Le Seigneur des Ténèbres Livre 1 : Tom Jedusor
“- A quel moment a t-il appris que le célèbre fondateur de la maison Serpentard connaissait la langue des serpents, je n’en sais rien. Peut être le soir même de son arrivée. Cette découverte n’a pu que l’enflammer davantage et accroître le sentiment de sa propre importance."
Albus Dumbledore
Jedusor se réveilla de très bonne heure le matin du 1er septembre 1938, sous un ciel pluvieux. Il n’arrivait plus à attendre. Partir, enfin, de ce maudit orphelinat, commencer sa nouvelle vie. Il n’avait eût de cesse tout l’été de se réveiller la nuit pour vérifier que ses achats magiques au Chemin de Traverse étaient toujours là, que sa baguette se trouvait toujours près de lui et que tout cela n’était pas seulement qu’un rêve. Mrs Cole avait convenu avec lui de l’accompagner à la gare mais, bien entendu, Tom n’avait aucune intention de lui en laisser l’occasion. Déjà, au vu de ce qui était expliqué sur sa lettre et son billet, le train que Tom devait prendre s’arrêtait sur la voie 9 3/4, ce qui incluais sans aucun doute une manipulation magique. Ensuite, Tom vivait la journée la plus importante de sa vie, son premier pas dans le monde des sorciers, son monde, sa chance de devenir quelqu’un et surtout de quitter enfin l’univers pauvre et grisâtre de son enfance. Hors de question de partager ce moment avec cette vieille pie.
N’y tenant plus, malgré l’heure très matinale mais décidé à profiter du silence qui régnait sur l’orphelinat, Tom s’habilla, attrapa sa valise remplie à craquer, qu’il avait à grand peine réussit à réduire à l’aide d’un sortilège trouvé chez Fleury et Bott lors de ses nombreuses lectures de l’été.
Il avait tout de même du s’y reprendre plusieurs fois, ayant peur d’endommager la valise et son contenu si il ratait le sort, et ne savait pas trop comment lui faire reprendre sa taille normale mais le fait était que ce serait désormais beaucoup plus simple pour lui que de la trimballer dans Londres.
Tom arriva de bonne heure à King’s Cross et se dirigea d’un bon pas vers les voies 9 et 10. Il éprouvais une joie si immense, si euphorique, qu’il ne s’inquiéta pas outre mesure dans un premier temps. Cependant, au fur et à mesure que le temps passait il commença à sentir la pression monter. Comment trouver la voie 9 3/4 ? Dumbledore n’avait pas été expressif sur le sujet. Cela faisait t-il partie de l’intégration à l’école, une sorte d’épreuve ? Malgré toutes ses études de l’été, il n’avait rien lu sur la détection magique d’endroits cachés, si tant est que sa théorie sur le sujet soit exacte. Il ne pouvait pourtant pas se résoudre à demander à un passant. Déjà l’idée de demander son chemin lui paraissait franchement humiliante, ensuite la foule autour de lui paraissait terriblement moldue. Comment faire ? Le Poudlard Express partait à onze heure précise. La gare était bondée. Tom voyais tout un tas de personnes, des types avec des mallettes qui couraient en marmonnant, des mères de familles, tout un groupe vêtus de robes bleues qui semblaient appartenir à une secte… Tom avait beau avoir passé une bonne partie de ses journées à fréquenter de loin des sorciers, il n’arrivait pas à se décider sur lesquels pouvaient êtres des moldus originaux et les autres de vrais magiciens. Il tenta de suivre une famille dont le père avait un gigantesque chapeau haut de forme sur la tête mais perdit leur trace le temps d’un clignement des yeux comme si ils s’étaient volatilisés. Ce fût vers onze heures moins le quart, alors que Tom commençais à envisager sérieusement de créer une catastrophe pour attirer le fameux Ministère de la Magie qui, quitte à le punir pour son geste, lui indiquerais au moins la bonne direction que le miracle se produit. Il entendit soudainement par hasard une mère marchant d’un pas pressée sur sa droite marmonner à sa fille, qui devait avoir le même âge que lui :
- Attend que les Moldus détournent le regard pour foncer. Évitons de nous faire repérer.
