Le Seigneur des Ténèbres Livre 1 : Tom Jedusor
“- La Forêt ? On ne va quand même pas y aller en pleine nuit ! Il y a des tas de bestioles, là-dedans !
- Il fallait y penser avant."
Drago Malefoy et Argus Rusard
Jedusor marchais tranquillement pour se rendre à son cours de potion. Quelques mois s’étaient écoulés depuis son entrée à Poudlard et enfin, le glacial hiver laissais place à un timide début de printemps. Les débuts de l’apprentissage de la magie tels qu’ils étaient dispensés en cours étaient un peu lents comparé à son rythme personnel, mais tout se passait bien. Il avait déjà su charmer nombre de ses professeurs, qui le voyaient, Jedusor l’avait entendu au détour d’un couloir de la bouche du Professeur Têtenjoy qui enseignait la Défense Contre les Forces du Mal, comme un élève discret, poli, agréable et extrêmement doué. Les élèves des autres maisons n’avaient pas spécialement de contacts avec lui, si ce n’est Sylvia qui avait décrété dès leur premier cours qu’ils étaient amis malgré leurs différences et s’étaient assise à côté de lui d’office. Elle restait une alliée de choix, cependant, offrant la tranquillité à Jedusor lorsqu’ils étaient ensembles de par son statut de fille modèle, sang-pur et petite fille de l’actuel Ministre. Ses relations au sein de la maison Serpentard étaient plus complexes. Jedusor avait été relégué d’entrée au rang de « Impur » par ses camarades de part l’absence de parenté sorcière établie. Tom savait que certains de ses camarades s’étaient renseignés sur son dos pour chercher la trace d’un Jedusor auprès de leur famille, sans succès.
Lui même se rendais souvent à la bibliothèque et entre deux lectures de grimoires et de livres d’histoire de la magie, leur professeur en la matière, un fantôme nommé Binns étant d’un ennui absolument navrant ce qui n’empêchais pas Tom de se passionner pour cette matière, il cherchais des traces notamment dans des articles de journaux. Rien. Aucun Jedusor ne semblait avoir laissé sa marque dans le monde magique.
Tom n’en démordais pourtant pas, il savait pourtant qu’il possédais une ascendance sorcière. Premièrement, que ses pouvoirs viennent de nul part lui semblait impossible. Deuxièmement, cette voix qui l’avait accueilli à son entrée à Poudlard en le désignant comme « Descendant » ou « Potentiel Héritier » ne lui laissait aucun doute. Lors de ses recherches, n’osant croire ce que cela impliquais, Jedusor avait bien découvert que parler aux serpents était une capacité magique, nommée Fourchelangue, rarissime et qui avais fait la célébrité, entre autres exploits, du créateur de sa maison et co-fondateur de Poudlard, Salazar Serpentard. Quoi que signifie les espoirs de l’auto désigné « Roi des Serpents », qui était étrangement resté muet après le soir de la répartition, il sous entendait certainement un lien de filiation entre Tom Jedusor et Salazar Serpentard. Cela faisait se sentir à Tom une impression d’importance qui le glorifiait. Et Salazar Serpentard ne pouvais pas avoir eût une foule de descendants moldus ayant engendré après quasiment mille ans un sorcier n’est ce pas ? Sa mère était morte en lui donnant naissance, ce qui paraissait indigne d’une sorcière digne de ce nom. Donc son sang était peut être souillé, mais il avait forcément une lignée de sorciers. Peut être après tout que les bonnes femmes de l’orphelinat Wool n’avaient rien compris et que son père ne s’appelait pas du tout Tom Jedusor…
En cours de potions, il brilla, comme depuis deux semaines, en répondant à toutes les questions du Professeur Slughorn, qui s’était avéré être le directeur de la maison Serpentard. De ce que Tom avait entendu à son sujet dans la salle commune, Slughorn était un professeur influent, qui gérais une sorte de club ou les meilleurs élèves côtoyais les futurs puissants.
