SS ou le mensonge des fondateurs
Pendant ce temps, le magicien se leva du lit et regarda autour de lui avec perplexité. Moi, je réfléchissais fébrilement. Naturellement, je ne crus pas du tout, que le légendaire fondateur Salazar Serpentard était devant moi. L’inconnu avait l’air bizarre : des vêtements démodés, des longs cheveux noirs, des ongles noirs et une peau incroyablement pâle. Des yeux de serpent jaune vif avec une pupille verticale examinèrent attentivement la pièce.
Il ne ressemblait en rien au portrait du Fondateur accroché dans la salle commune des Serpentards. Il n’eut rien d’un vieillard millénaire, vingt-cinq, trente ans tout au plus. Donc, un magicien inconnu et potentiellement dangereux, s’introduisit dans une école pleine d’enfants.
Inspiration-expiration, un mouvement discret de la main et le bâton magique, fixé dans ma manche, tomba dans ma paume ouverte.
Je me tins de côté, une position idéale pour une attaque. Pas de courbettes, pas de cérémonie : je me préparai au combat, pas au duel. Sa baguette ne fut pas visible. Parfait. Cela signifiait qu'il perdrait quelques instants pour la sortir. « Immobiliser, attacher, interroger ». Malheureusement, Potter se trouva sur mon chemin. Si seulement, il avait eu assez de bon sens pour ne pas se placer sur la trajectoire des sortilèges !
- Potter ! à moi, vite !
- Mais, monsieur... commença-t-il, mais n'eut pas le temps de terminer.
Un rapide glisseo *non verbal et le sol sous les pieds de Potter devint lisse comme de la glace. Un geste maladroit et le garçon s'envola en renversant une petite table ronde. Oh oui, Potter en qualité de manœuvre de diversion fut incomparable. Et quand le magicien se retourna, je lui lançais une combinaison de Petrificus Totalus, Confundo, Incarcerem.**
Hmm, j'avais presque réussi. « Salazar », au dernier moment, guidé par son instinct, quitta la ligne d'attaque, en léger mouvement de glissement. Seul Incarcerem le rattrapa partiellement et une corde enroula autour de ses jambes. Le temps me manqua pour répéter l’assemblage des sorts, tous mes muscles se raidirent et je m’effondrais sur le sol.
L'inconnu fit tomber les cordes d'un léger mouvement de la main.
- Bravo, Maître. Vous avez presque réussi à me surprendre. Soit, vous êtes très adroit, soit, j'ai perdu la forme. Mais je ne comprends pas, la cause de votre attaque. Je ne vous ai pas menacé.
Il s'approcha de moi et me regarda avec ses yeux de serpent. Là, ce fut une erreur de sa part. Je n’étais peut-être pas capable de bouger ou de parler, mais j’avais un atout dans ma manche. J'accrocha son regard et Legilimens ! Je fis irruption dans la conscience de l’étranger, sans me soucier de son bien-être. Ma tête explosa presque de douleur, comme d’habitude.
« Qui es-tu ? » J’explorai sa mémoire comme une ménagère vide un poulet. « Que l’hippogriffe me bouffe ! c’est vraiment Salazar Serpentard » À la seconde même, une force monstrueuse m'expulsa de sa tête. Sous ce coup mental je perdis instantanément connaissance.
Je repris mes esprits assis sur une chaise profonde.
- Êtes-vous réveillé, Maître Rogue ? Parfait. Comment vous sentez-vous ? demanda Salazar d'une voix délibérément attentionnée.
- Pas trop mal. Mais si je pouvais récupérer la capacité de bouger, je me sentirais beaucoup mieux.
Soudain, il rit. Pendant ce temps, j'observai la pièce, elle était exergue, avec une cheminée, une vieille armoire et un bureau jonché de papiers. Potter fut installé sur la chaise voisine et gardait le silence une main posée sur la bouche. Ses lèvres furent fendues. Ce ne fut pas une marque provenant de sa chute, la trace cramoisie était trop longue et étroite. Cela ressemblait, plutôt à une marque de fouet ou d’une canne. Peut-être, la même, que celle, que Serpentard tenait entre ses mains.