Jedusor fixa aussitôt son regard sur eux et s’approcha pour écouter la suite de leur conversation. Cependant les deux femmes ne dirent rien de plus et se figèrent face à un mur tout à fait ordinaire pour le regarder sans ciller. Jedusor hésita, peut être avait t-il mal entendu ? Ou peut être qu’elles ne savaient rien de plus que lui ? Alors qu’il ne les quittait pas du regard, la mère le remarqua enfin.
- Sylvia, fais plus attention, ce moldu nous regarde comme si nous étions des bêtes de foire, marmonna t-elle avec peu de discrétion à sa fille
- Je ne suis pas un moldu madame, répondit très calmement Jedusor en s’avançant vers elles, faisant sursauter la mère qui jetais des regards affolés autour d’eux, bien que les passants les ignorent complètement. Et c’est peut être votre discrétion qu’il faudrait remettre en cause.
La mère le regarda d’un air offensée tandis que la fille lui faisait un grand sourire. Elle était jolie, pensa Jedusor, se tenait parfaitement droite et fière avec ses cheveux blonds, sa jupe et ses yeux bleus. Elle ressemblait à une fille de bonne famille anglaise. Sans doute les sorciers disposaient eux même de leurs propres notables. Si Jedusor avait bien retenu ce qu’il avait appris de ses lectures chez Fleury et Bott, ces deux là appartenaient sans doute à une famille aisée de sang-pur, suffisamment renseignée cela dis sur le monde moldu pour avoir une tenue impeccable.
- Si tu n’es pas moldu, reprit la mère en tentant de reprendre contenance, je t’invite à te rendre promptement sur le quai.
- Après vous mesdames… Sourit Jedusor en s’inclinant légèrement. Loin de moi l’idée de vous griller la politesse.
La mère continua de le fixer d’un air dédaigneux tandis que la fille lui souriait. Puis, avant que sa mère ne put reprendre, la petite blonde se précipita à grandes enjambées vers un mur entre les voies 9 et 10. Jedusor haussa les sourcils au moment ou elle allait sans aucun doute se cogner violemment contre la pierre. Elle n’en fit rien, cependant, et sembla entrer dans le mur pour ensuite disparaître.
Sentant le regard de la mère sur lui, Jedusor s’efforça de ne pas avoir l’air surpris et se contenta de regarder autour de lui d’un air neutre.
- Je vous en prie madame. Rejoignez donc votre fille, je vous suivrais de près. Susurra Tom à la sorcière qui le regardais toujours d’un regard moins hostile.
- Merci. Se contenta t-elle de répondre d’une voix cassante avant de se diriger d’un pas plus tranquille vers le mur et d’y plonger à son tour.
Jedusor ricana puis la suivit après s’être assuré qu’aucun moldu n’était fixé sur lui. Il déboucha après avoir à son tour traversé le mur, ce qui était une sensation assez étrange en soit, sur un quai noir de monde. On se serait crû sur une version miniature du Chemin de Traverse.
Dans tout les sens de jeunes sorciers riaient, heureux de se retrouver après les vacances, les parents leur donnaient leurs dernières consignes, et tout ce beau monde était vêtu de robes et de capes. A se demander d’ailleurs comment ils passaient inaperçus du côté moldu. Tom haussa les épaules à ses propres réflexions et se dirigea d’emblée vers le train pour se trouver une place agréable, et de préférence solitaire.