On appelait ce rassemblement le « Club de Slug ». Tom était déterminé à y faire son entrée rapidement, histoire d’afficher à tous qu’il était d’or et déjà un élève brillant d’une ascendance tout ce qu’il y a de glorieuse. Ce n’était pas l’avis de tout ses camarades, car dès que Slughorn eût le dos tourné pour se précipiter vers un chaudron fumant un peu trop, Tom sentit une claque derrière sa tête. Il se retourna et vit John Avery et Carl Mulciber ricaner bêtement.
- Bah quoi, Jeducrotte ? On aime pas se faire rappeler son statut ? Pouffa Mulciber tandis que Avery se tordais de rire.
Tom fronça les sourcils en les regardant. Les deux garçons semblèrent sentir la menace puisqu’ils cessèrent de rire pour le fixer à leur tour. Ils restèrent comme ça jusqu’à ce que la fiole dans la main de Avery éclate dans un grand bruit, faisant sursauter la classe et se précipiter Slughorn qui poussa un petit cri en voyant la main ensanglantée de son élève, tandis que Tom se retournais tranquillement vers sa potion.
- Mais enfin Avery, que s’est t-il passé ? Couina le maître des potions en sortant sa baguette pour faire disparaître le verre éparpillé.
- Rien monsieur, marmonna Avery, j’ai simplement mal dosé ma force…
- Eh bien concentrez vous un peu que diable mon garçon ! Un fils de si bonne famille…
Tom ricana dans son coin en ajoutant les yeux de tritons à sa potion. Manifestement, les origines ne faisaient pas tout…
Les cours passèrent, et Jedusor continua à se forger une réputation de petit génie de première année. Ses relations avec les autres Serpentard allaient de la franche ignorance aux petits coups bas. Tom répliquais à chaque fois à sa manière, mais commençais à se lasser de ce petit jeu. Il devrait trouver une solution pour imposer le respect à ses camarades avant de passer pour la victime de service.
Il était en train d’y penser dans son coin, en cours de métamorphose, après avoir parfaitement transformé en quarante secondes sa brindille en longue et superbe aiguille à tricoter en un coup de baguette lorsqu’il s’aperçut que Sylvia à côté de lui avait plus tendance à lui jeter des coup d’œil de biais qu’à se concentrer sur sa branche, qui demeurait désespérément arrondie et en bois.
- Quoi ? Finit t-il par souffler à sa voisine, lassé.
- Hein ? Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? Chuchota t-elle, feignant la surprise.
- Qu’est ce que tu as à me regarder toutes les cinq secondes ?
- Je ne te regarde pas ! Rougit Sylvia en oubliant de baisser le ton. Je constate simplement que tu as parfaitement réussi l’exercice c’est tout. Ça en devient quasiment vexant pour moi !
Tom s’apprêtait à répliquer lorsqu’il sentit une présence dans son dos et ferma les yeux en serrant les dents.
- Puis je savoir de quoi il retourne Miss Fawley ? Demanda Dumbledore d’un ton amusé.
Sylvia devint complètement cramoisie tandis que Tom jeta à son professeur de Métamorphose un regard ennuyé.
- Sylvia se demandait pourquoi j’ai réussi l’exercice si rapidement alors qu’elle même n’y parvenait pas.
- Et qu’en pensez vous, monsieur Jedusor ? Une explication ? Ou quelqu’un d’autre ? Questionna Dumbledore en regardant toute la classe.
Les élèves chuchotèrent rapidement ou haussèrent les épaules. Délia Greengrass, une jolie brune de Serpentard proposa avec un sourire mauvais :
- Peut être que les rumeurs sur la maison Poufsouffle et ses élèves peu doués sont tout simplement vrai ?
