L’ULTIME ESPOIR DE L’HUMANITE traduit de Russe. Auteur Isra

-         Que ce que se passe encore ? Le garde n'a pas répondu au message. J'arrive d'ici une demi-heure !

Un énorme lynx, Patronus Kingsley, bâilla largement et disparut.

-         Je vais t'emmener dans ta chambre, Severus se tourna vers Alex. – Je dois avoir une conversation sérieuse avec le ministre.

Le garçon s'accrocha à son père et fit non désespérément de la tête. L'air autour d'eux s'épaissit à nouveau et vibra, annonçant l'arrivée imminente d'une explosion de magie brute, généré par l'enfant.

-         D'accord ! Céda Rogue. - Reste ici. Tu peux jouer pour l'instant. Regarde ce que nos voisins t'ont apporté. Accio, Coffre à jouets !

 Alex se blottit sur le canapé, en mettant son pouce dans sa bouche, sans même jeter un regard aux jouets colorés, et se mit à pleurer en silence. Sa position entière révélait le concentré d'une douleur intense.

-         Tout ira bien, mon petit !  Répéta Severus, comme il l'avait déjà fait maintes fois ce cauchemardesque matin, tout en recouvrant son fils d'une couverture transfigurée à partir d'un foulard.

Malgré le crépitement joyeux du feu dans la cheminée, Rogue ressentit des frissons nerveux. Il tenta de se détendre un peu et de faire une sieste en attendant Kingsley, mais dès qu'il ferma les yeux, il vit le visage mortellement pâle d'Harry. Rogue serra les poings et s'appuya sur le dossier du canapé.

Son esprit refusa de croire ce qui s'était passé. Au fil des années de leur vie commune, Harry devint pour lui une constante, un pilier inébranlable. Bien sûr, avant la naissance d'Alex, ils passaient moins de temps ensemble : Severus restait parfois des jours et des nuits au Département des Mystères, et Harry participait à de nombreux raids et voyages d'affaires, souvent risquées. Cependant, c'était temporaire et le bonheur des retrouvailles effaçait la tristesse des séparations, même les plus prolongées.

Ils vivaient une situation inédite et totalement différente de tout ce qu'ils avaient connu jusque-là. Severus fut pris d'effroi en imaginant les atrocités que les kidnappeurs pourraient infliger à Harry et à son enfant et en même temps il s'indignait de sa propre impuissance. Il comprit qu'il ne pouvait pas aider Harry tout seul. Pourtant, il hésitait à accorder sa confiance à Kingsley. À son avis, Kingsley n'avait rien fait pour secourir Drago, Ron et les autres sorciers et cracmols enlevés. Mais il n'avait plus d'autre choix, il n'avait tout simplement plus d'autres alliés que Shacklebolt.

Les minutes d'attente semblaient interminables. Finalement, un bruit de pas se fit entendre derrière la porte, puis on frappa doucement.

Kingsley, vêtu d'une robe de chambre et encore un peu endormi, s'enquit depuis le seuil :

-         Severus, que s'est-il passé ?

-         Installe-toi, la conversation ne sera pas facile.

Severus agita la main en direction de fauteuil pour l'inviter à s'asseoir.

-         Merlin, tu me fais peur !

Shacklebolt s'enfonça dans le siège à côté du canapé.

-         Il y a une "taupe" dans ton entourage ! Lâcha Rogue sans faux-fuyants. - On était attendu presque devant l'entrée de la Zone. Harry et moi, nous avons essayé de se rendre ici à pied, mais Harry n'avait pas assez de force pour marcher. J'ai été obligé de l'abandonner pour sauver Alex. Et… 

Severus haleta, c'était comme si son cœur fut serré dans un étau brûlant. Il déglutit difficilement et ferma les yeux un instant. Heureusement, la douleur s’atténua aussi vite qu’elle avait apparu.

-         Harry a été enlevé, continua-t-il après une courte pause. - J'ai vu un hélicoptère s'élever au-dessus de la forêt. C'était une action bien planifiée. Et certainement pas une attaque d’une bande de voyous.