Le train démarra peu après et Tom s’était trouvé le compartiment idéal. En bout de train, complètement vide. Il parvint, difficilement, à faire retrouver sa taille normale à sa valise et en examina soigneusement le contenu pour s’assurer que rien n’avait été dégradé par la magie puis se plongea une nouvelle fois dans la lecture de l’Histoire de Poudlard, désireux de réviser ses connaissances sur sa future école avant d’arriver. La journée aurait pu se passer aussi simplement si la porte du compartiment ne s’était pas brusquement ouverte pour laisser apparaître une tête blonde souriante, celle de la jeune fille que Tom avait suivit sur le quai, au grand agacement du jeune homme.
- Bonjour ! S’exclama joyeusement l’intruse en pénétrant d’un pas joyeux dans le compartiment après avoir refermé la porte derrière elle. Je m’appelle Sylvia Fawley !
Elle fixa Tom avec un grand sourire, attendant manifestement une réaction. Tom se contenta de froncer les sourcils en la regardant de la tête au pieds. Se faire un entourage en arrivant à Poudlard serait sans doute profitable, mais s’encombrer d’une ridicule gamine serait au mieux très vite lassant. Il se contenta de siffler froidement :
- Jedusor. Tom Jedusor.
- Enchantée Tom Jedusor ! Reprit Sylvia, sans remarquer l’hostilité de son interlocuteur tandis qu’elle prenait place face à lui. Alors ? Excité de découvrir Poudlard ? Tu viens du monde moldu pas vrai ? Les moldus sont les gens qui n’ont pas…
- De pouvoirs magiques. Coupa Jedusor, profondément agacé. Je sais merci. Et je suis probablement un fils de sorcier. J’ai grandi dans un orphelinat. Et toi ? Tes parents ?
- Sorciers tout les deux, répondit la blonde en pouffant. Oh mais du coup oui, tu ne peux pas connaître… En fait ma famille est un peu célèbre…
- Des sortes d’intermittents sorciers du spectacle sans doute ? Ricana Jedusor d’un ton moqueur.
Cette fois, Sylvia sembla s’apercevoir que le jeune homme en face d’elle n’était pas franchement amical. Elle fronça les sourcils à son tour et répondit, en levant le nez en l’air :
- En fait, non. Mon grand-père s’appelle Hector Fawley. Il est Ministre de la Magie.
Jedusor faillit en rester bouche bée. Cette blondasse était la petite fille du chef du gouvernement des sorciers ? Sérieusement ?
- Au cas ou tu l’ignorerais, reprit t-elle d’un air supérieur, le Ministère de la Magie, c’est l’organisme qui gouverne les sorciers. Ça veux dire que mon grand-père, c’est un peu comme le président des sorciers.
- Je suis désolé, dit Tom précipitamment. Je ne voulais pas être désagréable… Tout ça est nouveau pour moi, je suis un peu déboussolé.
La jeune fille le toisa un instant avant de soudainement éclater de rire.
- C’est pas du tout mon genre d’être désagréable ! Mais je suis vraiment la petite fille du ministre par contre, fit t-elle avec un clin d’œil. Je t’ai trouvé amusant quand tu répondais à ma mère tout à l’heure. C’est pour ça que je suis venu te voir.
- C’est gentil, répondit Tom, faussement timide. Tu dois avoir pleins de choses à m’apprendre sur le monde magique. J’ai essayé par les livres et en passant du temps au Chemin de Traverse mais discuter avec toi, ça à l’air beaucoup mieux.
Ils bavardèrent quasiment tout le trajet. Sylvia n’était pas experte au sujet du Ministère, mais elle appris à Tom ce qu’elle savait sur les différents Départements, leur fonctionnement et leur hiérarchie. Elle précisa que son grand-père était ministre depuis quatorze ans et qu’il ne laisserait pas sa place de sitôt selon elle, car il était très compétent. Tom eût beaucoup de mal à supporter l’engouement de sa camarade, mais il parvint à se convaincre que se la mettre d’emblée de la poche serait mieux que d’arriver en parfait inconnu. De surcroît, lorsqu’une vieille femme passa avec un chariot rempli de sucreries et que Sylvia lui fit profiter allègrement de ses achats, l’avantage se fit sentir. Cela fit passer mieux la conversation sur les maisons de Poudlard et le fait que la blonde espérait de tout cœur rejoindre Poufsouffle.
