La maison sur la colline
« Mamaaaaaaan !! Mamaaaaaaan !!! Ça y est je l’ai reçue !! Regarde !!!!
Hermione était allongée dans le canapé, souffrante mais prit la peine de se redresser à l’approche de sa fille. Dans la cuisine, les hommes de la maison les rejoignirent en entendant Lyra descendre en trombe les escaliers.
- Quoi ma chérie ?
- Ma lettre ! Pour Poudlard. Je l’ai reçue. Je l’ai trouvé ce matin sur mon lit. Regarde, regarde !
Drago jeta un œil à sa femme le regard dur.
- Miss Lyra Malefoy, j’ai l’honneur par la présente de vous envoyer votre liste de fournitures pour votre rentrée au collège Poudlard… C’est le meilleur jour de ma vie. Maman, s’il te plaît est-ce qu’on peut aller sur le Chemin de Traverse aujourd’hui ? Dis oui, dis oui !
- Moi aussi je veux venir, vous allez pas me laisser tout seul ici hein.
- S’il vous plaît dites ouuuuiiii ! On sera de corvée de vaisselle pendant quinze euh non un mois complet. Et à la main !
Hermione leur sourit tendrement et leur intima le silence d’un geste doux de la main.
- D’accord, d’accord, vous avez gagné. Mais à une condition.
- Laquelle ? demandèrent les deux enfants en chœur.
- Interdiction de courir partout. Vous restez à côté de nous.
- Pro-mis, crièrent solennellement les deux enfants de concert. »
Drago fulminait en regardant sa femme mais elle ne lui prêta aucune attention, trop heureuse de voir sa fille sourire. Ils se préparèrent dans un silence quasi religieux et sortirent tous les quatre de la maison.
- D’abord, commença Hermione, nous devons aller à Gringotts pour retirer un peu d’argent. Les fournitures ce n’est pas gratuit.
- Mais maman, on n’a pas d’argent, vous ne travaillez pas. Comment on va faire pour tout payer.
- Ne t’inquiète pas trésor, ton papa et moi avons beaucoup travaillé avant de vous avoir toi et ta sœur. Nous avons mis de l’argent de côté pour acheter tout ce qu’il faut.
Laissant les enfants courir devant eux, Drago attrapa le bras de son épouse et lui murmura :
- Hermione, qu’est-ce que tu fabriques ? C’est beaucoup trop dangereux. Faisons demi-tour avant qu’il soit trop tard.
- Non. Je me fiche des conséquences, ils ont le droit de vivre !
Elle se libéra et rejoignit ses enfants. Drago n’était pas dupe. Il voyait son teint livide, ses cernes à faire peur et il l’avait entendue vomir plusieurs fois dans la matinée. Il ne pouvait pas la laisser faire ça. Mais comment dire maintenant à leurs enfants de rentrer à la maison et de ne plus jamais penser au Chemin de Traverse ? Maudite sorcière têtue !
Ils traversèrent la forêt de la Rivière et suivirent un chemin de terre jusqu’à un autel de pierre avec au centre une cheminée aux flammes vertes.
- Aller les enfants. Je vous ai déjà expliqué la poudre de cheminette ? Et bien cette cheminée fonctionne de la même manière. Grimpez dedans tous les deux en vous tenant bien la main. Fermez vos yeux et à trois vous dites bien fort : Chemin de Traverse. Avec papa, on vous suit tout de suite, alors ne bougez pas une fois arrivés. D’accord ?
- D’accord.
Les deux enfants grimpèrent au milieu des flammes vertes. Ils avaient hésité un instant de peur de se brûler, mais les flammes étaient froides et chatouillaient les mollets. Ils fermèrent leurs yeux et se concentrèrent très fort. Ils prononcèrent distinctement « Chemin de Traverse » et ils sentirent une force invisible les soulever et les faire tourner dans tous les sens avant de les reposer sur le sol délicatement. Ils gardèrent leurs yeux bien fermés avant d’entendre la voix de leur mère :
- C’est bon nous sommes arrivés, vous pouvez ouvrir les yeux. »
Les enfants écarquillèrent les yeux et ouvrirent grand la bouche de surprise. Devant eux, une route de pierre avec tellement de boutiques qu’ils ne parvenaient pas à toutes les voir d’où ils étaient. Marchand de baguettes, de potions, de balais, de livres… Et au loin s’élevait un édifice en marbre aux colonnes irrégulières. Hermione attrapa la main de ses enfants et les entraina dans la foule.
