Destinée | les Prince, tome 1

Chapitre 10 : L’enfance de Séraphine Prince

1141 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/07/2024 01:38


DEUXIÈME PARTIE


𝐋'𝐄𝐍𝐅𝐀𝐍𝐂𝐄 𝐃𝐄 𝐒𝐄𝐑𝐀𝐏𝐇𝐈𝐍𝐄 𝐑𝐎𝐆𝐔𝐄


-ˋˏ ༻✿༺ ˎˊ-





À l'aube du 4 janvier 1971, une brume glacée planait au-dessus des usines désaffectées de Carbone-les-Mines. L'année 1971 commençait et il régnait un silence impressionnant, interrompu de temps à autre par le gargouillis des eaux boueuses de la rivière qui serpentait la ville.


Séraphine risqua un pas prudent dehors. D'interminables rangées de maisons délabrées aux murs de brique s'étendaient à perte de vue. Sur les trottoirs de l'étroite rue pavée, plusieurs réverbères brisés s'éteignaient et s'allumaient aléatoirement.


Séraphine sortit en frissonnant. Elle était vêtue d'une jupe plissée noire abîmée à plusieurs endroits, d'un chemisier rapiécé, d'une cravate et d'une veste ornée de l'écusson de l'école primaire de Carbone-les-Mines. Ses collants la grattaient méchamment mais elle se retint de se baisser pour se débarrasser de l'irritation qui démangeait ses jambes.


Ses souliers, d'un marron terni, martelèrent le sol alors qu'elle s'élançait dans la rue. Elle évitait de s'attarder dans la rue, à la fois pour ne pas croiser son père et aussi car elle avait hâte de rejoindre son amie, Lily Evans.


Séraphine atteignit un large bâtiment, austère et grisâtre. Elle jeta un coup d'œil à la récréation et constata qu'aucune tête rousse ne se cachait parmi les écoliers aux airs niais de demeurés finis. Elle se résolut à patienter devant la grille quand un garçon grand, maigre et couvert de boutons nommé Pheart Agot s'approcha.


« Alors la bizarre, ricana-t-il, tu es toute seule ?


 — Non », répondit Séraphine sans cesser de fixer la route dans l'espoir d'apercevoir la carrosserie rutilante de la voiture des Evans.


Pheart s'énerva qu'elle ne lui prête pas une once d'attention et se moqua : « Je plains Evans. Te supporter à longueur de journée, ça ne doit pas être une tâche facile.


 — Si tu veux », dit Séraphine sans daigner lui accorder un regard.


Elle aperçut enfin la voiture des Evans tourner pour se garer sur la chaussée. Pétunia sortit d'abord, rapidement suivie de Lily et de leurs parents. Séraphine ignora Pheart et s'avança vers son amie.


« Bonjour Lily, dit-elle.


 — Oh, bonjour Séraphine », dit Lily. Elle se mit sur la pointe des pieds pour embrasser ses parents. Ils insistèrent pour que Pétunia les embrasse aussi — ce qu'elle fit visiblement à contre-cœur, rouge de honte.


« Tu traînes toujours avec ce monstre ? cracha Pétunia, qui avait mal digéré que Séraphine assiste à son humiliation.


—  Le monstre en question a un nom, merci bien, et des pouvoirs magiques en prime, grâce auxquels je me ferai un plaisir de te transformer en cheval ou en girafe si tu continues à m'appeler ainsi. », répliqua sèchement Séraphine.


Pétunia émit un glapissement apeuré et partit se cacher derrière ses amies. Alors qu'elles entraient dans la cour de récréation, Lily chuchota à Séraphine : « Tu n'allais pas réellement la transformer en cochon d'Inde, n'est-ce pas ? »


Séraphine la regarda fixement un instant, avant de soupirer.


« Je ne peux pas, du moins pas sans baguette.


 — Mais tu ne l'aurais pas fait, même si tu en avais ?


 — Eh, les sorcières ! » s'exclama Bill Asp, accompagné de Pheart Agot qui ricanait. C'était le fils de Jaxon Asp, et il avait hérité de son père ses épais sourcils et ses yeux sombres enfoncés.


Séraphine le méprisait. Son père et le sien étaient amis, ce qui ne jouait guère en la faveur de Bill — de toute manière, peu importe l'identité de son père, il restait l'un des garçons les plus odieux de Carbone-les-Mines.


« Ignorons-le, décida Lily en attrapant la main de Séraphine. Celle-ci, bien que l'idée de lui mettre sa main dans la figure fut particulièrement tentante, obéit.


 — Eh ! Princesse, railla-t-il, j'ai vu ton père hier. »


Séraphine se retint à grande difficulté de se retourner pour lui lancer une des répliques cinglantes dont elle avait le secret.


« Il est venu voir des putes. Ne le prends pas mal, mais je crois que ta mère ne le satisfait pas. »


Séraphine trembla de colère. Même la vaine tentative pour l'empêcher de réagir de Lily ne fonctionna pas.


 « Mais mon pauvre Bill, c'est ta mère qu'il est allé voir. »


Bill émit un grognement de rage et se jeta sur Séraphine. Il la fit tomber par terre et la roua de coups. Alors que Lily tentait de l'attraper par les cheveux, il la poussa et elle gémit en s'écroulant.


Ce fut ce geste, plus encore que les minables provocations de Bill et les moqueries de Pheart, qui plongea Séraphine dans une colère noire. Elle ne se souvint plus de rien après cela.



Elle se réveilla dans l'infirmerie, et fut ensuite convoquée dans le bureau du directeur. Il la sermonna et elle apprit finalement que Bill Asp et Pheart Agot avaient tout deux été transportés d'urgence à l'hôpital. D'après les sanglots de la mère de Bill, ses yeux s'étaient tellement enfoncés qu'on ne les voyait plus, et celle de Pheart avait hurlé que ses boutons parcouraient désormais la totalité de son épiderme, et qu'il ne cessait d'émettre d'odorantes flatulences.


Le jour suivant, elle reçut une missive du ministère de la magie, qui l'avertissait que des sorciers viendraient d'ici quelques heures pour effacer la mémoire — et les effets — de son épisode de magie accidentelle.


Lily, qui n'avait pas oublié ce qui s'était passé, ne voulut pas lui pardonner d'avoir été si méchante avec ces garçons — malgré qu'ils l'aient bien cherché — avant une semaine. Sa mère, qui avait également été mise au courant par une lettre, ne sembla pas y accorder la moindre attention — elle haussa tout juste les épaules d'un air de total désintérêt. Et quant à son père, le ministère ne jugea pas utile de le prévenir, sans doute pare qu'il était Moldu.


C'était, la plupart du temps, le genre de cas de magie accidentelle qui se manifestaient chez elle. Quand elle était en colère, ou qu'elle était victime d'une situation injuste, sa magie réagissait, souvent de manière violente.


Sa mère n'avait pas jugé utile de lui expliquer, ni de la rassurer, mais Séraphine avait fouillé dans ses affaires personnelles et trouvé des livres au sujet des sorciers. 


C'était ainsi qu'elle avait découvert le monde sorcier.

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