L’ULTIME ESPOIR DE L’HUMANITE traduit de Russe. Auteur Isra

Chapitre 26 : Tome III Le Plus effrayant des cauchemars. Partie 2

2953 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/07/2024 10:07

Le vortex de déplacement rejeta Severus juste près de la porte solidement verrouillée. Il n'y avait pas de risque de poursuite ici : la Zone entourée de sortilèges de protection, y compris ceux contre les Moldus, était peut-être le lieu le plus sécurisé de toute la Grande-Bretagne.

-         Halte, qui va là !

Deux Aurors bloquèrent le chemin de Severus, en pointant leurs baguettes sur sa poitrine.

-         Le laissez-passer !

-         Le voici !

Ayant une main occupée à tenir Alex, qui pleurait toutes les larmes de son corps, Rogue eut du mal à trouver dans la poche de son manteau le papier signé par Shacklebolt.

-         Il est stipulé ici que vous serez trois, deux adultes et un enfant. 

Le jeune gardien de l'ordre, certainement frais émoulu de l'Académie, insista sur ce point. Il étudia attentivement le document et regarda Rogue avec surprise.

-         Il y a tout juste une heure, nous avons reçu un Patronus du Ministre de la Magie nous informant qu’on vous ramènera directement à la porte dans une voiture ministérielle. Ils ne nous ont même pas cité vos noms... Si j'avais su qu'Harry Potter allait venir...

Rogue marmonna :

-         Il ne reste plus que dérouler le tapis rouge, puis ajouta avec une lueur d'espoir : Écoutez, tout cela n'a pas d'importance pour le moment... Nous avons été piégés, nous étions poursuivis, et j'ai été obligé d'abandonner Harry dans la forêt pour sauver notre fils. Je connais les coordonnées. Nous devons y retourner. Donnez-moi quelques-uns de vos gens...

-         C'est absolument impossible, Monsieur Rogue ! Refusa tout net l'aîné et le plus gradé des deux Aurors. – Premièrement, il nous est strictement interdit de sortir du dôme de protection. Deuxièmement, il n'y a ici que Bill et moi en ce moment. Le temps de réveiller les autres, votre conjoint ne sera certainement plus là-bas. D'ailleurs, si vos poursuivants sont des Moldus, il est fort probable qu'ils soient armés de mitrailleuses, et dans ce cas, les baguettes magiques seront presque inutiles contre eux.

Rogue cria, regardant avec impuissance les portes magiques s'ouvrir devant lui :

-         Je dois revenir ! Comprenez-vous, je ne peux pas abandonner Harry ! Alex, s'il te plaît, reste avec ces messieurs, je reviendrai très vite...

-         Mais, Monsieur, c'est un vrai suicide...

Le jeune Auror sortit sa baguette, probablement dans l'intention d'empêcher Rogue de transplaner, mais n'eut pas le temps de le faire.

Une seconde après, Severus se tenait à l'endroit précis où il avait laissé Harry, tenant sa baguette si fermement dans sa main qu'elle lui faisait mal à la paume. La clairière était vide. La neige couvrait peu à peu de nombreuses empreintes de bottes et de pattes de chien d'un tapis moelleux, et la baguette d'Harry, familière à Rogue jusqu'à la dernière égratignure, dépassait d'une congère.

En ravalant la boule d'angoisse qui rendait sa respiration difficile, Severus se pencha, ramassa la baguette pour la mettre dans sa poche. Le sentiment d'une perte terrible l'envahit si soudainement que Rogue gémit à travers ses dents serrées. Cependant, céder au désespoir était inacceptable.

Il semblerait qu’Harry ait été ramené sur l'autoroute. Il s'apprêtait à se téléporter là-bas, mais soudain, un bruit retentit derrière les arbres et un hélicoptère s'envola dans le ciel.

