L’ULTIME ESPOIR DE L’HUMANITE traduit de Russe. Auteur Isra

Chapitre 52 : Tome 5. Aimer c’est vivre. Partie 5

3180 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 4 mois

Lorsque Severus entra dans le bureau, il constata que Kingsley s'était assoupi en l'attendant. Mademoiselle Lambert, la secrétaire chargée de l'accueillir avant de rentrer chez elle, sourit d'un air gêné et offrit du café au visiteur, tout en s'efforçant d'ignorer les ronflements bruyants provenant de la pièce voisine.

Mademoiselle Lambert, qui avait depuis longtemps un petit faible pour son patron, remarqua :

-         Il est vraiment exténué aujourd’hui.

-         Ce n’est pas grave, sourit Rogue en entendant encore une série de ronflements bruyants, c’est ma faute. Il m'a donné rendez-vous à sept heures de matin, et maintenant il est déjà sept heures et demie.

-         C’est même dommage de le réveiller, soupira la jeune fille.

-         Mélanie, rentrez chez vous, déclara Rogue, remarquant qu'elle peinait à réprimer un bâillement. Je vous garantis de ne pas importuner votre patron pendant au moins une heure. J'ai moi-même besoin de me reposer un peu.

Severus n'avait pas menti. Après avoir congédié Mademoiselle Lambert, il prononça « Tempus » et régla le réveil pour huit heures et demie. Puis il transforma une chaise en un confortable canapé, s'enveloppa de son manteau et s'endormit profondément quelques instants plus tard.

***

À huit heures et demie précises, une voix puissante résonna près de l'oreille gauche de Severus :

-         Il est l'heure de se lever !

Si cela avait été un réveil moldu ordinaire, Severus l'aurait simplement arrêté et se serait rendormi, mais cela ne fonctionnait pas avec ce fichu Tempus. Il n'y avait qu'une seule solution pour s'en débarrasser : obéir et se lever, que ce soit du lit ou du canapé, comme dans le cas de Rogue.

Malgré tout, le maudit Tempus accorda à Severus une faveur inattendue : ses hurlements assourdissants réveillèrent également Kingsley, qui se tenait maintenant sur le pas de la porte du bureau et observait avec le sourire Rogue somnolent se débattre dans les plis de sa propre robe de sorcier.

-         Je vais faire venir mon elfe de maison et lui demander de nous apporter des sandwichs et du café, et en attendant, profite de ce temps pour bien te réveiller, dit Kingsley en bâillant. Si cette course effrénée dure encore quelques jours, j'aurai besoin d'un mois entier de vacances pour me remettre.

-         Emmène Mademoiselle Lambert en vacances avec toi, dit Rogue d'un ton amer. Elle t'adore. Ou bien préfères-tu uniquement les blondes à forte poitrine ?

-         Tu sais vraiment le don de me gâcher l'humeur, Severus ! Kingsley secoua la tête. Même sans tes rappels, je me sens déjà coupable d'avoir laissé une jeune étudiante me duper.

Rogue plia sa robe, reconverti le canapé en chaise et le consola :

-         À une jeune étudiante très compétente et intelligente ! Bien qu'elle soit également complètement folle. Tu n'étais pas le seul à avoir été berné. Au moins, elle ne t'a pas incité à kidnapper et à violer des gens comme elle l'avait fait à Gregston. L'autoflagellation et la solitude ne mènent généralement à rien de bon. Mon conseil : prête un peu d'attention à Mademoiselle Lambert.

-         Tu parles d'expérience en ce qui concerne la solitude ? gloussa Shacklebolt.

Rogue acquiesça puis orienta la conversation vers un de sujet moins épineux :

-         Il me semble que quelqu'un m'a promis du café et des sandwichs, j'ai faim, et en plus, je meurs d'envie d'entendre le récit de tes brillantes négociations avec les Moldus.

Le visage fatigué de Kingsley sembla s'illuminer de l'intérieur :

-         Les négociations ont effectivement été très fructueuses ! Tu pourras le constater bientôt par toi-même !

