L’ULTIME ESPOIR DE L’HUMANITE traduit de Russe. Auteur Isra
Chapitre 48 : Tome 5. Aimer c’est vivre. Partie 1
3365 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 06/12/2024 14:30
Allongé dans son lit d'hôpital, Harry tentait d'accepter ce que Ron lui avait révélé quelques heures plus tôt.
Inspecteur Winslow, le meurtrier sadique, était en réalité la personne la plus proche d'eux deux. Hermione ! La fille qu'ils avaient connue depuis l'enfance et avec qui ils avaient partagé leurs études, leurs joies, leurs chagrins et leurs pertes. Une sorcière brillante et incroyablement douée, qui était pour Harry une amie fidèle, dévouée et fiable, parfois même plus fiable que Ron. Et c'était elle qui leur avait sournoisement planté un couteau dans le dos.
« Pourquoi Hermione est-elle devenue ainsi ? Qui a transformé notre Hermione en un monstre sans cœur, presque pire que Bellatrix Lestrange ? Qui est responsable de cette métamorphose terrifiante ? Est-ce parce qu'Hermione n'a jamais pu avoir d'enfants ? Elle rêvait tellement d'être mère ! Ou bien est-ce de ma faute ? Je savais qu'Hermione voulait travailler au Département des Mystères, mais je n'ai pas réussi à persuader Severus de faire une exception pour elle... Non ! Harry serra les poings jusqu'à ce que ça fasse mal. Il est impossible de trouver une explication logique à ses actes. Il est impossible de justifier la torture et le meurtre de dizaines d’innocents simplement par l’incapacité de concevoir ou par l’échec d’une carrière. Si l'on suit ce raisonnement, on pourrait dire que Bellatrix Lestrange a commis ses actes affreux à cause d'un amour rejeté, et que Voldemort est devenu un sorcier maléfique et sans pitié uniquement à cause de son enfance passée dans un orphelinat ! »
Harry prit une grande inspiration. Ses pensées amères le rendaient très triste. Il était incapable de comprendre ses propres émotions. D'un côté, il éprouvait du ressentiment envers Hermione pour tout ce qu'elle avait fait, en particulier pour la souffrance d'Alex, Severus, Ron et Drago. D'un autre côté, malgré la profonde aversion, il ressentait de la compassion pour celle qui avait été jadis son amie la plus fidèle. Harry n'arrivait pas à oublier tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Il se posait sans cesse la question : « Comment cela a-t-il pu arriver à notre Hermione ? »
Finalement, il réalisa qu'il ne pourrait pas comprendre pourquoi Hermione avait agi de manière si horrible en se cachant derrière l'identité de l'inspecteur Winslow. Après les révélations de Ron, Harry souhaitait seulement la voir être poursuivie en justice. Cette pensée le rendait encore plus amer.
***
Malgré le désir ardent d'Harry de rentrer à la maison le plus tôt possible, Smethwick insista pour que Potter et sa fille nouveau-née restent en hospitalisation à la Sainte Mangouste.
Smethwick rejeta tous les arguments de Harry, qui se sentait parfaitement bien :
- Harry, si vous restez à l'hôpital, ce sera plus facile de convaincre les autres prisonniers libérés de faire de même. Beaucoup d'entre eux veulent rentrer à la maison, parmi leurs proches, mais nous ne pouvons pas les laisser partir sans examens approfondis. Ils ont subi des violences morales et physiques épouvantables, presque tous ont donné naissance aux enfants de leurs agresseurs, et certains plusieurs fois. Quinze d'entre eux sont enceints à différents stades, dix ont accouché il y a moins d’un mois. Et tous sont en proie à une grave dépression. Il est évident qu'il ne faut en aucun cas les renvoyer chez eux, sinon on risque une vague de suicides.
- Alors, vous venez de remplacer pour moi une prison par une autre ! cracha Harry avec colère.
Cependant, il comprenait que Smethwick avait sûrement raison. Lui aussi redoutait de se retrouver seul avec ses pensées, bien que, contrairement à Ron, personne ne l'eût touché.
- Je n'ai pas l'habitude de me vexer des propos de mes patients, surtout s’ils sont dans un état d'esprit aussi perturbé, sourit Smethwick avec condescendance. Mais pour vous convaincre, je dirai seulement qu'après examen médical initial tous les nouveaux patients seront autorisés à recevoir les visites des proches. De plus, si vous restez ici, Severus ne sera pas obligé de jongler entre s'occuper de vous et gérer ses nombreuses responsabilités à la Sainte Mangouste. Nous vous offrirons une chambre d'hôpital privée où personne ne viendra vous importuner. Pendant ce temps, nous veillerons à votre bien-être, et surtout à celui de votre bébé.
