Amato Animo Animato Animagus
Chapitre 3 : La patience est une vertu
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Chapitre 3 : La patience est une vertu.
Comme l’avait si bien dit la professeure, son idée était extrêmement encadrée par ses homologues.
Hermione réussi à garder sa feuille en bouche entre deux pleines lunes mais elle fut bien l’une des rares. Neville y était aussi arrivé avec brio.
Harry ainsi qu’Hannah avaient oublié de la retirer et durent recommencer le processus une fois : ils étaient plus occupés par Luna qui était dans le coma à l’infirmerie, ne songeant plus à l’ôter au moment opportun.
Ce fut Neville qui le rappela à Harry lorsqu’il le croisa très tôt un matin tandis que la lune luisait encore dans le ciel en allant chercher de la rosée fraîche pour la potion spéciale.
- Ahhhhh ! J’ai oublié ! gémit le survivant. J’étais obnubilé par l’état de Luna…
« Et par mes sentiments naissants » pensa-t-il.
- C’est compréhensible, lui sourit son condisciple. As-tu déjà songé à protéger ton coin de rosée ? Flitwick dit qu’il faut minimum sept jours mais que si tu t’y prends à l’avance, cela ne change rien.
- Bonne idée, Neville. Je vais venir avec toi.
Ils firent un crochet rapide par la serre de botanique. Neville avait les clés et il lui tendit une nouvelle feuille de Mandragore qu’il avait cueilli en vol, en allant vérifier la bonne santé des Sphinx.
Le Survivant grimaça en se collant la nouvelle feuille : par Merlin, que le goût était immonde, même dilué avec le sort. Après un mois en bouche, ce-dernier était réellement amoindri.
- Comment cela se fait-il que tu aies les clé des serres ? demanda-t-il à son condisciple avec une moue dégoûtée.
Londubat rit de sa mimique puis lui répondit :
- En fait, le professeur Chourave me donne des cours avancés de botanique. Elle pense que j’ai vraiment de l’avenir et m’encourage à sa manière. Au départ, quand elle pensait que je serai apte à reprendre son poste plus tard, je pensais que c’était une blague mais elle est très sérieuse.
Ils venaient de rejoindre un coin ombragé luisant doucement à l’arrière d’une des serres, au nord et couvert de rosée matinale. Neville ganta ses mains et sortit sa fiole de sa poche - contenant déjà un de ses cheveux et la fameuse feuille - en se penchant pour prendre la cuillère sans marcher dans l’herbe humide. Il manquait vraiment de précision : ses doigts tremblaient.
- Je crains de rater… je me suis entraîné mais mes gouttes touchent toujours la paroi de cristal. Je sais que c’est pas grave mais je voudrais vraiment réussir correctement une potion, pour une fois.
Harry le compris très bien.
- Veux-tu que je le fasse ? lui propos-t-il. J’y arrive sans problème.
Neville lui tendit sa cuillère en argent et observa son condisciple, la langue entre les dents, ajouter précisément la rosée dans la fiole.
- Tu es vraiment agile de tes doigts. Ce n’est pas pour rien que tu es attrapeur, lui dit-il tout sourire en lui flanquant une tape sur l’épaule. Si tu veux, je laisse le sors en place ? Comme ça tu as ta rosée intacte, lui proposa-t-il.
- Merci Neville. Ça fait du bien des cours sans être tout le temps en compétition, je trouve ça plus chaleureux.
- Moi aussi.
Ils retournèrent aux serres prendre un cocon que Londubat ajouta à sa potion.
Son camarade de dortoir le quitta en pénétrant dans le château : il se dépêcha de trouver un coin tranquille avant que la lune ne se couche définitivement.
Il le retrouva assis à table, alors que l’Élu broyait du noir en remuant son thé plus que nécessaire.
- C’est pas grave, Harry. Tu pourras réessayer à la prochaine pleine lune, le rassura gentiment le futur expert en botanique.
Ron et Hermione arrivèrent ensuite.
- Tu en tire une tête, lui dit sa préfète.
- Ai oublié de retirer ma feuille à temps… grommela son ami.
- Ce n’est pas grave vieux, dit Ron en se servant des toasts. Moi j’ai carrément oublié de mettre un de mes cheveux. J’essayerai le mois prochain.
- Mais on sera déjà en novembre, gémit Celui-qui-a-été-marqué. Je VEUX réussir !