Kingsley, abasourdi, regarda Rogue pendant quelques secondes, comme s'il n'en croyait pas ses oreilles, puis demanda :

-         Et mes gens ?

-         Deux ont été tués par le tir des mitrailleuses. Le troisième manque. Qui as-tu informé de nos déplacements ? !

Severus sauta de sa chaise et se tint debout devant Shacklebolt en agrippant les pans de sa robe.

-         Ils nous attendaient en embuscade... Ils avaient un hélicoptère... À qui en as-tu parlé, Kingsley ? !

Shacklebolt regarda sans crainte droit dans les yeux de Rogue, dont le visage, déformé par le chagrin et la colère, semblait maintenant tout simplement effrayant.

-         À personne ! Je le jure sur mon honneur, ma vie et ma magie. Mon chauffeur a pris connaissance de l'itinéraire lorsque vous êtes monté dans la voiture. Je n’ai même pas informé mes gardes du corps personnels de l’identité de personnes qu’ils devraient accompagner. Tim et Michael travaillaient avec moi depuis le début de mon mandat, et je leur fais confiance autant que je me fais confiance à moi-même... Shacklebolt se couvrit le visage avec les mains, et dit d'une voix brisée par l'impuissance - C'est une sorte de cauchemar. Drago, puis Ron, maintenant Harry... Qui sera le prochain ?

Rogue le lâcha et se dirigea vers le canapé où Alex dormait d'un sommeil agité, lissa la couverture emmêlée, fit plusieurs fois le tour de la pièce et s'arrêta de nouveau en face de Kingsley.

-         Il n’y en aura pas de prochain ! Dit-il fermement. - Nous avons déjà commis un crime en restant sans rien faire pour sauver les autres. Je ne peux pas concevoir comment tu as réussi à apaiser ta conscience pendant si longtemps, King...

-         Apaiser ma conscience ? S'exclama-t-il avec indignation. - Je ne ressens pas le besoin de crier sur tous les toits la quantité de travail que j'ai accompli, mais cela ne signifie pas que je ne fais rien ! Tu peux vérifier par toi-même si tu ne me crois pas ou si tu soupçonnes que je suis impliqué dans ces actes affreux.

Rogue approuva d'un bref signe de tête, puis fixa Shacklebolt droit dans les yeux. À cet instant, l'esprit de Kingsley fut envahi par une série d'images.

« Le voilà, assis à table dans un restaurant avec Helen, la regardant avec amour. Puis ensemble lors d'une réception chez Gregston. C'était à l'époque où Shacklebolt pensait encore que Helen deviendrait sa femme. Ensuite, allongés dans le même lit »

-         Non, c'est trop personnel... Kingsley tenta de sortir Rogue de son esprit, en vain.

-         Je ne regarde pas par simple curiosité, King, laisse-moi voir jusqu'au bout ! La voix de Severus lui parvint comme à travers un oreiller.

« Shacklebolt sort une petite boîte de sous son oreiller.

-         Épouse-moi !

-         Désolée, King ! Hélène secoue la tête. - J'aime un autre. C'était notre dernière nuit ensemble...

L'enlèvement de Draco l'empêche de sombrer dans le désespoir et la dépression. Le ministère tout entier est sur les dents. Au lieu de pleurer son cœur brisé, Shacklebolt va à la réunion avec Gregston. Il écoute son discours sur la nécessité de rassembler tous les hommes fertiles dans la Zone, même par la force. Il assiste aux funérailles d'Astoria et voit le chagrin sincère de Lucius.

Kingsley passe à l'action et envoie des éclaireurs en territoire moldu. Protégés par des sorts et équipés des artefacts, ils passent à peigne fin des kilomètres de terrain, sans succès. La recherche par le sang échoue également. Bien que les indications de la tapisserie familiale, des gobelins de Gringotts et du registre des sorciers confirment que Drago est en vie, il demeure introuvable.

