Amato Animo Animato Animagus
Chapitre 4 : Quand Harry rencontre Corny
5081 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a plus d’un an
NDLT 1: je m'excuse, le titre est très révélateur de ce qui se passe dans le chapitre... Mais c'était ce titre et aucun autre, tellement je le trouve approprié!
NDLT 2 : Corny à des répliques sont en italiques pour signifier qu’il ne parle pas mais que ses mots « résonnent » directement dans la tête d’Harry.
Chapitre 4 : Quand Harry rencontre Corny.
Il s’attendait à la douleur décrite mais elle ne vint pas.
A la place, il était dans une espèce d’entre-temps sans lumière mais pas complètement opaque, il attendit avec une patience qu’il ne soupçonnait pas la venue de l’animal. Petit à petit, il vit un point lumineux s’approcher à pas mesurés, presque prudent, devenant de plus en plus visible et grand.
Il le laissa venir vers lui, admirant sa beauté.
L’animal arriva à sa hauteur de sa démarche gracieuse, il lui tourna autour en l’observant avec ce qui semblait être de la curiosité et de l’appréhension tout en le humant doucement.
Il approcha lentement la tête et inclina sa ramure.
- Voilà bien longtemps que j’attends de faire ta connaissance.
- Moi aussi. Depuis quand es-tu là ? questionna Harry.
- Depuis toujours. Je vis en toi depuis ta naissance. Je fais partie de toi, de ton ADN. J’ai vu chacune de tes difficultés, de tes victoires. Je suis aussi triste que fier de ce que tu as accompli.
Le quadrupède l’observait intensément avec une lueur de fierté et d’infinie tristesse brillant dans ses pupilles blanchâtres.
- Alors tu veilles sur moi depuis si longtemps ?
- Oui et même un peu plus.
Bien qu’Harry soit fasciné par son animagus qu’il trouvait vraiment majestueux et magnifique, il avait l’impression qu’une information cruciale était juste devant son nez sans la comprendre.
- Pourquoi es-tu si semblable à mon patronus ? Est-ce normal ?
- Oui. C’est l’inverse qui serait anormal car le patronus est la représentation de l’animal-totem qui nous correspond, l’animagus ne fait que lui donner réellement corps. C’est la représentation de son âme sous forme animale.
- Tu m’es étrangement familier. Remus m’a souvent répété que mon patronus avait une ressemblance troublante avec la forme d’animagus de mon père et Dumbledore m’a déjà dit que ceux qui nous avaient aimé ne nous quittaient jamais vraiment. Que mes parents défunts vivaient en moi.
L’animal l’observa tout en lui enjoignant de continuer dans une invite muette.
- Tu ressembles vraiment à mon patronus. Mon père en serait-il fier ?
- Très probablement.
Le jeune adulte se laissa choir sur le sol invisible, brusquement assailli de doutes : vouloir rattraper l’exploit de son père et de son parrain était une chose, mais vouloir réellement devenir comme son géniteur ? En avait-il réellement envie après tout ce qu’il avait découvert sur lui, sur son comportement, sur ce qu’il avait fait subir à Rogue et à Lily ? Et si la petite voix avait raison ?
Il se rendit compte que non. Pis, qu’il avait inconsciemment commencé à le haïr. Ce constat l’attrista plus qu’il ne l’aurait pensé.
Il n’était pas son père et ne voulait surtout pas lui ressembler.
- Mais… est-ce que je serai heureux moi ? Mon père ne m’a pas laissé une bonne image de lui : il a harcelé Rogue et ma mère. Sirius et Remus m’ont dit qu’il s’était assagit en dernière année mais j’ai fini par douter de ce qu’ils m’ont dit, de leurs sincérités.
- Et tu ne peux plus leur en demander plus…
Ce n’était pas une question mais un fait.
- Ils sont décédés tous les deux…
- Je sais…
Harry ne remarqua pas le trouble et la tristesse qui semblait animer le cervidé.
- Ils me manques.
- Je ne comprends que trop bien.
Un silence confortable s’installa. L’animal vint se lover prêt du garçon, comme s’il souhaitait être son appui.
- Mon père était-il un homme mauvais ? se questionna-t-il plus pour lui-même que dans le but d’être écouté.
