Bye Bye Tonight
Elle se rua à la suite de Caspian, brisant le lien de sa main et de celle de Peter. Elle courut à la suite du prince, qui ne daigna se retourner que lorsqu'elle lui tira le bras.
« Caspian, s'il te plaît ! »
« Je ne voulais pas réagir comme ça, excuse moi. »
Il fit volte face et sourit à Hermione, doucement, comme si ca avait pu être douloureux. Mais en voyant ses yeux, en voyant qu'il faisait semblant d'être aussi décontracté, elle se sentit à la fois coupable et furieuse.
« Arrêtez de vous comporter comme si je pouvais appartenir à quelqu'un ! Je ne suis à personne ! Avant de venir ici, j'étais ... J'étais presque sûre de savoir ce que je voulais ! Mais voilà que tu sonnes ta putain de trompe, et que je dois venir dans ton monde pour tuer une sorcière ! J'avais pas besoin de venir ici pour devoir en tuer ! Je ne suis donc bonne qu'à ça ? Me servir de mes pouvoirs pour tuer ? Même avec Harry ou Ron, on se disait qu'on devrait en venir à cette éventualité. C'était inévitable. Mais je n'ai pas envie de tuer ! Vous ... Vous me dégoûtez tous ! Merde ! »
Un tel éclat de sa part était surprenant, et elle vit le regard surpris du prince se poser sur elle, comme si il ne comprenait pas un traître mot de ce qu'elle disait. Elle poussa un grognement strident, et s'éloigna presque en courant, pour se retrouver seule, dans la forêt. Elle continuait de marcher d'un pas furieux, les larmes aux yeux.
Qu'est-ce qu'ils avaient tous ?! Ils ne pouvaient pas tomber amoureux d'elle ! C'était impsosible. Ils ne la connaissaient pas ! Ils pensaient la connaître, mais c'était faux ! Les seuls qui la connaissaient c'était Harry et Ron. Et encore. Ron avait parfois du mal. Harry, lui, s'en fichait un peu. Il avait Ginny. Elle soupira en songeant que cela faisait longtemps qu'elle avait oublié l'idée même d'un prince charmant, et qu'elle venait d'en trouver deux. Et Ron, dans tout ça ? Elle ne savait pas quoi en faire : elle l'appréciait énormément, elle pensait être amoureuse de lui, mais en arrivant ici, tout était devenu flou. Tout était compliqué.
« Il faut être fou pour vouloir aimer. » murmura t-elle en s'asseyant dans la mousse.
Elle n'avait besoin d'aucun prince charmant pour le moment. Elle songea que si quelque chose devait se faire, cela se ferait. Point. Elle n'avait pas besoin de se faire du mauvais sang pour ça. Mais en essayant de faire le vide, elle n'arrivait toujours pas à s'empêcher de penser. Peter. Caspian. Elle n'avait pas besoin de faire un choix, mais son coeur allait pourtant vers l'un d'eux. Une préférence. Pourquoi ? Elle n'aurait su le dire. Ils étaient tous les deux très gentils, différents, mais avec le même bon fond. Elle se releva, et aperçut une silhouette filiforme. Elle se redressa lentement, et vit une sorte de femme arbre.
« Je vous ai entendue » dit doucement une voix qui ressemblait au vent, qui semblait venir de partout et vous enveloppais comme un linge mouillée, vous faisant frissonner.
La forme se révéla être une Dryade. Une de ces créatures des légendes grecques. Un esprit des arbres, féminin, qui protégeait l'arbre où elle vivait. Elles avaient une forme feuillue, mais très jolie. Celle face à elle était nue, entièrement, et sa peau était de l'écorce claire, lui donnant l'allure d'une marionnette. Ses yeux étaient deux trous, et son visage inexpressif, mais sa voix recelait de toutes les nuances de sentiments possibles. Hermione la regarda s'approcher comme un oiseau craintif. Elle était jolie, dans sa nudité fragile, dans ses gestes doux et précautionneux, dans sa forme proche de la nature. Ses cheveux étaient de longues feuilles, des racines ; ils ondulaient comme qu'ils étaient vivants.
« Je ne vous ai jamais vue au camp. » dit Hermione, car elle aurait remarqué une créature telle que la demoiselle de bois.
« Je viens d'arriver avec les miens. »
Encore une fois, cette voix chaude et froide en même temps. Hermione la regarda se cacher pudiquement derrière un arbre, comme si elle craignait le regard de la sorcière. Troublée par ce comportement, Hermione ne put s'empêcher de se poser des questions.
« Je ne vais pas vous manger. Venez avec moi. » l'invita t-elle.
La dryade s'approcha, si lentement qu'elle se confondait presque aux autres arbres, et finit par se tenir debout, en face de Hermione, à quelques mètres d'elle. Hermione pencha la tête sur le côté.
« Vous avez un prénom ? »
« Ma race trouve que les prénoms donnent des emprises sur les choses. Connaître le nom véritable d'une chose, c'est emprisonner son âme. C'est une vieille légende. »
« Oui, je connais. Les elfes d'autrefois auraient eu plusieurs noms, et leur véritable nom n'était donné qu'à un petit cercle de personnes, car celui qui le connaissait pouvait faire de cet être une marionnette. »
« Les prénoms n'ont aucune importance, quand vous connaissez la véritable essence de l'âme. Mais les hommes l'ont oubliés. Voudriez-vous que je trouve en vous votre véritable nom ? »
« Heu ... Je ... Je ne sais pas. »
Les yeux sans globes étaient posés sur elle, et Hermione réprima un frisson. Elle se jugea idiote d'avoir peur, et hocha la tête. La dryade s'approcha et prit les mains d'Hermione dans les siennes ; le bois était doux au toucher, chaud, vivant.
« Ton âme est étincelante. Forte. Courageuse. Tu as une aura blanche, si forte, si forte ... »
Hermione cria en sentant un doigt de bois transpercer sa main comme une lance. Elle ouvrit les yeux, pour découvrir le pouce de la dryade, enfoncé dans sa paume de main, et ressortant du dos de sa main, dans un flot de sang. La douleur furieuse fut charriée dans ses veines, tandis que la dryade prenait des allures de serpent de bois : ses cheveux ondulaient comme une masse grouillante, et sa bouche s'ouvrit enfin, révélant des crocs de bois et une langue fourchue, peinte en rouge.
« Tu es Liar ! » Rire sinistre, qui aurait fait frémir Hermione si elle n'était pas en train de pleurer, essayant de retirer le bout de bois dans sa main, en vain. La dryade riait aux éclats, un rire qui faisait onduler la forêt tout entière. « Liar, Liar, Liar ! »
Et le poids d'un tronc d'arbre s'abattit soudain sur le sommet du crâne d'Hermione, qui sentit le voile rouge s'effondrer sur elle, sa main enfin libérée du doigt de bois, elle se serra en boule avant de perdre connaissance, les derniers mots qu'elle entendit furent ce nom, répété sans arrêt de cette voix glaciale : « Liar ! Liar ! »