Secrets de Serpentard (III) : Les Mangemorts
De nos jours
Scorpius,
Tu seras sans doute choqué de lire tout cela. Je l'ai été, moi aussi, lorsque ma mère nous a raconté cette histoire, celle de son véritable père et la manière dont elle l'avait dissimulé, des années durant. Avec mon père, nous avons eu le même choc, et le même sentiment : celle d'avoir devant nous une personne que nous ne connaissions pas, celle de nous être trompés sur cette femme qui était son épouse, qui était ma propre mère.
Je me souviens également à quel point son attitude a changé après ces révélations, la manière dont sa voix s'est apaisée, dont son visage s'est radouci – mais je te raconterai tout cela le moment venu.
Tu te demandes peut-être pourquoi je t'ai parlé si longuement de la famille Black, alors que nous ne descendons pas d'eux mais d'une famille de Moldus dont je ne sais strictement rien.
Lorsque Vera lui a révélé l'histoire de ses parents, ma mère s'est demandé qui elle était, qui elle devait être – la fille illégitime d'un amour brûlant et passionné, ou bien la femme de devoir que la famille Black lui commandait d'être.
Je crois qu'elle n'a jamais choisi. Malgré tout ce qu'elle a fait pour oublier son existence, Thomas Everly a continué de vivre en elle. L'amour fou que ses deux parents s'étaient portés lui a été transmis, il jaillissait d'elle à chaque instant et lui conférait un pouvoir qu'elle-même ne soupçonnait pas.
Cependant, cela n'a jamais empêché ma mère d'être une véritable Black, dans tout ce que cette famille a de plus complexe et de plus entêté. Cette famille a toujours été la sienne, celle qui l'a élevée et façonnée. Elle a toujours eu sa place aux côtés de Bellatrix et d'Andromeda, et elles se sont aimées et détestées comme les sœurs qu’elles étaient véritablement. Walburga se reconnaissait en elle, et même Cygnus Black, avant de rendre son dernier souffle, a admis que ma mère était, de ses trois filles, celle qui était la plus digne de porter son nom de famille. Le courage de la famille Black a porté ma mère, tout comme son sens du devoir a pesé sur elle, même lorsque cette éminente famille eut complètement sombré dans l'oubli.
Tu as connu ta grand-mère à l'époque où elle avait déjà accepté cette dualité, et tu étais bien trop petit pour comprendre cette histoire. J'espère que tu n'es pas trop en colère contre elle, maintenant que tu sais ce qu'elle a fait à la famille Goyle ; mais tu en aurais parfaitement le droit. Heureusement, comme tu le sais, les Goyle font partie de ceux qui n'ont jamais vraiment dit leur dernier mot.
Nous avons parlé d'eux avec Andromeda, lorsqu'elle m'a rendu visite. Avant de partir, elle a regardé tous les documents que j'ai pu rassembler, ceux qui parlaient du pensionnat Wimbley, d'Adam Claring, mais aussi de Regulus et de la famille Black.
Certaines choses refusent de disparaître, a commenté Andromeda. On les croit détruites, mais elles sont seulement enfouies, prêtes à refaire surface...
Je crois que cela résume beaucoup de choses. Cette remarque pourrait s'appliquer à ma mère, par exemple. À ce moment de la guerre, elle pensait avoir renoncé à tout, elle pensait que sa traîtrise l'avait détachée de son histoire, de son enfance, des Goyle, de sa mère et d'Andromeda. Elle pensait en avoir fini avec tous ces choix et tous ces déchirements, elle pensait aussi que Voldemort l'avait vaincue – et elle avait tort sur toute la ligne.
De la même manière, je crois que les Goyle, tout comme Adam Claring et Eleanor Wimbley, seraient parfaitement d'accord avec Andromeda. J'espère que tu comprendras de quoi je veux parler.
Enfin, ceci étant dit, il me reste encore beaucoup à te raconter sur cette guerre. Et tiens-toi prêt, car d'autres injustices sont à venir...