- Ton père était un garçon qui a été trop choyé par des parents qui n’avaient pas envie d’être trop sévères avec leur miracle qu’ils ont attendu pendant près de deux décennies. Il n’a pas eu assez de notions de bien et de mal car il n’a pas été suffisamment puni pour apprendre que tout actes à des conséquences. Il n’a jamais compris non plus qu’harceler un camarade comme il l’a fait dépassait les limites de la moralité et de la bienséance. Une éducation moins laxiste aurait sûrement évité que ça ne dérape autant…
Harry écoutait attentivement sans rien dire.
- … s’il avait su que cela pousserait sa Némésis droit dans les bras de Voldemort en précipitant sa fin des années plus tard, et que cette dernière s’acharnerait sur sa progéniture par vengeance, il aurait réfléchi à deux fois, j’en suis intimement persuadé.
Potter trouvait l’argument convaincant, faisant taire le « Et si… » qui commençait à poindre dans son un coin de son esprit de cette petite voix si désagréable.
- De plus, l’effet de groupe a eu un impact non négligeable. S’il avait été seul avec son ami Lupin, ton père se serait contenté d’une antipathie cordiale et il ne lui aurait jamais rien fait. Mais avec ses amis Black et Pettigrow, il a été poussé à en faire toujours plus, entraînant une escalade mal venue. Quant à son ennemi, il a été entraîne dans la magie noir par d’autres camarades tout aussi adepte que lui, dont des fanatiques du sang-pur, qui se servaient du harcèlement dont il était victime afin de le pousser un peu plus du côté obscur. La maltraitance continue l’a définitivement fait choir dans les bras du Lord Noir. D’où l’importance des notions de bien, de mal et de bienséance abordées auparavant.
Son improbable interlocuteur secoua sa ramure :
- Sache qu’avec les années, il n’en n’est pas fier, il a même honte de lui-même et de son comportement.
- Et pour ma mère, tu as une idée ?
- J’ai même des éléments de réponse. Ton père a appris lors des vacances de Noël de 6ème année que son père – ton grand-père - avait attrapé la Dragoncelle, mortelle pour une personne de son âge. Sa mère l’a attrapée peut après, les condamnant tous les deux. De plus, les agissements du Lord Noir étaient de plus en plus virulents et la guerre qui se faisait de plus en plus menaçante se profilait à l’horizon, lui faisant prendre conscience que les abris indestructibles qui étaient pour lui Poudlard et le foyer familial n’en n’étaient pas. Cela lui fit un électrochoc et il s’assagit peu à peu.
L’animal prit un air dépité :
- Je ne nie pas qu’il ait accepté le poste de préfet en dernière année dans l’unique but de côtoyer ta mère mais il a su faire preuve de sérieux. De plus l’état de ses parents s’aggravait de jours en jours et la guerre avait éclaté pour de bon, il y a même eu un attentat perpétué lors d’une sortie au village voisin et voir de ses yeux des blessés, des morts, des maisons soufflées comme des fétus de paille… l’ont fait grandir d’un coup.
Il regarda son invocateur dans les yeux :
- Il a arrêté de se cacher derrière son masque d’arrogance et Evans a pu le voir comme il l’était vraiment. Il n’est pas fier non plus de la manière dont il lui a couru après, ni du chantage qu’il a exercé beaucoup trop souvent.
- La notion de bien et de mal, chuchota Harry. On en revient toujours là.
- Oui, toujours.
- Ma mère était vraiment d’accord alors ? questionna-t-il, toujours sceptique.
- Oui et de son plein gré. Officiellement, c’est elle qui a cédé mais, officieusement, c’est elle qui a initié la relation.
- Pourquoi ? Il n’y a aucune honte à ce qu’une fille demande à un garçon de sortir avec elle ?
Si une projection spectrale pouvait soupirer, Harry était persuadé qu’elle l’aurait fait, au vu de sa mimique bizarre.
- Parce que ta mère était une personne adorable qui a accepté de protéger l’ego beaucoup trop fragile de ton père.
- Mes grands-parents m’ont-ils connu ?
- Non, ils ont pu voir leur fils se marier mais n’ont jamais pu faire ta connaissance, ils sont décédés un peu avant ta conception. Ils adoraient Lily… ils auraient été fou de toi.
Nouveau silence confortable que l’animal fantomatique brisa au bout d’un moment :
- Saches que le décès presque simultané de ses parents s’est chargé de le propulser sans ménagement dans la vie d’adulte, finissant de le faire violemment mûrir. Ça… et devenir père.
Potter fronça les sourcils. Il était diantrement bien renseigné cet animagus. D’où tenait-il ses informations ? Surtout qu’elles semblaient vraiment correctes et… honnêtes ?