Tout les élèves ricanèrent sauf Sylvia qui baissa les yeux ainsi que Tom qui regarda Délia en secouant la tête d’un air navré tandis que Dumbledore appelait au calme avec autorité.
- Dis moi Délia, intervint Jedusor s’attirant tout les regards. Il faudra songer à repasser sous le Choixpeau dans ce cas. Parce que la tienne de brindille, à part la casser en deux, tu lui as fait quoi déjà ?
Cette fois la classe éclata franchement de rire sauf Délia qui fusilla Tom du regard. Même Dumbledore sourit légèrement avant de déclarer d’une voix forte :
- Allons ça suffit. Monsieur Jedusor, bien que j’apprécie votre volonté à défendre votre camarade, je vous demanderais de ne pas le faire au dépend des autres. Alors, quelqu’un a t-il une idée moins saugrenue ?
- Si vous permettez, soupira Jedusor. Le principe de Sowain dit que lors de l'exécution des charmes complexes et des transfigurations, l'esprit doit être complètement à l'écoute de ce qu'il va accomplir. Au moment crucial, la baguette et son sorcier ne doivent faire qu'un.
Personne ne rit ou ne chuchota cette fois. Tout le monde fixa Jedusor en tentant d’assimiler ce qu’il venait de dire puis Dumbledore pour voir sa réaction. Le professeur regarda Tom un moment sans la moindre émotion apparente en passant sa main dans sa barbe puis reprit d’une voix joyeuse en se tournant vers son bureau :
- Vingt point pour Serpentard !
A la fin du cours, Dumbledore fit signe à Jedusor de s’approcher. En se dirigeant vers le bureau de son professeur, Jedusor capta le regard assassin de Délia Greengrass, brillant de Sylvia, admiratif des Poufsouffle et respectueux de la plupart des Serpentard, exception faîte de l’hostilité dans les yeux d’Avery.
- Vous vouliez me parler, professeur ? Commença Tom en lui souriant poliment.
- Assied toi Tom. Proposa Dumbledore avec un sourire. Alors comment se passe ton début de scolarité à Poudlard ?
Tom s’installa face à son professeur et le jugea du regard. La première impression restais la même qu’aujourd’hui, Tom n’avait aucune confiance en Dumbledore. Il avait remarqué comme les autres professeurs le respectaient, peut être plus que le directeur lui même, comment les élèves les plus âgés d’autres maisons en parlaient comme d’un génie. En faisant ses recherches sur sa famille à la bibliothèque, Tom avait aussi relevé le nombre d’articles qui parlaient de lui comme la principale menace pour un mage noir nommé Grindelwald qui sévissait en Europe continentale, comme d’un génie de la métamorphose, des potions, des sortilèges, bref de tout.
En un sens, c’était rassurant, car cette impression d’être largement dominé par Dumbledore lorsqu’il l’avais rencontré ne faisait pas de Tom un faible sorcier prêt à se faire écraser par n’importe quel autre mage plus expérimenté. Albus Dumbledore était juste un prodige, l’un, voir le sorcier le plus doué de sa génération. Tom avait du mal à comprendre ce qui l’avait motivé à entreprendre une carrière de professeur au vu de ses capacités et de son aura hors norme. Constatant que Dumbledore attendait sa réponse, Jedusor répondit du ton le plus neutre possible, en songeant que ce manque de confiance était manifestement réciproque :
- Bien monsieur. Je suis ravi d’être ici.
- Tu as l’impression d’avoir enfin trouvé ta place ? Tu te sent plus à l’aise qu’à l’orphelinat ?
- Oui monsieur, c’est sans comparaison pour moi. Répliqua Jedusor. Poudlard est un endroit magique, dans tout les sens du terme. L’apprentissage de la magie est passionnant, et je ne fais que débuter.
- Je suis heureux de l’entendre, répondit posément Dumbledore. Tu as fais forte impression auprès de tes professeurs. Tu sembles effectivement passionné. Tu es même assez en avance. Sais-tu que le principe de Sowain n’est enseigné dans les termes avec lequel tu me l’as présenté qu’en sixième année ?
