Bye Bye Tonight

Chapitre 16 : Départ

Catégorie: K

Dernière mise à jour 03/04/2013 06:03

Hermione était assise dans un coin, près du feu. Elle avait soigné elle-même ses blessures, elle avait désinfectée sa main avec une plante qui poussait à l'orée de la forêt. Personne ne lui avait adressé la parole. Elle avait tué plusieurs des leurs, et elle n'avait plus envie de répéter encore qu'elle n'y était pour rien, que c'était la Sorcière qui l'avait obligée, qu'elle n'avait rien pu faire contre. Qu'elle n'était pas une tueuse. C'était un dialogue de sourds. Même Caspian, Peter et Lucy, ses alliés, faisaient la sourde oreille. Ils lui prêtaient attention quelques minutes et trouvaient quelque chose d'urgent à faire, à l'autre bout du camp. Là où elle n'était pas.

Elle essayait de réchauffer son corps, car la sensation de vide n'avait pas totalement disparue. Cette partie d'elle, que la Sorcière retenait, elle lui manquait, comme si on lui avait arraché un bras. Cette partie l'appelait, inlassablement. Et Hermione savait qu'elle continuerait, même revenue dans son monde. Elle but une gorgée du breuvage amer mais chaud, pour se remplir l'estomac, elle n'avait pas faim, et ne tenait pas à se forcer à manger, avec la sensation de dégoût qu'elle avait, cette envie de vomir.

Elle avait faillit mourir. Plusieurs fois, depuis qu'elle était arrivée ici. Ce n'était pas rien, tout de même ...

Mais cette fois, ça n'avait pas été loin ...

Ils allaient récupérer son âme, avant, hein ? Avant qu'elle ne parte. Elle ne pouvait pas partir ainsi, en laissant un bout d'elle-même ici ! Et en même temps, elle voulait laisser des traces ici ... Tout était si compliqué ... Cette histoire se déroulait si vite, elle avait l'impression d'avoir toujours vécu ici et que sa vie avec Harry et Ron n'était qu'un rêve. Elle aurait voulu pleurer de nouveau, mais elle avait atteint le point de non retour, celui où, malgré la tristesse, on ne peut plus verser aucune larme. Elle aurait aimé que Caspian vienne et fasse preuve de sa compassion habituelle. Que Peter lui sourit. Que Lucy lui prenne la main, doucement.

Ils comptaient pour elle. Ils avaient traversés des épreuves. Le genre d'épreuves qui avaient fait de Harry et Ron ses amis, et qui avaient fait de ces gens ses propres amis.

Et elle les avait trahi, non ?

« Tiens. »

Elle sursauta. On ne lui avait pas adressé la parole depuis la veille, au soir, quand Aslan lui avait tourné le dos. Il n'était pas réapparu. Et elle devait partir, selon son ordre, aujourd'hui. Elle leva ses yeux vers Caspian, qui s'assit lourdement à côté d'elle, et elle vit les regards étonnés et désapprobateurs. Elle avait l'impression qu'une inscription rouge était sur son front, hurlant Traîtresse à tout le monde. Elle était étonnée, et en même temps très reconnaissante au Prince de venir lui parler. Même pas un sourire, rien, mais juste le fait de lui parler était un premier pas, non ?

Il lui tendit une chope qui avait une odeur de framboise, et de miel. Hermione le but, et trouva cela bon. Elle observait Caspian, médusée, mais il évitait son regard. Son attitude était étrangement gentille et blessante.

« Nous allons reprendre ton âme, et tu pourras t'en aller selon les ordres de Aslan. »

Il avait un ton de robot, et Hermione ne put s'empêcher de se sentir terriblement seule, face à ce jeune homme qui avait fait preuve d'autant de gentillesse, et qui se montrait à présent froid.

« Caspian, tu sais que je ne l'ai pas fait ! Que c'était la Sorcière qui me contrôlait ! Vous ne pouvez pas me blâmer pour une chose que j'ai fait inconsciemment ! Caspian ! »

Elle avait renversé sa chope, et s'était levée, furieuse et voulant rétablir la vérité. Caspian ne leva même pas le visage, il se leva lui aussi et s'éloigna. Hermione le suivit et rentra dans sa tente à sa suite, et continua de regarder son dos, car il s'obstinait à l'éviter.