Son impression de rater quelques choses de flagrant le frappa de plein fouet. Il posa une question-piège :
- J’aurais bien voulu voir mon père voler et faire un duel d’attrapeur contre lui, il avait l’air très fort. Il aurait pu passer pro.
- Oui, mais il ne l’a pas fait, la guerre a changé ses aspirations. Cependant, il aurait été ravi de participer à un match, cela dit, même s’il adorait voler des Vifs d’or et se pavaner avec, ton père n’était pas attrapeur, il était poursuiveur.
Bingo… il l’avait acculé !
- Et il s’amusait à parler de lui à la troisième personne aussi ?
- Absolument paaaaARRGGH !
L’animal se leva brusquement et recula de quelques pas, faisant vaciller Harry, une lueur de terreur mélangée à de la fierté dans son regard. Il secoua sa ramure avec dépit :
- Qu’est-ce qui m’a trahi ?
- Le poste au sein de l’équipe de Quidditch, seul Sirius m’a dit qu’il s’était amusé à interchanger son insigne avec celle de l’attrapeur pour faire une farce et il n’a jamais jugé bon de remettre les choses en ordre.
- Je… j’ai été pris de court et je n’ai jamais eu l’occasion de remettre les choses comme elles étaient, avoua-t-il piteusement.
Harry était en colère. Il n’aimait pas qu’on se moque de lui, depuis quand le menait-il en bateau ?
- Et donc… tu m’a menti pour te donner le beau rôle, je suppose ?
Cornedrue secouait frénétiquement sa tête de gauche à droite.
- Pas du tout. Je n’y gagnerai rien de toute façon. Autant être honnête et te partager mes années de tergiversations. Je n’ai pas été quelqu’un d’exemplaire, je le sais bien. J’ai vu au travers de tes yeux les conséquences de mes actes, si je pouvais remonter dans le passé et corriger l’imbécile imbu de lui-même et stupide que j’étais, je le ferai sans hésiter ! Et je sais très bien quels sont tes sentiments envers moi…
Il regarda son fils droit dans les yeux :
- Je sais que tu ne m’aimes pas.
Pas de ton larmoyant, juste une franche sincérité. Il énonçait un fait.
- Mais je suis bien le fragment d’âme de ton père qui vit en toi, les moldus appellent ça l’ADN. Je suis bien James Potter.
Comme son enfant restait muet, il reprit la parole :
- Je suis aussi l’animagus que tu peux être. Mais si tu ne le souhaite pas, je peux m’éclipser et laisser ma place à ta mère. Elle n’a jamais été une animagus mais son patronus était une biche, tu deviendras peut-être un faon. Sache que je suis vraiment très fier de toi, de la vitesse à laquelle tu as réussi à devenir un animagus, tu m’as brillamment coiffé au poteau de Quidditch !
Il commença à s’éloigner :
- Je t’ai dit la vérité : je n’éprouve que de la honte, et le mot est faible, quand je repense à mon comportement à l’école car j’ai transformé la vie d’un élève en enfer et je l’ai brisé de bien des façons. J’exècre la magie noire mais mon égoïsme n’aura servi qu’à le plonger un peu plus dedans. Si je pouvais ne fusse que revenir quelques jours dans le passé, je me débrouillerais pour me faire comprendre à quel point mon comportement était stupide, puéril et dangereux. Je sais qu’on est tous un peu con à l’adolescence mais j’étais un spécimen particulièrement atteint.
Il s’éloigna encore de quelques pas :
- Quant à ta mère, j’ai fini pas arrêter de l’embêter car j’étais vraiment préoccupé par mes parents et par la guerre, je n’avais pas envie de la mettre en danger…
Cornedrue eut une espèce de rire sarcastique :
-… ça aussi j’ai foiré ! C’est vraiment elle qui a fini par me demander de sortir avec elle. Je n’en revenais pas… je n’en reviens toujours pas ! Et c’est effectivement pour sauver ma stupide fierté qu’elle a dit à tout le monde qu’elle avait bien réfléchi et accepté de sortir avec moi.
Son regard se fit vibrant :
- Te tenir dans mes bras alors que tu venais de naître et me sentir père pour la première fois, me sentir vulnérable, me rendre compte que le monde ne tournait plus autour de moi et de mon petit nombril a été salvateur pour moi. Ça m’a fait l’effet d’une bonne gifle et ça m’a motivé à devenir meilleur, à être un père dont tu aurais pu être fier. J’ai complètement raté ça aussi !
