Bye Bye Tonight
Hermione n'arrivait pas à s'arrêter de pleurer Son corps n'était plus qu'une blessure béante : elle sentait sa tête saigner, et sa main s'était infectée. Elle la sentait palpiter sournoisement. Elle était à l'intérieur d'une tente de toile fine, où le noir régnait en maître. Mais elle savait où elle était : la Sorcière Blanche. Elle hésita, tremblante de peur, et à cause de la fièvre due à l'infection. Elle savait que si elle faisait ça, sa situation empirerait, mais en cet instant, elle avait une peur si profonde du noir, des créatures qui pouvaient s'y cacher ...
D'un geste de tête, la tente s'illumina d'une douce lumière blanche. Hermione vit qu'elle était seule, et quelques secondes après, la lumière s'éteignait ; elle était trop faible pour utiliser correctement sa magie. Elle s'allongea sur la paillasse qu'on lui avait donné, et gémit quand sa main toucha le sol. Sa paume était gonflée, et si douloureuse ...
« Sorcière, sorcière ? »
Une petite voix, un courant d'air, si glacé qu'il lui fit mal. L'impression qu'on court sur vous, et un frôlement près de sa joue.
« Je suis Noisette, un écureuil de Caspian. Nous savons que la Sorcière vous a capturé. Vous ... Vous allez bien ? »
Sa petite voix aigue, bien que basse, lui vrillait les tympans. L'écureuil baissa les yeux, et vit l'état lamentable d'Hermione, il eut un hoquet, et sa queue fouette l'air dans un sifflement de rage.
« Je vais avertir directement Caspian ! Ne perdez pas espoir ! Nous serons la bientôt. Ce n'est pas grand chose, mais tenez ...»
Il glissa une noix dans la bouche d'Hermione, qui se retrouva incapable de mâcher, et la recracha dans un dégoût d'elle-même. Que devenait-elle, entre les mains de cette sorcière blanche ? Elle devenait un rebut, une loque. Elle avait si mal ... Elle était de nouveau seule, si seule ! C'était douloureux, tout était douloureux : respirer, inspirer, même ne rien faire faisait mal.
« Amenez la moi ! »
Cette voix, tranchante, glaciale. La Sorcière. Malgré tout son courage, lorsque deux bras s'emparèrent d'elle, elle s'entendit protester, sans trop de forces.
« Non, pitié ... Non ... »
Elle ne voulait plus souffrir, elle en avait assez. Ses limites étaient dépassées, depuis longtemps, et pourtant, elle savait qu'il lui faudrait faire avec. Personne ne viendrait la sauver. Elle se faisait à l'idée : elle ne pouvait faire confiance à personne. Elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle essaya de lever son visage, mais ne réussit qu'à avoir un spasme de douleur.
« Il y a une limite à tout, même au courage d'une sorcière comme toi. »
Comme un coup de fouet, cette remarque fit gonfler le coeur d'Hermione. La sorcière blanche semblait en colère, contre qui ? Pourquoi ? Elle n'aurait pas du se poser ce genre de questions, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Elle aurait du essayer de trouver un moyen de s'échapper. Mais son esprit de petite génie carburait à cent à l'heure : la sorcière n'avait pas apprécié qu'on vienne la sauver auparavant. Elle avait peur que ses plans soient de nouveau avortés. Qu'allait-elle lui faire ?
« Nous avons bien mieux que ta vie, ma belle. Nous avons ton nom. Et sais-tu ce à quoi cela va me servir ? Je vais avoir toute emprise sur toi. Mais, avant que tu ne soit enfermée dans ta propre tête avec l'impossibilité de sortir, je vais tout t'expliquer, je vois à ton visage que tu aimerais en savoir plus, petite curieuse.»
Sa voix, toujours aussi cinglante, était amusée par ses propres réparties. Elle jouait. Elle ne faisait que jouer avec elle, avant la mise à bas, comme dans un rodéo. Hermione ne tenta même plus de bouger, incapable de respirer sans sentir une brûlure dans son corps tout entier.