Bien sûr, après de tels propos, Harry n'osa pas défendre sa position. Depuis leur libération miraculeuse, il n'avait vu que brièvement Severus. Vêtu d'une robe de médicomage jaune citron, il passa rapidement par la chambre d'Harry, l'embrassa à la hâte, fit le diagnostic, analysa l'aura magique de leur fille et se précipita pour s'occuper de ses affaires. Il avait l'air si fatigué et épuisé qu’Harry n'osa pas le harceler de questions.
En plus de Severus et Smethwick, un médecin de garde visitait régulièrement Potter, et un jeune guérisseur stagiaire prenait soin de la petite Hope (1). C'était ainsi que Rogue suggéra de nommer leur fille lors d'une de ses brèves visites. Les tâches du stagiaire comprenaient entre autres le changement des langes et l'alimentation du bébé au biberon.
À dix heures du soir, Harry s'endormit profondément, mais vers minuit, il se réveilla en sursaut. Malgré la douleur des points de suture, il se redressa en écoutant attentivement, et constata avec tristesse que Severus n'était toujours pas rentré. Harry pensait que Rogue serait relevé de ses fonctions pour la nuit, mais l'horloge au-dessus de la porte de la chambre sonna doucement : une heure du matin, puis deux, puis trois, et Rogue ne revenait toujours pas.
Allongé dans l'obscurité totale et écoutant la respiration tranquille de sa fille endormie, Harry ressentit un petit pincement de peur, qui se transforma rapidement en une véritable panique.
« Il y a une raison pour que Severus réduise nos contacts au minimum, pensa Harry, s'effrayant de plus en plus.
Il m'évite. Il ne me regarde plus dans les yeux. Il ne veut pas me parler. Il s'abstient même de me toucher ! Je dois le dégoûter ! Bien sûr, il est convaincu que, comme tous les prisonniers, j'avais été agressée sexuellement ! Pour une personne aussi jalouse et possessive que Severus, c'est la Ligne Rouge au-delà de laquelle plus aucun contact physique n’est possible. Et son absence à mes côtés aujourd’hui en est la meilleure preuve.
Maintenant, je ne peux même pas être sûr que ses sentiments pour moi soient restés inchangés ! Bien sûr, il ne me reprochera jamais rien, car il comprend parfaitement que ce n'est pas ma faute, mais j'ai bien peur que notre relation ne soit plus jamais la même. »
***
Drago se réveilla le visage baigné des larmes.
- Asti, murmura-t-il, ne voulant pas se réveiller et refusant toujours d'ouvrir les yeux.
Il était conscient qu’Astoria avait disparu de ce monde depuis longtemps, mais il voulait prolonger artificiellement le bonheur qu'il avait ressenti en dormant et rêvant qu'ils étaient tous les trois réunis.
Une voix douce lui murmura à l'oreille :
- Drago, chéri, c'est maman.
La vision d'Astoria berçant le petit Scorpius s'évanouit comme une fumée.
Son père se pencha sur lui :
- Comment te sens-tu, mon fils ?
- Je me sens vivant ! répondit Drago avec un sourire amer sur ses lèvres exsangues.
Narcissa fondit en larmes.
- Quelle bénédiction que tu sois à nouveau parmi nous !
Drago sortit sa main de sous la couverture chaude et pressa la paume contre la joue de sa mère :
- Maman, ne pleure pas ! Je suis là. Je suis vivant...
Il était sur le point de répéter que tout allait bien, mais il se souvint de l'enfant qu'on lui avait enlevé et s'arrêta net :
- Ils m'ont enlevé mon fils ! murmura-t-il, regardant Lucius les yeux remplis de larmes. Il est né il y a presque trois semaines et on m’a l’a enlevé !
- Nous retrouverons certainement notre bébé !
Lucius Malefoy ravala la salive amère et caressa les cheveux de son fils humides après la douche. À la vue du tatouage, sa main se figea un instant en l'air, il retint son souffle, puis recommença à caresser la tête de Drago.
- J'étais un imbécile et un égoïste ! Je sais que ce n'est pas le meilleur moment, mais j'espère que tu me pardonneras, mon fils. Maintenant, tout ira bien.
- J'aimerais y croire, dit doucement Draco.
À ce moment-là, on frappa à la porte, qui s'ouvrit en laissant entrer Rogue, vers lequel Lucius se précipita :
- Severus ! Comment pouvons-nous te remercier d'avoir sauvé notre fils ?
- Pas besoin de remerciements, Lutz, répondit Rogue avec lassitude, l'essentiel est que nous ayons réussi à les sortir tous vivants et relativement en bonne santé. Cependant, il y a quelque chose que vous, toi et Narcissa, pouvez faire pour moi. Dites à Alex que son père Harry va bien et qu'il le reverra bientôt. Et dites-lui aussi qu'il a maintenant une petite sœur, Hope.