- Ah ? Fit Jedusor. Non je ne savais pas. J’ai passé beaucoup de temps cet été chez Fleury et Bott. Et depuis la rentrée à la bibliothèque. J’ai lu ce principe dans « Traité avancé de la magie des sorciers » de Finfolk.
- Vraiment très impressionnant, commenta Dumbledore. Toutefois, tu n’as évoqué que le début de ce principe tout à l’heure. En as tu compris la seconde partie ?
- Le passage sur les baguettes ? Il me semble oui.
- En ce cas, peut tu me l’énoncer ?
Jedusor haussa un sourcil, tentant de comprendre ou Dumbledore voulait en venir.
- Lorsqu'on canalise sa concentration sur la réalisation d'un sortilège particulièrement complexe que l'on ne maîtrise pas, la baguette magique peut se micro-fissurer sous la pression. La répétition de cette erreur peut conduire la baguette à la destruction. Ne pas réussir un sort parce que le mouvement, la formule, la prononciation ou l'attention est mauvaise peut avoir des conséquences diverses, mais ne pas y parvenir par manque de maîtrise ou de puissance est extrêmement néfaste pour la baguette.
- Précisément.
Dumbledore joignit ses mains au dessus de son bureau et regarda Jedusor qui eût à nouveau l’impression d’être examiné de l’intérieur. Il ne put retenir un froncement de sourcil et se concentra à vider son esprit. Aucun doute que le professeur de métamorphose était capable, tout comme lui l’avait été plusieurs fois à l’orphelinat, d’interpréter des choses en lisant en quelque sorte dans l’esprit de son interlocuteur.
Jedusor n’avait trouvé aucune trace de cette forme de magie pour l’instant, ni la façon de s’en protéger, mais ne penser à rien d’autre qu’à quelque chose de futile, tel que le repas de ce soir ou la dissertation d’astronomie paraissait un bon plan.
- La où je veux en venir, reprit Dumbledore, c’est que tu es audacieux, investi, et que c’est agréable pour tes professeurs de te voir si passionné et volontaire et si prompt à progresser. Mais ne tente pas de griller les étapes. Tu restes, pardonne moi de le souligner, un jeune sorcier novice de première année qui n’as que quelques semaines de pratique de la magie derrière lui. Nombre de sorciers à travers les siècles ont tenté d’obtenir un pouvoir plus grand sans tenir compte de la préparation nécessaire, de l’entraînement minutieux, étape par étape vois-tu. Et les conséquences sont quasi systématiquement funestes pour eux. Surtout lorsque ces expériences magiques se font sans aucun respect des bonnes mœurs.
Cette dernière remarque, à n’en pas douter, faisait référence aux actions de Tom au sein de l’orphelinat. Il choisit cependant de ne pas relever. Déjà, le moment n’était pas propice à l’interruption, le discours de Dumbledore étant des plus révélateurs, et ensuite, réagir reviendrait à reconnaître des choses. Techniquement, seul le larcin de quelques objets pouvait être reproché à Tom par son professeur. En révéler plus sur sa maîtrise de ses pouvoirs, comme lors de l’excursion au bord de la mer, et surtout de leur utilisation pousserait Dumbledore à une méfiance supplémentaire.
- Je comprend, monsieur. Répondit poliment Jedusor en inclinant la tête vers son professeur.
- T’es t-il arrivé de ressentir un tel phénomène ? Pour autant que je le sache, ta baguette paraît intacte, bien sûr mais…
- Aucunement, dit aussitôt Jedusor. Tel que vous le préconisez, j’avance, étape par étape. Je me contente d’en apprendre le plus possible sur la théorie et ne lance pas de sortilèges trop compliqué pour moi. J’ai bien du m’y reprendre à deux fois à certains moments, pour faire reprendre sa taille normale à ma valise par exemple, mais c’était du à un défaut de gestuelle.