Je haussai un sourcil de surprise, regardant tour à tour Potter et le sorcier. Serpentard sourit, et prononça
- Nous avons eu une petite discussion avec Monsieur Potter. Votre élève a été assez irrespectueux dans ses propos. J'ai dû le calmer. Mais maintenant, je désire vous parler. Je comprends déjà pourquoi vous m'avez attaqué. Néanmoins, j'aimerais entendre votre version.
- Un magicien inconnu dans une école pleine d’enfants dont j'ai la responsabilité. Et vu les événements récents... je n'avais pas le droit de prendre des risques. Eh bien, ma liberté limitée me montre que vous pensez exactement de la même manière.
Serpentard fit pensivement le tour de la pièce.
- Mille ans... Mille ans ! Pourquoi... Même mon pauvre Saashess était devenu fou pendant cette période. Maître Rogue, il se tourna soudainement vers moi. Vous êtes le doyen de ma faculté, et vous ne m'avait pas reconnu ? Vraiment ?
- Hélas. Vous ne ressemblez pas du tout au portrait accroché dans la salle commune.
- Alors c'est comme ça... Mais ils savaient... Alors, ils ont décidé de m'effacer de l'histoire ? Ils ont même changé le portrait pour effacer jusqu’au mon souvenir. Ils ne pouvaient pas entrer ici et ils ont tout simplement scellé la pièce, la transformant en tombe. Eh bien, apparemment, nous devrions « remercier » le directeur actuel d’avoir tellement affaibli les défenses de Poudlard que même les sceaux des Fondateurs n’ont pas résisté !
- Le remercier ? Ça ne vaut pas le coup. Je ne comprendrai pas.
Je regardai Potter avec surprise. Contre toute attente il ne se précipita pas pour défendre Dumbledore, qui était mentionné d’une manière si négative. Mais Potter resta assis en silence et se contenta de nous foudroyer du regard. On pouvait penser qu’il était sous le coup de Silencio.
- Maître Rogue, racontez-moi brièvement ce que c’était passé sur le plan historique et expliquez-moi l'état actuel des choses. Car, j'ai tiré fort peu, de discours confus de Monsieur Potter.
- Avec plaisir. Mais d'abord, pourriez-vous me libérer du sortilège de l’immobilité et me rendre ma baguette.
- Vous utilisez cette « béquille » ? Oh, je suis désolé. Vous êtes un maître des potions. Votre réserve de la force magique ne doit pas vous permettre de vous en passer.
- Je vais vous décevoir, Maître Serpentard. Je fais partie des quatre magiciens les plus puissants de la Grande-Bretagne. Maintenant, TOUT LE MONDE utilise cette « béquille » !
Devant le regard étonné de Salazar, je me contentai de sourire tristement. Il me regarda silencieusement pendant quelques secondes, puis d’un mouvement de main désinvolte me libera. J’attirai non verbalement ma baguette magique et commençai mon récit.
Je lui racontai tout, tel quel, sans embellissement. Je contai ce que l'on savait des Fondateurs, de l'Inquisition, de la chasse aux sorcières, de l’obligation pour les magiciens d’entrer dans la clandestinité et de monde moderne des Moldus. Je parlai de Poudlard, qui s'écroulait presque sous nos yeux, de l'attaque du basilic contre les étudiants, de Voldemort et de Potter. Je ne cachai pas la raison qui nous poussa à venir ici. Je dissertai longtemps, au moins une heure.
- Mon pauvre Saashess... Alors ce Voldemort se disait être mon héritier ?
- Oui, et à en juger par l'histoire de Potter, son esprit contrôlait le basilic. Et Voldemort essayait de renaître.
- Renaître ? D'un horcruxe ? Ne me faites pas rire, Maître ! La nécromancie n'est pas votre spécialité, donc je vais vous l'expliquer : seule un liche, un mort-vivant, peut surgir d'un horcruxe. Et étant donné qu’il y a deux Horcruxes, le liche serait probablement fou.