Trois mois plus tard, le prochain bus à destination de la Zone se retrouve entre les mains de terroristes. Parmi les otages, on compte de nombreux sorciers, dont les Aurors Ronald Weasley, Dennis Creevey et Amos Blair. Cette fois, Gregston lui-même demande une réunion. Il semble choqué et en colère. Il promet solennellement de retrouver et de punir les responsables du massacre. Kingsley peine à contenir sa colère et sa frustration. Il sait au plus profond de lui-même que Gregston ment ! Si seulement, il avait le talent de la légilimancie ! »

Rogue serra sa tête entre les mains.

-         Désolé, King ! Après qu'Harry a été enlevé, j'ai du mal à penser clairement. Je suis prêt à soupçonner tout le monde. Je n'étais pas au courant de tout ce que tu as fait pour libérer Drago. Je pense que tu as raison de soupçonner Gregston. Il en sait sûrement plus qu'il ne le dit. Réfléchi, il y a peut-être quelqu'un d'autre qui est impliqué...

-         Oui, le problème est, que tous mes contacts depuis pas mal de temps se sont limités au seul général Gregston, et après l'enlèvement de Drago, il m'a donné la parole de l'officier qu'il dirigerait personnellement l'enquête...

-         Et aucun progrès en six mois ? Rogue sourit avec mépris. - Dans cette société, où les gens doivent obtenir la permission des militaires avant d'éternuer ?

-         Supposons, que Gregston est vraiment derrière tout ça, s'assombrit Shacklebolt. - Mais comment puis-je lui faire avouer la vérité ? Prendre rendez-vous et l'assommer avec l'Endoloris ? Ou lui offrir du bon vin en y ajoutant du Veritaserum ?

-         Ni l'un ni l'autre ! Siffla Rogue. Il eut soudain un plan clair et précis. - J'irais avec toi. Sous la cape d'invisibilité. Je le prendrai sous l'Imperium, puis je sonderai son esprit. C'est notre seule chance de découvrir la vérité.

-         Peut-être tu as raison, Shacklebolt se gratta la tête, - Je ne vois tout simplement pas d'autre moyen. Je vais lui demander un entretien dès ce soir et une fois chez lui, je vais créer un énorme scandale au sujet de l'enlèvement d'Harry. Pendant qu'il cherchera des excuses et des faux fuyants pour me mentir le plus adroitement possible, tu utiliseras Imperium, puis la Légilimencie.

-         D'accord, acquiesça Rogue. - J'aurai besoin de quelques heures pour emmener Alex dans un lieu sûr et renouveler le sortilège de Fidelitas sur Black House. Informe-moi lorsque Gregston sera prêt à te rencontrer et communique-moi les coordonnées de téléportation.

-         Donc, si j'ai bien compris, tu ne resteras pas ici et tu ne laisseras pas, non plus ?

Kingsley regarda Alex, qui frissonnait dans son sommeil, avec sympathie et compassion.

-         Non, dit sourdement Rogue, si je reste à l'abri, je ne pourrai rien faire pour sauver Harry.

-         Ils seront très déçus à l'hôpital local, sourit tristement Kingsley. - Tu ne peux pas imaginer à quel point ils étaient heureux d'apprendre qu'un excellent maître des potions allait bientôt arriver ici. J'ai même demandé qu'un laboratoire bien équipé soit installé ici.

-         Merci pour ta sollicitude, King, mais je ne peux vraiment pas rester dans la Zone, dit Severus avec lassitude.

***

Au Manoir des Malefoy, à cette heure matinale, un calme serein régnait. L'elfe de maison, parfaitement dressé, accompagna Severus jusqu'à la salle réservée aux invités, agréablement aménagée, et proposa une collation, que ni Rogue, ni Alex, ne voulurent goûter, puis alla prévenir les propriétaires.

Dix minutes plus tard, Lucius apparut à la porte, impeccablement rasé et vêtu d'une élégante robe de chambre en velours.

-         Sév ?  Il fut sincèrement surpris en voyant son ancien compagnon d'armes. - Cela fait un bail qu'on ne s'est pas vu ! À quoi dois-je ce plaisir ?