***

Après le repas accompagné d'un excellent café, Severus sentit ses forces revenir. Son esprit s'éclaircit et il était désormais impatient de mettre en œuvre la deuxième partie de leur plan, qui comprenait le changement du gouvernement moldu, le retrait des enfants nés de prisonniers dans les camps de Gregston de familles d'accueil et, enfin, la construction de centres de reproduction partout en Grande-Bretagne.

-         Si ça ne te dérange pas, je préfère te montrer, au lieu de raconter. 

Kingsley en posa la Pensine sur l’immense table en acajou.

-         Ce serait même préférable, convint Rogue, ainsi je ne raterai aucun détail.

***

(Vu dans la Pansine)

La réunion se tenait dans le petit bureau confortable de l'ancien Premier ministre, démis de ses fonctions par le gouvernement militaire « intérimaire ». Le propriétaire des lieux, vêtu d'un costume soigné, assis à la table de travail, semblait agité et quelque peu effrayé. Il n'avait pas eu l'occasion de rencontrer Kingsley depuis un bon moment et aurait préféré que cela reste ainsi.

Il se leva et tendit la main à Kingsley, feignant habilement l'amitié :

-         Monsieur Shacklebolt, c'est un plaisir de vous revoir après tout ce temps. À quoi dois-je le privilège de votre visite ? Je pensais que vous communiquiez désormais avec mon successeur, le général Gregston.

-         Oui, acquiesça Kingsley, c'était effectivement le cas jusqu'à récemment. Cependant, au cours des derniers mois, j'ai reçu des informations concernant l'implication du général dans des activités criminelles visant la communauté magique.

-         Le général Gregston est-il impliqué dans des activités criminelles contre les sorciers ? demanda à nouveau Premier ministre, avec un doute dans la voix. Bien sûr, j’ai entendu parler de certains… excès du gouvernement militaire, mais en ces temps terribles cela, ne peut être évité, hélas !

Kingsley, exaspéré par l'étroitesse d'esprit de son interlocuteur, déclara d'un ton sombre :

-         Il est peu probable que la torture et le meurtre de journalistes et de manifestants pacifiques puissent être considérés comme des excès. Cependant, ce domaine ne relève pas de mes attributions. Vous devrez vous-même en découvrir davantage à ce sujet. Mais, en tant que Ministre de la Magie, je ne peux pas autoriser les crimes contre la communauté magique. Bien entendu, je ne vous importunerais pas sans disposer de preuves fiables de ces crimes, mais... Voyez par vous-même.

Il déposa devant le Premier ministre stupéfait le rapport d'interrogatoire de Gregston, ainsi qu'une épaisse enveloppe contenant des photographies prises sur ses ordres personnels par les Aurors.

Le Premier ministre parcourut le procès-verbal, puis ouvrit l'enveloppe et commença à examiner les photographies, soigneusement classées dans un ordre précis par Shacklebolt. Severus parvint à apercevoir une photographie représentant une potence avec un pendu ; Drago, sale et épuisé, couché sur un matelas de paille, les chevilles entravées ; un autre sorcier avec un moignon à la place d'un bras, pendant de la manche de sa combinaison blanche ; un Cracmol dans son neuvième mois de grossesse.

-         Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? bégaya le malheureux Premier ministre en laissant tomber les photographies de ses mains. - Qui sont tous ces gens ? Quels sont les camps, les sorciers violés et assassinés et les enfants kidnappés qui sont mentionnés dans le protocole ? Comment..., il montra une photo d'un Cracmol enceint, comment un homme peut-il concevoir un enfant ?

-         Asseyez-vous et écoutez-moi, dit calmement Kingsley, remettant les photos dans l’enveloppe. Et buvez un verre, si vous le voulez, ça ne me dérange pas.

Le Premier ministre se dirigea vers le bar, en sortit une belle bouteille de whisky irlandais et deux verres, puis murmura :

-         Oui, oui ! Vous en voulez ?

-         Ce n’est pas de refus, répondit aimablement Shacklebolt, les derniers jours ont été bien difficiles pour nous...

Le ministre essaya de verser du whisky à son invité, mais ses mains tremblaient tellement que la moitié du liquide ambré se répandit sur la table.