« Vous êtes tous injustes ! Donnes donc ton âme à la sorcière, et tu verras l'effet que cela te fait ! »

Elle le sentit plus qu'elle ne le vit se tendre. Elle avait été trop loin, et sortit sans un mot de plus. Elle alla dans sa tente, où Suzanne était. Elle préparait un carquois. En la voyant, Suzanne ne put réprimer un sourire victorieux.

« Oses faire un commentaire, et je te jures que tu le regretteras. »

Elle dut le prendre sérieusement, car la brunette sortit. Hermione resta assise sur son lit défait. Elle s'allongea et regarda la toile. Combien de temps ? Elle n'aurait su le dire, mais c'était comme si elle souhaitait s'imprégner de ce qui l'entourait : les odeurs. Verdure, dans les sous bois, l'odeur des feuilles qui pourrissent et de la brise dans les branches. L'odeur des gens, leur sueur, les odeurs du camp, du feu, odeur de cendres, de braises. Odeur de nourriture. Et soudain elle fut comme arrachée à ce qu'elle ressentait par un appel, si fort qu'elle eut un haut le coeur, comme si son coeur tentait de sortir de sa poitrine. Elle se rua hors de la tente pour voir la Sorcière Blanche et Aslan, face à face.

Que faisaient-ils ?

Question idiote : Aslan allait récupérer son âme, non ?

Elle s'approcha, et les gens sur son passage s'écartèrent, en voyant cela, la femme pâle émit un rire cristallin, aussi froid que la glace. Aslan, pareil à lui-même, était assis, tranquille et calme.

« De toute évidence tu as au moins réussi une partie de ma mission. Peu importe, j'aurai ce que je souhaites. Aslan, comme le disait notre pacte : son âme contre la tienne.»

Elle exultait. Hermione retint un cri. Elle se rua entre la sorcière, qui pointait une longue baguette de bois blanc. Hermione lui lança un regard furieux et se tourna vers Aslan.

« Ne faites pas ça ! Pitié ! Je veux la récupérer, mais pas à n'importe quel prix ! »
« Aslan a toujours été un gros chat trop gentil. Il sait que si tu repars avec une moitié de ton âme, tu finiras par mourir, par dépérir dans ton monde. Comme c'est drôle. Allez, gros chat, approche, que j'extirpe ton âme de ton gros corps.»
« TAISEZ VOUS ! »

Hermione la jeta, comme elle l'avait fait avec Aslan. Elle pensa : pousse. Et la Sorcière fut propulsée sur quelques mètres. Son début de rire cessa, en voyant Hermione nimbée de douces lumières blanches. Elle ne comprenait pas ce qui se passait : elle n'avait rien mangé, elle était faible, elle aurait du s'effondrer, se sentir faible, au lieu de sentir cette force se dégager d'elle. Elle remarqua enfin Caspian, qui était lui aussi nimbé de lumière. Elle ne comprenait pas, mais elle se sentait bien. Aslan émit un rugissement, et poussa Hermione du bout du nez.

« Cette femme est une ignorante. Elle ne sait rien des valeurs qui font l'Âme. Caspian partage la sienne avec toi. Parce qu'il a foi en toi. Parce qu'il sait que cette magie puissante que tu as en toi ne te consumeras pas si tu en fait bon usage. Ton âme qui t'as été arrachée, elle ne peut plus t'être redonnée. Ce qui a été arraché par la magie noire de cette Sorcière, cela ne peut plus être remis en place. Mais on peut faire don de soi, comme le fait le Prince en ce moment. »

Cette force. Cette force ... Elle se sentait enfin complète. C'était comme si, avant, même avec son âme entière, elle était vide. Mais maintenant ... D'un geste, la Sorcière fut comme entravée et baillonée. C'était étonnant, cette puissance magique qu'elle contrôlait facilement. Et cela grâce à la force de Caspian. Mais pas n'importe quelle force.

« La Force de l'amour est la plus forte. Il faudra bien un jour que tu le comprennes, et que cela entres un jour dans ton coeur de glace.»

Hermione n'écoutait pas Aslan, elle s'approchait doucement de Caspian, aussi nimbé qu'elle de lumière. Elle pressa sa paume de main sur sa joue. Elle sentait ses joues inondées de larmes ; des larmes de bien-être, de joie. Elle ressentait ce bonheur, qui grandissait, enflait en elle. Elle se mit sur la pointe des pieds et embrassa le Prince, qui la serra doucement contre lui, comme si il avait peur de la briser. La lumière devint aveuglante, mais pour ceux qui les entouraient. Eux étaient dans une sorte de bulle, blanche et lumineuse. Hermione se recula lentement, et la lumière se fit moins forte. Elle fit un sourire à Caspian, et s'approcha de la Sorcière, avec un air impérieux. Tout le monde, adversaires comme alliés, l'observaient, respectueux.

