Destinée | les Prince, tome 1

Chapitre 16 : Le spectateur des drames princiers

1120 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/07/2024 01:48




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Le Manoir des Prince était un château aux longues tours pointues. Une allée de dalles envahies par la végétation menait à un perron de marbre. Le jardin s'étendait sur plusieurs hectares avant d'être englouti par une brume opaque et froide.


Le portail s'ouvrit dans un cri grinçant quand Séraphine, traînant derrière elle une vieille valise usée, Eileen et Servisis s'approchèrent.


« Le portail s'ouvre par automatisme ? demanda Séraphine.


— Non, grommela Servisis, visiblement peu motivé pour expliquer le fonctionnement de sa maison à sa future propriétaire.


— Alors, comment ça marche ? insista-t-elle.


— Ecoutez, mademoiselle...


— Séraphine, indiqua-t-elle.


— Séraphine, répéta Servisis d'un ton des plus méprisants. Vous avez beau être ma nouvelle maîtresse, jamais vous ne pourrez obtenir de moi l'obéissance ou même la tolérance. Vous êtes des êtres impurs et jamais je ne respecterai un sang-mêlé ou même une femme qui s'est unie à un Moldu. »


L'elfe de maison eut un air presque satisfait en finissant sa tirade et reprit sa marche, devançant Séraphine qui, déstabilisée, le regarda s'éloigner avec un air interloqué.


Ils grimpèrent les marches du perron et entrèrent dans le hall. La poussière s'accumulait dans les coins et des toiles d'araignée pendaient au plafond. Un gigantesque escalier se situait au centre et se séparait en deux autres escaliers qui conduisaient aux étages supérieurs.


« Je croyais que tu étais chargé de la maison, se moqua Eileen. Ou tes capacités de nettoyage ont-elles régressé ? »


Séraphine aurait juré avoir vu les oreilles de l'elfe rougir avant qu'il ne réplique : « J'ai la charge de la maison, pas de son nettoyage. Je n'y passe pas tout mon temps. »


Eileen haussa les épaules en contemplant ce qui avait autrefois été son foyer. Elle repéra les portraits de sa grand-tante Arabella Prince, de sa mère et de son père, et enfin une vieille photographie de famille, où Eileen boudait parce qu'elle n'avait pas pu acheter sa friandise favorite : les sucettes au poivre.


Séraphine découvrit les pièces et sa curiosité grimpa d'un cran en constatant le luxe dans lequel avait baigné sa mère lorsqu'elle faisait encore partie des Prince. Pourquoi était-elle partie ? Qu'est-ce que son père avait fait pour la convaincre au point de tout abandonner ?


Séraphine n'osa cependant pas poser ses questions. Elle aurait pu demander à Servisis, mais celui-ci les détestait, sans qu'elle ne puisse en expliquer la raison. Certes, elle lui prenait son manoir, mais une haine aussi viscérale n'était pas causée par la perte d'une maison dans laquelle, selon ses propres mots, il ne passait pas beaucoup de temps et à laquelle il ne tenait pas particulièrement.


« Il va bientôt pleuvoir, dit sa mère en observant les nuages sombres qui approchaient dangereusement à l'horizon. Servisis, va fermer les fenêtres encore ouvertes. »


L'elfe de maison obéit à contre-cœur et disparut aussitôt.


« Où vais-je dormir ? » demanda Séraphine.


Eileen sortit de ses pensées et fixa sa fille quelques secondes avant de répondre : « Tu n'as qu'à dormir dans mon ancienne chambre. C'est celle qu'on trouve en haut, trois portes après l'escalier. Celle qui n'a plus aucun meuble. »


Séraphine obéit aux instructions et trouva une pièce qui ressemblait vaguement à un salon, avec un canapé dur en cuir et une lampe simple — ce qui offrait un contraste frappant avec la richesse du reste du manoir. Il ne pouvait s'agir de la chambre de sa mère.


« Je ne la trouve pas ! » cria Séraphine en se penchant près de l'escalier.


Sa mère monta en soupirant d'agacement. Elle conduisit Séraphine à la porte qu'elle avait ouverte et se figea en constatant que son ancienne chambre était devenue un salon.


« Alors ils n'ont vraiment rien laissé... » murmura-t-elle.


Elle resta immobile avant de reprendre : « Tu n'as qu'à dormir là pour l'instant. Nous réorganiserons la chambre plus tard. »


Et elle laissa Séraphine seule.


Celle-ci posa ses bagages sur le lit et s'assit. A la fenêtre, la pluie commençait à tomber. Séraphine alluma la lampe, qui éclaira faiblement un portrait accroché au mur qu'elle n'avait pas vu en entrant.


Ses grands-parents affichaient un air grave dessus, et sa mère avait également un air contrarié. Ils avaient tous l'air malheureux.


Séraphine sortit une lettre et une plume de sa valise et s'appuya sur le mur.


Chère Lily, commença-t-elle. 


Elle hésita sur ce qu'elle devait écrire. Elle n'osait parler de ce qui s'était passé le jour précédent, de peur que Lily ne comprenne pas ses choix, ou pire : la prenne en pitié ! Elle ne supporterait pas d'être pathétique devant l'incroyable Lily.


Je sais que je t'ai dit que jamais je ne te laisserai, même pour tout l'or du monde, et ce n'est toujours pas le cas. Mais hier, quelque chose de vraiment horrible s'est passé. Ma mère a commis un crime affreux, et je te raconterai cela dès que nous nous verrons.


Je suis au Manoir Prince. Je me sens très seule et très triste, là-bas, sans toi. Comme tu me manques ! J'aimerai tellement que tu sois avec moi. Hélas, je n'ai pas tenu ma promesse.


Je suis désolée, Lily.


Ta Séraphine.


Séraphine posa sa plume et descendit à l'étage. Sa mère examinait la salle à manger et donnait des instructions à Servisis, qui les notait en grimaçant sur un parchemin.


« Où vas-tu ? demanda Eileen.


— Je vais envoyer une lettre à Lily, répondit Séraphine.


— Non. »


Séraphine se retourna.


« Pardon ? »


Eileen inspira et sourit.


« Désormais, tu n'enverras plus de lettres à Lily. Tu ne lui parleras plus, tu ne la verras plus, déclara-t-elle.


— Comment ça ? Je t'ai suivie, je n'ai rien dit aux Inspecteurs, tout cela pour Lily. Hors de question ! Tu n'as pas le droit !


— J'ai tout à fait le droit, Séraphine. Je suis ta mère, j'ai donc autorité sur toi. Tu dois m'obéir. Si je décide que tu ne verras plus Lily, alors tu ne verras plus Lily. »


Séraphine secoua la tête.


« J'irai voir Durk ! Il me sortira de là, j'avouerai tout et tu seras emprisonnée à Azkaban !


— N'oublie pas ce que j'ai fait à ton père, rétorqua Eileen. Crois-moi que si tu m'y obliges, alors je serais parfaitement capable de recommencer pour Lily ! »


Séraphine s'effondra.


« Remonte dans ta chambre, et n'en ressors plus avant ce soir. Tu peux jeter la lettre, tu n'en auras plus besoin à présent. »

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