Secrets de Serpentard (III) : Les Mangemorts

Chapitre 28 : Le Flavirier Argenté

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Dernière mise à jour il y a 27 jours

Le Flavirier Argenté



Quelques minutes plus tard, Lucius courait à perdre haleine dans les couloirs du manoir. Pour la première fois de sa vie, il détestait cette demeure trop grande, trop isolée, dans laquelle sa femme risquait de perdre la vie. Il avait le sentiment atroce que l'histoire se répétait. Sa mère, et maintenant, sa femme... Ce manoir devait être maudit.

Il avait eu du mal à se décider à partir. Si son plan échouait, il devrait affronter, en plus du deuil, la culpabilité d'avoir abandonné sa femme dans ses derniers instants. Car quand il reviendrait, Narcissa ne serait peut-être plus de ce monde...

Lucius avait du mal à respirer. Il desserra vainement son col pour la énième fois, et tenta de réfléchir calmement. Il n'avait pas le choix, il devait tenter le tout pour le tout. Son plan ne se basait que sur des rumeurs, mais il devait saisir cette chance, si infime soit-elle.

Il saisit une poignée de la poudre de Cheminette. Ses mains tremblaient tellement qu'une partie de la poudre se dispersa sur le tapis, produisant de petites étincelles vertes.

Il s'éclaircit la gorge : ça n'était pas le moment de bafouiller. Intérieurement, il invoqua tous ses ancêtres et des siècles d'éloquence pour parvenir à articuler correctement :

– 12, square Grimmaurd !

***

Dans la cuisine du 12, square Grimmaurd, Walburga Black plaquait ses longs doigts osseux contre sa tasse de tisane brûlante. Comme toutes les nuits, le sommeil avait emporté son frère Cygnus, qui ronflait bruyamment dans sa chambre, mais refusait de venir jusqu'à elle.

Et soudain, elle sursauta : la gargouille posée sur la cheminée avait remué la queue. Celle-ci s'ébroua, et coassa :

– Maîtresse, quelqu'un demande l'autorisation de pénétrer votre maison.

Walburga resta interdite quelques instants. Personne ne lui avait rendu visite depuis la mort de Regulus.

– Qui est-ce ?

– Lucius Malefoy, coassa la gargouille. Il semble agité, et...

– Fais-le entrer, l'interrompit Walburga en se levant d'un bond.

Lorsque Lucius apparut dans la cheminée, Walburga Black était debout face à lui, sa longue cape noire sur les épaules. Et elle avait déjà deviné ce que Lucius venait lui demander.

– Le bébé arrive, n'est-ce pas ? demanda-t-elle calmement.

Lucius acquiesça, hors d'haleine. Face à lui, Walburga l'observait avec méfiance ; il devina qu'elle pensait à Regulus, et qu'elle le suspectait d'avoir participé à son assassinat.

– Je ne sais pas ce qu'il est arrivé à votre fils, haleta Lucius. Je le jure ! S'il vous plaît, Mrs Black, j'ai besoin de votre aide... Narcissa est en danger.

Walburga le regarda longuement, puis, sans rien dire, elle prit place à côté de lui dans la cheminée.

De retour au manoir, ils parcoururent les couloirs en sens inverse, au pas de course. Lucius ne cessait de desserrer son col, et de s'éponger le front. À côté de lui, Walburga marchait rapidement et sans effort, et sa longue cape ondulait silencieusement autour d'elle au rythme de ses pas. Elle ne disait rien, le front plissé, extrêmement concentrée.

Lucius avait été bien renseigné. Lorsqu'elle était tombée enceinte pour la première fois, Walburga avait été terrorisée par cette perte de contrôle sur son propre corps, par l'idée de perdre la vie ou celle de son enfant. Elle sentait ses jambes s'alourdir de jour en jour, sa poitrine lui faisait mal, son dos trop mince peinait à supporter le poids de l'enfant à naître. L'histoire d'Athénaïs Malefoy, morte en couche quelques années auparavant dans son grand manoir luxueux et esseulé, la hantait obstinément. Walburga avait lu tous les ouvrages sorciers qui parlaient de soins magiques, mais les vieux mages qui faisaient progresser la sorcellerie semblaient avoir oublié la manière dont ils avaient été conçus, et étaient nettement plus intéressés par les migrations saisonnières des hippogriffes que par le sauvetage des mères en détresse.

C'était une des grandes limites du monde magique : au Royaume-Uni, dans le peuple sorcier, il y avait une petite trentaine d'accouchements par an, et la plupart des mères préféraient se rendre dans un hôpital moldu, ceux-ci étant bien plus savants en la matière. Aucun Magicomage, donc, n'avait pris la peine de s'instruire suffisamment pour parer à toutes les éventualités. Et les mères de famille de Sang-Pur, pour qui il était absolument inconcevable de mettre les pieds dans un établissement moldu, et a fortiori pour qu'un de ces parasites mette leur enfant au monde, étaient contraintes, par leur propre étroitesse d'esprit – ou pire, par celle de leur famille – de donner la vie en étant entourés d'incapables, sachant pertinemment que la moindre complication risquait de tourner au désastre.