« Dois-je la tuer ? »

Aslan ne répondit pas. Elle s'empara du couteau qui avait permit à la sorcière de lui arracher son sang, son âme. Et d'un geste, elle le jeta sur la sorcière. Il atterrit près de son visage, ne fit que l'effleurer, et elle émit un cri de surprise et de terreur. Hermione ne sut pas vraiment démêler si elle avait mal visé exprès, ou si le tir lui avait réellement échappé, mais Aslan parut heureux que la sorcière ne soit pas tuée, aussi resta t-elle immobile, tremblante et le souffle court, ses grands yeux posés sur le lion doré qui la dévisageait.

« Tu as l'étoffe d'une Reine Suprême, tu as épargné un ennemi au sol. Hélas il est temps. »

Temps de quoi ?

Elle se tourna vers Caspian. Il la regardait de cette façon douce. Peter s'approcha et son frère et ses soeurs aussi. Suzanne avait le regard rivé au sol, Edmund et Lucy conversaient à voix basse. Peter sourit à Hermione, et elle le trouva courageux de faire face à tout cela, alors qu'il avait un penchant pour elle. Aslan interrompit cependant leurs conversations silencieuses.

« Une dernière chose : Hermione, tu es une fille d'Eve, mais ... Les Pevensies ne sont pas de ton époque. »

Quoi ? Elle manqua une respiration. Ils ne pouvaient pas partir. Ni elle ! Elle ne voulait pas ! Ou pouvait-elle emmener Caspian ? Elle sentait ce bout d'âme, qui n'était pas le sien, mais qui se complétait avec la sienne. Et elle avait partagé ce qui lui restait d'âme avec Caspian. Ils ne pouvaient pas se séparer !

« Leur époque se situe durant une guerre antérieure. Vous ne pourrez donc pas vous revoir. J'en suis navré, mais c'est ainsi. Mais votre temps viendra. Mais ... Tu ne reviendras pas à Narnia. Car ton destin était de faire ce que tu as fait. Une prophétie disait : Elle trahiras pour mieux se relever, et sa magie sauvera Narnia. Tu as épargné la Sorcière, mais tu as la puissance pour la rendre inoffensive. Mais c'était la ton travail. Tu vas devoir rentrer chez toi. »
« Non, je ne veux pas ! Je ne peux pas partir comme cela ! Pas maintenant ! »

Pas maintenant qu'elle avait trouvé son âme soeur. Au sens littéral et figuré. Caspian ... Elle sentait son coeur se gonfler de tristesse. Ce n'était pas possible ! Elle approcha de la Sorcière, et fit ce que lui avait demandé indirectement Aslan : elle anihila la magie de la sorcière avec la sienne. Elle la réduisit à une simple humaine. C'était sûrement un affront pire que la mort, pour elle, mais au moins sa vie avait été épargnée. Hermione se tourna vers Caspian, les joues ruisselantes de larmes. Elle sentait déjà ce tiraillement en elle. Il s'approcha et prit ses mains, doucement. Il ne pleurait pas, mais elle le sentait, au fond d'elle. Elle partageait avec lui ce qu'il était, et elle le sentait aussi triste qu'elle.

« Je continuerais à t'aimer. Et je trouverais un moyen de venir te voir. »

Mais ils savaient tout deux que ce n'était pas possible. Elle se blottit contre lui. Elle était tiraillée entre le bonheur de retourner chez elle, mais elle abandonnait ici plus que ce qu'elle avait cru. Une lumière bleue intense l'entoura, et elle et Caspian se mirent à hurler, en sentant en eux cette sensation d'être tiré par un crochet.

« Caspian ! »
« Hermione ! Aslan, pitié ! Non ! »

Mais elle lévitait lentement dans les airs, les mains tendues vers Caspian. Elle pleurait, à tel point qu'elle étouffait presque. La douleur dans son coeur était une explosion. Son âme était blottie contre celle de Caspian, mais elle se sentait si seule, si vide : Non ! Elle sentit le vent dans ses cheveux, et tout devint noir.

Laisser un commentaire ?