Destinée | les Prince, tome 1

Chapitre 6 : Le plan de Druella Rosier — fin

955 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/06/2024 21:04



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Janvier, 1950.


Eileen remonta le perron qui menait à sa maison d'un pas léger. Elle rentrait de son troisième rendez-vous avec Tobias, et elle était ravie de constater qu'il s'intéressait beaucoup à elle. Il lui avait offert un superbe laurier blanc et, dès qu'ils s'étaient laissé, elle lui avait jeté un sort de conservation.


Elle atteignit sa chambre et posa la fleur dans un joli vase en porcelaine, qu'elle cacha au fond de son armoire. Elle se débarrassa de sa cape en chantonnant, avant d'enfiler ses habits de nuit. Elle appela Servisis, l'un de ses elfes de maison, et fronça les sourcils en constatant qu'il ne répondait pas. Il était de son devoir de venir dès que sa maîtresse l'exigeait, et jusqu'à maintenant l'elfe avait parfaitement rempli ses fonctions, ne manquant aucune de ses sollicitations.


Elle traversa le salon, inquiète, et sursauta lorsque la pénombre s'éclaircit à la lumière des bougies.


« Qui est là ? » demanda-t-elle en se maudissant d'avoir oublié sa baguette dans sa chambre.


Sa mère apparut, son visage sévère entouré de ses cheveux en bataille. Si ses yeux furibonds ne lui donnaient pas envie de rentrer sous terre, Eileen se serait volontiers moqué de l'aspect touffu ridicule de sa chevelure emmêlée.


« Eileen ! tonna sa mère d'une voix chargée de colère. Quand on m'a dit que tu rencontrais des Moldus, je n'ai pas voulu y croire. Je ne pensais pas que tu étais aussi bête, aussi naïve, aussi imprudente. Rencontrer des Moldus ! Es-tu véritablement une Prince ? J'en viens à en douter. »


Elle s'approcha rapidement d'Eileen. Celle-ci se recula jusqu'à être acculée et jeta des regards désespérés en arrière, tout en réfléchissant à l'identité de celui qui l'avait trahie.


« Tu seras privée de sortie, à moins que tu ne changes ton comportement, asséna-t-elle.


— Non ! s'écria Eileen. Pas question ! Je refuse ! Je... »


Elle fut interrompue par une gifle. Sa main tremblante caressa sa joue meurtrie et les larmes coulèrent sur son visage. Sa mère ne montra pas le moindre signe de remord et renchérit :« Ton père, si je l'en avais informé, aurait jugé qu'une punition plus sévère que la mienne, alors estime-toi heureuse de ne payer que la moitié du prix de ton erreur. »


Et elle s'éloigna, tandis qu'Eileen pleurait à chaudes larmes. Malgré tout, elle resta silencieuse lorsqu'elle remonta dans sa chambre et se promit de fuir un jour ce qui était devenu pour elle l'enfer même.

 

 

 


« Messieurs, Mesdames ! Les dernières nouvelles, à seulement une noise ! » clama un garçonnet vêtu d'une cape déchirée et de piètre qualité, tenant dans sa main une sacoche dont dépassait le papier jauni des journaux.


Druella s'approcha et lui acheta les derniers articles de la Gazette. A la une figurait l'inscription suivante : 𝗘𝗜𝗟𝗘𝗘𝗡 𝗣𝗥𝗜𝗡𝗖𝗘, 𝗦𝗔𝗡𝗚-𝗣𝗨𝗥 𝗗𝗘𝗣𝗨𝗜𝗦 𝗗𝗘𝗦 𝗚𝗘𝗡𝗘𝗥𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡𝗦, 𝗘𝗡 𝗖𝗢𝗨𝗣𝗟𝗘 𝗔𝗩𝗘𝗖 𝗨𝗡 𝗠𝗢𝗟𝗗𝗨 ?!. Une photo floue sur laquelle se découpaient les silhouettes de — ce qui semblait être — Eileen Prince et du Moldu dont elle s'était entichée figurait en-dessous.


Elle ricana, avant de se diriger vers le Manoir Black, en pleine réunion improvisée à la suite de la découverte du scandale d'Eileen.


Le 12, square Grimmaurd, était une grande demeure sombre et peu chaleureuse. Les elfes de maison, amassés devant la large porte à poignée d'argent en forme de serpent, chuchotaient entre eux.


Druella s'avança et frappa quelques coups légers sur le bois verni. La porte s'ouvrit sur le visage renfrogné d'Orion Black, qui s'éclaircit légèrement à sa vue.


« Ah, Druella, tu as vu les journaux ? demanda-t-il.


— Oui, acquiesça-t-elle gravement.


— Eileen a vraiment dépassé les bornes, cette fois, soupira-t-il en la guidant au salon des Black, dans laquelle tous les membres de la famille — à savoir Irma, Pollux, Alphard et Cygnus Black, le mari de Druella — étaient réunis.


— Effectivement. », approuva Druella avec un air sombre, malgré sa jubilation intérieure.


Le salon était une pièce assez vaste, aux murs vert olive ornés de tapisseries. Elle était éclairée par un lustre en argent. Collée sur toute la surface de l'un des murs avec un maléfice de Glu Perpétuelle, une tapisserie poussiéreuse, vieille de sept siècles, représentait l'arbre généalogique de la famille Black.


Irma Black, dignement assise sur un fauteuil, lui jeta un regard avant de déclarer : « Puisque nous sommes tous présents, commençons.


— Eileen Prince a osé se lier avec des sangs-de-bourbe ! l'interrompit Pollux. Je...


— Ne m'interromps pas ! » rugit Irma.


Pollux détailla prudemment son épouse et reprit, plus calmement : « Je propose d'annuler le mariage. »


Ses paroles provoquèrent un froncement des sourcils chez Irma et des murmures choqués pour les autres.


« Nous pouvons remplacer Eileen par Walburga. », expliqua-t-il en observant du coin de l'œil les réactions de son épouse.


Celle-ci dit finalement : « C'est une solution à envisager. »


Druella tourna la tête vers Orion et vit que celui-ci avait esquissé une grimace amère sans même s'en rendre compte. Elle s'en sentit coupable. Son projet n'était pas d'humilier Eileen au point qu'elle en soit bannie de la sphère des sangs-purs : elle ne souhaitait que briller davantage à ses côtés.


Hélas, au vu de la tournure des évènements, elle condamnait Orion à épouser sa cousine au deuxième degré, une femme sèche et dure. Elle le condamnait au même mariage que ses parents : un mariage dénué d'amour et de volonté.


Pourtant, il était trop tard. Eileen quitterait le futur de la famille Black dans les jours qui viendraient. C'était une fatalité.

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