Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé

Chapitre 17 : Les Secrets d’Elara

1109 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

La nuit n’était plus ce qu’elle avait été. Elle n’était plus douce, ni étoilée, ni silencieuse. Elle avait une odeur de cendre, comme si quelque chose, quelque part, avait brûlé depuis longtemps… et que les braises couvaient encore, prêtes à rallumer un feu ancien.


Au loin, dissimulé au cœur des collines boisées d’Italie, se dressait un manoir oublié du monde. Son architecture, à la fois noble et cyclopéenne, semblait avoir été taillée dans la roche même du temps. On disait qu’il n’apparaissait sur aucune carte, moldue ou magique. Caché par un entrelacs de sortilèges anciens, il échappait à toute détection, protégé par un voile d’illusions si dense qu’on ne le voyait que si l’on connaissait déjà son existence. Peu de vivants en étaient capables.


Mais entre ses murs couverts de lierre, là où la pierre suintait encore d’antiques enchantements, la magie vibrait à nouveau. Une magie vieille comme le monde, impitoyable et patiente. Et en son sein, une femme ouvrait enfin les yeux. Pas au sens propre. Elle les avait toujours gardés ouverts. Mais aujourd’hui, elle voyait. Elle se rappelait.

Elara.


Ou plutôt… La Rose Noire.


Elle n’était plus la silhouette endeuillée qu’on avait enfermée dans un rôle de veuve tragique. Elle n’était plus l’épouse brisée, ni la mère disparue. Elle n’était plus celle qui avait pleuré en silence. Elle avait été tout cela, oui — mais ce n’était qu’un prélude. Une mue.


Derrière ce masque de douleur, une force avait grandi. Une volonté froide et déterminée. Elara s’était cachée. Elle avait attendu. Et maintenant, elle s’éveillait. Non pas comme un être nouveau, mais comme ce qu’elle avait toujours été au fond : l’héritière du chaos. Le dernier maillon d’un sang oublié. Et le monde allait bientôt s’en souvenir, qu’il le veuille ou non.


Pourtant, ailleurs dans le manoir, tout semblait paisible. Les couloirs résonnaient des pas légers de deux enfants, inconscients de l’ombre qui rampait doucement autour d’eux.


Kieran, neuf ans, escaladait les rebords de la fontaine du jardin intérieur, fasciné par les statues recouvertes de lierre. Le garçon avait hérité des yeux d’Elara, mais son regard brillait d’une curiosité bien plus douce. Il croyait encore aux contes, aux héros, aux légendes. Il ignorait que certaines d’entre elles dînaient dans la salle en contrebas, dissimulées sous des capes sombres et des serments anciens.


Derrière lui, Elladora, six ans, sa petite sœur, sautillait gaiement en serrant son doudou contre elle. Elle riait facilement, comme seules les âmes intactes peuvent encore le faire. Tout en elle était lumière : des boucles désordonnées jusqu’aux petites étoiles qu’elle semblait laisser derrière elle en courant.


« Tu crois que cette statue peut bouger ? » demanda-t-elle en tapotant le socle d’un doigt curieux.


Kieran prit un air grave. « Peut-être. Dans les vieux châteaux magiques, certaines statues sont vivantes. Mais faut pas avoir peur. Si tu leur dis bonjour, elles sont gentilles. »


Elladora se pencha vers la pierre. « Bonjour, dame statue. »


Le rire de Kieran éclata, limpide. Le vent leur répondit en soulevant un tapis de feuilles mortes. Pendant un instant, le manoir tout entier sembla retenir son souffle. Le monde pouvait encore être simple.

Mais dans une aile reculée, le temps avait cessé d’être un enfant.


Elara se tenait seule dans une vaste salle à peine éclairée. La table devant elle était recouverte de cartes du monde sorcier, de grimoires effrités par le temps et de fragments d’artefacts interdits. Les flammes dans l’âtre dansaient sans bois, nourries par une magie silencieuse, impie.


Autour d’elle, les Légions reprenaient forme.


Des silhouettes encapuchonnées apparaissaient une à une, invoquées par son retour, par son nom. Certains avaient traversé des océans. D’autres étaient sortis des limbes de l’oubli. Tous la saluaient avec un mélange de dévotion et de crainte. Les ordres avaient déjà été donnés. Des éclaireurs avaient été envoyés. À Londres, Arkhaal, Prague, Carthance… Les sceaux étaient en place. Les portails se formaient. Et les premiers signes du chaos à venir n’auraient besoin d’aucune annonce. Ils seraient leur propre langage.


Mais Elara ne voulait pas seulement la guerre. Non. Elle visait davantage. Elle voulait la mémoire. L’héritage. Que le nom de La Rose Noire ne soit plus murmuré dans les ombres comme une légende honteuse, mais gravé dans la pierre et dans le sang.


Et surtout, elle voulait récupérer ce qu’on lui avait arraché : un avenir. Son avenir. Et celui d’une autre. Une fille. L’enfant d’une ancienne prophétie. Une survivante.

Elizabeth.


Elle tourna la tête, lentement, comme si elle percevait les éclats de rire au-delà des murs. Un sourire triste fendit ses lèvres.


« Ils ne doivent rien savoir. »


Un bruissement d’ombres répondit à ses mots. Un homme apparut derrière elle, un de ses plus anciens lieutenants, le visage dissimulé.


« Ils sont innocents », dit-il.


« Et ils doivent le rester. Pour l’instant. Quand le moment viendra… je les préparerai. Mais pas maintenant. »


Elle se retourna vers lui. Dans ses yeux, il n’y avait ni folie, ni pitié. Seulement la douleur vive d’une mémoire qu’aucun sortilège n’avait pu effacer.


« Le monde a tenté de briser mon héritage. De me voler ma lignée. J’ai perdu un mari. J’ai perdu mon nom. Mais ils ne me prendront pas mes enfants. »

Le soldat s’inclina profondément.


« Les ordres sont prêts. Dès la lune noire, les premières attaques auront lieu. »


Elara hocha la tête. « Laissez une marque, toujours. Pas un simple carnage. Une signature. Ils doivent savoir… que ce n’est pas la fin du monde. »


Elle leva la main.


« C’est le début du mien. »


Une rose noire s’épanouit lentement au-dessus de la table, suspendue dans l’air comme un présage. Magie ? Symbole ? Serment ?


Dans le jardin, Kieran leva les yeux vers le ciel. Un frisson le parcourut, bien qu’aucun vent ne soufflât. Il attrapa la main de sa sœur, la serra doucement.


« Il va pleuvoir, je crois », murmura-t-il.


Elladora regarda le ciel sombre. « Il fait tout noir. »


Mais aucune pluie ne tomba.


Seulement une odeur.


Une odeur de cendre.

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