Elle lui parla aussi beaucoup d’elle même, de son statut de petite princesse, fille unique, petite fille du ministre, fille d’un haut fonctionnaire et d’une mère obnubilée par les mondanités. Du fait qu’elle souffrait beaucoup de solitude et qu’elle espérait à Poudlard se sentir plus libre. Jedusor se retint de lui préciser qu’ils pouvaient échanger de vies si elle le souhaitait et se contenta de mollement la soutenir. Elle finit par le laisser seul à nouveau pour aller mettre sa robe d’école dans le compartiment ou elle avait déposé sa valise. Elle connaissait tout de même déjà quelques élèves fréquentés dans des soirées d’adultes ou les enfants étaient traînés.
Elle arracha cependant à Tom la promesse de se voir vite, surtout si ils étaient dans la même maison.
Une fois vêtu en sorcier, Tom soupira en regardant par la fenêtre. Les sorciers pouvaient être tout aussi stupides et insupportables que les moldus. Il commençais à douter de rencontrer des gens à sa hauteur en arrivant à Poudlard. Mais vu la description que les livres faisaient de l’école, l’endroit lui devrait lui convenir.
Il ne lui fallut pas longtemps pour en juger. A sa sortie du train, il entendit crier aux premières années de se rassembler et il se dirigea vers le groupe autour d’un homme qui se présenta comme Apollon Picott, concierge de Poudlard. Il leur précisa qu’ils se rendraient à l’école en bateau et une fois installés par groupe dans les barques, Tom se retrouvant avec Sylvia, qui s’était précipitée pour être avec lui, ainsi qu’un garçon blond à l’air arrogant, Tom eût tout le loisir de fixer Poudlard. Tandis que le petit bateau glissais sur la surface de l’eau, Jedusor songea que ce château était la plus belle chose qu’il avait pu contempler dans sa vie.
Une fois débarqués ils se rassemblèrent en groupe compact et marchèrent jusqu’à entrer dans le gigantesque hall d’entrée du château. Un homme les y attendait et Jedusor fronça les sourcils en reconnaissant Albus Dumbledore, l’homme qui lui avait annoncé sa condition de sorcier. Dumbledore, toutefois, ne fit pas spécialement attention à lui et adressa un sourire chaleureux à tout les nouveaux élèves.
- Bonsoir à tous, je suis le Professeur Albus Dumbledore. Bienvenue ! Bienvenue à Poudlard. Sept années d’études passionnantes de la magie vous attendent. Vous vivrez des expériences uniques, apprendrez à lancer des sorts, créer des potions, à métamorphoser, ensorceler, créer. A vous défendre et à vous surpasser. Mais aussi à grandir en tant que personne au sein de votre maison. Les différentes maisons ont pour nom Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard.
Dumbledore marqua un temps d’arrêt et promena son regard sur chaque élève en s’attardant un instant sur Jedusor qui lui sourit poliment. Le jeune homme s’était redressé en entendant Serpentard.
Pour une raison ou pour une autre, il avait ressenti quelque chose en entendant le nom de la maison vert et argent prononcée dans le château. En cet instant, sans bien comprendre pourquoi, la maison Serpentard lui semblait toute destinée.
- Chaque maison, reprit Dumbledore, à sa propre histoire, ses propres valeurs, son propre blason. A Poudlard, votre maison représente votre seconde famille. Vous y vivrez, y partagerez une salle commune, des dortoirs, vos cours...
Jedusor se déconnecta du discours. Ce Dumbledore aimait vraiment s’écouter parler. Il n’entendit que vaguement le professeur parler du Choixpeau, dont Tom avait compris le fonctionnement dans le livre de Tourdesac, examinant les grand sabliers, lorsque soudain il entendit une voix forte et sifflante.