Alors, Walburga avait fait quelque chose de tout à fait impensable pour quelqu'un de son rang. En soutenant à deux mains son ventre rebondi, un capuchon fermement enfoncé sur la tête, elle s'était rendue dans une librairie moldue et avait acheté une cargaison entière de livres de Gynécologie Obstétricale. Et elle les avait lus d'une traite, cachée dans la grande chambre du dernier étage – qui était devenue celle de Sirius, quelques mois plus tard – en prenant bien soin de les dissimuler sous une petite trappe.

Walburga aurait préféré mourir plutôt que de l'avouer, mais elle avait été absolument fascinée. Fascinée par la connaissance que ces Moldus avaient du corps féminin. Fascinée par leur capacité à compenser leur inaptitude à la magie par l'observation et la méthode. Fascinée par leur logique et leur précision, certes rébarbatives mais aussi pragmatiques, incontestables et rassurantes.

Ses deux accouchements s'étaient parfaitement bien passés, et Walburga avait su résister à l'envie de lire des dizaines de livres semblables. En revanche, quelques années plus tard, lorsqu'elle avait appris que Sarah Parkinson allait donner naissance à des jumeaux, elle lui avait proposé son assistance et la jeune femme, folle d'angoisse, avait accepté. Ça n'avait pas manqué : la situation avait rapidement commencé à s'envenimer, le deuxième bébé n'arrivait pas à sortir, il était mal positionné... Rien de bien compliqué, en réalité, mais les Magicomages étaient totalement déboussolés, même celui qui avait fait naître les énormes jumeaux Crabbe quelques années auparavant. Heureusement, Walburga se souvenait des rudiments de ce qu'elle avait lu, et après avoir donné quelques instructions aux Magicomages, tout était rentré dans l'ordre.

Lorsqu'on lui avait demandé d'où elle tenait ses connaissances, elle avait prétexté l'instinct féminin, et personne n'avait osé se montrer soupçonneux. Mais sa réputation de « sauveuse de femmes » était restée. Et ce soir, malgré l'affolement, cette anecdote était ressortie dans la mémoire de Lucius, limpide.

Lorsque Walburga entra dans la chambre de Narcissa, son excitation laissa place à une panique mêlée de consternation. La scène était un véritable carnage. Narcissa était allongée sur son lit, les yeux clos, pâle et figée comme une statue de marbre. Sa robe bleue, le lit et le sol étaient couverts de sang. Seul à ses côtés, un jeune homme au nez crochu et à l'allure étrange lui tenait la main et tentait de la réveiller par quelques formules maladroites.

– Pousse-toi, lui ordonna Walburga en entrant.

Rogue s'écarta aussitôt, intimidé par la froideur et le regard perçant de Walburga, mais aussi par sa ressemblance frappante avec ses deux fils. Sans lui accorder le moindre regard, avec des gestes vifs et précis, Walburga retira sa cape, s'approcha de Narcissa et l'examina attentivement. Elle chercha son pouls à son poignet, à son cou, et palpa prudemment son ventre, les yeux clos.

Puis elle se tourna vers Lucius, l'air grave.

– Le bébé est vivant, affirma Walburga. Étrangement, il ne semble pas souffrir... En revanche, Narcissa est en train de mourir. Et ce n'est plus qu'une question de minutes.

Lucius ne répondit pas. Il regardait Narcissa avec intensité, livide. Elle était toujours inconsciente, et semblait déjà se trouver quelque part entre la vie et la mort.

– Je ne comprends pas ce qu'il se passe, avoua Walburga. Cela ne correspond à aucune affection non-magique... A-t-elle fait quelque chose de particulier pour tomber enceinte ? Des potions, des enchantements ?

– Je n'en sais rien, gémit Lucius. Je ne crois pas...

Il semblait sur le point de défaillir. Voyant qu'elle n'obtiendrait rien de lui, Walburga se tourna vers Rogue, qui ne savait plus très bien où se mettre.

– Toi, dit-elle avec autorité. Va voir si tu trouves un indice dans la salle de bains.

Rogue revint quelques secondes plus tard, un flacon vide en main, encore imprégné de la potion rouge sang qu'il contenait avant qu'elle soit bue.

– Potion d'Enfantement, lut-il sur le flacon. Bon sang, j'ai entendu un marchand en parler, dans l'Allée des Embrumes... C'est un poison mortel !

Walburga se tourna vers le visage immobile de Narcissa, et Rogue surprit de la tristesse dans son regard.

– Il faut que je sorte l'enfant, déclara Walburga. Il vaudrait mieux que vous sortiez tous les deux... Après lui avoir dit adieu.