« Pour te prouver quoi ? Tu le sais maintenant que ton père est une mauvaise personne. Tu l’as vu et ses amis n’ont pas su le défendre parce qu’ils sont aussi coupables que lui !» recommença la voix désagréable.
« Non, je veux réussir pour moi !» se défendit mollement Harry.
Ses amis comprirent très bien : il voulait réussir pour égaler son père.
Ce qu’ils ne savaient pas c’est qu’il voulait faire la surprise à Luna de lui montrer son animagus, qu’elle soit la première à le découvrir. Il voulait voir l’émerveillement, la joie et peut-être même de la fierté dans son regard.
- De toute façon, lui dit Neville, je suis coincé, je dois attendre un orage. Il peut venir demain comme il peut venir dans dix mois. Il faut jusque que je n’oublie pas de dire la formule matin et soir. Pour finir, on n’est pas plus avancé que toi.
Hermione leur communiqua une information intéressante :
- J’ai croisé Firenze en rendant visite à Hagrid… il m’a dit spontanément qu’il y aura un orage d’ici deux ou trois mois. Vous croyez que la professeure s’est renseignée au préalable ? Je l’ai entendu dire au
garde-chasse que c’était « Une année favorable pour favoriser les transformations des corps et des esprits »
« Tient, j’irai bien rendre visite à Rubeus aussi » pensa le Survivant.
Harry haussa les épaules en guise de réponse tout en portant sa tasse à sa bouche, il n’était pas particulièrement friand de thé à la menthe mais c’est le seul qui passait avec le goût de peppermint de la feuille.
Il manqua de le recracher : il était froid.
***
Bien qu’il soit toujours d’humeur morose ; Potter suivit son idée de la veille et alla rendre visite au garde-chasse. Avec Hagrid, on n’était jamais à court de conversations intéressantes et il n’avait pas son pareil pour changer les idées, même sans le vouloir.
Luna ne montrait pas le moindre signe de réveil, il était à présent sûr d’être tombé amoureux d’elle et son oubli pour sa potion le minait plus que de raison.
Sans compter cette fichue petite voix qui avait fini par le faire douter sur son père, le rendant beaucoup moins fier de la personne qu’il était, appréhendant qu’il soit beaucoup moins sympathique que le portrait qu’on lui en avait fait, voir qu’on lui ait platement menti pour éviter qu’il ne connaisse ses cotés les moins reluisants.
Le demi-géant lui ouvrit la porte, le sortant brutalement de ses sombres pensées, et le gratifia d’une de ses éteintes à vous rompre les os dont il avait le secret.
- Harry ! Je suis si content de te voir ! Comment va Luna ?
Le jeune adulte lui expliqua l’état de santé de la Serdaigle, lui confia ses doutes et ses impasses. Il lui expliqua aussi comment il avait foiré la première mise en place de sa potion.
Il savait que Rubeus ne le jugerait jamais, il se sentait en confiance et pouvait se confier à lui sans craintes.
Hagrid avait d’abord hoché la tête d’un air grave, ce dernier quittant son visage au fur et à mesure que son protégé changeait de sujet.
- Mais enfin, Harry, si tu crois que ton père y est arrivé du premier coup, tu te trompes. Déjà il n’avait pas trouvé de sortilège pour adoucir le goût et puis il avait bien eu du mal à garder cette satanée feuille en bouche. C’est à cause de ça et de l’orage qui a mis du temps à venir que ça lui a pris du temps.
Harry, qui soufflait sur la tasse de thé brûlante gentiment offerte par Rubeus, s’arrêta brusquement.
- Hein ? Vous saviez que mon père et mon parrain essayaient de devenir des animagus ? Et vous ne m’avez jamais rien dit ? s’étonna-t-il
Hagrid sembla réaliser ce qu’il venait de dire
- Je n’aurais pas dû dire ça… soupira-t-il.
Il semblait désespéré par sa propre bêtise. Il regarda Potter droit dans les yeux. Finalement il ne fera de tort à personne, les quatre concernés étaient morts.
Il bascula sur le dossier de sa chaise, en faisant des ronds avec ses pouces.
- Ils ont même ratés, car l’orage tant attendu est arrivé en plein été et leurs fioles étaient à l’école.
Heureusement, le temps était vraiment instable l’automne de cette année-là. Ils m’ont demandé des conseils sur les réactions animales d’un cerf et c’est ça qui m’a mis la puce à l’oreille.
Harry le regardait attentivement.
