Le lys et le lion : le tournoi des 3 sorciers (fleurmione)
C'est avec la tête lourde qu'Hermione fut réveillée aux aurores le lendemain matin par un bruit venant de la fenêtre du dortoir. Encore à moitié endormie, elle distingua un hibou qui tapait du bec contre la vitre. C'est bien la première fois que le livreur de la Gazette du Sorcier passe si tôt, pensa-t-elle en sortant quelques pièces pour payer son journal.
Elle ouvrit la fenêtre, paya le hibou et déposa le journal sur sa table de chevet, prête à se recoucher. Mais en jetant un coup d'œil distrait à la une, elle figea en voyant le titre en grosses lettres :
« GRANGER, LA CHASSEUSE DE CHAMPIONS »
- Putain de Skeeter ! cria Hermione, les yeux écarquillés.
- Oh, Hermione, la ferme, on dort encore ! grogna l'une de ses camarades de chambre.
- Désolée, les filles, répondit Hermione en baissant la voix, tout en sentant une vague de panique monter en elle.
Hermione fixait les photos sur la couverture avec une inquiétude grandissante. La première montrait elle et Harry, s'enlaçant dans la tente des champions après la première tâche, une image qui datait déjà de plusieurs semaines. La seconde photo, plus récente, la capturait en train d'enlacer Viktor Krum à la bibliothèque, une scène qu'elle ne se rappelait pas avoir vécue sous l'œil d'une caméra. Mais c'était la dernière photo qui lui glaça le sang : elle et Fleur, dansant tendrement près du lac la veille au soir, un moment qui aurait dû rester intime.
Comment Skeeter a-t-elle pu obtenir ces photos ? se demanda Hermione, une vague d'angoisse la submergeant. Il était strictement interdit à Rita Skeeter de se trouver dans l'enceinte de Poudlard en dehors des jours d'épreuves, une règle imposée par Dumbledore lui-même. Et à part Colin Creevey, personne ne possède d'appareil photo capable de prendre des clichés aussi discrets...
Poussée par un mélange de curiosité et de terreur, Hermione tourna les pages pour lire l'article complet. Son visage pâlit à mesure qu'elle parcourait les mots venimeux de Skeeter, dépeignant Hermione comme une manipulatrice profitant de l'attention des champions pour se hisser sous les projecteurs.
Les pensées d'Hermione s'embrouillèrent : Qu'est-ce que Fleur va penser en lisant ça ? se demandait-elle. Et si Mme Weasley en parle à mes parents ? Ils ne savent même pas que je suis...
Elle sentit son souffle se raccourcir, son cœur battre de plus en plus vite. La panique s'empara d'elle, la paralysant sous l'avalanche de scénarios catastrophes qui envahissaient son esprit.
Hermione, submergée par une peur incontrôlable, sentit une impulsion inhabituelle l'envahir. Pour la première fois de sa vie, elle allait faire quelque chose d'irréfléchi, voire carrément insensé. Tremblante, elle se précipita vers sa malle, en sortit quelques affaires qu'elle fourra à la hâte dans un petit sac à dos enchanté. Chaque mouvement était précipité, frénétique, guidé par l'angoisse qui la rongeait.
Elle s'assit ensuite à son bureau, sortit un parchemin et commença à rédiger une lettre. Ses mains tremblaient, mais elle tenta de mettre de l'ordre dans ses pensées. Ses mots étaient brefs, chargés d'émotions qu'elle ne pouvait plus contenir.
Une fois la lettre terminée, Hermione se tourna vers Pattenrond, son fidèle compagnon. Le demi-fléreur, réveillé en sursaut, grogna de mécontentement. Mais il n'eut pas le cœur de résister en voyant l'état de sa maîtresse. Hermione lui attacha soigneusement le pli destiné à Fleur autour du cou, puis elle le caressa doucement, comme pour lui transmettre un peu de son désespoir.