- Je sens ta présence… Descendant… Mais sera tu digne ? Sera tu l’Héritier ?
Jedusor se retint de justesse de bondir et regarda autour de lui. Tout le monde regardait Dumbledore qui s’interrompit enfin et sembla remarquer son trouble en lui lançant un regard interrogateur. Tom se contenta de secouer légèrement la tête comme si ce n’était rien. Entendre des voix dès son arrivée n’était pas vraiment au programme. C’est avec mille question qu’il suivit ses camarades dans la grande salle.
Le plafond magique était plus impressionnant à voir qu’à lire. Les quatre tables alignées remplies d’élèves aux uniformes indiquant leur maison, la table des professeurs, les bougies flottantes… Jedusor se sentit instantanément chez lui. Les élèves se mirent en rangée, fixés par toute la salle qui murmuraient, pointant du doigt tel ou telle élève d’une famille connue dans le monde sorcier et pariant sur leur future maison.
Le premier appelé fût Avery John. Il s’assit péniblement sur le tabouret et Dumbledore le coiffa d’un vieux chapeau en piteux état. Après quelques instant, le chapeau sembla ouvrir une bouche de tissu et cria :
- SERPENTARD !
Des applaudissements convenus éclatèrent à la table des vert et argent, comme si ils s’y attendaient. Jedusor pensa que cet Avery était certainement un sang-pur. La cérémonie se poursuivit sans que Tom y prête particulièrement attention, jusqu’à ce qu’il entende :
- Fawley, Sylvia !
La blonde s’avança d’un pas mal assuré, cherchant derrière elle le regard de Jedusor. Se retenant de lever les yeux aux ciel devant autant de mièvrerie, il leva un pouce en l’air dans sa direction pour lui donner du courage en pensant qu’elle n’avait aucune chance d’ête répartie à Serpentard. C’était fort dommage d’ailleurs, car Jedusor ne savait pas si il était habituel pour les élèves de se fréquenter entre les maisons, et que la petite fille du ministre de la magie qui s’était déjà attachée à lui, c’était un atout à ne pas perdre. Il se surprit à espérer mais le Choixpeau mis rapidement fin à ses attentes en annonçant « POUFSOUFFLE »haut et fort. Enfin son tour arriva. Il s’avança d’un pas digne, le menton levé et le regard droit devant lui lorsque Dumbledore annonça :
- Jedusor Tom !
Peu d’élèves semblaient s’y intéresser. Le nom de famille était inconnu, et une fois la lettre C dépassée, la hâte du festin se faisait ressentir. Ce ne fût toutefois pas cet élève la qui les feraient patienter. A peine Jedusor eût t-il croisé le regard de Dumbledore et prit place sur le tabouret que le Choixpeau hurla « SERPENTARD ! » en ayant à peine eût le temps d’effleurer ses cheveux. Les applaudissements à la table des serpents étaient plus mitigés que pour Avery. Une recrue supplémentaire ne faisait pas de mal, mais ce garçon au nom ordinaire et à la robe de sorcier d’occasion ne correspondait manifestement pas aux attentes de la haute société sorcière. Tom remarqua du coin de l’œil un professeur vêtu de velours avec une moustache blonde qui le faisait ressembler à un morse qui applaudissait en le regardant d’un œil intéressé, tandis qu’il se dirigeait vers sa table. A peine fût t-il assis qu’un élève plus âgé avec un badge épinglé sur sa poitrine le toisa et demanda :
- Tes parents sont sorciers ? Autrement tu risques d’avoir du mal ici. Je n’ai pas saisi ton nom…
- Jedusor. Tom. Répondit t-il en regardant son interlocuteur d’un air neutre.
- Et du coup ? Reprit l’autre l’air de se ficher éperdument du nom du premier année. Tes parents ?