- Une part de moi était certaine qu’ils n’y arriveraient pas et l’autre partie était admirative. Imagine ma tête quand j’ai ouvert ma porte un jour en découvrant un cerf et un chien se présentant à moi. J’étais aussi impressionné que fier. J’avais même du mal à y croire alors qu’ils se sont métamorphosés plusieurs fois pour bien me montrer qu’ils maîtrisaient cet exercice, termina-t-il avec un petit rire joyeux.
Il but une lampée de son thé.
- En revanche j’étais vraiment convaincu que Pettigrow n’y arriverai pas. J’étais vraiment dubitatif quand il y est arrivé. Je savais que c’était grâce à James et Sirius. J’aurai voulu qu’il n’y arrive jamais au fond. Mais est-ce que ça aurait changé quelques choses ?
Ses yeux étaient devenu étrangement brillants.
- Vous n’avez jamais songé à les dénoncer ? questionna le Survivant, sans animosité.
- Cela m’a traversé la tête, avoua le demi géant après avoir essuyé ses yeux d’un revers de manche. Mais c’étaient mes amis, surtout James, ton père, je ne voulais pas trahir mes amis et perdre leurs confiances. Tel le Gryffondor que j’étais. Ce qui prouve que l’autre… aurait mieux fait d’atterrir à Serpentard, grogna-t-il.
Il se repris brusquement.
- Mais c’est le passé et on ne peut pas le changer. Cependant je suis sûr que tu vas y arriver, Harry, tu as beaucoup de volonté et tu es têtu quand tu le veux. Je ne suis plus tout jeune et si je rencontre ton père là-haut, je voudrais pourvoir lui dire avec fierté : « Tu as vu, ton fils a été meilleur que toi ». Je suis certains qu’il me dirait « C’est normal qu’il soit meilleur que moi, il a tout hérité de sa mère » en riant.
L’enfant unique des Potter imagina la scène et sourit avec tendresse à son ami.
- Faites-moi plaisir, Hagrid, restez encore un peu parmi nous : que ferai Poudlard sans vous… et vous n’avez même pas encore formé votre successeur, le taquina Harry.
- Moi qui pensait que tu tenais à moi, exagéra-t-il avec une fausse tristesse. Mais non, tout ce qui t’importe, c’est le poste vacant !
Il finit par rire franchement, Harry joignant son rire au sien.
Le Gryffondor fini son thé et rejoignit le château après un au revoir à un de ses prédécesseurs.
Les dernières paroles du demi-géant l’avaient remotivé : il voulait devenir rapidement un animagus ! Quand son heure sera venue, il voudrait pouvoir chicaner son père en lui disant : « J’ai été plus rapide que toi euh ! »
Il se dirigea vers l’infirmerie en souriant de son propre enfantillage, en écartant délibérément le sentiment de malaise qu’il ressentait à présent quand on mentionnait son père, ne voulant pas admettre que cette horrible petite voix avait fini par le faire baisser de plusieurs points dans son estime.
***
Neville le secoua alors que le soleil n’était qu’une vague lueur bleutée à l’horizon :
- Qu’est-ce qui… balbutia le Survivant, la bouche pâteuse.
-Harry, ça fait un mois… tu dois retirer ta feuille, prendre de la rosée, un cheveu et le mettre dans un endroit calme.
Subitement, il fut bien éveillé.
- Ah oui, oui… tu as raison, Neville. Merci.
Il constata que son condisciple était habillé, et puisque l’école avait effectué un virage drastique vers la coopération et l’entraide, il se décida à réveiller son rouquin de meilleur ami.
Potter essaya de réveiller Weasley sans résultat… Ron continuait de ronfler la bouche grande ouverte, un filet de salive coulant sur son oreiller, alimentant l’auréole présente déjà conséquente.
Il finit par lui jeter un Aguamenti qui eut pour effet de le faire tomber de son lit en sursautant.
- Mais… Harry… je suis trempé ! dit-il indigné. Et il fait nuit en plus ! rouspéta-t-il.
- Non, tu ne retournes pas dans ton lit ! lui intima le binoclard. Il faut que tu fasses la potion.
- Quelle potion… dit-il avant de comprendre. Ah oui ! La potion d’animagus.
Il s’habilla d’un coup de baguette après s’être séché et parti avec les deux autres.
- Pourquoi tu viens avec nous, demanda le rouquin au troisième larron.