Hermione, avec son sac sur le dos et Pattenrond blotti contre elle, quitta discrètement le dortoir, espérant échapper aux regards curieux. Cependant, à peine arrivée dans la salle commune, elle tomba sur Harry, qui, visiblement, n'avait pas beaucoup dormi.
- Mauvaise nuit ? demanda Hermione en voyant les cernes marquant la fatigue sur son visage.
Harry hocha la tête.
- Oui, encore cette foutue cicatrice. Et toi, qu'est-ce que tu fais debout aussi tôt ?
- Je dois aller prendre le train à Pré-au-Lard, répondit Hermione en évitant son regard. J'ai besoin de voir mes parents, ils me manquent.
Harry fronça les sourcils, confus.
- Le train est parti il y a trois jours, Hermione.
Hermione improvisa rapidement, son cœur battant la chamade.
- Dumbledore a autorisé un second train pour ceux qui voulaient profiter du bal et passer un peu de temps en famille.
Harry, bien que perplexe, n'osa pas remettre en question les paroles de son amie. Hermione était la voix de la raison dans leur trio, il lui faisait confiance.
- Tu aurais pu me prévenir que tu partais, dit-il, un brin de reproche dans la voix.
- Je viens de me décider, mentit-elle, son regard fuyant. Tu es le seul au courant.
Harry soupira.
- Putain, Hermione, Fleur va devenir dingue. Elle est en panique dès qu'il s'agit de toi. Tu aurais dû la voir hier avant le début du bal.
Hermione serra Pattenrond un peu plus fort.
- Justement, tu pourras lui apporter Pattenrond un peu plus tard pour qu'elle s'en occupe en mon absence. Je lui ai laissé un mot pour qu'elle ne s'inquiète pas trop.
Harry la regarda, une lueur d'inquiétude dans les yeux.
- Elle va quand même te détester, tu le sais.
Hermione baissa la tête, sentant une vague de culpabilité la submerger.
- Je sais, mais c'est une urgence. Je dois filer si je ne veux pas louper le train. Je compte sur toi, Harry.
Harry hésita, sentant que quelque chose n'allait pas, mais il n'insista pas.
- Juste, Mione... fais attention à toi, d'accord ?
Hermione acquiesça, se forçant à sourire.
- Promis.
Elle lui fit une bise rapide avant de se tourner vers la porte, ses pas lents trahissant son hésitation. Puis, sans un regard en arrière, elle s'éclipsa dans la pénombre du petit matin, son cœur lourd de doutes et de regrets.
Hermione avançait rapidement dans les couloirs sombres, son cœur battant la chamade. Elle savait qu'il ne lui restait plus qu'un obstacle à franchir : le concierge Rusard, qui gardait la porte de la grille du château. Le vieil homme était connu pour sa vigilance et sa méfiance envers les élèves, mais Hermione avait tout prévu.
En approchant des grilles massives, elle respira profondément et tenta de masquer son anxiété. Avec assurance, elle tendit un faux laisser-passer qu'elle avait rédigé, imitant parfaitement l'écriture de McGonagall. Rusard, plissant les yeux, examina le document avec attention. Hermione retenait son souffle, priant pour que sa supercherie fonctionne.
Après un moment qui sembla durer une éternité, Rusard acquiesça avec un grognement et lui ouvrit la grille. « Ne traînez pas, jeune fille, » murmura-t-il en refermant la porte derrière elle. Hermione hocha la tête, soulagée, et s'engagea dans le chemin menant à Pré-au-Lard, ses pas rapides résonnant dans le silence du petit matin.
Pour la première fois de sa vie, Hermione Granger venait de tricher, et bien que son cœur soit alourdi par le mensonge, elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix. Le château s'éloignait derrière elle, disparaissant peu à peu dans la brume matinale, tandis qu'elle s'enfonçait dans l'inconnu, seule et déterminée.