Après l'avoir regardé partir, Severus se dirigea lentement vers la route, et cinq minutes plus tard il aperçut la voiture ministérielle garée sur le bas-côté avec des pneus crevés, des portes grandes ouvertes et le coffre béant. Un garde, le visage transformé en amas sanglant, gisait près du pneu avant crevé. À proximité une baguette magique traînait, abandonnée dans une mare de sang. Un peu plus loin, Severus repéra, le conducteur criblé de balles.

Maintenant qu'il n'y avait plus aucune possibilité de rejoindre Harry, Rogue fut submergé par le désespoir. Une douleur intense lui traversa la poitrine, le faisant tomber à genoux. Il tint sa tête, qui résonnait comme une cloche de cuivre, entre ses mains. Pendant quelques instants, tout devint flou devant ses yeux et ses oreilles se bouchèrent, comme s'il était sous l'eau.

Ce ne fut qu'en ce moment que Severus réalisa pleinement ce que s'était passé il y a moins d'un quart d'heure. Il avait laissé Harry seul, enceint, incapable de se défendre. Oui, il avait une excuse : si les ravisseurs les avaient rattrapés, ils auraient certainement emmené Alex aussi. Et si Severus et Harry avaient opposé une résistance, les bandits les auraient tous tués, sans même épargner l'enfant.

Sa raison affirmait à Severus qu'il avait pris la bonne décision en protégeant sa liberté et celle de son fils. De plus, à l'heure actuelle, alors que chaque enfant valait son pesant d'or, Harry dans son état ne fut pas en danger, au moins jusqu'à l'accouchement. Mais son cœur s'en moquait des arguments de la raison. Son cœur pleurait de douleur, et une pensée tournoyait dans sa tête : « Tu es un faible et un traître, Severus ! Tu as fui lâchement et permis à ces salopards de capturer la personne que tu aimes le plus au monde ! »

***

Severus pensait, que rien ne put être plus terrible que ces moments, qu'il avait passés près de la voiture criblée de balles et des sorciers tués par des Moldus. Il avait commis une erreur. Le pire fut de regarder dans les yeux d’Alex et de voir l’espoir, qui brillait en eux s’éteindre. Les lèvres du garçonnet tremblaient, des larmes coulèrent sur ses joues.

-         Où est papa Harry ?

Brûlé par la honte et le désespoir, Severus laissa échapper un profond soupir et murmura :

-         Je suis arrivé trop tard, Alex. Je n'ai pas pu les rattraper... Ces gens l'ont emmené... Ils l'ont emmené dans une voiture volante.

-         Monsieur, le capitaine toucha la manche de Rogue, Je suis vraiment désolé pour Monsieur Potter, mais vous et votre fils devez maintenant entrer à l'intérieur. Nous ne pouvons pas garder la porte ouverte aussi longtemps. Nous avons déjà violé toutes les mesures de sécurité possibles et imaginables.

-         Oui... bien sûr. Allons-y, Alex, répondit sourdement Rogue, qui ne pouvait plus penser à rien d'autre, qu'à l'endroit où maintenant se trouvait Harry et comment le sauver.

Il prit son fils par la main, mais, ce dernier, l'arracha brutalement en criant :

-         Papa Harry ! Je veux voir papa Harry ! Ne me touche pas ! Tu n'es qu'un lâche !

Le jeune Auror, qui verrouillait la porte avec des sortilèges, se tourna avec sympathie vers Rogue :

-         Voulez-vous de l'aide ? J’ai ordre de vous escorter jusqu’à votre lieu de résidence. Voulez-vous que ça soit moi qui porte votre petit garçon ?

-         Non, merci, je peux m'en occuper moi-même. Laisse-moi le temps pour le calmer, Severus s'agenouilla devant Alex pour que leurs visages soient au même niveau.

-         Tu as abandonné Papa Harry ! Sanglota Alex, tu l'as abandonné, et maintenant ces méchants qui nous poursuivaient vont le tuer !

Severus eut du mal à affronter le regard furieux et désespéré de son fils, aux yeux si semblables à ceux d'Harry. C'était insupportable.