- Je vois. Eh bien, c’est entendu Tom. Je compte sur toi pour ne pas dépasser les limites. Sourit Dumbledore, l’air de rien.
Jedusor tiqua à la menace à peine voilée mais se força à sourire et se leva délicatement pour se diriger vers la cour de récréation, ayant compris que cette ultime déclaration marquais la fin de leur entrevue. Avant de quitter la classe toutefois, une idée lui passa brusquement par la tête et il se retourna pour interroger Dumbledore.
- Monsieur ?
- Oui Tom ? S’enquit Dumbledore, l’air étonné que Jedusor reprenne leur conversation de lui même.
- Le principe de Sowain… Au sujet des baguettes qui s’abîment lorsque la puissance demandée est trop importante pour le sorcier… Qu’en est t-il dans le cas de la magie sans baguette ?
Pendant un instant, un éclair de stupéfaction passa dans le regard de Dumbledore. Il reprit contenance, toutefois, assez rapidement.
- Question intéressante Tom. T’es tu toi même essayé à cette pratique ?
- Pas depuis l’acquisition de ma baguette, monsieur. Répondit posément Jedusor. Mais avant cela, lorsque j’ignorais ma nature de sorcier, j’utilisais mes pouvoirs sans baguette, évidemment.
- En général, dit lentement Dumbledore, l’air de réfléchir en parlant, ces manifestations sont involontaires. Et l’utilisation de la baguette facilite tant la vie du sorcier qu’elle devient vite indispensable. Mais pour en revenir à nos affaires, je suppose, sans pouvoir le prouver, que cela fonctionne de la même manière. Les baguettes sont souvent définies comme catalyseurs vois-tu. Imaginons qu’elles jouent aussi le rôle de filtre en quelque sorte. En l’absence de ce filtre, c’est la machine elle même qui subit les dommages, et donc, le sorcier lui même. Un sorcier tentant d’utiliser un sortilège puissant, sans baguette, sans être en capacité de le faire mais en y mettant toute sa concentration et sa volonté risquerais fort de subir graves répercussions.
Jedusor hocha la tête en regardant pensivement le tableau noir. La cloche de l’école le ramena à la réalité.
- Allez, file ! S’exclama Dumbledore en reprenant son habituel air joyeux. Ces discussions sont intéressantes, mais elles nous ont privé de récréation, et il nous faut tout deux retourner travailler !
Plus tard, dans la soirée, Tom se trouvait confortablement installé dans un fauteuil de la salle commune de Serpentard. L’avantage d’être à Serpentard, c’est que la salle commune était spacieuse, remplie de livres, bien que peu d’entre eux traitent réellement de magie, mais plutôt de politique et de généalogies. Elle était aussi très calme, les Serpentard étant de nature plus discrets que les exubérants Gryffondor ou les bon vivant Poufsouffle. Bien sûr, quelques élèves aimaient prendre la parole haut et fort, généralement des cinquième à septième année au sang-pur se recherchant un auditoire pour s’entraîner à parler pendant un long moment de l’actualité en commentant chaque détail. Mais, en règle général, chacun s’occupait de ses affaires.
Ce soir là, donc, ne faisait pas exception en la matière et immédiatement après avoir dîné, Tom s’y était installé pour étudier « Nobles par nature : une généalogie des sorciers », un ouvrage traitant des liens de parenté entre les différentes familles. Il n’espérait pas y trouver une trace du nom Jedusor, qui que soit son paternel, soit il n’avait laissé aucune trace de son passage sur terre, soit il était sacrément bon pour brouiller les pistes. Simplement une preuve qu’il descendais d’une illustre famille au sang-pur, probablement apparenté à Salazar Serpentard lui même pour ce don de parler aux serpents. Il était si concentré sur l’épais volume à étudier l’arbre généalogique des Black, certainement le plus long de tous et le plus diversifié en matière de familles aux sang-pur, qu’il ne se rendit pas compte que le silence de la salle commune était devenu plus pesant. Comparé au calme confortable habituel, ce silence là était absolu, et il en avait quelque chose d’angoissant.
