Destinée | les Prince, tome 1

Chapitre 17 : Les Mcphee Nurses

1039 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/07/2024 01:49





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L'établissement des Mcphee Nurses était un vieux bâtiment en briques rouges, qui se trouvait pourtant dans l'un des beaux quartiers de Londres. Eileen appuya sur la sonnette à plusieurs reprises avant qu'une petite femme replète n'accoure pour l'accueillir.


« Enchantée, madame Prince, veuillez m'excuser de mon retard, la sonnette est cassée. Entrez, je vous prie. », dit-elle en la guidant dans un petit vestibule.


« Donnez-moi votre manteau, je vais vous l'accrocher, assura-t-elle en suspendant sa veste à un porte-manteau en forme d'ours. Pardonnez-moi, je ne me suis pas présentée : Katherine Bepper, pour vous servir. Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas. »


Eileen acquiesça. Elle avait consulté à plusieurs reprises la liste des gouvernantes disponibles et cette association de nounous était celle qui proposait les prix les plus bas. Néanmoins, ce n'était pas pour cette raison qu'elle avait choisi Mcphee Nurses.


En effet, Eileen donnait priorité à la discrétion. Elle craignait de précipiter les évènements si les journaux en étaient informés et rendaient le retour des Prince public. De plus, elle avait besoin de garder un total contrôle sur sa fille afin de maintenir sa vengeance. Elle refusait de gâcher ses efforts en laissant les journalistes annoncer d'eux-même la réapparition qu'elle tenait tant à savourer.


« Alors, vous nous avez dit que vous aviez une fille, c'est bien cela ?


— Oui, affirma Eileen. Elle a onze ans, elle rentre à Poudlard cette année et j'aurai besoin de lui fournir une éducation plus poussée.


— Oh, je comprends, gloussa Katherine Bepper. Il est toujours préférable d'éduquer ses enfants avant qu'ils ne rentrent à Poudlard, ça leur évite de subir les mauvaises influences, si vous voyez ce que je veux dire. »


Elle poussa la porte d'un bureau sombre et humide. Ouvrant un tiroir, elle en sortit un paquet de copies qui indiquaient les identités et les compétences des possibles futures enseignantes.


« Voilà, vous pouvez choisir celle qui vous plaira. »


Eileen prit les feuilles et les examina une à une. 


La première affichait une femme costaude au visage buriné et aux épais cheveux roux. Rufina Popov, 56 ans, ancienne gardienne de prison, et désormais reconvertie en gouvernante. L'idée que cette femme rustre fasse la leçon à sa fille était risible.


La deuxième était un homme maigrelet aux pupilles fendues. Maon Kagee, 31 ans, tout juste licencié de son travail de chercheur sur les serpents en raison des expériences illégales qu'il y menait, se proposait en tant que professeur de Métamorphose à domicile. Eileen secoua la tête. Hors de question que Séraphine devienne l'objet des tests de ce scientifique louche.


Elle passa au troisième profil : il s'agissait d'une femme aux énigmatiques yeux verts avec des cheveux courts, bouclés et gris. Née le 9 août 1892, Ophélia Vale atteignait ses 76 ans, et elle avait visité de nombreux pays. Auparavant journaliste, elle avait également exercé les métiers d'écrivaine, de professeure d'Astronomie et d'aventurière.


« Ah, je ne vous la conseille pas. C'est une nouvelle, elle n'a pas encore fait ses preuves et elle est quelque peu excentrique — si vous voyez ce que je veux dire.


— Je souhaiterai l'embaucher, déclara Eileen.


— Oh, dit Katherine Bepper, surprise. Vous êtes sûre ?


— Oui, assura Eileen. C'est elle que je veux.


— Eh bien, je la préviendrai. Quand souhaitez-vous qu'elle vienne occuper ses fonctions ? Ah et j'oubliais, où habitez-vous ?


— Demain, répondit Eileen. J'habite au Manoir des Prince. »


Elle quitta rapidement l'établissement.


A la fin de la journée, Eileen avait embauché une gouvernante professeure et avait payé une équipe de nettoyage pour intervenir dès ce week-end — car il était grand temps de se débarrasser des traces des années d'abandon du Manoir Prince. Elle rentra chez elle, exténuée, néanmoins satisfaite, et s'allongea avec soulagement dans le canapé.


Un impressionnant silence régnait dans le Manoir Prince. Séraphine, depuis qu'Eileen lui avait interdit de parler à Lily, s'était enfermée dans sa chambre et n'en sortait plus. Servisis lui apportait ses repas dans sa chambre, mais il ignorait si elle les mangeait.


Eileen ne regrettait pas sa décision. Sa fille ne reproduirait pas ses erreurs. Les Moldus n'étaient bons qu'à l'éloigner du droit chemin. Lily avait beau être une sorcière, c'était une née-Moldue. Et Eileen s'était promis de ne jamais laisser sa fille côtoyer quelqu'un qui ait ne serait-ce qu'un quelconque attrait au monde Moldu — excepté elle-même, bien entendu.


« Madame, quelqu'un attend devant le portail, déclara Servisis.


— Tu sais de qui il s'agit ? demanda Eileen.


— Non, je ne suis pas devin. » répliqua Servisis avec une grimace dédaigneuse.


Eileen se leva et sortit de la propriété. Elle traversa le jardin pour apercevoir une femme aux habits de couleurs pétantes, dont la tête était cachée derrière un voile rouge.


« Enchantée, Ophélia Vale, affirma la femme. Vous devez être Eileen Prince, non ? »


Elle enleva le tissu qui dissimulait son visage et Eileen reconnut les yeux verts qu'elle avait croisé quelques heures plus tôt au Mcphee Nurse.


« Puis-je entrer ?


— Bien sûr, dit Eileen Prince en reprenant ses esprits. Mais, vous deviez commencer demain, il me semble.


— C'est vrai », dit Ophélia Vale, sans rien ajouter.


Eileen la mena dans le hall et ordonna à Servisis d'aller chercher Séraphine. Il revint quelques minutes plus tard.


« Elle refuse de venir. », annonça-t-il.


Eileen se tourna vers Ophélia Vale et entreprit d'afficher son sourire le plus aimable en affirmant : « Excusez-moi, ma fille est quelque peu capricieuse. Je vais la chercher. »


Elle s'apprêtait à monter les escaliers quand la gouvernante l'arrêta.


« C'est inutile, madame Prince. Je vais m'en occuper. Je vais bientôt la voir tous les jours, il vaut mieux que je la rencontre dès maintenant pour que je la comprenne. »


Eileen, déstabilisée, acquiesça machinalement. Ce fut quand Ophélia Vale eut disparu qu'elle réalisa qu'elle s'était faite mener par le bout du nez. Elle comprenait désormais la réticence de Katherine Bepper. Plus elle y repensait, moins cette femme lui inspirait confiance.

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