Bye Bye Tonight
« Debout ! »
L'eau jetée à son visage paraissait chaude, tellement elle avait froid. Ses vêtements étaient troués car elle avait été traînée et tirée pendant tout le trajet, elle avait les genoux en sang, et était extrêmement faible. Hermione se releva péniblement, manquant de tomber ; la chaîne qui enserrait son cou l'étranglait presque, elle suffoqua un instant mais reprit sa respiration plus calmement sous le regard agressif du Minotaure. Il l'amena sans délicatesse devant la sorcière blanche, qui ne daigna même pas baisser son regard, Hermione vit qu'elle observait ce qui semblait être une carte.
« Allez l'attacher au poteau, au milieu du bûcher, car c'est ce que l'on fait, dans ton monde, non ? On brûlait les sorcières. Je me demande comment tu réussiras à résister à la douleur des langues de feu. »
Hermione eut un frisson, presque un spasme de peur. Non ! Elle aurait voulu se débattre, mais elle n'arrivait plus à rien, à peine avait-elle le courage de continuer à avancer et de respirer. Elle baissa la tête, alors qu'on la ligotait à un poteau de bois. Quand bien même l'aurait-on libérée de sa chaîne de glace qu'elle n'aurait pas été bien loin, en se sauvant. Le Minotaure dut se faire la même remarque, car il émit un rire sinistre et grinçant, tout en s'éloignant après avoir vérifié qu'il avait serré les liens si fort que Hermione en avait mal aux mains, la circulation coupée. Elle sentait son coeur battre de plus en plus lentement, sous le froid, si fort qu'elle ressentait de moins en moins la douleur. Elle faillit tomber lourdement, quand ses liens la libérèrent. Elle fut retenu par une main chaude, qui raviva sa douleur lorsqu'elle fut remise contre le poteau. Mais ses paupières closes par ses larmes gelées s'ouvrir toutes grandes quand elle entendit dans un souffle rauque :
« Ne craignez rien, nous sommes venus vous sauver. »
Un murmure si vague, qu'elle pensait rêver. De nouvelles larmes vinrent s'ajouter aux premières, larmes de soulagement : était-ce possible que Caspian soit vraiment là ? Elle ne sentait plus ses liens, juste une main qui les remplaçait, pour donner l'apparence aux créatures du camp qu'elle était toujours attachée. La chaleur, presque violente contre sa main, était une douleur sourde et pourtant, Hermione n'avait jamais prit autant de plaisir à sentir qu'on la touchait. Cette chaleur se propageait en elle, comme un feu. Cela faisait mal, mais au moins, elle était en vie ! Elle avait cru y passer, que le froid aurait raison d'elle, et ca avait été presque une bonne chose en songeant à ce que la sorcière allait lui faire subir. Elle était si soulagée qu'elle ne pensait même pas à la raison de la présence de Caspian, ni à comment il était arrivé là, ni si les autres étaient avec lui. Elle se concentrait juste sur chaque prochaine respiration, douloureusement vivifiante.
Une flèche siffla, puis une deuxième. Et ce fut le chaos le plus total. Hermione voyait la neige et la glace tourbillonner. Mais elle ne fut pas longtemps à travers ce carnage. Elle se sentit volée, prise à son poteau de bois glacé, et elle fut serrée dans des bras. La chaleur, de nouveau brutale, s'empara d'elle, si fort qu'elle en poussa un gémissement, mais Caspian l'ignora, essayant de la réchauffer un peu tandis que les Narniens s'emparaient du camp.
« Tu es glacée ! De loin, tu ressemblais à une statue, j'ai bien cru que tu étais morte ... »
Il y avait une telle tristesse dans sa voix ... Hermione fut de nouveau prise dans des bras, elle était incapable de bouger, et ses mains étaient gelées. Elle n'osa pas les regarder, ni essayer de les bouger, de peur qu'ils ne se cassent comme du verre. Le camp fut rapidement vidé de la Sorcière et des autres, et la raison en était simple : Aslan. Comment avaient-ils pu penser qu'il les abandonnerait ? C'était ce que son regard sembla demander à Hermione quand ses yeux à moitié clos le virent. Il s'approcha d'elle, et souffla lentement sur elle. Une chaleur bienfaisante, douce s'insinua en elle, comme si elle était dans un bain tiède, et même si sa peau était encore rougie à cause du froid, elle se sentait totalement réveillée et bien mieux. Aslan sourit - ou elle devina que si son visage de lion avait été expressif, il aurait sourit, bien que ses grands yeux d'ambre aient une lueur désapprobatrice. Hermione frissonna, et réalisa que Caspian était à ses côtés, et venait de la déposer au sol, elle réalisa aussi qu'elle portait le manteau du prince : il avait essayé de la réchauffer par tout les moyens. Elle lui fit un pauvre sourire.