Relevant enfin la tête pour regarder autour de lui, il fût stupéfait de constater que la salle commune était parfaitement vide. Il se leva lentement de son fauteuil lorsqu’il se sentit devenir raide et tomber en avant, paralysé. Il ressentit aussitôt une grande colère à s’être fait piéger et roula des yeux dans tout les sens pour voir qui l’avait attaqué par surprise, mais on lui enfonça brusquement la tête dans un sac noir.
- Allez ! Faut se dépêcher !
- Chut !
- Il pèse plus lourd que ce qu’on aurait dis…
- Chut !!!
- T’es sûr que personne ne nous à vu ?
- SILENCE !
Le type qui portait Jedusor sursauta. La fille du groupe, que Tom avait identifié par sa voix autoritaire comme Walburga Black, avait crié, sans doute pour les inciter une fois pour toute à se taire. Celui qui les enjoignais à se dépêcher était sans aucun doute Magnus Parkinson, le préfet qui avait pris Tom en grippe le premier jour. Impossible, cependant de reconnaître celui qui le portais. Le groupe continua en silence, Jedusor toujours paralysé et aveuglé, commençais à s’impatienter. Il ne savait pas ce que ces crétins voulaient faire de lui, mais ca ne serait sans doute rien de très réjouissant pour avoir pris la peine de vider la salle commune pour l’enlever contre son gré. Soudainement, il tomba brusquement au sol, comme un sac de patate qu’on aurais lâché après une longue traversée. Il ne put gémir de douleur en sentant une racine lui rentrer dans les côtes et tenta de fixer ses ravisseurs à travers la toile noire d’un air furieux.
- Ici, ça sera parfait non ? On est en plein milieu.
- Ouais. Ça fera l’affaire. De toute façon, moi, j’le porte plus.
- Wal ? C’est bon ?
Magnus s’adressait sans doute ainsi à Walburga. Qu’il lui donne un diminutif montrait qu’ils étaient relativement proches, qu’il lui demande son assentiment de son ton là prouvait à Tom que malgré le fait que la jeune fille était en troisième année, et que Parkinson était un préfet de cinquième, c’était elle qui commandais ce petit groupe de sang-pur. Il prit note mentalement que c’était donc à elle qu’il faudrait demander des comptes en premier pour cette désagréable promenade.
- Ça ira. Enlève lui le sac, on va lui expliquer.
Une main lui arracha sans douceur le sac noir qui lui obstruait la vue. Tom cligna des yeux plusieurs fois pour distinguer les alentours. Il faisait presque aussi sombre que sous le tissu, des arbres tout autour et le ciel nuageux cachaient la nouvelle lune. Enfin, Tom pu poser les yeux sur ses ravisseurs et reconnu comme il l’avait prévu Walburga Black et Magnus Parkinson, accompagnés d’un troisième année dont il ne connaissait pas le nom, mais grand et musclé, dont le visage creusé et les cheveux noirs rappelaient quelque chose à Tom sans qu’il ne parvienne à l’identifier.
- Salut, Jedusor. Commença Parkinson avec un sourire aimable, comme si ils étaient assis ensembles à la terrasse d’un café. Tu te demande sans doute pourquoi nous avons cru important de te faire visiter la forêt interdite ce soir ?
Si Jedusor avait pu, il aurait haussé les épaules. Il se contenta de cligner des yeux pour signifier qu’il écoutais, tout en songeant que si ils avaient voulu lui faire réellement du mal, les choses ne se dérouleraient pas de cette façon. Peut être était ce une sorte de bizutage ?
