour Théo. C'était un de tes amis…

— Ça ira, je m'en remettrais… Potter ! C'était impressionnant ce que tu as fait tout à l'heure. C'est de la magie ancienne ?

Surpris qu'il aborde le sujet, il avoua :

— Jessy m'a entraîné pendant les vacances de Noël. Il pensait que ça pourrait me servir contre Voldemort.

Drago frissonna légèrement à l'évocation du Lord. Depuis son retour, son père était retourné vers lui et il espérait qu'il ne le mêle jamais au Mage noir, bien qu'il y ait peu de chances qu'on le laisse à l'écart très longtemps.

— C'est pratique… Je ne te promets rien, mais j'essaierais de faire un effort pour moins t'insulter.

— Euh… merci ! dit Harry hésitant à savoir si c'était un compliment.

Un pas venait d'être franchi et Harry se dit qu'ils étaient loin d'être les meilleurs amis du monde, mais il ne tenterait pas le diable pour autant. Hermione avait suivi discrètement leur conversation et préféra cette situation à la précédente.

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— Il est temps que vous nous racontiez tout ce que vous savez. Peut-être comprendrions-nous comment tout ceci a commencé, invita Dumbledore, Harry et Drago à tout révéler.

Drago inspira et débuta son histoire :

— C'était après notre sortie à Pré-au-Lard. J'ai trouvé un bracelet dans la salle commune alors je l'ai pris et mis à mon poignet. Je crois d'ailleurs que je ne m'en suis plus séparé après. Théo venait souvent me parler. Il avait une obsession sur Potter et me disait qu'on devrait davantage lui jouer de mauvais tours. Son père étant proche de Vous-savez-qui, j'ai pensé qu'il voulait suivre ses pas. J'ai fait tout ce qu'il me demandait et sans m'en rendre compte, ce que je faisais n'avait rien à voir avec une vengeance. Ça a commencé à la piscine où j'ai essayé… de voir… Après je l'ai obligé à danser avec moi à la fête de Halloween. Je ne cessais plus de l'observer… il était… bien plus… J'étais pourtant moi-même la plupart du temps, mais dès qu'il était question de Potter… je ne contrôlais plus rien. Jusqu'à il y a trois jours, après les résultats du concours du prince de Poudlard. Théo m'a dit que c'était le moment d'agir. Je lui ai donné rendez-vous à la sortie des toilettes des garçons, j'ai provoqué l'occasion pour que nos bracelets se touchent. C'était comme une déferlante de sensations, tout ce qui m'intéressait, c'était Harry… et j'ai, je l'ai… Bon sang ! ragea-t-il en cachant son visage dans ses mains au souvenir de ce qu'il avait fait.

— Je pense que nous avons à peu près compris le pouvoir de ces bracelets sur vous deux et l'utilité pour le démon de vous tendre un piège par une idée totalement déplacée. Harry, que s'est-il passé ensuite quand vous êtes descendu sous le château, l'invita Dumbledore.

Harry raconta toute la conversation qui avait eu lieu dans le souterrain. McGonagall parut bouleversée et s'assit lourdement sur une chaise. Rogue observa Jessy un long moment pendant les révélations de Harry. Jessy se fustigea intérieurement pour n'avoir pas vu plus tôt ce qui se tramait sous ses yeux.

— Donc, si je résume bien, ce sorcier-démon avait pour mission d'enlever Harry et de l'amener à son patron – Est-ce bien le terme utilisé ? (Affirmation de Drago et Harry) – dans le but d'attirer Jessy dans un piège pour se servir de lui à des fins obscures.

— Nous avions plus ou moins évoqué cette possibilité, dit Jessy. Ce que nous ignorons encore, c'est qui est le démon qui cherche à m'attirer à lui.

— Ce qui est sûr, avança Rogue, c'est que nous avons fait échouer son plan et à moins qu'il n'enlève un autre élève pour prendre sa place, je suggère d'interdire l'accès à Pré-au-Lard à tous les élèves. La sortie de la grotte menait directement aux montagnes derrière le village. Le démon doit forcément se trouver à proximité.

— Je suis d'accord. Jusqu'à ce que nous débusquions ce démon, inutile de faire courir des risques aux élèves, mais également aux professeurs. Qui sait si d'autres demi-démons sont capables de changer d'apparence pour se fondre parmi les sorciers de l'école. En attendant, tous les deux (il pointa du doigt tour à tour Harry et Jessy), soyez très vigilants et avertissez-moi si quelque chose de suspect se passerait. Maintenant, allons nous coucher et essayons d'oublier un temps ces moments désagréables.

Hermione qui était restée silencieuse pendant le temps de la réunion, raccompagna Harry jusqu'à leur dortoir.

— Je suis désolée, Harry, pour ce qui t'est arrivé. J'aurais dû intervenir plus tôt.

— J'avais pourtant vu que le comportement de Malefoy avait changé, mais je n'en avais parlé à personne. Si je m'étais douté de ce qui se tramait, on n'en serait pas là.

— Ce n'est pas de ta faute.

— Le pire dans tout ça, c'est qu'avant que je sois moi-même possédé par le bracelet, je n'ai rien fait pour repousser Malefoy quand il m'a invité à danser.

— Harry, ne me dit pas que…

— Non ! Non, je ne suis pas gai, mais pendant un moment, j'ai pensé que s'il n'y avait pas cette animosité entre nous, nous pourrions être amis. D'avoir vu cette facette de lui qui n'était pas de la méchanceté gratuite m'a un peu retourné, je t'avoue.

— Va savoir, peut-être que cette histoire entre vous vous rapprochera.

— Rêve pas ! Il va peut-être rester sage un moment et après, tout redeviendra comme avant.

Hermione sourit. Elle songea que les garçons étaient parfois des parfaits imbéciles, incapable de voir qu'une amitié était en train de commencer.

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