-         Laissez-moi faire, dit Kingsley d’un ton compatissant.

Le Premier ministre s'affaissa sur une chaise et tamponna la sueur de son front avec un mouchoir.

-         Oui, allez-y, je vous en prie ! Vos photos m’ont complètement fait perdre pied. Quelle horreur ! 

Il frissonna et but d'un trait le contenu de son verre.

-         Croyez-moi, dans la réalité, les choses étaient bien pires, déclara Kingsley en sirotant son scotch. C'est toujours mieux de pouvoir s'exprimer ouvertement sans avoir recours à des allégories.

-         Cela dépend de la perspective, soupira lourdement le Premier ministre, qui s'était quelque peu calmé. Très bien, je vous écoute.

-         Comme vous le savez, commença Kingsley, à la suite de la catastrophe technogénique qui s’était produite à Toulouse en septembre 2001, les femmes du monde entier ont perdu leur fertilité. Bien sûr, cela a également affecté la communauté des sorciers. Nos scientifiques ont passé plusieurs années à essayer de résoudre ce problème jusqu'à ce qu'ils arrivent finalement à la conclusion que s'il est impossible de restaurer la capacité des femmes à procréer, donc, il est nécessaire de donner cette capacité aux hommes.

 Le chef du Département des Mystères, le célèbre inventeur de potions Monsieur Severus Rogue, Chevalier de l'Ordre de Merlin, première classe, qu'il a reçu pendant la guerre contre Voldemort, a développé une potion unique de grossesse masculine. En janvier 2004, une action portant le nom de code « L'ultime espoir de l'humanité » a été lancée.

Au cours d'une expérience à laquelle le mari de Monsieur Rogue a participé, il a été découvert que tout homme doté d'un niveau minimum d'énergie magique est capable de concevoir et de porter un enfant. Ainsi, à la fin de l'année deux mille quatre, nous avons eu notre premier bébé conçu par un homme et né d'un homme. Ici, dans ce dossier, sont réunies des coupures de presse de notre journal central qui confirment ces propos.

Kingsley déposa un épais dossier devant le Premier ministre.

-         Attendez, l’interrompit ce dernier, vous voulez dire que vos hommes peuvent concevoir des enfants ?!

-         Non seulement ils le peuvent, mais ils le font depuis plus de cinq ans maintenant, confirma Shacklebolt avec dignité.

-         Mais comment est-ce possible... physiquement ?

Le Premier ministre devint rouge comme un homard.

-         Pour être honnête, je ne l'appréhende pas moi-même. Parfois, la magie crée des choses totalement inaccessibles à notre compréhension. Et l’accouchement, naturellement, se déroule par césarienne.

-         Eh bien… Ce serait étrange si cela se faisait autrement, murmura tout doucement le Premier ministre.

-         Bref, après les essais cliniques, nous avons mis en place la production de la potion et ouvert des centres de reproduction, où n’importe qui pouvait concevoir un enfant avec un donneur. Dans ces centres, la plupart des jeunes cracmols travaillaient. Cracmol sont des gens qui sont pratiquement dépourvus de force magique...

-         Évidemment, les sorciers n’étaient probablement pas très désireux de donner naissance aux enfants des autres, taquina le Premier ministre.

-         Non, répondit-il d'un ton mélancolique, nous n'en avions pas particulièrement envie. Dans notre société, les cracmols sont considérés comme des citoyens de second rang. Ils ne fréquentent pas les écoles de magie et trouvent le plus souvent leur place dans le monde moldu. C'est d'ailleurs ce dont avaient tiré profit le général Gregston et son complice.

Le Premier ministre vérifia dans le protocole d’interrogatoire :

-         Vous voulez dire Mademoiselle Thompson ?