Harry le laissa finir ;
- Même si la méthode était mauvaise et qu’elle n’a servi à rien, je ne regretterai jamais d’avoir essayé de faire barrage de mon corps pour vous protéger. Je pensais que Lily sortirait par le balcon et s’enfuirait dans l’abri de jardin pour y transplaner. Mais dans la panique, elle s’est enfermée dans ta chambre avec toutes les répercussions qui en ont découlés. Je n’ai fait que retarder l’inévitable. Mais je ne regretterai jamais ce geste que j’ai eu.
L’Élu se rendit compte que son père était en train de pleurer.
- Les événements aurait sûrement été différent si tu avais évité de miser sur le mauvais rat ?
Le cerf cilla.
- Ça aussi c’est ma faute ! J’ai été tellement jusqu’au-boutiste que je n’ai même pas vu que Peter était plein de doutes et de terreurs. Ou plutôt, je n’ai pas voulu voir ce qu’il ressentait. J’étais un imbécile persuadé que ses amis avaient la même vision du monde que lui. Mais non, mes amis ne sont pas moi, je ne suis pas eux. Au travers de tes yeux, je comprends si tu ne vois de moi qu’un immonde connard, parce que j’ai bien l’impression que c’est exactement ce que je suis ! Et je comprends que tu ne m’aimes pas, c’est normal.
Le cerf tapa plusieurs fois rageusement du sabot sur le sol invisible, comme s’il était en colère contre lui-même.
- Je pense, répondit lentement Harry, que tu as effectivement été cet enfant trop choyé à qui la notion de bien et mal a fait défaut. Maintenant, pour la faiblesse de Pettigrow, je pense qu’il était surtout influençable : il s’est mis sous la protection des Maraudeurs parce que vous étiez les plus fort et quand une personne plus forte de vous s’est manifestée, il a retourné sa robe. Pour conclure, c’est surtout un opportuniste.
Le cerf opalescent se rapprocha un peu.
- Peut-être. C’était une période vraiment sombre et difficile, ce qu’on croyait juste était constamment remis en question. On doutait de tout et de tous, même de nos amis, c’était vraiment horrible.
Un nouveau silence s’installa.
- Je vais partir, il faut une certaine alchimie pour accepter une forme, nous l’avons seulement parce que nous sommes père et fils. Je suis certain que ça ira tout seul avec ta mère.
Le Survivant l’arrêta d’un geste.
James restait dans l’expectative tandis que son fils semblait réfléchir.
Son père avait raison, il ne l’aimait pas à cause de ce qu’il avait fait. Mais son ascendant avait vraiment vieilli et réfléchi, se jugeait sans complaisance et… durement. Il ne s’était pas montré sous son meilleur jour et n’avait pas essayé de le faire. Et s’il lui laissait une chance de se racheter ? Sans oublier qu’il gardait ce sentiment ambivalent de fierté : celui d’être aussi bon que lui au Quidditch, d’arriver à devenir un animagus, de lui ressembler.
- N’oublie pas Harry : tu n’es pas moi et je ne suis pas toi. Tu me ressemble et porte mon nom mais ça s’arrête là. Nous n’avons pas le même caractère, pas la même personnalité, pas le même vécu, nous sommes deux individus distincts.
Le fils répondit avec honnêteté :
- J’ai bien aimé parler avec toi et voir que tu avais changé. Si je choisi ta forme d’animagus, on pourra discuter plus ensemble ?
- Oui. Mais je ne veux pas t’obliger. Sache que, comme tu es très proche de ta mère, tu peux choisir quelle forme tu veux endosser : un cerf ou un faon. Tu ne pourras pas être autre chose qu’un cervidé et tu ne pourras pas être une biche, car, sauf cas exceptionnel, tu ne peux pas prendre la forme d’un autre genre dans le cas où les individus sont différents dans le règne animal, comme c’est le cas ici.
Potter secoua la tête :
- J’ai envie d’en apprendre plus sur toi. J’ai envie de mieux te connaître et de mieux te comprendre… et j’espère sincèrement que tu as été honnête.
Son « père » le regarda droit dans les yeux, avec une telle lueur de sincérité qu’Harry ne put pas mettre sa parole en doute.
- Je n’ai pas menti. J’ai caressé l’idée quelques secondes mais non, ça ne vaut pas la peine de perdre le peu de confiance que j’ai réussi à avoir. J’ai appris à la dure qu’être sincère et honnête c’était beaucoup mieux. Je ne compte pas répéter les erreurs du passé. Et puis… je n’ai jamais su mentir de toute façon !