-         Alex, écoute-moi, s'il te plaît. Parfois, les adultes doivent faire des choix difficiles. Alors j'ai dû en faire un. Harry ne pouvait pas venir avec nous. Et il ne pouvait pas non plus transplaner, car dans ce cas, Harry lui-même et ton frère ou ta sœur seraient morts. Et moi, je devais te mettre à l'abri. Si nous étions restés, ces méchants t'auraient probablement enlevé pour confier à une autre famille. Harry n'accepterait jamais ça... Et moi, non plus, je ne pouvais pas laisser faire ! Je te le promets... Je te le jure : ils ne tueront pas Harry ! Dans son ventre se trouve ton petit frère ou ta petite sœur. C'est pourquoi ces gens prendront soin d'Harry et ne lui feront pas de mal. Il est trop précieux pour eux...

-         Tu l'as abandonné ! – Sanglota Alex. - Tu l'as laissé. Tu es un lâche ! Tu as eu peur de ces gens et tu t'es enfui ! Je te déteste !

L'air autour d'Alex commença à vibrer. De la magie brute était sur le point de jaillir, menaçant de tout balayer sur son passage. L'Auror derrière eux souffla un juron et tomba au sol, en se protégeant la tête avec les mains. Oubliant le danger, Severus serra son fils dans ses bras, tentant à tout prix d'empêcher le déferlement de la magie.

-         Calme-toi, mon chéri, murmura-t-il à l'oreille du petit garçon qui tremblait comme une feuille, - Je vais ramener Harry. Je te jure sur ma vie, qu'il sera bientôt de nouveau avec nous.

Alex, épuisé, se détendit finalement dans les bras de son père.

Le jeune Auror se releva, secoua la neige qui collait à ses vêtements, puis toussota avant de prononcer :

-         Monsieur, laissez-moi vous accompagner à la maison qui vous a été assignée. Et j'ai oublié de me présenter : au fait, je m'appelle Bill.

-         Oui, allons-y, dit Rogue d'une voix morne, - Merci, Bill.

Il serra Alex encore plus fort et marcha derrière son accompagnateur.

***

La Zone était formée de maisons à deux étages, alignées le long de petites rues qui convergeaient vers la place centrale comme les rayons d'une étoile. Sur cette place se trouvaient une école, une bibliothèque, une église, plusieurs magasins, ainsi qu'un petit hôpital avec une pharmacie attenante. La population totale de la zone comptait un peu plus d'un millier de personnes, y compris les enfants, des nourrissons aux jeunes adultes de dix-huit ans.

À cette heure matinale, les rues de la ville étaient désertes, les maisons se cachaient derrière des haies épaisses saupoudrées par la neige.

-         Au cours de l’année écoulée, nous avons eu tellement d’enfants que nous devrons bientôt construire une autre école primaire !

Bill en parlait fièrement, comme si les enfants représentaient sa réussite personnelle.

-         Vous allez vous plaire ici. Il y a beaucoup de garçons de l'âge de votre fils, et vous êtes déjà attendu à l'hôpital local. Chaque spécialiste est chaleureusement accueilli ici. Nous y voilà, nous sommes arrivés.

L'Auror s'arrêta devant la porte d'un cottage et la toucha avec sa baguette.

-         Réglez vous-mêmes les enchantements de protection. Il n'est pas courant de se barricader ici, mais c'est à vous de décider. Vous ne courez aucun danger ici. Attendez, vous n'avez pas emporté vos bagages, n'est-ce pas ?

-         C'est vrai, confirma Severus. Tous : les vêtements d'Alex, ses jouets et même mon coffret de potions ont été emportés par les ravisseurs.

-         Il y a des ustensiles de cuisine et des jouets dans la maison. Ce sont des cadeaux de vos voisins, et le reste est disponible à l'achat au magasin sur la Place. Ce n'est pas très loin, mais si vous le souhaitez, je peux vous y accompagner. Aucun nouvel arrivé de transport n'est prévu avant la semaine prochaine, donc mon collègue pourrait surveiller le portail seul pour le moment.

Severus éprouva de la colère et de l'irritation envers ce garçon sympathique mais totalement dépourvu de tact.