« Autrefois, Nous existions, sans avoir de Noms. Nous étions de simples Formes, Puissantes. Puis les hommes, les créatures sont apparues, avec ce besoin de nous nommer. Mais , en nous nommant, ils ne prenaient pas conscience de ce pouvoir qu'ont les Noms. Nous, nous nous en sommes aperçut. Et nous avons décidé que chaque créature aurait un Nom. Son âme serait nommée. Selon les clans, les races, il est révélé ou non. Mais ce nom, si on le connaît peut faire partie d'un rituel de magie très noire. Et avec ce rituel, on s'approprie l'âme de la personne. Et on peut en faire ce que l'on veut. Et toi, ma petite Liar ... Je vais faire de toi mon pantin, et me servir de toi pour faire d'Aslan le lion Déchu, et pour tuer tes amis ... »
Hermione ne ressentait plus rien, juste un grand vide froid et intense. Ce nom, Liar, ne lui disait rien. Ce n'était pas possible, tout cela ... Et pourtant, ce n'était pas ce qu'avait fait Voldemort, un peu ? Cacher son vrai nom, s'en affubler d'un autre. C'était pour d'autres raisons, il ne devait pas connaître le véritable pouvoir du nom, mais peut-être qu'inconsciemment, il savait que ceux qui le connaissaient sauraient reconnaître son âme, ce qu'il était réellement ... Il fallait qu'elle soit si loin de chez elle pour qu'elle voit réellement son monde. Comme si, une fois éloignée, elle ouvrait les yeux. Elle poussa un cri désespéré, mais personne ne répondit. Où étaient Aslan, Caspian, Peter ? Ne lui avait-on pas dit qu'on viendrait la sauver ? C'était faux. Faux !
« Harry ! Ron ! Mon dieu ! Aidez moi ! Sauvez moi ... »
Elle gémit, et on la traîna jusqu'à un cercle de feu, où on la lança, au dessus des flammes ; elle roula sur la terre battue, et fit des signes par terre, qu'elle ne reconnut pas. Il y avait aussi des carcasses d'animaux brûlés, et tout les signes d'un autel de magie noire : un trône de pierre sombre, où était assise la Sorcière, qui tenait un couteau, qui ressemblait à un instrument de torture. Elle s'approcha, et les flammes, comme apeurées, la laissèrent entrer dans le cercle. Les créatures du camp hululaient, dans un chant sensuel et hypnotique.
« Je ne ferai pas la même erreur : je vais immédiatement te faire mienne. Tu verras, une fois que tu ne pourras plus faire de choix, tout sera bien plus simple ... »
Elle se mit à hurler à la lune, comme une louve, des cris, des bruits que Hermione ressentaient comme des coups de couteau, les yeux rivés à celui que tenait la Sorcière Blanche.
« Non non ... »
Mais la Sorcière, qui avait fini ses incantations, s'approcha, et trancha la chair d'Hermione, la chair de son ventre. Nouvelle douleur, plus aigue, qui réveilla les autres. Les larmes ruisselaient sur ses joues sales. Elle gémissait de peur. La Sorcière peignit le visage d'Hermione, dans un mélange de cendres et de sang, et continua de hululer à son tour, puis peignit ses lèvres pâles de sang frais, et scella tout cela d'un baiser. Elle ne fit que frôler les lèvres d'Hermione, mais elle sentit comme une brûlure, plus violente que tout ce qu'elle avait connu, mélangée au goût de son propre sang, et elle eut un haut-le-coeur, faillit vomir. La sorcière se recula et jeta dans le feu quelque chose qu'Hermione ne fit pas, et on lui jeta de la poudre au visage. Et ce fut comme si le temps s'était arrêté, pour qu'elle profite de ce qui allait se passer.
L'impression qu'on crochetait l'intérieur d'elle-même. Et qu'on tirait, avec la violence d'une armée. Et Cela sortait lentement d'elle. Elle ne le voyait pas, mais au fur et à mesure qu'elle sentait Cela s'éloigner, partir d'elle, elle pleurait à chaudes larmes, en hurlant, en criant, en se débattant. Il n'y avait plus de douleur physique, juste celle-là, comme si on lui arrachait le coeur. Et tout fut calme. Elle était vide, vide de l'intérieur. La Sorcière avait gagnée : elle avait son âme. Hermione, incapable de bouger, vit tout de même quelque chose de brillant voleter jusqu'à une fiole en verre. La Sorcière poussa un cri de victoire, et tous le reprirent. Hermione se sentit bouger, sans qu'elle puisse faire quoi que ce soit contre.
« Liar, Liar ... Tu es à moi ... »
Hermione était prisonnière d'elle-même. Elle était dans sa tête, et ne pouvait plus décider de quoique ce soit. Elle n'avait plus mal, ne ressentait plus rien. Il n'y avait plus qu'un trou noir en elle. Et, par certains côtés, elle se sentit comme ... Morte. Morte de l'intérieur.