Le journal de Neville Londubat
5 octobre 1995
Je crois que c’est aujourd’hui que tout a changé.
Ce matin encore, je n’aurais jamais imaginé que je finirais la journée dans un pub mal éclairé, à écouter Hermione Granger nous proposer de créer une sorte de… rébellion. Et pourtant, me voilà, assis dans mon dortoir, le cœur battant et les pensées plein la tête, incapable de trouver le sommeil.
C’était censé être une simple réunion. Juste quelques élèves, rassemblés dans un pub miteux de Pré-au-Lard. La Tête de Sanglier. Rien que le nom donne froid dans le dos. C’est un endroit étrange, sombre et poussiéreux, avec des tables bancales, des vitres crasseuses et une odeur d’humidité et de bière rance. Un lieu où même les ombres semblent se méfier de faire trop de bruit. Et pourtant, c’est là que nous nous sommes réunis. C’était parfait. À l’abri des regards.
On était une vingtaine. Des visages connus et d’autres que je n’aurais jamais imaginés dans une réunion clandestine. Des Gryffondor, bien sûr. Quelques Poufsouffle — Hannah Abbott, Justin Finch-Fletchley. Des Serdaigle aussi, comme Cho Chang et Terry Boot. On était là, serrés dans nos capes, le souffle suspendu, à écouter Hermione expliquer qu’on ne pouvait plus attendre.
Que quelqu’un devait nous apprendre à nous défendre.
Et ce quelqu’un, c’était Harry.
Au début, il a protesté, évidemment. Il a ce réflexe, toujours, de se mettre en retrait, comme s’il avait peur d’être pris pour ce qu’il est vraiment : un leader. Il a dit qu’il n’était pas professeur, qu’il n’était pas fait pour ça. Mais quand il a parlé de ce qu’il avait affronté : les Détraqueurs, le Basilic, les Mangemorts.
Voldemort lui-même de ce qu’il a fait à la fin de l’année dernière. Je me souviens de la Coupe de Feu. Je me souviens de Cédric
il n’y avait plus de doute. Il sait.
Et nous, on ne sait rien. Pas vraiment. Ombrage nous gave de fausses certitudes, de silence et de méfiance. Elle nous empêche de nous préparer, de comprendre, de grandir. Elle nous veut dociles.
Moi, j’en ai assez d’être docile.
Quand Hermione a demandé qui voulait s’engager, j’ai hésité une seconde. Pas parce que je doutais. Mais parce que j’ai senti, au fond de moi, que c’était une étape importante. Il n’y aura pas de retour en arrière possible . Puis j’ai levé la main.
Et en la levant, j’ai pensé à mes parents.
Ils ont rejoint l’Ordre du Phénix quand la première guerre a commencé. Ils savaient que c’était dangereux. Ils savaient qu’ils pouvaient y laisser leur vie. Et pourtant, ils ont choisi de se battre. Pour le monde magique. Pour les innocents. Pour moi, même s’ils ne savaient pas encore que j’existais.
Aujourd’hui, c’était à mon tour de faire ce choix. Ce n’est pas l’Ordre du Phénix. Ce n’est pas encore une guerre. Mais c’est un début. Un refus de se taire. Une graine de résistance.
Je n’ai pas leur courage. Pas encore. Je ne suis pas le fils dont Grand-mère rêve. Mais ce soir, j’ai fait un pas. Fini d’être dans sagement dans l’ombre à regarder les autres.
On ne sait pas encore comment on va s’organiser. Hermione a proposé de faire signer une liste pour s’assurer qu’on peut se faire confiance. Elle a même jeté un sort dessus, au cas où quelqu’un nous trahirait. J’ai écrit mon nom. Pas avec la main la plus assurée, mais je l’ai fait.
Et en quittant la Tête de Sanglier, j’ai ressenti quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Quelque chose de petit, de fragile, mais de précieux.
Une petite flamme qui commence à battre au fond de mon âme.
Je ne sais pas ce que les jours à venir nous réservent. Mais je sais que je ne suis plus seul. Et que si mes parents me voyaient aujourd’hui, j’aimerais croire qu’ils seraient fiers que je suive leurs traces.
Aujourd’hui, quelque chose a commencé. La nouvelle génération a prit conscience qu’une nouvelle guerre se prépare…