« Mes enfants ... » souffla t-il, et chacun présent ressentit en lui cette fibre, qui lui disait qu'Aslan était son maître, le grand fondateur, un être si bon et si doux qu'il en devenait un dieu. Hermione ressentit un pincement en elle : elle n'était pas de ce monde. Elle se tourna légèrement et vit que les Pevensie, un peu plus loin, se tenaient à l'écart. Edmund et Peter étaient couverts de sang, Lucy était pâle et Suzanne avait une balafre sur son front.
« Aujourd'hui, nous avons sauvé celle dont nous avons besoin. Mais j'ai honte pour vous ...Honte de ceux qui ont osé ne pas croire en elle. Honte de ceux qui ont cru bon de me trahir, en croyant qu'en la vendant, nous pourrions survivre. »
Et Serra se retrouva seule, les autes s'étant écartés. Le lion s'approcha d'elle, mais la naine ne recula pas.
« J'ai cru bien faire. » déclara t-elle. « Elle a voulu tuer le Prince, et elle serait des notres ? Tous le monde l'a entendue hurler : Tue le, l'autre soir, dans la tente du Prince. Elle n'est pas des notres. Le Roi suprême et les autres encore, oui, mais elle, non. »
Son ton était catégorique, et Hermione se demanda soudain si sa soudaine magie accumulée pour être possible sans baguette, ce n'était pas un piège de Serra et la sorcière. La naine finit par ciller et baisser les yeux devant le regard constant et profond du lion.
« Laisse moi te dire une chose, mon enfant : cette fille est celle qui nous sauvera tous. Et, par ta faute, tu as faillit faire échouer le plan qui visait à nous voir survivre. Vit avec cela sur ta conscience. Ce sera ton expiation. »
La naine écarquilla les yeux, et Aslan se détourna d'elle, pour avancer vers Hermione de nouveau ; il frotta sa joue du bout de son museau, et son contact était si doux, si chaud, c'était comme toucher le bonheur rendu physique, comme si Aslan n'était que des atomes de bonheur, elle ressentait cette douceur en elle, profondément, et d'un geste instinctif, elle serra la main de Caspian dans la sienne, en espérant lui faire partager ce qu'elle ressentait. Le lion se tourna vers Caspian, et eut un grognement qui ressemblait à un rire.
« Mon fils. Tu es un être courageux, comme tous ceux qui sont venus aujourd'hui pour sauver cette fille d'Eve. En attendant le moment décisif, je te confie sa vie et sa sécurité. »
Le temps d'un clignement d'yeux, et il avait disparu, comme il savait si bien le faire. la tension qui régnait se dissipa doucement, et Hermione fut emmenée d'urgence sous une tente, où on s'activa à la nourrir et à soigner ses plaies. Elle riait tout abs devant tant de soins, mais surtout devant le regard rempli d'indulgence de Caspian, assis face à elle et qui se réjouissait de la voir manger de bon appétit. Hermione lui raconta ce qui s'était passé, et elle en était arrivé à raconter sa mauvaise nuit, après qu'on l'ait maltraitée pour s'amuser, quand les Pevensie entrèrent dans la tente. Suzanne s'approcha d'un air raide.
« Je tenais à m'excuser pour ma conduite.»
Son ton disait le contraire : la guerre est déclarée ! Mais c'était toujours mieux que rien, hein ? Quoi de mieux que des excuses hypocrites ? ironisa Hermione. Elle hocha la tête, et tous les quatre s'assirent sur des coussins. Caspian laissa Hermione poursuivre, mais elle remarqua qu'il avait à présent le regard baissé, comme si la regarder le gênait quand il y avait les Pevensie. Hermione mit ça sur le compte de la fatigue : Caspian n'était pas un homme qui dissimulait ce qu'il ressentait, il était comme un homme enfant. Quand elle eut finit, elle but une gorgée d'eau, et alla se blottir dans les couvertures, puis leur demanda ce qui leur était arrivé à eux. Maintenant qu'elle allait bien mieux, sa curiosité était ravivée, et elle était si heureuse de les voir vivants !
« J'ai vraiment cru que vous étiez morts ! C'était affreux, j'ai même songé à me laisser mourir de froid, plutôt que de devoir subir les atrocités de la Sorcière ... Que s'est-il passé quand ils vous ont amenés ? » demanda t-elle avidement, en posant son regard sur Peter et Caspian.
« Nous avons beaucoup marché jusqu'à la Gorge Rocheuse. Les bords étaient verglacés, et nous avons faillit tomber plus d'une fois. Mais nous laisser tomber des rives était trop facile : ils ont voulu nous lancer du haut d'une sorte de falaise de glace. Aslan nous y attendait, allongé calmement dans la neige comme si il s'agissait de sable. D'ailleurs, quand il était là, le froid se faisait moins fort, et nous avons vu la glace fonre sous ses pattes.» raconta Peter, avec un large sourire.
« Aslan à fait fuir les créatures et nous a libérés, puis il nous a fait part de son plan : la Sorcière nous croyait vaincus, autant profiter de notre avantage. Nous ne pouvions pas te laisser. Même si Aslan n'avait pas eu besoin de toi, nous aurions été te sauver. »
« Tu es une Narnienne, mais surtout, tu es notre amie. » acheva Lucy avec un sourire désarmant.