- D’abord la banque. Après, promis, on va faire les boutiques. Lyra, tu as bien ta liste avec toi ?
- Oui maman.
- Alors c’est parti.
- Papa, tu peux me porter !!
Drago, resté en retrait jusque-là, scrutait autour de lui, inquiet de se retrouver ici. Il lança un regard noir à sa femme qui l’ignora sans vergogne avant de faire grimper son fils sur ses épaules.
Ils marchèrent tous les quatre, en traversant la foule jusqu’à la banque des sorciers.
- Et surtout, souvenez-vous, les gobelins sont intelligents mais il vaut mieux s’en méfier.
Lyra serra la main de sa mère un peu plus fort dans la sienne et ils s’engouffrèrent dans le bâtiment aux allures de mafia italienne des années vingt. Deux rangées de bureaux hauts s’alignaient de chaque côté de l’allée centrale avec, à chacun, un gobelin travaillant, discutant avec son voisin, tamponnant des lettres…
Drago se pencha vers Hermione.
- Je n’aime pas ça, je t’en prie, rentrons avant qu’il ne soit trop tard.
- Ça suffit Drago. Regarde leur regard ! Je ne les priverai pas de ça.
Arrivés face au bureau général au bout de l’allée, Hermione adressa un sourire poli au gobelin face à elle :
- Bonjour, monsieur, nous souhaiterions retirer un peu d’argent.
- C’est mon anniversaire, ne put s’empêcher de dire Lyra, et j’ai reçu ma lettre pour Poudlard. J’ai plein de choses à acheter.
Le gobelin dévisagea la jeune sorcière et prit la petite clef des mains d’Hermione avant de disparaître derrière le comptoir. Lyra regarda ses pieds.
- J’ai dit quelque chose de mal ?
- Bien sûr que non. Je t’avais dit les gobelins sont grincheux. Tu n’y es pour rien.
Le gobelin revint un instant plus tard et leur fit signe de le suivre. Derrière une porte se trouvait une autre porte avec une minuscule serrure au milieu. Le gobelin y glissa la clef et la porte s’ouvrit dans un brouhaha de cliquetis et de rouages.
Avant que Lyra ne dise quoique ce soit, sa mère lui expliqua :
- Ils ont changé le système après la guerre. Il n’y a plus les wagons sous terre. Question de sécurité.
Ils entrèrent dans leur coffre et prirent une grosse bourse pleine de gallions, de noises et de mornilles. En sortant de la banque, il y avait moins de monde sur le Chemin de Traverse et le soleil commençait à décliner.
- Pourquoi le soleil se couche déjà ? On est parti après manger.
Hermione prit appui sur une des colonnes en sentant poindre un vertige. Drago posa son fils à côté de sa sœur :
- Chérie, ça va ?
- Oui, j’ai juste besoin de reprendre mon souffle. J’ai juste la tête qui tourne un peu.
Les deux enfants regardaient leur mère, l’inquiétude se lisant sur leur visage. Orion hurla :
- Maman, tu saignes !!
Elle s’essuya le nez du revers de sa manche et tacha son chemisier de sang.
- Ce n’est rien. J’ai dû attraper un gros rhume. Je me sens mieux, allons-y. On a plein de choses à faire aujourd’hui.
Drago s’approcha d’elle et chuchota rien que pour elle :
- Par Salazar, qu’est-ce que tu fais ? Tu vois bien que ça ne va pas. Arrête ça et rentrons.
Elle ne l’écouta pas et s’engagea sur le Chemin de Traverse. Ils allèrent d’abord à la boutique de livres et achetèrent tout ceux de la liste et plus encore pour garnir un peu plus leur bibliothèque pourtant déjà sur le point de déborder. Dans le magasin de farces et attrapes, ils autorisèrent leurs enfants à prendre des pétards et des malices réglisses. Ensuite, le chaudron et la tenue pour l’école.