Dans le carrosse de l'école française, Fleur se réveilla avec un tiraillement dans la poitrine, comme si on lui avait arraché une partie de son cœur. Elle se leva d'un bond et enfila rapidement ses vêtements pour rejoindre le château. Elle trouva la grande salle pratiquement déserte à cette heure matinale. Elle commençait à suffoquer lorsqu'une main amicale se posa sur son épaule.
- Ça va, Fleur ?
- Oh, Luna, c'est toi. Tu m'as fait peur.
- Tu n'as pas l'air bien, tu veux que je t'emmène voir l'infirmière ?
- Non, peux-tu m'aider à atteindre la tour Gryffondor ? J'ai encore un peu de mal avec les escaliers changeants.
- Oui, viens, je connais un raccourci pour les éviter.
Les deux blondes traversèrent les couloirs, Luna gardant un œil sur Fleur, qui paraissait de plus en plus mal en point. Après quelques minutes, elles se retrouvèrent enfin devant le portrait de la Grosse Dame.
- Tu sais comment entrer, Luna ?
- Il te faut le mot de passe ou sinon attendre le passage d'un élève de la maison.
- Merde, je ne connais pas leur mot de passe et je ne peux pas attendre qu'un étudiant arrive.
- Je te reconnais, petite Française, intervint la Grosse Dame. Si tu cherches Miss Granger, elle n'est pas là, tu perds ton temps.
- Elle est déjà partie ?
- Oui, elle a quitté le dortoir il y a déjà une heure.
- Merci, madame, vous m'avez fait gagner un temps précieux.
- Appelle-moi Pénélope. Dépêche-toi d'aller la retrouver, vous étiez tellement adorables hier soir.
Sur ces quelques mots, elle remercia Luna avant de partir en courant vers la bibliothèque. Fleur était sûre d'y trouver sa brune. Mais, à sa grande surprise, il n'y avait pas d'Hermione. Elle décida donc d'aller tenter sa chance dehors, près du lac, mais là encore, pas de trace de la jeune fille. Résignée après presque une heure de recherches, la Française retourna dans la Grande Salle en espérant trouver des réponses.
En entrant dans la salle, elle remarqua instantanément Harry assis avec Ginny, qui jouait avec Pattenrond.
Arrivant à toute allure, Fleur sauta pratiquement sur Harry, le prenant par surprise.
- Harry, où est-elle ?
- Ça va, Fleur, tu es vraiment pâle. Tu devrais aller à l'infirmerie.
- Je vais bien, dis-moi seulement où se trouve ta meilleure amie.
- Elle a quitté le château tôt ce matin, elle ne voulait pas rater le train. Elle t'a laissé un mot pour ne pas que tu t'inquiètes.
ll lui montra Pattenrond.
- Quel train, Harry ?
Ginny était perplexe.
- Celui pour les élèves qui souhaitaient rentrer après le bal.
- Dumbledore n'a jamais parlé d'un autre train. Le Poudlard Express est parti il y a trois jours. Il ne reviendra pas avant la fin des vacances.
- Tu es sûre, Gin ?
- Certainement.
Fleur, qui observait la scène, était encore plus mal qu'à son arrivée.
- Passe-moi Pattenrond, s'il te plaît. J'ai besoin d'une explication.
- Oui, oui, vas-y, prends-le.
Une fois Pattenrond installé sur ses genoux, la française détacha le petit rouleau de parchemin attaché à son collier et commença à lire.
Fleur, mon amour,
Quand tu liras ceci, je serai déjà loin. J'imagine que tu dois m'en vouloir, mais sache que je fais ça pour nous.
J'ai dû partir en urgence pour régler certaines choses, mais je ne te quitte pas. Je te promets de revenir dans quelques jours. J'ai juste besoin de faire le point avec moi-même. Je t'aime, Fleur. Tu es l'amour de ma vie, je n'ai plus aucun doute là-dessus.
S'il te plaît, ne m'en veux pas. Je t'aime plus que tu ne peux l'imaginer. N'essaie pas de me trouver. Prends juste soin de Pattenrond en mon absence, s'il-te-plaît.