Hermione faillit fondre en larmes devant un tel débordement d'affections, mais le sanglot passa vite, rattrapé par un rire rempli de joie. Une joie qu'elle n'aurait jamais cru retrouver. C'était comme si son coeur avait été gelé de l'intérieur. Suzanne sortit rapidement, l'air mécontent, suivit d'Edmund qui semblait plus sympathique à présent - son visage se permit même un sourire à l'adresse de Hermione. Lucy fut l'une des dernières à partir. Puis Peter, qui se pencha vers Hermione, posa solennellement sa main sur son épaule, et lui souhaita bonne nuit. Hermione le regarda partir, un peu surprise devant son geste. Elle lança un regard interloqué à Caspian, qui éclata de rire, visiblement soulagé qu'elle aille mieux.
« Je crois que tu plait beaucoup à Peter. Il ne cesse de faire ton éloge partout : intelligente, courageuse, puissante sorcière qui va tous nous sauver, gentille ... »
« Il ne me connaît même pas ! » rétorqua Hermione.
« Cela ne change rien, quand quelqu'un nous plaît, nous avons tendance à tout aimer chez elle, non ? »
Hermione, troublée, baissa le regard, puis haussa les épaules.
« J'ai déjà quelqu'un, de toute façon. »
Ce n'était pas exactement ça. Ron ne lui avait jamais déclaré sa flamme, et à chaque fois, il avait fait de vaines tentatives qui s'étaient toujours soldées par un échec. Il était vraiment trop maladroit. En repensant à cela, elle eut un sourire amusé, qui n'échappa pas à Caspian.
« Tiens, raconte-moi ta vie, sur ton monde. Comme ça, tu ne pourras plus me dire, à moi, que je ne te connais pas. »
Elle lui lança un regard faussement accusateur et ils éclatèrent de rire. Rien n'était vraiment drôle, dans leurs paroles ou la situation, mais il y avait tellement eu de bouleversements, qu'ils prêtaient à rire de tout. Enroulée dans ses fourrures, Hermione raconta sa vie banale d'adolescente moldue, sans trop de détails sur la technologie, ce qui aurait paru bizarre à Caspian. Ils rirent beaucoup devant les maladresses de vocabulaire de Hermione, qui tentait souvent d'expliquer des choses au Prince. Ce dernier racontait aussi des épisodes de sa vie, qui rappelait des choses à Hermione. Chacun allait de sa petite histoire. Ils en vinrent à faire naître un profond respect pour l'un et l'autre : ils avaient chacun vécut des choses dures, Hermione devant lutter contre Voldemort avec ses amis ; Caspian ayant du renverser son oncle du pouvoir, après qu'il ait tenté de le tuer.
« Je te trouve courageuse. Tu sais, peu de monde aurait osé dire oui à la sorcière, comme tu l'as fait. Mettre sa vie en danger, pour nous sauver. »
« Mais toi, tu l'aurais fait. » devina t-elle avec un sourire en coin, tandis qu'elle commençait à s'endormir, bercée par la voix grave de Caspian, la chaleur, le ventre plein, et sa nuit glaciale.
« Exact.» prononça t-il doucement, en la regardant s'endormir. Il sourit et la porta pour aller l'allonger jusqu'à son lit. Il la regarda dormir quelques instants. Cette fille, qui venait de nulle part, venait de chambouler ses convictions. Elle était étrange, courageuse et fragile. Elle ressemblait à Suzanne, par certains aspects. Suzanne ... Ils étaient restés un certain temps sans se voir, et il s'était fait à l'idée qu'elle ne devait plus l'aimer. Lui-même avait peu à peu cessé, sans promesse de se revoir, il avait arrêté d'attendre. Et la voilà qui revenait, en imposant un droit sur lui. Que pensait-elle ? Elle n'avait rien à craindre d'Hermione. Il soupira et alla s'installer sur un coussin où il entreprit de déchiffrer un manuscrit ancien. Il n'arrivait pas à trouver le sommeil, ces temps-ci. La respiration d'Hermione, hachée, lui sembla douce, et quand il la vit s'agiter, il s'approcha et la borda de nouveau, plus tendrement qu'il ne l'aurait voulu.
Il regarda le visage de la jeune sorcière, détendu, où certaines marques de coups étaient encore visibles. Elle avait subit des choses qu'elle n'aurait pas du : elle devait combattre, mais ce n'était pas son monde. Pourquoi combattait-elle, ici ? On lui avait imposé cette guerre, ce n'était pas juste ! Et pourtant, elle se battait avec plus de hargne et de rage que certains. Et Caspian savait que ce n'était pas juste pour récupérer sa baguette : elle était comme cela, douce et généreuse. Capable du meilleur pour les autres. Il chassa une mèche de cheveux du front de la demoiselle, en se demandant quel genre d'aventure allait encore les attendre. Il se promit de la protéger du mieux qu'il pourrait, et essaya de se convaincre au fond de lui-même qu'il faisait cela surtout pour Aslan.