- Deux Horcruxes ? Mais où est le deuxième ?
- Mais, devant vous ! Serpentard fit un signe de la main vers Potter. C'est vrai, je regardé que très superficiellement. Le fragment d’âme dans le garçon semble petit. Si je comprends bien, le gosse était prévu en sacrifice au liche ? Après tout, si le mort-vivant a réussi à s’incarner, la seule façon de le mettre au repos éternel, est de le forcer à tuer son horcruxe de ses propres mains. Ensuite, « le retour magique » le détruira tout simplement.
Ces informations me laissèrent temporairement dans un état second. Mon esprit commença à travailler à une vitesse vertigineuse, faisant défiler les événements et les dates, prévoir les actions, analyser les conséquences et prédire l’avenir.
- Maître Serpentard, seul un nécromancien peut détecter un horcruxe ?
- Eh bien, en général, non. Tout guérisseur est obligé de ressentir des nécroémanations, même un sorcier-guérisseur scolaire. Mais seul un nécromancien peut se débarrasser d’un horcruxe.
- Donc Dumbledore connaissait l’existence de l'Horcruxe depuis le tout début ! Monstre !
- Maître Serpentard, commença Potter avec hésitation - Qu'est-ce qu'un horcruxe ?
- Monsieur Potter ! Ne vous ai-je pas fait comprendre assez clairement que vous ne devez pas intervenir lorsque vos aînés parlent ?
- Désolé, monsieur, Potter fit rentrer sa tête dans les épaules.
- Les élèves n’apprennent pas du tout l'étiquette ? Si vous souhaitez poser une question, demandez d’abord la permission de participer à la discussion et, seulement après avoir reçu l’approbation, questionnez.
- Excusez-moi, monsieur, puis-je demander ? commença Potter.
« Wow ! Je n’ai jamais pu atteindre une telle obéissance du premier coup ! »
- Demandez, Monsieur Potter.
- Qu'est-ce qu'un Horcruxe et pourquoi est-ce moi ?
- L'Horcruxe, Potter, c’est une partie de l'âme du magicien, qu'il divise délibérément, afin de créer un lien qui lui permettra de renaître après la mort. Et cela a un rapport direct avec vous. Vous êtes l'Horcruxe de Voldemort. Cette cicatrice sur votre front est le lien.
Potter leva brusquement la main et toucha la cicatrice.
- Mais ils m'ont dit que cette cicatrice venait de l'Avada ! Ma mère, au prix de sa vie, a placé une protection par le sang sur moi et que Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom n'a donc pas pu me tuer !
- Votre mère était-elle une nécromancienne, Potter ?
- Non, de quoi parlez-vous, monsieur !
- Alors COMMENT aurait-t-elle pu appliquer une protection du SANG ?! Ne dites pas de bêtises, Monsieur Potter ! À en juger par l'histoire, raconté par Maître Rogue, votre mère n'en avait ni le temps, ni les capacités ! PROTECTION DU SANG ! Ha ! Qui vous a raconté un mensonge aussi flagrant ? La protection du sang ou, comme on l'appelle à juste titre, le rituel « Mer d'Intare » peur être réalisé que par un maître nécromancien, et cela lui prendra vingt heures ! Et la cicatrice d’Avada c’est encore plus absurde ! Votre cicatrice est un horcruxe. Votre mère a été immolée dans un rituel de division de l'âme. Et vous étiez préparé dès votre naissance à être sacrifié !
Après ces mots, Potter pâlit. Et moi aussi, d’ailleurs. Maintenant, bon nombre des actions de Dumbledore trouvèrent l’explication : Sa réticence à enseigner quelque chose d’utile à Potter, l’encouragement de sa paresse et de ses aventures stupides. Avec la réputation d’un voyou téméraire, si Potter meurt de la main de Voldemort, tout le monde dira : « un jour cela devait arriver ! »
* glisseo – Sortilège qui rend le sol glissant
** Petrificus Totalus, Confundo, Incarcerem – Ensemble des sorts de combat : immobilisation, attacher