Rogue reconnaissait pleinement sa faute envers les Malefoy. Lucius et lui ne s'étaient presque pas parlé ces dernières années, et Severus n'avait rien fait pour secourir Drago.

Mais ce jour, il se présenta à l'improviste au Manoir des Malefoy pour demander de l'aide simplement parce qu'il n'avait personne d'autre vers qui se tourner.

Lucius aurait pu le renvoyer, et l'ancien Lucius Malefoy, un aristocrate arrogant dont Severus se souvenait de leur passé commun peu glorieux, l'aurait certainement fait sans même l'écouter. Mais probablement, les épreuves et les chagrins avaient tendance à changer radicalement les gens pour les rendre beaucoup plus humains.

En quelques secondes, Lucius évalua la situation. Severus exténué, tenait Alex pâle et en larmes, dans ses bras. À ce moment-là, l'amertume et le ressentiment de Lucius laissèrent place à de la sympathie.

-         Il t'est arrivé un malheur... déclara Malfoy.

-         Oui, se força de répondre Rogue, Les Moldus ont kidnappé Harry. Ce matin, alors que nous essayions de nous rendre dans la zone de sécurité.

-         Mordred ! Lucius jura entre ses dents. – À quel mois de grossesse est-il ?

Rogue qui semblait revivre en détail cette matinée cauchemardesque, répondit en trouvant difficilement les mots :

-         Le septième.

-         Mordred ! Répéta Malfoy. Et les Moldus, tout comme dans le cas de Drago, n'ont pas la moindre idée de ce que s’est passé ?!

-          J’en suis sûr, qu'ils sont au courant ! Répondit Rogue. - J'ai la ferme intention de découvrir qui est derrière tout cela et où ces scélérats gardent Harry et les autres.

Voyant Malefoy serrer les poings involontairement et son visage se déformer par une véritable souffrance, Severus ajouta rapidement :

 -         Je sais ce que tu vas dire maintenant, "cela aurait dû être fait immédiatement après l'enlèvement de Drago et le meurtre de Astoria", mais...

-         De quelle façon puis-je t'aider ? Lucius se ressaisit instantanément.

-         En prenant soin d'Alex, demanda doucement Rogue. - Je vais essayer de faire sortir Harry, Drago et tous ceux, que je pourrai. Mais je dois savoir que si quelque chose m'arrive, Alex ne restera pas complètement seul.

Lucius ferma les yeux un instant.

-         Si tu sauves Drago, la famille Malefoy reconnaîtra une dette de vie envers toi, jusqu’à la fin des temps.

Severus l'arrêta :

-         Pas besoin, Lutz ! Prends juste soin de mon fils.

***

Il fallut environ une heure pour faire les adieux et se séparer.

Alex, incapable de parler, sanglotait silencieusement, s'accrochant au manteau de Rogue, et les murs de la pièce tremblaient sous l'effet de la magie brute. Severus sentit que son cœur allait éclater, incapable de supporter tout cela. Il comprenait qu'ici, à la demeure des Malefoy, Alex serait parfaitement en sécurité. Cependant, en voyant les larmes dans les yeux de son petit garçon, il se sentait dans la peau d'un ignoble traître.

Narcissa sauva la situation, Severus n'avait jamais imaginé qu'elle puisse être aussi douce et patiente. Ce n'était, que grâce à son don de la persuasion qu'Alex se calma un peu et, après avoir écouté pour la centième fois la promesse de Rogue de retrouver Harry, il lui permit finalement de partir.

Severus eut besoin de quelques minutes supplémentaires pour reprendre ses esprits, après que l'elfe de maison ferma la porte décorée de vitraux complexes et de l'emblème de la famille Malefoy derrière lui.

À cet instant, un hibou vola jusqu'à lui, une enveloppe bien épaisse accrochée à sa patte. Quand Severus lut le message, sa vue se brouilla : à l'intérieur de l'enveloppe se trouvait une lettre accompagnée d'une photo moldue d'Harry attaché à un lit d'hôpital.