Son rejeton lui fit un sourire :
- Tu es loin d’être exemplaire certes mais personne ne l’est. Et puis, j’ai bien compris que tu t’en voulais et que si c’était à refaire, tu ferais différemment. Comme tu as tout vu au travers de mes yeux, tu sais ce que j’ai vécu et je pense que ça t’a aidé à prendre plus de recul.
Il combla la distance et pris le cou du cerf dans ses bras pour l’enlacer.
- Tu as raison : je ne t’aime pas beaucoup… mais tu es déjà remonté dans mon estime aujourd’hui. Et je regrette que tu n’aies pas choisi Sirius comme Gardien du Secret.
Il entendit le cerf gémir de dépit :
- J’avais oublié à quel point Black pouvait être l’as des plans foireux. Mais avec très peu de nuits correctes et beaucoup de sommeil en retard, ça m’a paru être une excellente idée sur le moment… ça nous a paru, parce que ta mère avait trouvé ça génial aussi. Quelle idée de merde !
- Parrain s’en est mordu les doigts le reste de sa vie.
- Je sais, le connaissant, il a dû vivre tout le reste de sa vie dans le regret et la haine.
Le jeune adulte acquiesça de la tête.
- Je pense… que le Sirius que je connaissais est mort le 31 octobre, constata le cerf avec tristesse. Et Remus aussi. Il n’y a pas que ta mère et moi qui venions de mourir, l’entité des « Maraudeurs » aussi.
Harry posa sa joue sur celle du cerf en signe de pardon et de soutient. Ils restèrent comme ça un petit moment.
L’animal brisa doucement l’étreinte.
- Il est temps pour toi de réaliser ta première transformation, fils. Tu vas voir, c’est grisant !
Le fils le serra une dernière fois dans ses bras.
- A bientôt, fils.
- A bientôt papa.
Quelques instants plus tard, il se retrouva dans la salle de classe, alors que la nuit était presque tombée.
Il s’habitua vite à se mouvoir à quatre pattes et explora un peu la salle, s’approchant de son professeur de métamorphose. Il repéra sa respiration régulière en face de lui, reconnu sa silhouette assise et son odorat était celle d’une humaine et… d’un chat ?
Il inclina sa tête et elle caressa le bout de son museau.
- Vous êtes majestueux, Harry.
Son pelage était presque noir, comme l’était la couleur de ses cheveux, il gardait ses yeux verts. Si ses lunettes rondes n’avaient pas laissé de traces caractéristiques, sa cicatrice en forme d’éclair était bien visible sur le dessus de son œil droit.
Il se sentit très confortable dans sa nouvelle forme, la vie semblait plus simple, plus… primitive, animale.
« Félicitation, une transformation très bien réussite pour une première fois » glissa la voix de son père dans son esprit, avec un enthousiasme non feint et une fierté non contenue.
« Merci. »
Le cervidé se promena encore un peu dans la classe.
- Maintenant, il est temps de redevenir humain, murmura McGonagall.
Il visionna grossièrement sa silhouette et redevint un bipède, sans douleur.
- Vous vous en êtes très bien sortit. J’étais un peu inquiète car cela a pris du temps.
Harry souri à son enseignante :
- J’en suis navré. J’ai juste pu rencontrer mon père et avoir une discussion intéressante avec lui. Il est arrivé à moi sous la forme d’un cerf. Je suppose que ce n’est pas normal n’est-ce pas ?
- Je ne saurais vous dire, Harry. J’ai lu quelques rares récits de sorciers ayant vécu ce que vous décrivez. C’étaient des individus qui avaient déjà des animagus dans leur famille, parfois espacés de quelques générations et qui avaient un lien fort avec les leurs. Erik Erikson a mentionné avoir eu des contacts avec son arrière-arrière-arrière-grand-père, Fergus, dont l’animagus était un corbeau, lorsqu’il se transformait également en corvidé.
« Alors, Dumbledore avait raison. Les gens que nous aimons et qui nous ont aimé continuent de vivre en nous. » songea Potter.
- J’ai vraiment songé à refuser « d’hériter » de son animagus car je n’aime pas ce que j’ai vu de lui. Mais nous en avons discuté et il se repent sincèrement. Cela arrive trop tard mais il regrette vraiment ce qu’il a fait subir à Rogue. J’ai bien senti que ce n’étaient pas des paroles en l’air. Il a été aux premières loges pour voir les conséquences de ses actions et il a vraiment honte.