- J’en dois une à Harry, sourit-il d’un air enjoué.
Le petit matin était frais et le ciel était encore bien sombre, parsemé d’étoile. La nuit était claire, sans nuage.
Londubat leur ouvrit la serre où ils purent prendre une chrysalide fécondée chacun qu’ils déposèrent dans la fiole, ils glissèrent également la feuille et un cheveu pour lui tenir compagnie. Ils se rendirent au petit coin de rosée dûment protégée par leur camarade de dortoir et ajouter ce dernier ingrédient à la préparation.
Ron avait déjà repéré un endroit idéal pour déposer sa fiole et les laissa au pied de la serre en remerciant Neville comme il se devait : il lui promit un colis plein de gadgets des Sorciers Facétieux.
Harry laissa son condisciple aux portes de la Grande Salle et couru jusque-là tour d’astronomie. Hagrid lui avait révélé l’endroit que son père et son parrain avaient utilisés pour y déposer leurs fioles jadis. Il s’agissait d’une cavité entre deux pierres, dans un recoin de la tour auquel il n’avait jamais fait attention, baigné par le clair de lune et à l’abri de la lumière en avisant la mousse qui y proliférait à foison.
Il n’y avait plus qu’à réciter la formule aux bons moments et à attendre un orage.
Pour la première condition, il avait travaillé une version alternative du sortilège Protéiforme avec Hermione, cette dernière étant ravie de l’idée de son meilleur ami, afin d’enchanter un objet dont il ne se séparait jamais, afin qu’il vibre tout en chauffant à l’aube et au crépuscule afin de lui rappeler de prononcer son incantation.
Granger avait ensorcelé son réveil et sa montre pour qu’ils sonnent aux moments adéquats mais cela n’était pas très discret, elle était donc enchantée de cette alternative plus silencieuse. Elle avoua à Potter qu’elle avait oublié une fois de dire l’incantation et elle devait recommencer dès le début.
Quant à lui, il n’enlevait jamais la montre que Molly lui avait offerte, elle était protégée par des sortilèges luttant contre la casse et l’eau, n’ayant jamais besoin d’être remontée.
Il ne lui restait plus qu’à être appliqué.
Pour la seconde condition, seule la patience était de mise.
***
Harry s’appliqua à réciter la formule matin et soir, après avoir réveillé Neville et Ron pour qu’ils en fassent de même. Au bout d’une semaine seulement, il ressentait déjà un second battement de cœur. Il était le seul, cela n’était pas encore arrivé à Londubat. Quant à Weasley, il marmonnait plus qu’il n’articulait la formule et fini par rater encore une fois.
Lorsque le Gryffondor en parla avec son professeur de métamorphose, cette dernière parue impressionnée : ressentir aussi vite le second battement de cœur était rare, ce qui signifiait qu’Harry avait déjà une bonne connexion avec son animagus présumé. Au fil du temps, il avait l’impression d’avoir un deuxième cœur dans la poitrine et trouvait sa présence réconfortante. Tant qu’il le sentait, il savait que tout allait bien.
L’automne empiétait sur l’hiver, les premiers jours de décembre restaient agréables quoique plus frais et pas l’ombre d’un orage ou d’un changement de temps à l’horizon, le ciel restait désespérément clair et lumineux. Totalement à l’opposé de son humeur : il sortit de l’infirmerie et Luna ne montrait aucun signe d’éveil.
Il se rendait régulièrement à la cuisine afin de rendre visite à Kreattur. L’elfe avait changé du tout au tout depuis qu’il avait reçu le médaillon, certes, il ne sera jamais un serviteur aimable et enthousiaste comme ses homologues mais il arrivait à être agréable et poli. Ce qui était déjà un exploit en soi quand on imaginait comme il avait été « éduqué » par la famille Black.
Harry pensait que son elfe serait mécontent de ses visites et l’enverrai paître. Il s’était lourdement trompé car il arrivait à avoir des conversations intéressantes avec lui dont la passion ne se bornait pas qu’aux recettes et autres fiches de cuisine puisqu’il lisait de tout.
Au détour d’une phrase, il constata que le vieil elfe s’était levé et s’étirait vers l’arrière, les mains sur ses hanches maigres, afin de soulager ses lombaires douloureuses.
- Si tu as besoin de remèdes, n’hésite pas.
- Kreattur n’a pas besoin de pitié, trancha la créature avec un regard qui en disait long.