-         Bill, écoutez, je suis reconnaissant pour votre aide, mais maintenant j'ai besoin d'être seul avec mon fils. Il est bouleversé et effrayé par ce qui est arrivé à son deuxième père. Vous avez observé de vos propres yeux, que nous avons évité de justesse l'éruption de la magie brute. Il a besoin de reprendre ses esprits... et moi aussi... Il est donc peu probable que j'aille faire du shopping dans les prochains jours.

-         Vous aurez, certainement, au moins besoin de nourriture pour le garçon. J'en apporterai dès l'ouverture du magasin, dit Bill très embarrassé, en devenant rouge comme un homard. - Je suis vraiment désolé qu'un tel malheur soit arrivé à Monsieur Potter. C'est une légende vivante...Je rêvais de le rencontrer.

-         Il aurait mieux valu venir avec moi pour sauver cette légende ! – dit Rogue avec de la douleur dans la voix, en passant par le portillon de jardin. - Maintenant, il est entre les mains des criminels et...

-         J'ai des ordres, Monsieur Rogue. Que ça me plaise ou non. Et les ordres, que j'ai reçu, sont de ne pas quitter la Zone. Je suis désolé, Bill rougit à nouveau, J'espère que vous trouverez Monsieur Potter...

-         Aucune chance pour ça, en restant ici, marmonna Severus entre les dents, déverrouillant la porte de sa nouvelle maison.

***

Oui, ils étaient vraiment attendus ici ! Severus le sentit dès qu'il franchit le seuil de la maison, où, il n'en doutait plus, lui et Alex ne resteraient pas bien longtemps. Le feu flambait joyeusement dans la cheminée, il y avait des étagères de livres le long des murs, et sur le sol, entre deux canapés confortables, un tapis épais et moelleux, avec une grande boîte pleine de jouets au milieu.

Avant d'inspecter leur logement temporaire, Rogue voulut vérifier que tout allait bien pour son fils... Mais comment pouvait-il aller bien ? Un enfant qui venait de survivre à l'enlèvement de son père. Severus installa Alex sur un des canapés du salon et l’examina en passant la baguette au-dessus de son corps. Les premiers résultats des diagnostics montrèrent, comme prévu, un épuisement magique grave.

-         Revigor ! – dit doucement Severus.

Les paupières d'Alex clignèrent et il ouvrit les yeux, gonflés et rouges à force de pleurer. Il bougea les lèvres, comme s'il cherchait à dire quelque chose, mais aucun son ne sortit.

-         Tout va bien, mon cœur !

 Alex tenta de nouveau de s'exprimer. Son visage se crispa dans l'effort, mais une fois de plus, il n'y parvint pas. Très probablement, le stress, qu'il avait subi, priva le garçonnet de la capacité de parler.

Severus souleva son fils et le serra contre lui.

-         N'aie pas peur.

Il murmura des mots rassurants, le visage enfoui dans sa chevelure bouclée, luttant pour retenir les larmes.

Severus était accablé moralement. D'abord l'enlèvement d'Harry, maintenant le malheur d'Alex... C'était insupportable ! Il aurait aimé se coucher à côté de son fils, fermer les yeux et s'endormir, pour échapper, ne serait-ce que quelques heures, à la douleur qui lui brisait le cœur. Pourtant, dans la situation actuelle, Severus ne put pas se permettre un tel luxe.

-         Expecto Patronum !

Un mince filet de nuage argenté s'échappa du bâton. Rogue se concentra et se rappela le visage heureux d'Harry, tenant Alex, nouveau-né dans ses bras.

-         Expecto Patronum !

La biche fantomatique inclina gracieusement la tête devant lui.

-         Fais savoir à Kingsley que j'ai besoin de le rencontrer. Immédiatement ! Prononça Rogue en s'adressant au Patronus d'une voix morte.

Et il murmura en regardant son messager se dissoudre dans les airs : « Harry, je te ramènerai, même si je dois aller te chercher en enfer ! »

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