Je reviens vite.
Je t'aime.
Hermione
PS : Ne crois pas les conneries écrites par Skeeter.
Fleur était presque en larmes quand un message en français commença à apparaître en bas du parchemin :
« Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions et les millions d'étoiles, cela suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : "Ma fleur est là quelque part..." »
Fleur connaissait cette citation du Petit Prince, c'était la promesse que son âme sœur l'aimait et qu'elle reviendrait. Mais quand ? Elle bouillonnait intérieurement devant les deux Gryffondor, toujours silencieux.
- Elle t'a dit où elle est partie ?
- Non, Harry, juste qu'elle a besoin de temps pour réfléchir.
Elle laissa tomber sa tête dans ses mains, complètement abattue.
- Fleur, elle t'aime. Elle reviendra.
- Et si elle ne revenait pas ? Si elle s'était rendue compte que notre lien est trop dur à supporter ?
- Regarde-moi et écoute bien, Hermione Granger aime trop l'école pour ne pas être là dans dix jours à la reprise des cours. Ensuite, je vous ai vus hier soir ; elle transpire d'amour pour toi. Donc, si elle a dû partir et te mentir ouvertement, c'est pour une bonne raison. Fais-lui confiance.
Harry essayait de trouver les mots justes pour réconforter une nouvelle fois la championne française.
- dix jours, Harry, je ne tiendrai pas. Je dois la retrouver. Depuis ce matin, j'ai l'impression qu'on m'a arraché le cœur.
- Et je t'aiderai s'il le faut. Allez, mange quelque chose, tu as vraiment une sale tête.
- Merci, Harry.
Se rappelant du post-scriptum au bas du parchemin, elle demanda :
- Est-ce que l'un de vous a la Gazette d'aujourd'hui ?
- Désolé, c'est Hermione qui nous la fournissait, mais attends, il doit bien y avoir un exemplaire par ici.
Ginny se leva pour se mettre debout sur son banc.
- Hé, la compagnie, l'un de vous aurait la Gazette du jour ?
- Tiens, Weasley.
Cho lui lança un exemplaire depuis la table des Serdaigle.
- Y a qu'à demander.
- Merci, Ginny.
Les trois étudiants restèrent sans voix, chacun regardant les autres sans oser dire un mot, jusqu'à ce que quelqu'un fasse un commentaire.
- Petite question, vous faites une garde partagée ou c'est carrément des plans à plusieurs ? Je ne pensais pas que Granger était une petite salope.
Pansy Parkinson venait d'arriver derrière eux avant de rejoindre la table des Serpentard.
- Je vais me la faire.
Fleur se leva, mais fut retenue par Harry.
- Laisse, ne complique pas les choses, c'est ce qu'ils veulent.
- Elle n'a pas à parler comme ça d'Hermione.
Ses mains commençaient déjà à se transformer.
- Réfléchis un peu. Et si c'était à cause de l'article qu'Hermione se cache ?
- C'est n'importe quoi. Je sais très bien que tout est faux, même si la photo avec Krum me donne envie de vomir.
- Elle aura certainement une bonne explication. Maintenant, nous devons découvrir où elle se cache.
Pendant ce temps-là, Hermione avait rejoint Les Trois Balais dans l'espoir de croiser Rosmerta seule.
- Un peu tôt pour être ici, jeune fille.
- Salut Rosmerta, j'ai besoin d'aide. On peut discuter en privé ?
- Oui, viens, ma chérie.
La jeune femme monta à l'étage avec Hermione.
- Maintenant, raconte-moi tout. Tu as l'air bouleversée.
- Tu as lu la Gazette de ce matin ?
- Non, je ne lis pas ce torchon.
- Regarde.
Hermione sortit son exemplaire de son sac.
- Oh, ma pauvre ! Skeeter est vraiment une fouille-merde. C'est ça qui te met dans cet état ?