Quand Lyra voulut entrer dans l’animalerie sorcière, la porte vitrée resta bloquée et toutes les personnes autour d’eux les dévisagèrent en les fixant sinistrement. Hermione, sentant de nouveau un malaise arriver, s’assit sur un banc et respira lentement. Les sorcières et sorciers autour d’eux se dispersèrent, reprenant leurs emplettes comme si de rien n’était. Lyra, trop absorbée par les animaux dans la vitrine, ne leur prêta aucune attention quand la porte s’ouvrit. Accompagnée par son père et son frère, elle entra dans la boutique avec une idée bien précise en tête. Elle ressortit quelques dizaines de minutes plus tard avec un énorme chat beige qui ressemblait trait pour trait au chat de sa mère, seule la couleur changeait.
Hermione était semi consciente sur le banc, le teint encore plus pâle qu’avant. Drago se précipita vers elle et la secoua par les épaules :
- Hermione, tu m’entends ? Hermione !
- Maman ?
-Qu’est-ce qu’elle a maman ?
- Rien. Elle va bien. Elle est juste très fatiguée. Lyra pose le chaudron par terre.
Il sortit sa baguette de sa poche et réduisit tous les achats de la journée pour qu’ils tiennent dans le chaudron, sauf le chat, que Lyra avait refusé de lâcher. Drago fit apparaitre une laisse et un collier qu’il donna à sa fille.
- Ton chat peut marcher, mais surtout donne bien la main à ton frère. Je vais porter maman. Vous me suivez bien les enfants. On va rentrer à la maison pour que maman se repose.
- Mais et ma baguette ?
- Et moi je voulais manger une glace feu d’artifice !
- Ça suffit !!
Drago était, contrairement au sien, un père doux, attentionné et aimant. Il n’élevait jamais la voix, ne criait jamais sur ses enfants. Aussi, ils étaient choqués de voir leur père leur parler si sèchement pour la première fois de leur vie.
- Je vous demande pardon mes amours. Mais maman ne va vraiment pas bien. On doit rentrer à la maison. La baguette et la glace peuvent attendre, vous ne croyez pas ?
- Oui papa.
Lyra attrapa la laisse et la main de son frère. Ils se dirigèrent au bout du Chemin de Traverse et, comme à l’aller, montèrent dans les flammes vertes.
- Euh… Papa. On doit dire quoi pour rentrer à la maison ?
Drago prit un moment pour réfléchir, son épouse toujours blottie dans ses bras.
- Dites bien fort : Maison sur la colline.
Les enfants fermèrent leurs yeux très forts et articulèrent « Maison sur la colline ». Mais rien ne se passa. Drago commença à paniquer intérieurement mais ne laissa rien paraître devant ses enfants. Il leur demanda de se concentrer encore plus fort et de recommencer.
Il murmura pour Hermione :
- S’il te plait, tiens bon. Tu peux y arriver. Me laisse pas tomber maintenant !
Les enfants articulèrent une nouvelle fois « Maison sur la colline ». Quand ils rouvrirent les yeux, cette fois ils étaient sur l’autel de pierre. Ils pouvaient voir le chemin de terre courir à travers bois pour rejoindre la rivière du bas de la colline. Ils sautillèrent jusqu’à la maison en chantonnant et en refaisant leur journée. Sur la colline, les étoiles faisaient leur apparition.
En arrivant, Drago déposa sa femme dans leur lit et demanda aux enfants de s’occuper pendant qu’il soignait leur mère. Il avait cette capacité à rassurer tout le monde, si bien qu’Orion et sa sœur ne s’inquiétèrent pas outre mesure.
Les enfants dans le salon, Drago au chevet de son épouse :
- C’était de la folie ! Tu aurais pu mourir ! Quand est-ce que tu vas m’écouter ? Tout ça pour quoi ? Quelques tours de passe-passe !! Tu as été inconsciente !!
Malgré sa colère, des larmes d’angoisse dévalèrent ses joues pour s’écraser sur sa chemise. Hermione reprit connaissance doucement, en entendant son mari pleurer près d’elle.
- Pardon…
- Par Merlin ! Tu m’as fait une de ses peurs !!!! Ne refais jamais ça !
- Où sont les enfants ? Demanda-t-elle d’une voix encore tremblante.
- En bas, ils vont bien.
- Tant mieux.
- …
- Je crois que je vais dormir un peu. Je t’aime Drago Malefoy.
- Je t’aime aussi Hermione têtue Malefoy ! »