Bye Bye Tonight

Chapitre 15 : Celle qui a Trahi.

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:39

Elle n'avait plus rien, tout était sans importance. C'était bon, elle ne pensait plus à rien. Elle avait fermé ses yeux, intérieurement, pour faire le noir, comme une enfant dans une cellule. Elle n'avait plus mal, elle n'était plus coupable de rien. Elle entendit vaguement des hululements, des hurlements, une fête devait se dérouler. Son corps ne lui appartenait plus, et elle ne voulait pas voir ce qu'elle ferait. Ce que son corps allait faire sans conscience. La Sorcière allait l'utiliser, elle le savait, et elle allait sûrement tuer Caspian, ou Suzanne, ou Lucy, ou Peter. Tuer. Elle ne l'avait pas voulu. Pourquoi ? Elle se sentait comme dans une piscine, comme flottante, dans un endroit vide de tout.

Pourquoi s'être inquiétée de ce qu'elle allait devenir ? Pourquoi avoir fait tout un plat de cette douleur ?

Elle ne ressentait plus rien.

Le Vide. Le Néant.

C'était si agréable ! Etait-ce cela, mourir ?

Pourquoi avait-elle eu si peur de mourir ?

Elle vit à travers ses yeux qu'elle traversait la forêt. Envoyée par la Sorcière, sûrement.

Qu'allait-elle faire ? Elle vit les autres arriver : Laka, Lucy. Ils se jetèrent vers elle, et elle vit leurs regards effarés, en voyant l'état dans lequel elle était : couverte de sang, d'éraflures, de coupures, de cendres, de poudre. Elle était sale, mais elle sentit le sourire vide de joie qu'elle leur fit, puis elle vit Caspian arriver. Mais en voyant le lion également, elle sentit cette corde en elle, comme une douce chaleur. Comme une lumière attirante, mais elle ne voulait pas aller vers elle.

Elle était mieux là.

Non ?

Le lion s'approcha d'elle, souffla sur son visage. Le regard du Lion se mit à briller, et il rugit, et donna un coup de museau sur Hermione.

Elle émit un rire intérieure.

Tout cela devait le dépasser, lui aussi.

Personne ne pouvait rien pour elle.

Elle était morte intérieurement. Et c'était bon. Cette cessation de tout, toute source, toute origine de douleur était partie.

Le lion grognait, il voulait quelque chose. Qu'elle revienne.

Elle l'entendait qui parlait : Fille d'Eve. Courage. Force. Amour. Hermione fit cesser son écoute, elle ne voulait plus être ennuyée.

Elle repoussa le lion.

Elle le repoussa mentalement.

Et il se recula, comme frappé. Il émit un grognement sourd, et se retourna pour parler aux autres. Il s'éloigna, et Caspian se jeta littéralement sur elle, elle lui jeta un regard vide, dénué de sens.

Plus rien n'avait de sens.

Elle leva les mains et sentit sa puissance magique la consumer.

La sorcière voulait qu'elle les tue tous.

Et qu'elle se tue avec eux.

C'était un plan génial, elle devait le reconnaître.

Un plan digne d'elle-même.

Tout étincela autour d'elle. Elle sentit une présence, et elle la tua sans s'en rendre compte : c'était un nain, aux cheveux noirs. Il se consuma dans un bouquet de flammes blanches. Ce fut très joli. Puis, une autre présence.

Caspian.

Elle aurait voulu le consumer, lui aussi, mais quelque chose l'en empêcha.

* Brûle, brûle ! *

Mais il ne flambait pas. Il s'approcha, le visage constellé de larmes. Aslan regardait la scène, de son regard d'or. Il prononça quelque chose.

« Fais-le. »

Elle se souvenait vaguement d'un ordre pareil que celui là, gravé en elle. Mais ce n'était pas important. Elle regardait Caspian, curieuse. Consume-toi, ordonnait-elle, mais un blocage intérieur ne voulait pas le faire. Elle se mordit la lèvre, sentit le sang couler, sans douleur. Des lèvres se posèrent sur les siennes, puis un déchirement physique, de nouveau sans douleur.

Caspian pleurait. Hermione leva sa main, et posa ses doigts sur les larmes qui roulaient sans pouvoir s'arrêter.

Son propre sang bouillonnait par terre. Une dague plantée dans son ventre. Elle baissa les yeux, comme si ce n'était pas son corps qui était percé par cette lame.

Et pourtant, cette vague de froid soudain, elle la sentait venir. Froid, raidissement. Elle leva un regard interdit, en retrouvant lentement ses sens. Elle sentit la douleur qui bouillonnait avec son sang. Et elle eut enfin un gémissement. Aslan se rua alors sur elle et la tint par terre, pour la regarder dans les yeux, tandis qu'elle se sentait partir, avec le sentiment d'être accrochée.

« LUCY DEPÊCHE TOI ! »

Le rugissement était phénoménal. Hermione ferma les yeux, la puissance magique qu'elle avait épuisée était partie. C'était comme si elle était une coquille vide. Elle sentit quelque chose de froid sur sa blessure, mais cela ne faisait rien. Fallait-il qu'il y ait un changement ? Tout lui parvenait comme dans du coton.

« Encore, encore ! » criait-on.

Qui ? Elle ne savait pas. Mais elle avait été libérée de sa prison. Au moins, elle mourrait libre. Mais ca ne se passait pas comme cela. Chaque seconde qui passait, elle sentait sa douleur durer, encore et encore, et elle finit par ouvrir les yeux. Elle était vivante, quoi que faible. Aslan la regarda, et ses yeux étaient baignés de larmes. Il en fit tomber sur les lèvres d'Hermione, qui se sentit soudainement transportée. Comme si elle quittait de nouveau son corps, puis une secousse, et elle revint à elle. Elle se redressa et porta une main à son ventre, où il n'y avait nulle trace de blessures.

« Elle a toujours l'Entité de ton âme. Mais tu as retrouvé le contrôle, au moins.»

Aslan la regardait, avec l'air d'un père face à une fille qui a fait une grosse bêtise.

« Je me suis trompé. Tu n'es pas celle que j'attendais. Tu as été l'instrument qui as été retourné contre nous. Je te laisse cette nuit pour te reposer, et demain, je te ferai retourner dans ton monde.»

Pourquoi l'idée qu'elle n'était finalement pas utile la mettait si mal à l'aise, la rendait si triste ? Elle avait perdu le contrôle, ou plutôt elle avait été utilisée. Et on la blâmait pour ce qu'elle n'avait pas pu empêcher. Ce n'était pas sa faute !

« Non ! Aslan, laissez moi vous aider ! » supplia t-elle, mais le lion s'en alla, de son pas tranquille, en ignorant les pleurs d'Hermione.

En vérité, elle ne voulait pas les abandonner. Ni abandonner son âme. Elle la sentait, qui l'appelait, lointaine et pourtant si proche ... Elle ne voulait pas retourner chez elle, pas encore ... Et aucune main ne vint la consoler, alors qu'elle gisait là, par terre, en larmes.

Car, pour tout le monde, elle était devenue Celle qui avait Trahi.

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