- L’idée, tu vois, c’est de te donner une chance de faire tes preuves. Tu as fait une forte impression depuis ton entrée à Poudlard. Tu ne laisse personne te marcher sur les pieds, tout les profs te considèrent comme un petit génie, tu t’es mis la petite fille du ministre dans la poche… Un brave petit Serpentard !
Visage creux ricana et Walburga leva les yeux au ciel avec agacement, n’ayant apparemment pas envie de s’attarder ici. Parkinson poursuivit, en secouant la tête d’un air navré.
- Dommage que tu sois si impur… Peut être même un sang de bourbe… Tu sais qu’on aime pas beaucoup ça ici…
Jedusor le foudroya du regard, mourant d’envie de se libérer pour lui lancer un sortilège de son cru, mais il lui était impossible de bouger. Parkinson le remarqua et sourit encore plus largement.
- Ou pas après tout ? Qui sait hein ! Il paraît que tu laisse entendre une ascendance plus noble depuis quelques temps. Et que tu te permet de répondre à des sang-pur. La petite Délia Greengrass n’était pas ravie tu sais ?
Un cri bestial retenti dans la forêt. Au même instant, le vent se leva brusquement et souffla une bourrasque qui fit sursauter le troisième année de Serpentard et frissonner Black. Parkinson jeta un regard inquiet autour de lui, perdant un instant de sa superbe puis se retourna vers Jedusor, l’air pressé d’en finir.
- Une chance de faire tes preuves. Il y a des chaporouges dans la forêt, si tu ne sais pas ce que c’est, tant pis pour toi. L’un d’eux, le plus gros, le plus costaud, à l’air d’être un peu le chef, à un trou à quelques pas d’ici vers le sud. C’est la qu’il conserve son butin. Et c’est la que ça te concerne.
- Magnus… Grogna Walburga, inutile de trop lui en dire.
- Je sais Wal, soupira Parkinson. Mais il faut bien qu’il sache ce qu’il doit nous ramener non ?
- Dépêchons un peu, souffla le troisième en regardant autour de lui. De toute façon il va échouer, peut être même crever, alors…
- Vaudrait mieux pas ! Pouffa Parkinson. Et le but n’est pas de le punir mais de tester sa valeur. Un sang de bourbe ne pourrait pas retrouver la relique.
Se tournant à nouveau vers Tom, il reprit :
- Tu dois retrouver une relique dans le trou du chaporouge. Une sorte de pyramide en ossement, de la taille de mon poing. Tu la prend, tu me la ramène, je saurait quoi en faire. Si tu réussi, tu seras un véritable Serpentard et je te donne ma parole que tu seras respecté. Si tu échoues, si tu seras traité comme le sale impur que tu es durant toute ta scolarité, et tu auras intérêt à faire profil bas.
- Si tu retourne au château pour aller te plaindre à Slug, Dumbledore, Dippet ou n’importe qui, intervint Walburga, tu auras plutôt intérêt à retourner dans ton sale orphelinat de moldus. Parce que si on te met la main dessus après cette trahison, tu souffrira longtemps et horriblement.
- Si tu te ramène avec la relique et que tu veux pas nous la filer, je te bute. Conclut le troisième en faisant craquer ses doigts.
Tom les fixa tout les trois tour à tour et cligna lentement des yeux pour acquiescer.
- Brave petit ! Allez Selwyn, libère le.
Tom tiqua, et fouilla rapidement dans sa mémoire ou il avait pu entendre ce nom… Selwyn… Un visage creux… Des cheveux sales… L’Allée des Embrumes ! Le pouilleux qui l’avait agressé en pleine rue. C’était sans doute son fils. Un éclair de lumière plus tard, Jedusor sentit tout son corps se détendre. Il se redressa difficilement, tout engourdi et fit craquer sa nuque tandis que les trois élèves plus âgés se dépêchaient de filer.
- Bon… Au boulot…