Harry Potter (I) : L'Héritage Maudit

Chapitre 25 : Dans l'Ombre du Héros

799 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 4 mois

Albus était dans le parc, immobile, les bras croisés contre sa poitrine comme pour contenir quelque chose qui menaçait de se briser. Ses yeux restaient fixés sur un arbre au loin — un vieux chêne noueux dont les branches s'étirent comme des bras fatigués vers le ciel. C’était là que tout avait commencé, autrefois. C’était là que son père lui avait appris à voler sur un balai, ses mains guidant les siennes avec patience. C’était là aussi qu’ils s’étaient assis, bien des années plus tard, quand le temps se faisait court et que les silences disaient plus que les mots.


Tout semblait si flou, désormais. Comme si ces souvenirs appartenaient à une autre vie, à un autre Albus. Celui qui croyait encore qu’un parent était immortel. Celui qui n’avait pas encore appris à respirer sans modèle à suivre.

Les autres ne comprenaient pas. Ils ne pouvaient pas. Comment vivre dans l’ombre d’un père devenu légende ? Comment grandir avec le poids d’un nom qui ne lui appartenait pas vraiment, mais qu’il portait comme une armure trop lourde, trop grande, trop pleine d’attentes ?


Albus inspira lentement, ses poings se referment jusqu’à ce que ses ongles s’enfoncent dans sa paume. La douleur du vide… elle, au moins, était fidèle. Le vide laissé par la disparition de son père, bien sûr, mais aussi celui d’un avenir qu’il ne savait plus dessiner. Un avenir sans guide. Sans repères. Qui était-il, sans Harry Potter ?


Chaque pas qu’il faisait semblait l’éloigner de lui-même. Chaque reflet dans le miroir lui renvoyait une image déformée : un héros qu’il n’était pas, un garçon qu’il n’était plus. Il se laissa tomber dans l’herbe, la fraîcheur de la terre le ramenant un instant à l’instant présent. Il ferma les yeux. Le vent faisait bruisser les feuilles au-dessus de lui, et il s’imagina que c’était la voix de son père, encore une fois. Mais ce n’était qu’un souffle vide. La douleur, il l’avait apprivoisée avec le temps. Elle n’était plus violente, mais sourde, constante. Comme une note tenue trop longtemps. Ce qu’il ne parvenait pas à apprivoiser, c’était la solitude. Celle qui s’était glissée dans chaque pièce depuis l’enterrement. Celle qui persistait même entouré de visages familiers.


Un bruit de pas sur les feuilles mortes brisa sa torpeur. Il ne bougea pas, mais son cœur accéléra, comme surpris d’être encore capable de réagir. Lily s’approchait. Elle ne portait pas son sourire habituel. Son visage était tendu, sérieux, marqué par la fatigue du chagrin, elle aussi. Elle s’assit à côté de lui sans un mot, ses genoux ramenés contre sa poitrine. Le silence entre eux était lourd, mais familier. Ce genre de silence qu’on partage seulement avec ceux qui ont vu les mêmes ombres.


Ils restèrent ainsi longtemps. Albus ne comptait plus les secondes. Il n’y avait que la respiration lente de sa sœur, et le bruissement des feuilles, encore. Puis, doucement, Lily brisa le silence.« Tu sais… je ne peux pas prétendre savoir exactement ce que tu ressens. » Elle parlait lentement, comme si elle pesait chaque mot. « Mais… tu n’es pas obligé d’être lui. Papa était un héros, oui. Mais toi, tu n’as pas à l’être pour quelqu’un d’autre. Tu peux être autre chose. Tu peux être toi.»


Albus tourne lentement la tête vers elle. Il ne dit rien. Mais quelque chose dans ses yeux venait de changer. Comme si, pour la première fois, ces mots ne glissaient pas sur lui. Comme s’ils avaient trouvé une faille dans la carapace. « Ce qui compte, reprit-elle, c’est ce que toi tu choisis de devenir. C’est toi qui décides. Pas l’histoire. Pas les autres» Un silence. Puis elle posa sa main sur celle de son frère.« Tu as le droit de ne pas savoir tout de suite.»


Il sentit quelque chose se fissurer. Pas dans le mauvais sens. Une tension qui se relâche. Une brèche vers autre chose. Albus détourna le regard et fixa à nouveau l’arbre. Mais il ne le voyait plus tout à fait comme avant. Il n’était plus seulement l’arbre des souvenirs. Il pouvait devenir l’arbre des recommencements. Il se leva lentement. Ses jambes étaient engourdies, mais son cœur un peu moins lourd.


« Merci, Lily. murmura-t-il.



Elle le regarda s’éloigner. Il n’avait pas de destination. Mais il avait fait le premier pas.



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