Lucius se mit à trembler, et s'appuya contre le mur pour ne pas s'écrouler. Alors que Rogue se précipitait pour le soutenir, il passa devant une fenêtre, et une vive lumière argentée attira son regard vers le jardin.

– Le Flavirier Argenté, dit-il soudain. L'Arbre de Vie.

Une idée venait de germer dans son esprit. Il se tourna vers Lucius, mais il n'était pas en mesure d'écouter quoique ce soit. En revanche, Walburga avait très bien compris ce qu'il avait en tête. Elle opina du chef et l'encouragea du regard. Rogue se précipita sur le bureau, prit une plume, un parchemin, manqua de renverser l'encrier, et écrivit de mémoire la légende qu'il connaissait par cœur.

– Lis ça, ordonna-t-il en donnant le parchemin à Lucius.

– Tu crois que c'est le moment ? s'indigna faiblement Lucius en le repoussant.

– Cela pourrait sauver Narcissa, le pressa Walburga. Vite !

Toujours tremblant, Lucius consentit à parcourir du regard les premières lignes du texte qu'avait écrit Rogue.

Un jour, lors d'un duel, la Vie a fait tomber

Sur la terre des mortels, l'un de ses sabliers

Dans des endroits sacrés, de grands arbres ont poussé

Flaviriers argentés, ainsi fussent-ils nommés.

– Qu'est-ce que c'est que ça ? dit Lucius en levant la tête, furieux. Nous n'avons pas de temps à perdre avec ces légendes idiotes !

– Continue à lire, ordonna sèchement Walburga Black. Continue, te dis-je !

Si tu oses t'en servir, il te faudra prélever

Au plus profond de l'arbre, de la sève argentée

Puis avec précaution, appliquer sur la plaie

D'où s'échappe la vie de l'être qu'il faut sauver.

– Cela signifie que... Que l'arbre peut la soigner ?

Walburga et Rogue acquiescèrent, mais ils ne semblaient pourtant pas très enthousiastes.

– Alors qu'attendons-nous ? Allons-y immédiatement ! dit Lucius en se précipitant vers la porte.

– Ça n'est pas fini, insista Walburga en le retenant fermement. Lis jusqu'au bout, nom d'une gargouille !

À contrecœur, les mains tremblantes, Lucius acheva sa lecture :

Mais prends bien garde, mortel, car les années volées

Au double, peut-être au triple, te seront dérobées

Lorsque naïvement, tu te penseras sauvé

Car la Mort est joueuse, et ne saurait accorder

Sans rien prendre en échange, le moindre acte de pitié

– Qu'est-ce que... Qu'est-ce que cela signifie ?

Walburga le regarda avec gravité.

– Cela signifie qu'aujourd'hui, nous pouvons sauver Narcissa... Mais qu'un jour ou l'autre, quelqu'un devra mourir à sa place. Et que cela te coûtera cher, Lucius.

– Quelqu'un ?

– Toi. Ton enfant. N'importe qui, pourvu que cela te fasse du mal.

– N'importe qui, répéta Lucius, hébété. Ce doit être moi !

– Tu ne peux pas le décider, dit Rogue. Et tu ne peux pas décider non plus quand cela arrivera. Ce pourrait être dans quelques jours, ou dans des années...

– Et si l'un d'entre vous le faisait à ma place ?

– Ça ne marcherait pas, dit Walburga. En ce qui me concerne, la Mort n'a plus rien à me prendre, elle n'a donc rien à me donner. Quant à ton ami... Il faut une volonté de fer pour extraire la sève, et il n'est sûrement pas assez proche de Narcissa pour réussir... Il faut que ce soit toi, Lucius.

Lucius regarda par la fenêtre, catastrophé, et aperçut le Flavirier Argenté qui se dressait dans l'obscurité du jardin. Au-dessus de l'arbre scintillant, le ciel devenait noir comme de l'encre, comme si la Mort avait entendu leur conversation et l'encourageait à venir la défier.

– Vous êtes certaine que vous ne pouvez rien pour elle ?

– Certaine. Je peux sauver votre enfant, mais hélas, à moins d'un miracle, Narcissa est déjà perdue.

Lucius était terrassé par le choix terrible qui s'offrait à lui. Sauver sa femme, en l'échange d'une autre vie... Si son enfant mourait à cause de lui, alors qu'il était attendu depuis si longtemps, il ne se le pardonnerait pas... Oui, mais ça n'était peut-être pas lui que la Mort prendrait, c'était ce qu'il fallait espérer... S'il choisissait de sauver Narcissa, il y avait peut-être une chance qu'ils survivent tous les deux, et que la Mort choisisse d'emporter quelqu'un d'autre... En revanche, si Lucius ne faisait rien, Narcissa était condamnée...

