La maison sur la colline
Ils avaient réuni leurs enfants dans le salon. C’était le grand jour. Il avait tenu sa promesse et n’avait rien dit et elle, elle s’apprêtait à tenir la sienne en révélant la vérité à ses enfants. Stressée, le mot était faible. Les mains moites et le cœur battant à tout rompre, elle prit les mains de ses enfants dans les siennes. Elle inspira à fond et choisit soigneusement ses mots avant de commencer.
Elle leur raconta tout en détail : son amitié avec Harry Potter, son amour d’adolescente pour Ronald Weasley, la guerre contre Voldemort, la chasse aux horcruxes, leur défaite imminente et leur arrivée ici avec Drago.
Les enfants l’avaient écoutée attentivement, l’étincelle dans leurs yeux s’éteignant au fur et à mesure qu’Hermione leur disait la vérité. Drago serra la main de sa femme pour lui donner le courage nécessaire pour poursuivre. Il ne l’interrompait que pour apporter sa version de certains faits.
Quand elle eut fini, le silence plana au-dessus d’eux. Pas le silence confortable d’une famille réunie au coin du feu. Une lourde chape de plomb venait de s’écraser sur eux. Les cœurs battaient si fort qu’on entendait les battements résonner dans la pièce. Orion se mit à pleurer et Lyra se leva d’un bond, furieuse, la magie crépitant jusqu’à la pointe de ses cheveux :
- Je ne te crois pas ! Tu mens !
- Ma chérie, commença Hermione en larmes, je préférerai mille fois que ce soit un mensonge. Crois-moi. Je ne supporte pas de vous voir comme ça. J’ai le cœur brisé de vous voir si malheureux. Mais nous n’avons pas le choix.
Lyra arracha sa main de celle de sa mère et s’enfuit en courant par la porte.
Drago se leva d’un bond pour la rattraper mais la jeune fille courait vite.
- Lyraaaa !
Hermione voulut partir à sa poursuite mais les larmes d’Orion la retinrent. Elle berça doucement son fils pour le consoler, répétant inlassablement que tout irait bien.
Au bout d’une demi-heure, Drago revint, sa fille dans ses bras, inconsciente. Devant la mine affolée de sa femme, Drago la rassura immédiatement.
- Elle dort. Elle avait réussi à courir jusqu’au bout de la forêt ouest.
Hermione grimaça et remercia malgré tout quelconque dieu d’avoir protégé sa fille.
XXXX
La nuit était bien avancée quand Drago rejoignit sa femme sur leur banc à l’extérieur de la maison.
- C’est bon ils dorment. Elle a ta fougue. On a eu de la chance, elle ne s’était pas trop enfoncée dans la forêt ouest.
- De la chance ?! Tu as vu leur regard… Jamais je ne me pardonnerai ça.
- Il le fallait. C’est fait maintenant.
XXX
- Non, je refuse. Je m’en fous !
- Lyra, langage.
Drago avait pris la suite dès le lendemain. Il était temps de leur apprendre à survivre. Ils devaient apprendre à leurs âges des choses qu’aucun autre enfant ne devrait avoir à apprendre. Mais, si Orion se montrait à l’écoute, sa sœur ne se montrait que peu coopérative. Elle en voulait à ses parents, à cet endroit, au monde entier. Hermione restait prostrée dans la cuisine, trop accablée pour se montrer. Elle entendait les mots de sa fille et voyait sa façon de la regarder. Et ça lui fendait le cœur un peu plus.
Après plusieurs jours, Orion semblait avoir accepté la vérité et faire de son mieux. Lyra continuait de haïr ses parents, en particulier sa mère.
Un midi, à table tous les quatre dans la même ambiance que le soir où ils leur avaient dit la vérité, Orion demanda à son père :
- Est-ce que tu crois que demain je peux essayer de construire quelque chose ?
- Je n’y vois pas d’inconvénient. Mais quelque chose de petit, qui tient dans ta main.
- D’accord. Super, merci papa.
Hermione touchait à peine à son assiette et Lyra la regardait de travers. Voir son frère la mine si joyeuse la dévastait. Elle n’en pouvait plus et explosa de colère.
- Espèce d’idiot ! Tu te rends pas compte qu’ils nous ont menti !! Rien n’est vrai. Ni la maison, ni tes jouets, ni les livres, ni le dehors !! RIEN !!!
Hermione et Drago échangèrent un regard contrit. Mais leur fille poursuivit de plus belle :
- Tu ne comprends pas Orion ? Rien n’est vrai. Ils nous ont fait croire qu’on pourrait aller à Poudlard et avoir des amis alors que c’est faux. Je les déteste, Je déteste cet endroit !! Je veux m’en aller d’ici !! Je. Veux. Partir.
La table se mit à trembler et dehors, les oies cancanaient en sentant l’air autour d’elle se charger d’électricité. Hermione regarda sa fille, inquiète :
- Ma chérie, arrête, calme-toi.
- Non ! Je me calmerai pas. Je veux pas être ici. JE VEUX PARTIR !!! LAISSEZ-MOI SORTIR D’ICIIIIIII !!
Les murs vibraient, faisant tomber quelques pierres. Orion, paniqué, se réfugia dans les bras de son père. Hermione prit sa fille par les épaules.
- Lyra, arrête maintenant. C’est dangereux. Tu vas te faire du mal, arrête ma chérie, je t’en supplie.
- JE VEEEEEEEEUUUUUUX SOOOORTIIIIIIIIIIIR !!!! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHH !!!
En voyant les meubles s’effondrer au sol et le verre des fenêtres se briser, Drago attrapa sa femme et sa fille et les forcèrent à sortir de la maison. Les oies avaient disparu, l’herbe de la colline séchait à vue d’œil pour disparaitre complètement. La terre sous leur pied s’ouvrit, laissant de grosses volutes de fumées sombres s’échapper. Au loin les arbres, secoués par le tremblement, perdaient feuilles et épines ou s’écrasaient au sol, secs et morts.
Ensemble, ils dévalèrent la colline jusqu’à la rivière. Autrefois large et abondante, elle n’était plus qu’un fin ruissellement d’eau qui ne tarda pas à se tarir complètement.
Ils tournaient sur eux même, cherchant désespérément une échappatoire qui ne viendrait jamais.
- Maman, est-ce qu’on va mourir ?
La gorge nouée, elle voyait leur monde disparaître petit à petit, comme s’il n’avait jamais existé. Elle ne trouvait pas la force de dire quoi que ce soit. Drago se rapprocha d’elle et ils se serrèrent les uns contre les autres dans une ultime étreinte. Lyra pleurait à chaudes larmes et Orion, en état de choc enfonçait ses ongles dans le bras de son père.
Hermione regarda son mari, seul l’amour passait dans ses yeux :
- Je t’aime.
- Je t’aime.
Ils serrèrent aussi fort qu’ils purent leurs enfants et prièrent pour que leur mort soit rapide et sans douleur.
Leur monde explosa, des morceaux de la colline passèrent si près d’eux qu’ils crurent la fin arrivée plusieurs fois. Puis le sol se déroba sous eux et ils tombèrent encore et encore.
Soudain, tout s’arrêta. La chute. Le temps. L’univers.
Partir ou mourir, ils avaient choisi.