- Oui. J'ai besoin de voir mes parents de toute urgence. Je dois leur dire la vérité sur moi et j'ai peur qu'ils me rejettent.
- Petite, ce sont tes parents, ils t'aimeront quoi qu'il arrive. Je suppose que tu es ici pour emprunter ma cheminée ?
- Si c'est possible, j'aimerais beaucoup. Mais je ne veux pas te causer d'ennuis.
- Ne t'en fais pas. Dis-moi juste que quelqu'un sait où tu es.
- Harry est au courant.
- Très bien, alors va dans la chambre au fond du couloir. Tu y trouveras tout ce qu'il te faut. Et si tu as besoin d'aide, envoie-moi un hibou et je viendrai t'aider. Vive l'équipe arc-en-ciel !
- Vous êtes... ?
- En couple avec la même femme depuis vingt ans.
- Merci pour ton aide.
Hermione lui adressa un câlin avant de filer dans le couloir.
Elle attrapa de la poudre de cheminette avant de crier : « Chaudron Baveur, Londres ! »
Harry et Ginny avaient convié Fleur dans la salle commune de Gryffondor, qui, par chance, était déserte. Il aurait été compliqué d'expliquer la présence de la championne française aux autres membres de la maison du lion.
- Bon, par quoi on commence ? demanda Ginny, vraiment motivée.
- Harry, tu es apparemment le dernier à l'avoir vue. Que t'a-t-elle dit exactement ?
- Je te le répète, Fleur, elle m'a dit qu'elle partait prendre le train.
- Réfléchis, elle a dû te donner une raison.
Harry prit sa tête entre ses mains, essayant de se remémorer sa conversation avec Hermione quelques heures plus tôt. La nuit avait été difficile et sa cicatrice le faisait encore souffrir. Il se repassa le film de la matinée encore et encore jusqu'à ce qu'il se souvienne.
- Ses parents !
- Explique.
- Elle m'a dit qu'elle devait voir ses parents, que c'était une urgence, et franchement, cela paraissait sincère.
- Donne-moi son adresse pour que je puisse y aller.
Fleur était survoltée.
- Euh, je ne connais pas son adresse.
- Tu te moques de moi ! Vous êtes amis depuis des années, tu lui écris chaque été, et tu ne connais pas son adresse ?
- C'est la vérité. Quand j'ai besoin de la joindre, Hedwige sait toujours où la trouver sans avoir besoin d'une adresse.
- Et on ne peut pas discuter avec ta chouette, mais...
Fleur s'arrêta en fixant le gros matou roux ronflant près de la cheminée.
- Pattenrond, viens ici !
Le demi-fléreur n'était pas du tout disposé à coopérer.
- Je ne suis pas un chien, espèce de volatile. Tu ferais mieux de soigner ton langage.
- Désolée, Ô grand fléreur, pourrais-tu s'il-te-plaît venir ici ?
- Fleur, tu parles le chat ?
Harry et Ginny étaient choqués par la conversation entre l'animal et la blonde.
- Non, c'est juste un truc de Vélane. J'ai découvert que je pouvais le comprendre il y a quelques jours.
- Impressionnant. Allez, Pattenrond, Hermione a disparu, tu dois nous aider.
Ginny supplia le matou à genoux.
- Pattenrond, tu sais que j'aime ta maîtresse. Aide-nous à la retrouver.
- Vous avez pensé qu'elle avait justement besoin de prendre un peu l'air ?
- Explique-toi s'il te plaît.
- Toi, le volatile, je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais elle a pleuré toute la nuit. J'ai dû lui servir d'oreiller et de mouchoir. Je te laisse imaginer l'état de mes poils.
- Je te jure que je n'ai rien fait de mal. Je voulais même passer la nuit avec elle.
- Alors peut-être que c'est justement à cause de ce que tu n'as pas fait. La pauvre fille n'a pas arrêté de répéter qu'elle n'était pas assez bien pour toi.