Pendant une fraction de secondes, il s'imagina devant la tombe de Narcissa, un nourrisson pleurant dans ses bras... Le corps de sa femme emprisonné dans un cercueil, ses yeux bleus fermés à jamais...

À cette simple pensée, Lucius eut l'impression que son cœur explosait.

Non, il ne pouvait pas laisser faire ça. Il devait agir.

Sans rien dire, il marcha vers une armoire, en sortit un long poignard effilé, une petite fiole qu'il glissa dans sa veste, et il sortit de la chambre à grands pas, visiblement décidé à se rendre dans le jardin.

– Va avec lui, ordonna Walburga à Rogue.

Rogue obéit et partit à la suite de Lucius. Une fois seule, Walburga se tourna vers Narcissa, et lui prit à nouveau le poignet : son pouls était presque imperceptible, irrégulier et filant. Sur sa robe bleue et sur les draps, le sang devenait sombre, et son visage aux paupières closes était déjà d'une pâleur spectrale.

– Je suis là, Narcissa, murmura Walburga. Tout ira bien.

Puis elle remonta ses manches, palpa soigneusement le ventre de sa nièce, et y pointa sa baguette.

***

Étendue sur son lit, Narcissa tentait désespérément d'ouvrir les yeux, de protéger son bébé, de réclamer Lucius auprès d'elle. Même si elle n'avait pas la force de bouger, et que tout était confus autour d'elle, elle sentait que la vie s'échappait de son corps, elle sentait qu'il ne lui restait plus que quelques instants à vivre, qu'elle glissait inexorablement vers la mort – et pourtant, une autre vie s'apprêtait à commencer, là, tout près...

Bats-toi, priait-elle intérieurement. Bats-toi, mon petit, bats-toi encore, tout ira bien, Papa va arriver...

Et pourtant, Lucius n'était pas là, Narcissa le sentait. Les bribes de voix qui parvenaient jusqu'à elle appartenaient à sa tante Walburga, ce qui la terrifiait.

Sauvez-le, par pitié, pensa Narcissa, désespérée. Sauvez mon enfant, ne lui faites pas de mal...

– Diffindo, dit soudain la tante Walburga.

Narcissa ressentit une douleur fulgurante, de plus en plus intense. Horrifiée, elle sentit quelque chose lui labourer ses entrailles, sans qu'elle puisse protester, ni mettre fin à cette abominable sensation.

Lucius, appela-t-elle intérieurement. Lucius, où es-tu ?

Une de ses dernières pensées fut qu'elle mourait seule, loin de son mari, sans même pouvoir prendre dans ses bras l'enfant qu'elle faisait naître et que Walburga était en train de lui arracher.

Narcissa entendit le cri vigoureux d’un nouveau-né, et voulut tendre la main vers lui, mais elle fut brusquement aspirée à des kilomètres de là ; le monde tourna sur lui-même, et d'un coup, tout s'éteignit.

***

Rogue réussit à rattraper Lucius au niveau de la porte du jardin. Ils marquèrent un arrêt tous les deux, à la fois éblouis et effrayés par le spectacle qui s'offrait à leurs yeux.

Sur le sol, le Flavirier Argenté brillait de plus en plus fort, frémissant de puissance et de vie ; ses branches semblaient se tendre vers Lucius, et ses racines argentées semblaient vouloir sortir de la terre pour l'atteindre plus facilement. En revanche, dans le ciel, des nuages noirs et menaçants convergeaient en spirale au-dessus de l'arbre, électriques, prêts à se décharger de la fureur et des éclairs qu'ils contenaient, érigés en gardiens de la force sacrée qui irriguait l'arbre – et que Lucius s'apprêtait à dérober.

– C'est comme si la Vie et la Mort se battaient en duel, souffla Rogue.

Lucius ne répondit pas. Le poing serré sur le manche du couteau, sa baguette dans l'autre main, il s'élança avec détermination vers la lumière argentée et éblouissante de l'arbre. Rogue le regarda partir, leva les yeux vers les nuages chargés d'électricité, et il lui emboîta le pas, tout en surveillant le ciel menaçant.

Ils avaient à peine fait quelques pas vers l'arbre lorsque la foudre frappa le sol tout près d'eux, soulevant des gerbes d'étincelles et les faisant tomber à la renverse. Lucius s'arrêta à peine, puis reprit sa course, indifférent au danger mortel qui le menaçait ; Rogue, lui, pointa sa baguette vers le ciel et tenta d'intercepter les éclairs qui tombaient sur eux. Il parvint à en arrêter quelques-uns, mais il sentit son bras s'engourdir au fur et à mesure, et les éclairs se firent plus denses. Il luttait contre une force bien plus grande que lui.

Au loin, Lucius ne voyait rien. Il n'avait même pas remarqué que Rogue essayait de le protéger. Il était déjà au pied de l'arbre, et essayait d'entailler l'écorce pour récolter la sève argentée. Au-dessus de lui, le ciel grondait de plus en plus fort, électrique.