- Hope - Espoir, répéta Drago, c'est symbolique ! Dites-moi, Severus, et comment va Ron ?
- Il va plutôt bien, surtout compte tenu de ce qu'il avait vécu, répondit Rogue, essayant de ne pas remarquer le regard perplexe de Malefoy l'aîné. Je vais passer le voir à mon retour. Veux-tu que je lui transmette quelque chose ?
- Transmettez-lui qu'il est un gars génial ! sourit Drago.
***
- Ron, mon chéri, mon bon garçon ! gémit Molly en serrant son fils dans ses bras.
- On pensait... On redoutait... Merlin, quel bonheur ! lui fit écho Arthur.
Percy, Charlie, Bill et Fleur, George, Lee et Angelina, Ginny et Dean s'entassèrent dans la petite pièce. Le compatissant Smethwick avait autorisé la famille Weasley à ne pas respecter les règles de l'hôpital. Les autres détenus libérés n'avaient droit qu'à deux visites par jour, à l'exception de Ron. Bien que Ron semblât calme et en bonne santé, son état préoccupait beaucoup Smethwick. Certes, il ne pouvait pas garder Ron à l'hôpital plus d'une semaine, mais il ne doutait pas que les conséquences des tortures et des abus subis par Ron se manifesteraient.
Ron, qui n'avait pas repris tous ses esprits et ne comprenait pas vraiment comment il avait réussi à s'échapper de l'enfer sans sombrer dans la folie. Il souriait timidement, répondant avec gaucherie aux attentions de sa mère, de sa sœur et de ses belles-sœurs, tapota le dos de son père et de ses frères. Hier encore, il était entièrement à la merci de ses ravisseurs, qui pouvaient faire de lui ce qu'ils voulaient.
Ron découvrit à ses dépens l'étendue de la cruauté humaine. Son corps portait des marques de torture et de violence effroyables, et son âme était en lambeaux. Il avait honte de sa main mutilée et de son ventre, témoin de sa grossesse. Il n'arrivait toujours pas à réaliser que la femme qu'il idolâtrait, son premier amour de jeunesse, avait tenté de le tuer, lui et leur enfant à naître, moins d'un jour auparavant.
Et il pensait aussi à Drago. Tandis que Molly s'agitait autour de lui et que toute sa famille était présente, il redouta soudain que son étrange amitié avec Malefoy, née dans des circonstances terribles, ne s'achève. Et cela rendit Ron vraiment malade. Assis sur le lit d’hôpital, entouré de ses proches, il ne savait tout simplement pas comment continuer de vivre.
***
Severus était loin de se douter à quel point les premières vingt-quatre heures après l'opération de sauvetage seraient difficiles pour lui.
Les personnes libérées avaient besoin d’une aide urgente. Réalisant que leur vie n'était plus en danger, elles purent enfin exprimer leur tristesse face à l'enlèvement de leurs enfants et leur colère envers les violences subies durant leur longue captivité. Chacun gérait sa souffrance psychique à sa manière. Certains restaient assis en silence, regardant au loin, d'autres étaient hystériques, et plusieurs devinrent violents envers le personnel. Deux cracmols ayant accouché récemment ont tenté de se suicider en ingérant des potions médicinales.
Smethwick proposa d'utiliser la magie mentale pour supprimer sélectivement chez les patients les souvenirs traumatisants du viol et de la torture. Il était convaincu que leur santé s'améliorerait ensuite de manière significative.
Avant tout, il fallait stabiliser quelque peu l'état psychologique des anciens prisonniers. Les réserves de Potions Calmante et de Sommeil Sans Rêve s'épuisèrent rapidement, obligeant Rogue à se précipiter au laboratoire du Département des Mystères pour donner des instructions à ses subordonnés et superviser personnellement le début de la préparation des remèdes nécessaires.
Dès que le travail au laboratoire fut bien lancé Severus se hâta d'aller voir Harry dans sa chambre. Il y resta seulement cinq minutes, s'assurant que sa fille, qu'il suggéra de prénommer Hope, allait un peu mieux et que la cicatrice sur le ventre de Potter semblait normale, avant de retourner au ministère.
Le Patronus de Kingsley, un lynx fantôme, apparut soudainement devant Severus à la sortie de l'ascenseur.
« Severus, dit-il d'une voix sourde, Granger a été placée à l'infirmerie de Bureau des Aurors. Ils lui ont appliqué une pommade pour soigner sa brûlure, mais elle reste inconsciente. J'ai absolument besoin de ton aide pour travailler avec Gregston. Nous lui avons administré une forte dose de Veritaserum, mais... »
Rogue gémit, il était à peine capable de se tenir debout à cause de la fatigue.