- C'est n'importe quoi, je l'aime. Elle est mon âme sœur, ma petite...
Fleur se tut quelques secondes.
- Putain, je ne lui ai pas demandé.
- Demandé quoi, Fleur ?
Harry était surpris.
- J'avais prévu de lui demander d'être officiellement ma petite amie pendant le bal, mais l'altercation avec Ron m'a complètement fait oublier ce détail.
- Désolée, mais tu as bien merdé, Delacour. Ça, plus l'article de Skeeter, je comprends que Mione ait besoin d'air. Elle est sortie du placard devant toute l'école et maintenant même le monde sorcier est au courant. Bonjour l'angoisse, conclut Ginny, fidèle à elle-même.
- Ses parents ne le savent pas !
Fleur venait de réaliser.
- Pas de danger, ils ne lisent pas notre presse, dit Harry.
- Mais ma mère oui, et ils sont amis. Elle va leur rendre visite toutes les semaines avec mon père, tu connais sa passion pour les moldus .
- Ginny, préviens ta mère, elle ne doit rien dire avant qu'Hermione ne retrouve ses parents.
- Je m'en charge. Fred et George pourront m'aider.
Aussitôt, Ginny quitta la pièce.
- Maintenant reprenons, Pattenrond. J'ai besoin de ton adresse, il faut que j'aille soutenir ta maîtresse.
- Et j'y gagne quoi ?
- Mon éternelle reconnaissance, la satisfaction de voir Hermione aller mieux, et un bon dîner dans le carrosse.
- Rajoute un peu d'herbe à chat, je sais que tu en as un stock. Je l'ai senti dans ta chambre l'autre jour.
- Vendu.
Fleur attrapa la patte du chat qui était tendue, scellant ainsi leur pacte.
- Maintenant, l'adresse.
Pattenrond ne connaissait pas son adresse précise car il ne sortait que très rarement lorsqu'il était à Londres, mais Fleur était ravie d'avoir au moins un début de piste.
Maintenant, il fallait juste trouver le moyen de se rendre dans la capitale anglaise sans attirer l'attention. Si Hermione avait réussi à quitter Poudlard, elle devait avoir des astuces pour le faire discrètement. Fleur décida de se préparer à un voyage en évitant le plus possible les routes habituelles et de faire appel à sa propre ingéniosité pour se fondre dans le décor. Elle se mit en quête de la meilleure manière de quitter le château sans être vue.
Au Chaudron Baveur, Hermione reçut quelques regards intrigués en arrivant par la cheminée tôt le matin. Elle essaya de ne pas trop y prêter attention et rejoignit rapidement la porte menant à la rue du Londres traditionnel.
La jeune Anglaise, toujours bien préparée, avait emporté un peu d'argent. Elle prit donc la direction du métro pour rejoindre le domicile de ses parents, espérant qu'ils seraient à la maison.
Trente minutes plus tard, Hermione se trouvait à Camden, un quartier qui avait autrefois hébergé Charles Dickens et qui était devenu le lieu de vie des Granger bien avant la naissance de leur fille. Oliver y avait ouvert une petite galerie d'art où il exposait ses toiles et ses sculptures. Jane avait suivi son mari et avait ouvert juste à côté de la galerie une librairie, pour le plus grand plaisir de leur fille, amoureuse des livres comme sa mère.
La famille vivait confortablement dans un immense appartement au-dessus de la galerie, même si Hermione passait la plupart de son temps dans celui au-dessus de la librairie, qui était devenue au fil du temps son refuge. Il était même très courant qu'elle s'endorme là-bas.
Hermione se dirigea vers l'imposant bâtiment, le cœur battant à l'idée de retrouver ses parents. Elle emprunta l'entrée de la galerie et monta les escaliers menant à l'appartement, priant pour que ses parents soient là et prêts à l'accueillir.