– Lucius ! cria Rogue, espérant couvrir le grondement de l'orage. VITE !

Lucius leva les yeux et constata que le ciel était sur le point de s'abattre sur lui. Dans un dernier effort, il leva le bras aussi haut que possible et planta son poignard dans l'entaille qu'il venait de faire dans l'écorce, en plaçant la fiole en-dessous de la lame...

Alors que son couteau pénétrait le cœur du tronc, un éclair plus violent que tous les autres s'abattit sur l'arbre et le parcourut de haut en bas, jusqu'au bras de Lucius. Celui-ci fut aveuglé par une lumière blanche et absolue, et, pendant quelques instants, le monde se réduisit à cette lumière d'une clarté insoutenable.

– LUCIUS !

Lucius eut l'impression qu'on le frappait dans le dos, puis à l'arrière de la tête, avant de réaliser que c'était lui qui était lourdement tombé sur le sol. Lorsqu'il entrouvrit les yeux, il était parfaitement incapable de bouger le moindre muscle ; l'odeur de la terre lui remplissait les narines, et tout son corps lui faisait mal, surtout sa main qui tenait la fiole...

Il vit d'abord le feuillage argenté du Flavirier qui frémissait paisiblement dans la brise nocturne, et le ciel dégagé, subitement dépourvu de nuages. Au prix d'un effort immense, il releva très légèrement la tête et vit qu'il serrait une petite fiole dans sa main, une fiole qui renfermait une éblouissante source de lumière argentée, comme si l'éclair qui venait de le foudroyer y avait été enfermé...

Lucius essaya à nouveau de remuer, mais tous ses muscles semblaient de pierre. Il pensa à Narcissa, à son sourire, et les doigts qui serraient la fiole tressaillirent.

– Accio ! cria la voix de Rogue, quelque part au-dessus de lui.

Lucius sentit la fiole argentée lui échapper des mains pour s'envoler dans les airs, loin de lui, vers Narcissa.

Et il perdit connaissance.

***

Lorsque Narcissa ouvrit les yeux, toute douleur s'était évanouie, et elle se sentait extraordinairement légère. Elle se redressa lentement, comme si elle venait d'émerger d'un long sommeil réparateur, et regarda autour d'elle avec émerveillement.

Elle portait une robe toute simple, et elle était seule. Elle se trouvait dans une maison minuscule, dont les murs étaient couverts de coquillages blancs. Ses pieds nus étaient posés sur un tapis duveteux, et tous les meubles étaient sculptés dans du bois flotté. C'était bien simple : elle avait l'impression de se trouver dans la maison d'un ange.

– La Chaumière aux Coquillages, murmura Narcissa en reconnaissant les lieux.

Elle inspira profondément : l'air était frais et salé, et en tendant l'oreille, elle pouvait entendre la respiration ample de la mer. Un rire parvint à ses oreilles, et Narcissa se leva, attirée comme un aimant vers la fenêtre qui donnait sur l'horizon.

La fenêtre était très basse, à hauteur d'enfant ; Narcissa se pencha donc pour voir ce qu'il se passait au-dehors. Elle sourit béatement en voyant le ciel immense et bleu, l'étendue mouvante qu'était la mer, la petite plage en contrebas, où jouaient cinq enfants insouciants qu'elle reconnut aussitôt...

Mais surtout, à quelques mètres d'elle, deux personnes étaient assises au bord de la falaise, et regardaient en souriant les cinq enfants qui jouaient en contrebas. En les reconnaissant, Narcissa sentit son cœur chavirer.

– Reggie ? appela-t-elle. Maman ?

Ils se retournèrent, tous les deux surpris.

– Cissy ?

C'était lui. Si jeune. Et c'était elle. C'était sa mère, avec ses yeux bleus et doux, ses joues roses, ses traits si délicats, ses cheveux blonds fouettés par le vent.

– Que fais-tu ici, ma chérie ? demanda anxieusement Druella.

Narcissa ne sut que répondre. Elle essayait de se souvenir comment elle était arrivée ici... Son enfant, sur le point de naître... Lucius, absent... La douleur atroce, le tourbillon obscur qui l'avait emportée...

– Est-ce que tu es... morte ?

– Je crois que oui, murmura-t-elle.

Elle réalisait cela au moment où elle acquiesçait. Tout était donc fini. Sa courte vie s'était achevée.

– Pourquoi si tôt ?

– Je ne sais pas... Tout est allé très vite...

Son jeune cousin et sa mère semblaient tous les deux bouleversés de la voir. Gênée par la petite taille de la fenêtre, Narcissa alla vers la porte de la chaumière, où sa mère la rejoignit aussitôt, suivie par Regulus. Narcissa pouvait maintenant les voir entièrement, face à elle, à quelques mètres à peine. De toute évidence, ils étaient partagés entre l'envie de la prendre dans leurs bras et celle de la chasser immédiatement pour la faire revenir à la vie.

