Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé
Chapitre 15 : Les Fardeaux de l'Héritage
950 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
Le bureau d’Oncle Albus était un peu sombre, mais pas comme une pièce qui fait peur. C’était un noir tranquille, comme celui d’un soir où on chuchote des histoires avant de dormir. Elizabeth entra sans faire de bruit, même si personne ne lui avait dit de se taire. Elle avait juste l’impression qu’il ne fallait pas parler fort, ici.
Il y avait plein de papiers sur le bureau, un peu froissés comme les dessins qu’elle cachait sous son lit. Des livres avec des couvertures toutes abîmées, certains très gros, d’autres tout minces. Et plein de choses posées un peu partout : un sablier qui brillait sans bouger, une plume qui écrivait toute seule sur un coin de parchemin, une boule en verre où des nuages tournaient lentement. Elle les regardait sans les toucher. On lui avait appris à ne pas toucher sans demander.
Mais ce qui la fit s’arrêter, c’étaient les photos. Posées là, sur le bord du bureau. Une photo avec un monsieur qui souriait — il avait des lunettes, et un rire qui faisait plisser ses yeux. Elle savait que c’était son papa, James. Et à côté, une dame avec de très longs cheveux, brillants comme des fils de soleil. Sa maman, Savannah. Elle les connaissait, ces visages. Ils étaient sur les cadres dans sa chambre. Mais ici… c’était différent. Les images bougeaient doucement. Et ils avaient l’air vivants. Vivants, mais loin. Comme dans un rêve qu’on oublie en se réveillant.
Oncle Albus était là, assis derrière son bureau, tout penché sur un papier. Il le regardait comme s’il voulait entendre ce qu’il disait. Il avait l’air sérieux, avec ses sourcils froncés, et ses yeux un peu fatigués. Il ne l’avait pas entendue entrer.
Elizabeth resta un moment à regarder. Elle serrait fort son doudou contre son ventre, un petit chien en tissu qui s’appelait Momo. Elle savait qu’elle n’avait pas le droit d’être là toute seule, mais elle avait entendu Oncle Albus parler, et elle s’était inquiétée. Il avait parlé tout seul, avec une voix toute triste.
Elle fit un pas, puis un autre. Son pyjama rayé frottait un peu sur ses jambes. Elle n’aimait pas le tissu, mais elle avait eu la flemme de se changer. Elle voulait juste voir Oncle Albus.
« Oncle Albus ? » dit-elle doucement.
Il sursauta, releva les yeux, puis rangea très vite le papier sous un gros livre. Il lui fit un petit sourire. Pas un vrai sourire, pas un sourire joyeux. Juste un petit coin de bouche qui monte un peu.
« Lizzie… tu es réveillée ?»
Elle hocha la tête, en avançant encore.
« Je t’ai entendu… tu parlais tout seul.»
Albus soupira, posa sa plume, et se frotta les yeux.
« Je réfléchissais. C’est tout.»
Elle ne dit rien, mais regarda le livre où il avait caché le papier. Elle n’avait pas le droit de fouiller, elle le savait. Mais elle avait envie de demander.
« C’était une lettre ? » chuchota-t-elle.
Albus hésita. Il la regarda longtemps, comme s’il se demandait s’il devait lui dire. Puis, il hocha doucement la tête.
« Oui. Une vieille lettre. Pour ton papa.»
Elizabeth s’approcha et monta doucement sur ses genoux. Il ne dit rien. Il passa juste un bras autour d’elle. Elle était petite, encore légère. Elle se blottit contre lui, le doudou entre eux.
« Tu lui écrivais souvent ? » demanda-t-elle.
« Non. Celle-là… je l’avais écrite le soir où je t’ai vue pour la toute première fois. Tu étais si minuscule. Tu tenais à peine dans mes bras.»
Elizabeth ferma un peu les yeux. Elle essayait de s’imaginer ce moment, mais elle n’y arrivait pas. Elle ne se souvenait pas de ce jour-là. Elle ne se souvenait pas de son papa non plus. Juste de sa voix parfois, dans un rêve, ou d’un parfum qui restait accroché à un coussin.
« Et… tu l’as envoyée ?»
Albus secoua la tête, très doucement.
« Non. Je ne savais pas s’il la lirait. Mais je voulais lui dire que je serais là pour toi. Que je veillerais sur toi. Pour toujours.»
Elle releva les yeux vers lui. Il avait les yeux brillants, mais il ne pleurait pas. Elle non plus. Pourtant, son ventre faisait un peu mal. Comme quand on a peur, ou qu’on s’ennuie trop fort de quelque chose.
« Tu me protèges, alors ? Comme dans la lettre ?»
« Bien sûr, Lizzie. Toujours.»
Elle hocha la tête. Puis elle se serra un peu plus contre lui, le bras autour de son cou. Elle sentait son cœur battre, lentement. C’était rassurant. Comme un tambour calme. Comme une chanson qu’on connaît par cœur, même sans les mots.
« Les photos… tu les gardes parce que tu veux pas les oublier ? »demanda-t-elle tout bas.
Albus regarda les cadres, puis reposa son regard sur elle.
« Oui. Parce que je les aime. Et parce qu’ils font partie de toi.»
Elizabeth sourit un petit peu. Pas un sourire joyeux. Un sourire triste, mais doux.
« Moi aussi, je les aime… même si je me rappelle pas.»
Et dans ce bureau un peu vieux, un peu rempli de souvenirs et de poussière, le silence revint. Mais c’était un silence qui ne faisait pas peur. C’était un silence-câlin. Un silence qui serre fort, et qui promet qu’on n’est pas tout seul.