- Généralement quand on demande à quelqu’un de se présenter, on le fait soi même avant, ou juste après. Souligna Tom avec un sourire moqueur.
Tout le monde le regarda, certains avec surprise, d’autres avec mépris et quelques uns d’un air impressionné. L’élève devant lui sourit méchamment avant de susurrer.
- Tu va vite apprendre comment ça marche ici Jedusor. Je suis Magnus Parkinson. Ton préfet.
Tom lui jeta un coup d’œil faussement intéressé avant de reporter son attention sur Dumbledore qui s’éloignait avec le Choipeaux, la répartition étant manifestement finie. Un petit homme aux longs cheveux et à la longue barbe blanche se leva du fauteuil central et Tom supposa qu’il s’agissait du directeur.
- Bienvenue pour une nouvelle année à Poudlard ! S’exclama t-il d’une petite voix aiguë. Je suis Armando Dippet, votre directeur. Avant de commencer notre festin, je tient à vous rappeler que l’accès à la forêt interdite est, comme son nom l’indique, formellement interdite !
Jedusor se promit mentalement d’aller jeter un œil à cette forêt sans se faire prendre. Quoi qu’on put y trouver, si c’était interdit, il y avait forcément une raison qui l’y pousserais. Enfin, Dippet se rassit et des centaines de plats apparurent soudainement sur les tables. Les premières années étaient impressionnées mais les élèves plus âgés semblaient parfaitement habitués. Tom avait beau ne pas se considérer comme facilement impressionnable, il devait s’avouer son émerveillement.
Si aux autres tables, les premières années nouait connaissance avec leurs condisciples plus âgés qui tentaient de les mettre à l’aise, à la table des Serpentard, les représentants des familles les plus aisées prenaient la parole pour saluer les nouveaux venus de leur caste sociale. Les autres élèves se faisaient discrets et Tom trouva cela confortable de savourer son repas, le premier de sa vie d’une telle ampleur. Une fille un peu plus âgée, de troisième ou quatrième année à vu d’œil, nommée Walburga Black fut la première à s’intéresser à lui après son éclat contre Parkinson :
- Et donc, toi. Dit t-elle, s’attirant l’attention des autres en fixant Jedusor comme on regardait un insecte. Tu as volontairement évité la question sur tes parents tout à l’heure. La pureté de ton sang est donc clairement à remettre en doute. Tu n’est quand même pas un sang-de-bourbe ?!
Jedusor haussa un sourcil puis se concentra à nouveau sur son repas en réfléchissant à sa réponse. Alors que tous le fixaient et que Walburga perdait patience il répondit tranquillement :
- Pour une raison ou une autre, j’ai grandi dans un orphelinat moldu, dit t-il provoquant les grimaces des autres élèves. Pour autant, je ne pense pas venir d’une famille moldue. Je me débrouille très bien en magie. Vous constaterez rapidement que je ne serais pas un élève moyen. J’ai peut être même des pouvoirs que vous ne possédez pas.
Tout le monde ricana autour de lui. Walburga secoua la tête, franchement amusée, et Parkinson prit la parole pour couvrir les rires de ses camarades avec un grand sourire :
- Eh bien, Jedusor, tu as peut être un sang rempli d’impureté, un nom qui laisse à désirer et des habits franchement usés qui puent le moldu, mais tu as du cran. Et de l’ambition avec ça. Trouve toi vite des ancêtres sorciers petit, et dépêche toi de faire tes preuves, parce qu’à Serpentard, ce n’est pas ta fierté qui te sauvera.
Jedusor tiqua, notant la menace voilée derrière cette déclaration teintée d’humour. Il hocha la tête en marmonnant qu’il avait bien compris et repris une part de tarte.
- J’espère que tu ne traînera pas à commencer tes recherches, descendant…Dit une voix sifflante et forte, comme si elle était à côté de Jedusor.