Oliver fut le premier à remarquer sa fille debout dans l'entrée. Bien qu'il fût heureux de la voir, il ne pouvait ignorer la tristesse dans ses yeux chocolat. Il appela immédiatement sa femme, restée dans la cuisine
- Ma chérie, que fais-tu ici ? demanda-t-il en prenant sa fille dans ses bras, ce qui brisa la carapace d'Hermione, faisant couler un torrent de larmes.
- Hermione, qu'est-ce qui se passe, ma chérie ?
Jane arriva en trébuchant, choquée par le désarroi de sa fille.
- Je dois vous parler, répondit Hermione en se redressant et en essuyant son visage avec la manche de son pull.
- Oliver, va mettre un mot sur la galerie et la libraire pour dire que nous sommes fermés aujourd'hui .
Ordonna Jane, inquiète et déterminée à comprendre ce qui avait bouleversé leur fille.
Le paternel Granger s'exécuta sans broncher et quelques minutes plus tard il prit place sur le canapé du salon, aux côtés de sa femme. Hermione, debout en face de lui, paraissait perdue, ne sachant pas par où commencer.
- Papa, maman, il s'est passé quelque chose...
- Tu es enceinte ? demanda son père, coupant la parole à Hermione.
- Oliver, voyons, tu connais Hermione, répondit Jane, préoccupée, en posant une main réconfortante sur l'épaule de sa fille.
- Merci maman. Non, papa, je ne suis pas enceinte, mais je vois quelqu'un. Quelqu'un que j'aime beaucoup.
- Harry ? demanda son père, interrompant à nouveau.
- Papa, tu peux arrêter s'il-te-plaît ? Ce n'est déjà pas facile d'être là devant vous. Non, ce n'est pas Harry. C'est une personne qui est arrivée cette année, et je n'ai pas été surprise de la revoir.
- C'est Fleur, n'est-ce pas ? demanda sa mère en lui serrant la main.
- Comment ?
- Tes dernières lettres ne laissaient pas vraiment de doute. J'ai remarqué que ton style d'écriture changeait quand tu parlais d'elle.
- Tu n'es pas fâchée ?
- Bien sûr que non, ton père et moi sommes toujours fiers de toi. Et si elle te rend heureuse, c'est le principal.
- Ta mère a raison. Qui tu aimes ne définit pas qui tu es, mon trésor. Fleur a l'air d'être une fille bien, et je me souviens combien tu attendais avec impatience ses lettres quand vous étiez enfants. Je ne suis pas vraiment surprise que le destin vous ait réunies à nouveau.
- Vous êtes vraiment des parents géniaux, je vous aime tellement.
- Et nous t'aimons aussi, trésor. Promets juste de l'inviter pendant les prochaines vacances pour que nous puissions refaire connaissance. Elle a dû changer depuis le temps.
- Promis, répondit Hermione, avant que Jane ne brise l'ambiance.
- Au fait, jeune fille, comment avez-vous quitté le château sans permission ?
- J'ai peut-être fait le mur, mais c'était un cas de force majeure, non ?
- Hermione Jean Granger !
Hermione finit par raconter toute l'histoire à ses parents, comment elle avait été invitée par Fleur au bal, comment elle avait échappé à la vigilance de Rusard, et comment elle avait convaincu Rosmerta de l'aider à rejoindre Londres. Bien que ses parents l'aient réprimandée pour avoir quitté le château sans autorisation, ils comprenaient son besoin de venir leur parler. Faire son coming-out par lettre n'aurait pas eu le même impact.
Comme leur fille était arrivée tôt à la maison, les Granger ont passé la majeure partie de la journée à traîner en ville. Les moments avec Hermione étant rares pendant la période scolaire, ils voulaient en profiter un maximum.
Il faisait presque nuit lorsqu'ils décidèrent de rentrer. Pour le dîner, ils étaient passés prendre des sushis dans leur petit restaurant japonais préféré. Ils avaient presque atteint leur rue lorsqu'Hermione remarqua une blonde familière sur le trottoir d'en face.
- Fleur !