– Où sommes-nous ? demanda Narcissa.

– Dans l'un de tes souvenirs, répondit Druella avec un mélange de joie et de tristesse.

N'y tenant plus, Narcissa voulut s'élancer vers eux, mais Regulus l'arrêta d'un geste de la main.

– Attends une seconde ! ordonna-t-il. Ne marche pas sur le sable... Je sens quelque chose.

Il regardait autour de lui, concentré, une main toujours levée. Narcissa brûlait de les rejoindre, et pourtant, elle devait bien admettre que Regulus avait raison. Sous ses pieds, le sol tremblait, instable...

Il y eut une secousse, puis un bruit énorme, comme une déchirure assourdissante. Narcissa se couvrit les oreilles, et se retourna : au niveau de la petite cheminée, une faille béante venait de s'ouvrir dans le mur, laissant passer une éblouissante lumière argentée.

Ce rideau de lumière empêchait Narcissa de voir ce qu'il y avait au-delà, mais quelques sons parvenaient jusqu'à elle. Elle entendait la voix de Rogue l'appeler de l'autre côté :

– Narcissa ! Je t'en prie, ne meurs pas... Tu as un fils ! Lucius va arriver, il sera là dans un instant...

– Sev ! s'exclama Regulus, qui entendait aussi.

Narcissa se retourna vers lui.

– Tu peux encore y retourner, comprit Regulus. Cette brèche, c'est une dernière occasion de revenir dans le monde des vivants... Mais il faut faire vite, car elle risque de se refermer aussi rapidement qu'elle n'est apparue.

Narcissa frissonna. Vers la faille argentée d'où provenait la voix de Rogue, il faisait terriblement froid. Elle faillit se détourner et se jeter dans les bras réconfortants de sa mère, mais soudain, les pleurs d'un nouveau-né retentirent, les faisant tressaillir tous les trois.

– C'est ton enfant, devina Druella, bouleversée.

Narcissa se tourna vers elle.

– Venez avec moi, supplia-t-elle en leur tendant la main.

Druella voulut s'approcher d'elle pour la saisir, mais Regulus la retint de justesse.

– Nous ne pouvons pas nous approcher, dit-il avec gravité. La faille se refermerait aussitôt... Cissy, je suis désolé... Il faut que tu t'en ailles.

Narcissa était toujours dans l'encadrement de la porte, regardant alternativement la faille argentée qui lui promettait de revenir à la vie, et sa mère qu'elle brûlait de retrouver.

– Maman, j'ai tellement de choses à te dire... Tellement de questions à te poser... Et à toi aussi, Reggie...

– Cela attendra encore un peu, ma chérie, dit Druella avec douceur.

– Cissy, fais vite, supplia Regulus. Regarde !

Regulus avait raison. Le rideau argenté commençait à s'assombrir, la faille devenait plus étroite, les pleurs du nouveau-né s'éloignaient. Narcissa fit un pas vers la faille, et sentit de nouveau la tristesse la gagner. Elle avança à reculons, sans parvenir à détacher son regard de sa mère. Au fur et à mesure qu'elle s'éloignait de la porte de la Chaumière aux Coquillages, le vent se levait à l'extérieur : d'abord une brise légère, puis de violentes bourrasques qui soulevaient le sable et masquaient par moments Regulus et sa mère. Pourtant, ils ne semblaient pas souffrir de ces violentes rafales de vent, comme si elles n'existaient que dans l'esprit de Narcissa.

Druella pencha la tête et adressa un dernier sourire à sa fille.

– Retournes-y, ma chérie, dit-elle d'une voix douce. Je le sens... Il y a tellement d'amour qui t'attend de l'autre côté.

Regulus approuva d'un signe de tête. Il tenait toujours la main de Druella.

– Ils vont tous avoir besoin de toi, Cissy, renchérit-il.

Narcissa avança encore vers la lumière argentée, et simultanément, un flot de sensations désagréables refirent surface. Une douleur atroce lui perfora le ventre ; sa tête devint lourde ; elle peinait à respirer ; une violente bourrasque la percuta de plein fouet, provenant de la faille, et la repoussa vers la porte. De même, des images qu'elle avait momentanément occultées de sa mémoire s'imposèrent à elle : Vera et Fergus emprisonnés, Daisy malmenée, la maison des Goyle détruite, le regard égaré de Bellatrix, les pupilles incandescentes de Voldemort qui la transperçaient de part en part... Et au fur et à mesure qu'elle avançait, la tristesse et la douleur reprenaient leur place dans son cœur, la faisaient faiblir...

– Vous me manquez tellement, gémit Narcissa en se retournant une dernière fois. Tout s'écroule, là-bas... Vera, Daisy... et Bellatrix, elles...

– Vite, Cissy ! cria Regulus à travers la tempête de sable.