-         Exactement, acquiesça Kingsley. En fait, elle porte un nom différent, mais maintenant cela n'a plus aucune importance. Avec son aide, Gregston a organisé un réseau de camps semblable à celui que vous avez vu sur les photos. Ils ont commencé par kidnapper des Cracmols vivant parmi les Moldus, les amenant dans ces camps et les forçant à tomber enceints par la torture et la violence. Les enfants nés dans les camps étaient vendus à des familles de l'élite militaire et industrielle. Nous espérons recevoir le témoignage du complice de Gregston dans les prochains jours et découvrir à qui exactement elle a cédé les enfants. Ces crimes odieux ont perduré pendant plusieurs années. J'avais demandé à plusieurs reprises à Gregston de régler ce problème. Il avait promis de mener une enquête, mais, bien entendu, il n'a rien fait.

-         Mais pourquoi n'avez-vous pas retrouvé ces camps ? s'enquit le Premier ministre, perplexe. Vous, les sorciers, vous avez sûrement vos propres moyens de recherche, différents des nôtres ?

-         Pas si le lieu est protégé par un sort. Vous oubliez que la complice de Gregston était une sorcière. Tous nos efforts ont été vains.

Shacklebolt inspira profondément et but une autre rasade de son verre.

-         Alors comment avez-vous réussi à trouver le camp ?

Le Premier ministre se servit un autre verre de whisky et le vida d'un seul trait.

-         Il y a deux mois, des criminels ont enlevé le mari enceint de sept mois de Monsieur Rogue. Menaçant de le tuer, les ravisseurs ont exigé que Monsieur Rogue leur prépare une grande quantité de potion de grossesse masculine. Lors de l'accouchement, ils ont dû désactiver tous les artefacts qui bloquaient la magie individuelle, ce qui nous a permis de localiser le camp grâce à une recherche de sang. Une opération de sauvetage a été menée, au cours de laquelle tous les otages ont été libérés et le personnel du camp, composé de sorciers et de moldus, a été capturé.

Le Premier ministre s’agita, mal à l’aise, sur sa chaise :

-         Et que voulez-vous de moi maintenant ?

-         Nous disposons des informations relatives aux cinq camps encore actifs. Nous pourrions libérer les prisonniers sans votre accord, mais par souci de courtoisie, je vous demande votre autorisation.

-         Mais je n’ai plus aucun pouvoir ! s’exclama le Premier ministre. Vous devriez contacter Gregston.

-         Il est peu probable que Monsieur Gregston soit en mesure de nous accorder une telle permission. Il est actuellement détenu dans le centre de détention provisoire des Aurors, l'équivalent de votre police, et attend que sa complice reprenne ses esprits. Ils seront ensuite jugés et emprisonnés. Dans notre prison. Nous pouvons remettre à votre justice les gardes et les employés qui n'ont pas commis de crimes contre les prisonniers, mais l'extradition de Gregston et du personnel supérieur des camps n'est pas envisageable.

-         Mais si vous avez Gregston, qui dirige le pays en ce moment ? demanda le Premier ministre, blanc comme un linge.

-         Pour l'instant, personne. Mais j'espère sincèrement que vous accepterez de reprendre ce rôle.

-         Je... Je ne comprends pas... et qu'en est-il de Gregston ? Selon vos propres propos, vous l'auriez enlevé il y a presque trois jours. Pourquoi personne ne semble le rechercher alors ?

-         Nous avons pris la précaution de lui rendre visite la nuit, sachant de sources fiables qu'en l'absence de sa maîtresse, il avait pour habitude de travailler tard le soir. Avant de disparaître, Gregston a informé son adjoint de son départ pour quelques jours, ce qui a évité tout émoi au ministère de la Défense.

Le Premier ministre se leva d’un bond de sa chaise et commença à arpenter le bureau :

-         Ce que vous me demandez est totalement illégal. Le gouvernement de Gregston a été approuvé par le peuple, le parlement et la reine elle-même. Je n'ai pas le droit d'usurper le pouvoir. Qu'est-ce que j'y gagnerais à m'engager dans une telle entreprise ?

Il s'immobilisa brutalement aux côtés de Shacklebolt et le fixa intensément.

-         Une potion qui permettrait aux hommes de tomber enceints et des cracmols qui travailleraient volontairement dans les centres de procréation que nous allons établir sur votre territoire, répondit Kingsley sans détourner le regard. Vous entrerez dans l'histoire comme le Premier ministre qui a redonné espoir et avenir aux gens.

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