Tom se retint une nouvelle voix de bondir puis laissa glisser son regard sur chaque élève de sa maison. Aucun d’entre eux ne semblait avoir entendu quoi que ce soit, ou l’avoir prononcé. Une voix qu’il était le seul à entendre ? Ce château était t-il vivant ? Rien de cela n’était cité dans l’Histoire de Poudlard… Une voix qu’il était le seul à entendre… Soudain la lumière se fit dans son esprit alors que le directeur Dippet reprenait la parole pour leur souhaiter à tous une bonne nuit, ce qui fit se lever les élèves autour de lui. Ça ne pouvait être que cela. Toute sa vie il avait été le seul à entendre leur voix. Dumbledore lui même avait eût beau tenter de le cacher, il en avait été impressionné lorsque Tom le lui avait dit. Un serpent. Il y avait un serpent quelque part qui lui parlait. Mais pourquoi ne le voyait t-il pas ? Tandis qu’il suivait le reste du groupe vers les cachots, Tom prit tranquillement quelques pas de retard pour s’imaginer que le serpent glissais à coté de lui et siffla, comme il le faisait pour leur parler :
- Tu es un serpent ? Il n’y à que moi qui t’entends. Ou es tu ?
- Doucement petit descendant, siffla la voix d’un ton amusé. Tu as compris plus vite que certains autres que j’ai pu voir. Je suis le Roi des Serpents. Et je me trouve tout près de toi.
- Génial, répondit Jedusor avec agacement. Ca m’avance beaucoup. Tu en as vu beaucoup d’autres qui pouvaient te parler ?
- Oh non ! Dit aussitôt le prétendu Roi des Serpents, Il n’y a que ses descendants… Et ils ne sont pas nombreux ici… Tu es le premier depuis longtemps… Mais seras tu digne d’être l’héritier ?
- Jedusor ! Cria une voix devant lui, faisant sursauter Tom cette fois. Il chercha un instant puis s’aperçut que Magnus Parkinson le fixait d’un air furieux.
- Loin de moi l’idée de m’inquiéter pour toi, espèce de petit prétentieux, grinça Parkinson en s’avançant vers lui, mais le Professeur Slughorn me le reprochera si je laisse un premier année se perdre dans les cachots dès le premier soir. Alors bouge un peu tes fesses et viens ici.
Jedusor ne répondit pas et se dépêcha de rejoindre le préfet, l’esprit embrouillé par les questions de ce serpent invisible. Arrivé devant un mur ordinaire devant lequel s’étaient rassemblés les autres premiers années, il observa Magnus Parkinson en attendant que quelque chose se passe. Le préfet les regarda d’un air indifférent et leur souffla :
- Bon, je vais pas vous le répéter cinquante fois, alors écoutez bien. J’espère que vous avez retenu le chemin jusqu’ici parce qu’à Serpentard, personne aura le temps de vous tenir la main et surtout pas moi. Et le mot de passe ici pour l’instant c’est « Nocturnus ».
A peine eût t-il prononcé ce mot qu’une sorte de serpent de pierre en bas du mur, auquel Jedusor n’avait pas prêté attention jusque là se souleva et révéla une porte contre le mur. Les élèves de première année poussèrent une exclamation de surprise et suivirent leur préfet dans la salle commune, spacieuse et éclairée d’une lumière verdâtre, avec des canapés en cuir noir disposés autour d’une cheminée et de nombreuses bibliothèques remplies de vieux ouvrages sur les côtés ainsi que des escaliers menant sans doute aux dortoirs. Les murs du fond n’étaient en fait que d’épaisses vitres et Jedusor comprit que la salle commune devait se situer sous le lac de Poudlard, produisant ainsi cette effet de lumière verte. En pénétrant dans la salle commune, Jedusor ressenti à nouveau cette impression de bien être, comme si il rentrait chez lui après un long voyage. Il entendit à nouveau la voix lui chuchoter :
- Bienvenue à la maison, Serpentard.