– Vas-y ! Maintenant ! l'encouragea la voix assourdie de sa mère.

Le rideau argenté s'assombrit encore. La faille menaçait de s'affaisser, de s'obstruer. Les pleurs d'un nouveau-né retentirent à nouveau, de moins en moins audibles. Alors, ignorant la douleur qui lui perforait le ventre, Narcissa tourna le dos à Regulus et à sa mère, qui disparurent dans le tourbillon de sable qui s'était constitué autour de la Chaumière aux Coquillages. Puis elle serra les poings et avança résolument vers la pénible réalité.

***

Lorsque Narcissa revint à elle, elle eut l'impression d'avoir passé plusieurs heures en apnée dans une eau glaciale. Elle inspira brutalement, suffocante, avec l'impression que son corps s'était déchiré en deux. Elle tenta de parler, mais parvint tout juste à émettre quelques sons. Quelqu'un lui saisit la main, et cela lui donna la force d'ouvrir les yeux.

Elle voyait trouble. Une silhouette aux cheveux noirs se penchait sur elle. Elle cligna des yeux, et reconnut Rogue, qui semblait ne pas en croire ses yeux. Éberlué, il l'aida à se redresser, malgré la douleur épouvantable et le vertige qui la prenait.

– Doucement, doucement, dit la voix de Rogue. Tiens, prends cette couverture...

– Où...

Ankylosée de la tête aux pieds, Narcissa ne parvenait pas à articuler correctement.

– Où est...

Elle déglutit avec difficulté.

– Où est-il ? demanda-t-elle enfin d'une voix rauque.

Autour d'elle, le jour se levait. Tout était calme et propre. Le sang avait disparu, sa robe était raccommodée, le lit avait été remis en ordre. Mais surtout – et c'est ce qui calma Narcissa – elle vit deux bras et deux jambes potelées s'agiter dans un berceau.

– Donne-le-moi, ordonna-t-elle, le cœur battant à tout rompre.

Rogue approcha précipitamment le berceau du lit, et Narcissa oublia immédiatement sa présence. Le monde autour d'elle s'était effacé. Il n'y avait plus qu'elle et cet enfant, ce petit miracle, ses cheveux blonds et fins, sa peau si lisse...

Elle approcha ses mains de ce petit corps tout neuf, emmailloté dans de jolis langes, et à son contact, il s'arrêta immédiatement de pleurer. Il cligna des yeux, remua vigoureusement ses quatre membres, et regarda Narcissa avec étonnement, de ses deux yeux gris pâle, presque translucides.

Narcissa le souleva délicatement, et, avec l'impression de se trouver dans un rêve, elle posa la joue du nouveau-né contre sa poitrine. Alors, en sentant sa chaleur se mêler à la sienne, et son petit ventre se soulever contre le sien, en effleurant sa peau fine et rebondie, en laissant ses poings minuscules agripper son doigt, Narcissa fut envahie par une sensation de sérénité et de plénitude infinie.

Elle ne remarqua même pas que Rogue quittait discrètement la pièce pour aller chercher Lucius dans le jardin. Elle ne se demanda pas une seule seconde par quel miracle elle avait pu se réveiller de nouveau, alors qu'elle s'était bel et bien sentie mourir, ni où se trouvait sa tante Walburga, qu'elle avait entendue à côté d'elle. Elle ne se posa aucune question sur le rêve étrange qu'elle avait fait, ni sur sa signification. Rien de tout cela ne lui importait.

Au-dehors, le soleil de juin se levait, réchauffant la terre et baignant la pièce d'une douce lumière. Narcissa avait encore du mal à respirer, ses cheveux blonds trempés de sueur étaient collés sur son front et sur ses tempes, elle avait une nouvelle fois frôlé la mort, et malgré tout cela, elle ne s'était jamais sentie aussi bien, aussi forte, aussi vivante. Après des années à errer sur des flots hasardeux, elle avait le sentiment d'avoir enfin touché terre.

– Tu es là, murmura-t-elle tout bas. Tu es enfin là.

Autour d'elle, il n'y avait plus de bruit, plus d'espace, plus de temps, rien qu'elle et son enfant.

Lorsque Rogue fit entrer Lucius dans la pièce, à peine quelques minutes plus tard, elle avait l'impression qu'une vie entière s'était écoulée depuis qu'ils s'étaient quittés. Son mari était couvert de terre, ses yeux étaient rouges et profondément cernés ; son bras droit était étrangement raide, et sa jambe semblait engourdie.

– Tu es vivante, murmura-t-il, bouleversé.

Il boitilla jusqu'au chevet de Narcissa et lui prit la main, comme pour vérifier que sa vue ne lui faisait pas défaut.

– Tu es vivante, répéta-t-il. Ça a marché... Par Merlin, tu es vivante...

– Plus que jamais, sourit Narcissa.