- Des idiots ! Il était nécessaire de supprimer Imperium auparavant.
« ... Mais il est sous l'Imperium ce que l'empêche de révéler la vérité. »
« Dis à Kingsley que je serai dans les locaux des Aurors vers minuit, soupira Severus, s'adressant à la biche fantomatique qu'il avait rapidement invoquée. Si d’ici là je ne meurs pas de surmenage… Bien entendu, la dernière phrase n'est pas à transmettre. »
La biche hocha la tête et disparut dans les airs.
- Pauvre Harry ! murmura Rogue. On dirait qu'il va devoir passer sa première nuit de liberté sans moi.
***
Vers vingt-deux heures trente, quand les patients agités se furent apaisés avec des potions fraîchement confectionnées, Severus revint voir Harry. Ce qu'il vit alors l'émut profondément et dessina un faible sourire sur son visage pâle et épuisé. Harry avait l'air touchant et enfantin dans son sommeil, une de ses mains sous sa joue et l'autre entourant un paquet bien emmitouflé, à la Sainte Mangouste on préférait toujours emmailloter les bébés. Severus s'approcha discrètement du lit d'hôpital, évitant de réveiller son mari et sa fille. Bien qu'il souhaitât ardemment embrasser Harry, il ne resta à ses côtés que quelques minutes, par peur de troubler son sommeil, avant de quitter silencieusement la pièce.
À minuit pile, Kingsley l'attendait et, apparemment, la nuit qui suivrait cette journée mouvementée allait être également très longue et pénible.
***
Seuls Kingsley, Robbins et le secrétaire se trouvaient dans la salle d'interrogatoire. Ils semblaient gênés, ce qui n'étonnait guère personne, étant donné l'état lamentable de Gregston, allongé sur un canapé transfiguré à partir de chaises et fixant un point tout en marmonnant de façon incompréhensible.
Rogue regarda avec lassitude le général à peine conscient, et dit :
- Écoutez, nous étions d'accord : sans moi, pas d'interrogatoire ! Surtout pas avec l'utilisation du Veritaserum !
- Le temps presse, Severus, répondit Shacklebolt avec embarras. Vous étiez occupé à la Sainte Mangouste, et nous devions obtenir de ce salaud les coordonnées des cinq camps restants. Là-bas sont détenues environ deux cent cinquante personnes. Et s'ils avaient convenu, que si Gregston ou Granger, je veux dire Winslow, ne les contactent pas pendant une longue période, les gardes devraient liquider les prisonniers ? !
Rogue cria presque de l’indignation en s’adressant à Shacklebolt :
- Mais vous auriez pu, au moins, lever Imperium avant de le bourrer de potions ! Kingsley, ne vous ont-ils pas appris à l'Académie des Aurors que cela pouvait transformer le prévenu en un idiot ? Nous en avons déjà discuté avant de nous rendre au ministère. Sinon, pourquoi utiliser la Légilimencie pour lui extirper ses souvenirs ? Et si Granger ne reprend pas ses esprits, comment obtiendrons-nous les coordonnées ?
- Severus, bien sûr, tu as raison, essaya de le raisonner Kingsley. C'est ma faute ! J’étais tellement heureux du succès de l'opération, sans pertes notables, pour capturer la canaille, que j'ai oublié toutes les instructions imaginables et inimaginables. Et, pour être honnête, également notre conversation. Je l'ai traîné aux bureaux des Aurors et lui ai immédiatement administré du Veritaserum. Je pensais que lorsque tu te libéreras, nous aurions déjà les coordonnées des camps. Mais à la place...
- Et à la place, tu m'as préparé une deuxième nuit sans sommeil, parce que maintenant, au lieu d'aller voir Harry, qui est probablement épuisé par l'anxiété, je devrai veiller devant le chaudron pendant encore cinq heures.
- Pour quoi faire ? s'étonna Robbins, qui, à cause de la fatigue, n'arrivait plus à réfléchir.
- Pour fabriquer un antidote au Veritaserum, voilà pourquoi ! cracha Rogue en lançant un regard furieux à Gregston. Kingsley et moi, nous avions des projets ambitieux pour notre « bel ami ». Et nous ne pouvons pas le montrer aux Moldus dans cet état. Il doit être convaincant devant les caméras.
Robbins fronça les sourcils :
- Je ne savais pas que nous allions montrer Gregston sur la télévision moldue !
- Shacklebolt aurait dû vous tenir au courant de nos projets. S'il ne l'a pas fait, il est temps de vous en informer. Vous disposez d'au moins cinq heures de plus pour cela.
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1. Hope (angl) – l’espoir.