Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé
Chapitre 19 : L’Ombre de la Rose Noire
1307 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
Kieran se tenait dans l’ombre du grand arbre qui bordait la cour de l’école, son regard figé sur une vieille baguette oubliée par terre. Une étrange attraction le liait à cet objet, comme si quelque chose de profond en lui réagissait à sa simple présence. Il n’avait jamais remarqué à quel point cet objet, pourtant insignifiant pour d’autres, semblait le hypnotiser. Chaque fibre de son être brûlait d’une énergie sourde en la contemplant, une énergie qu’il ne comprenait pas. Il avait toujours été fasciné par la magie, mais là, c’était différent, comme si la baguette elle-même l'appelait.
Les pouvoirs qui résidaient en lui, hérités de sa mère, la Redoutée Rose Noire, semblaient grandir de jour en jour. Ses capacités d'Obscurial, longtemps refoulées et ignorées, se déchaînaient maintenant de manière incontrôlable. Plus il essayait de les maîtriser, plus elles semblaient se déployer, comme une force implacable qu'il n'arrivait plus à contenir. Ce n’était pas juste la peur d’être ce qu’il était, mais une peur plus profonde encore : celle d’un héritage qu'il ne pouvait fuir, une destinée que sa mère semblait lui avoir tracée depuis le début.
Un soir, après l’école, alors qu’il se trouvait dans la grande maison familiale, Kieran sentit une présence familière dans l'air, une ombre qui n’avait rien d’ordinaire. Il tourna la tête et aperçut sa mère, Elara, se tenant dans l’encadrement de la porte. Ses yeux étaient perçants, glaciaux, son visage toujours aussi indéchiffrable. La Rose Noire. Le simple fait de la voir apparaître avait toujours un effet déstabilisant sur lui. Mais ce soir-là, quelque chose avait changé. Il sentit un goût amer dans sa bouche, un malaise qu’il n’arrivait pas à repousser. Il savait que sa mère avait une emprise totale sur lui, mais plus encore, il sentait que la pression de ses pouvoirs montait, prête à exploser.
« Kieran, » dit-elle d'une voix calme, presque trop calme. « Tu sembles distrait. Quelque chose te tourmente. »
Il sentit son cœur s’emballer. Ses mains tremblaient légèrement. Il avait voulu lui parler, lui confier ce qui se passait en lui, mais une voix intérieure, plus forte que jamais, lui disait qu’il ne pouvait pas. Pas à elle. Pas à la femme qui l’avait élevé dans l’ombre de ses ambitions et de ses manipulations. Ses yeux se détournèrent de la silhouette imposante de sa mère.
« Rien, » murmura-t-il, les mots se heurtant dans sa gorge. « Je suis juste fatigué. »
Elara s’avança, ses pas silencieux sur le parquet, son regard lourd de sous-entendus. Elle le scrutait, l’observait de manière bien plus perçante qu’il ne l’aurait souhaité. Elle savait ce qu’il ressentait, mieux que lui-même. Elle savait que la magie grandissait en lui, qu’il n’était qu’à la surface d’une mer agitée qu’il n’aurait plus la force de maîtriser.
Elle posa une main glacée sur son épaule, un contact étrange et presque froid, loin d’être réconfortant. Kieran se tendit sous le contact.
« Kieran, » commença-t-elle, sa voix douce mais menaçante, « tu sais ce que tu es. Et tu sais aussi ce que tu dois faire. Tu ne peux pas lutter contre ce que tu portes en toi. »
Les mots d’Elara s’enroulaient autour de lui comme des chaînes invisibles, lourdes et oppressantes. Il avait du mal à respirer sous l’effet de l’influence de sa mère. Il avait toujours ressenti qu’il n’était qu’un outil dans son grand dessein, une marionnette qu’elle dirigeait avec une précision froide et calculée. Il avait l’impression de se noyer dans un océan de pouvoir qu’il ne comprenait pas. Et pourtant, la douleur était bien réelle.
Ses yeux se levèrent enfin pour la fixer, une colère sourde bouillonnant dans son regard.
« Pourquoi m’as-tu donné cette magie ? Pourquoi ne m’as-tu pas laissé choisir mon propre chemin ? »
Elara le fixa longuement, sans répondre immédiatement. Ses yeux ne trahissaient aucune émotion. Puis, presque d’un souffle, elle répondit : « Tu as toujours su, Kieran. Tu as toujours su que ce chemin était le tien. Nous avons chacun une place dans ce monde.»
Elara s’éloigna lentement, et Kieran se sentit soudainement seul. Seul avec la magie qui bouillonnait en lui, seul avec l’héritage de la Rose Noire, seul avec cette partie de lui qu’il n’arrivait plus à comprendre. Le bruit des pas d'Elara s’éteignit dans le couloir, mais son poids, sa présence, restait suspendue dans l’air comme une ombre oppressante.
Il resta là, immobile, son regard fixé sur le sol. Le silence semblait l'étouffer, mais au fond de lui, une autre forme de silence régnait, un silence lourd, nourri par la peur et l'incertitude. Il se sentait prisonnier, pris au piège dans une toile invisible tissée par sa propre mère.
Puis, dans un souffle, il se leva, déterminé à ne plus se laisser engloutir. Il s’éloigna du fauteuil, se dirigeant vers la fenêtre. Les étoiles brillaient faiblement dans le ciel nocturne, mais il ne les voyait plus comme avant. Elles semblaient désormais plus éloignées, plus inaccessibles. La magie, cette puissance qu’il portait en lui, l’appelait, et il savait qu’il ne pouvait plus ignorer cet appel.
Au loin, dans l'ombre, une silhouette se dessina dans la lumière pâle de la lune. Kieran se figea. Il n’avait pas imaginé cette présence. Elle était là, comme un spectre silencieux, observant. Il tourna la tête et aperçut, dans les ténèbres, Elara, cachée dans l’obscurité, comme si elle attendait le moment parfait pour apparaître et lui révéler tout ce qu’il ignorait encore.
Ses yeux noirs se fixèrent sur lui, un éclat froid et indéchiffrable brillant au fond de son regard.
Kieran se sentit soudainement vulnérable, comme un insecte pris dans une toile d’araignée invisible. Mais il n’avait pas le choix. Les mots de sa mère résonnaient encore dans son esprit : Tu n’as pas le choix. Chaque syllabe semblait un avertissement, un murmure qui le prévenait qu’il n’échapperait pas à son destin.
Il tourna son regard vers elle, mais Elara n’avait toujours pas bougé. Elle était là, juste en dehors de la portée de sa vue, mais Kieran savait qu’elle l’observait. Une pression invisible s'exerça sur lui. Tout en lui hurlait de fuir, de se cacher, de ne pas l’affronter, mais quelque chose dans son âme lui disait qu'il devait faire face à ce qui venait. La vérité, aussi douloureuse soit-elle, devait être confrontée. Et elle, elle attendait ce moment.
Alors qu'il restait là, figé entre l'héritage qu'on lui avait imposé et la vie qu'il n'avait pas choisie, Kieran sentit un frisson le parcourir. Il n’était pas seul. La Rose Noire était là, et avec elle, l’ombre qui le suivrait pour toujours.
Il se tourna finalement vers la fenêtre, les poings serrés. Il savait que le moment viendrait où il ne pourrait plus fuir. Et lorsqu'il se retournerait, Elara serait là, prête à le conduire sur le chemin qu'elle avait tracé pour lui, un chemin de ténèbres qu'il n’avait jamais voulu emprunter.
Mais pour l'instant, tout ce qu'il pouvait faire, c’était attendre. Attendre que la Rose Noire fasse son prochain mouvement.