Derrière Lucius, Rogue s'éclipsa discrètement et referma soigneusement la porte derrière lui.

– J'ai cru que j'allais devenir fou, soupira Lucius, les larmes aux yeux. J'avais le sentiment horrible que... que l'histoire allait se répéter...

– Chhht, murmura Narcissa en lui caressant la joue. Regarde-moi, je suis là. Tout va bien, d'accord ? Je suis là.

Lucius hocha la tête, s'assit sur le bord du lit, et avec mille précautions, il caressa la joue de Narcissa, l'embrassa sur sa tempe inondée de sueur. Puis, avec un peu d'appréhension, il se pencha sur leur fils.

– C'est un garçon, lui souffla Narcissa.

Lucius ne répondit rien.

– Il a les mêmes yeux que toi, regarde...

– J'aurais préféré qu'il ait les tiens, dit Lucius à mi-voix.

– Ne sois pas bête ! Tiens, prends-le dans tes bras. Regarde... Il n'attend que ça.

Lucius hésitait. Étrangement, cet être minuscule et inoffensif aux yeux mi-clos, qui mordait ses petits poings dans les bras de Narcissa, semblait lui inspirer de la crainte.

– Tu es sûre ? Il est si bien, là, contre toi... Je ne voudrais pas...

– S'il te plaît, insista Narcissa. Prends-le.

Un peu tremblant, en se laissant guider par Narcissa, Lucius plaça ses mains sous ce petit être qui lui ressemblait déjà.

– Il est si... léger, s'étonna-t-il.

Narcissa l'aida à le prendre contre lui, et Lucius le regarda longuement, fasciné, en le gardant toujours un peu écarté de lui, comme s'il avait peur de se brûler.

– Tout va bien ? s'inquiéta Narcissa.

Une larme roula sur la joue de Lucius, puis une deuxième. Il resta silencieux, et Narcissa sut qu'il pensait à sa mère.

Elle se tut pendant un moment, puis, avec douceur, elle reprit leur fils pour que Lucius puisse essuyer ses larmes. Il parut se ressaisir, sourit enfin sincèrement et les entoura tous les deux de ses bras, avec un profond soupir de soulagement.

La tête posée sur la poitrine de Lucius, Narcissa ferma les yeux. Leurs trois respirations se calmaient progressivement, se répondaient mutuellement, et leur fils poussait de temps à autre des petites exclamations de joie.

Cette sensation de plénitude, ce lien absolu... Narcissa avait déjà ressenti cela. Avec sa mère, bien sûr, chaque fois qu'elle se blottissait dans ses bras... Avec ses sœurs, aussi, et avec Lucius... Mais pas seulement.

Le souvenir d'une créature écaillée aux immenses yeux verts s'imposa à elle. Avec émotion, elle se souvint de son dragon, de sa puissance sereine, de la manière si majestueuse qu'il avait de voler... Et surtout, de l'apaisement infini et du sentiment de force qu'elle éprouvait lorsqu'elle se trouvait sur son dos.

Narcissa baissa les yeux sur le nouveau-né qui manifestait sa joie en tirant sur les cheveux blonds de sa mère.

– Appelons-le Drago, décida-t-elle soudain.

Lucius se tourna vers elle. Ils avaient déjà évoqué d'autres prénoms, ayant tous appartenu à d'illustres ancêtres, mais jamais celui-ci. Drago...

C'était une constellation, comme le voulait la tradition de la famille Black, et non un prénom d'origine romaine ou grecque, comme c'était la règle chez les Malefoy. Et pourtant, Narcissa avait raison. Bien plus que ceux qu'ils avaient évoqués auparavant, ce prénom semblait adapté, logique, spontané.

Comme pour approuver son propre prénom, Drago se mit à gazouiller et tendit son bras vers son père.

– Drago, approuva Lucius en effleurant le front délicat du nouveau-né. Drago... Oui, c'est parfait. Il est... Il est magnifique.

– C'est notre fils, dit Narcissa.

Narcissa posa la pointe de son index au creux de la main minuscule de Drago, et celui-ci le saisit fermement. Narcissa le retira gentiment, et promena son index sur sa peau douce comme un nuage, puis sur son petit nez pointu. Lorsqu'elle caressa le coin de ses lèvres, Drago essaya de téter le bout de son doigt, et Narcissa sourit sans même s'en rendre compte.

– Tout ira bien, murmura-t-elle à Drago autant qu'à elle-même. Nous veillerons toujours sur toi, et il ne t'arrivera rien, je te le promets... Notre trésor, notre petit amour... Tu verras, mon ange, le monde sera comme tu le désires.

Lucius et Narcissa se tournèrent l'un vers l'autre, leurs regards se rencontrèrent, et ils eurent la même pensée au même instant : un tel bonheur ne pouvait pas être le fruit d’une erreur, d’un mauvais choix. Un moment si parfait ne pouvait entraîner aucun regret.

Jamais.


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