Il ajouta, songeur :
- J’espère sincèrement qu’il n’a pas menti… mais je ne pense pas qu’il l’ait fait…
Son professeur émit un petit rire :
- Votre père était un baratineur raté, il était vraiment nul pour mentir, on pouvait facilement lire en lui comme dans un parchemin ouvert. Black était plus doué mais il se trahissait facilement, c’était le roi de gaffe car il en disait toujours de trop et Lupin se contentait de se taire mais se fourvoyait en rougissant à vue d’œil. Je n’ai pas besoin de vous dire qui était le plus habile des quatre pour arranger la vérité de manière très convaincante…
Sa bouche forma un pli amer, comme si elle venait de manger quelque chose de particulièrement mauvais ou acide, une moue qui disparut au moment de faire un large sourire empreint de fierté à son illustre élève.
- En tous cas, je suis très fière de vous, même si vous êtes… vous… je ne pensais pas que vous y arriveriez ! J’offre 30 points à Gryffondor.
- Merci, professeur.
Son estomac gargouilla.
- Allez, filez aux cuisines, j’ai demandé aux elfes de vous laisser quelques choses.
Elle lui ouvrit la porte d’un coup de baguette et il sorti de la pièce tandis que Minerva remettait la salle en ordre.
***
Il croisa Neville, l’air aussi déboussolé qu’heureux : lui aussi avait réussi.
- Alors, lui demanda-t-il, un large sourire barrant son visage, le grand Harry Potter a réussi, n’est-ce pas ?
- Qui te dis que j’ai réussi ?
-Tu as l’air de flotter sur un balai de Quidditch…
- Oui, j’ai réussi, mais c’était déroutant…
- J’ai cru mourir avec la douleur de la transformation, dit Neville que la réussite rendit dithyrambique. Puis l’animal s’est manifesté : j’ai dû me pincer pour être sûr que je ne rêvais pas : c’est un lion… comme mon patronus ! La professeure Chourave m’a dit que c’était la preuve que j’avais bien ma place à Gryffondor. Elle m’a octroyé dix points. Mais elle avait l’air un peu déçue, elle a marmonné entre ses dents quand je quittais la classe un « J’espérais un blaireau ! » J’ai fait comme si je n’avais rien entendu. Et maintenant, je meurs de faim !
Harry décida de relayer également sa rencontre avec son animagus, en version résumée et son camarade était aussi excité que surprit de la présence du père d’Harry.
Son interlocuteur hocha la tête avant de demander :
- Tu étais content de le revoir ?
- Au début, pas vraiment, surtout que j’ai mis du temps à faire le lien. Mais il a su s’expliquer et faire amende honorable alors je lui laisse le bénéfice du doute. J’ai envie d’en apprendre plus sur lui.
Son condisciple sembla brusquement soulagé, il baissa la voix :
- Moi j’ai discuté avec Harfang Londubat, mon aïeul, j’ai appris des choses sur ma famille, dont une qui m’a fait penser à ton parrain : il aurait épousé une certaine Callidora Black…avant de se faire jeter par la famille de son épouse, parce que c’était un « amoureux des moldus » …
L’Élu se mit à pouffer puis à rire :
- Figure-toi que j’ai découvert il n’y a pas longtemps qu’un certain Charlus Potter aurait épousé une fille de la famille Black aussi : Dorea. Et d’après les archives familiales que j’ai retrouvées dans mon coffre et feuilletées, il s’agirait d’un frère qui serait venu s’installer en Angleterre, la branche principale remontant à plusieurs siècles et étant originaire des États-Unis. Et il semblerait que Charlus n’ai pas demandé son avis aux Black avant d’épouser Dorea, la pauvre s’est faite excommuniée par sa propre famille à cause de son mariage.
- Je me demande combien de familles sorcières ont du sang de ton parrain dans les veines ?
- Plusieurs sûrement. Sirius me disait que c’était une très vieille famille et que toutes les familles de sangs-pur étaient plus ou moins apparentées.
- Au moins, avoua Neville, je suis rassuré, je n’ai pas osé parler de ma rencontre avec Chourave. J’ai cru devenir fou. En tout cas ce fut une expérience enrichissante, bizarre mais intéressante ! termina-t-il avec son enthousiasme habituel.
- Comme tu le dis, fit Harry en chatouillant la poire. Une expérience étrange.
Il se saisi de la poignée qui venait de se matérialiser et la fit basculer, bienheureux de pouvoir remplir son estomac qui criait famine !
***