Potter repris plus fermement :
- Je ne te prends pas en pitié, je veux juste que tu sois en bonne santé et ton bien-être fait partie de mes priorités. Je suis ton maître maintenant, tu es mon elfe et je ne compte pas te traiter comme l’a fait la famille Black ou Sirius.
Remus avait eu beau lui rabâcher que son parrain était d’habitude quelqu’un de très correct avec les elfes et que le sien était l’exception à la règle, il devait admettre que Black était loin d’être un modèle quand il s’agissait de traiter son elfe avec un minimum de respect.
Les grandes oreilles de l’elfe s’affaissèrent lorsqu’il comprit enfin que son nouveau maître ne se moquait pas de lui et qu’il lui faudrait s’habituer à cette nouvelle manière d’être traité…
En fait, il agissait avec lui comme son petit maître Regulus l’avait fait en son temps.
Il trouva une parade pour ne pas fâcher inutilement le jeune adulte :
- Jeune maître… le temps est incertain aujourd’hui, il va tourner à l’orage… Mes vieux os me le disent.
Les yeux d’Harry s’arrondirent de surprises, les elfes pouvaient-ils ressentir ses choses-là également ? Il se rappela Mrs Figg qui se plaignait toujours que l’humidité jouait « de sales tours » à ses rhumatismes et parlait ensuite de ses douleurs liées à son « insupportable arthrose. »
Il prit la peine de finir décemment le thé qu’il partageait avec son elfe et prit congé aussi courtoisement que son empressement le lui permettait. Il se félicita également de lui avoir transmis le faux médaillon, il s’était involontairement et judicieusement assuré de la loyauté de son serviteur.
Potter avait eu une bonne intuition là-dessus.
Il fonça jusqu’à sa salle commune et y retrouva Ron, Hermione et Neville en grande discussion.
En se rapprochant, il constata que le premier mentionné se faisait réconforter par les deux autres.
- … ma paresse me perdra, par les caleçons de Merlin, jura le rouquin, visiblement furieux contre lui-même. Alors qu’Harry ou toi (il désignait Neville du menton) avez tout fait pour m’aider, j’ai réussi à foirer avec l’incantation !
Il arrivait à la hauteur de son ami et compris pleinement de quoi il s’agissait, trois jours plus tôt, il avait réveillé ses condisciples à l’aube et Weasley, mal réveillé, avait marmonné la formule plus qu’il ne l’avait prononcée. Il devait donc recommencer depuis le début. Sa petite amie lui annonça piteusement avoir également bafouillé le soir précédent, en ayant avalé de travers son dentifrice alors qu’elle se brossait les dents.
Il se regardèrent tous les deux d’un air contrit et brusquement, il se sentit de trop. A l’air gêné de Neville, il comprit qu’il n‘était pas le seul, lui faisant un sourire de connivence lorsque leurs regards se croisèrent.
Ron se leva d’un bon, se remonta furieusement les manches, regarda son Her-mignonne droit dans les yeux et scanda :
- A nous deux, on peut y arriver si on se concentre !
Il l’embrassa fougueusement en oubliant qu’ils n’étaient pas seul dans la pièce.
Le couple reprit pied dans la réalité quelques instants plus tard, ce fut à ce moment que le plus jeune des fils Weasley se rendit compte que son meilleur ami était présent :
- Oh, Harry ! Ça fait longtemps que tu es là ? demanda-t-il en lâchant une Granger rougissante.
- Juste assez pour savoir que ça n’a pas fonctionné.
Les deux concernés firent la grimace.
- Au fait, Kreattur m’a fait comprendre qu’un orage se préparait dans l’air… Vraiment navré pour vous, ajouta-t-il sincèrement en les regardant tour à tour.
Londubat compris tout de suite :
- Au premier grondement de tonnerre, on se précipite dehors, termina-t-il avec enthousiasme.
Potter songea que c’était bien la première fois qu’il serait content de sortir dehors avec un tel temps.
***
Les vieux os de Kreattur n’avaient pas menti : samedi lors du repas du soir, le ciel s’assombrit et le grondement sourd du tonnerre de fit de plus en plus proche, Harry et une poignées d’autres élèves étaient sur le qui-vive lorsque l’orage éclata au-dessus de l’école. Quelques étudiants de septième année se précipitèrent et se dispersèrent aux portes de la Grande Salle, s’efforçant d’arriver le plus vite possible aux cachettes respectives de leur potion.
Potter était déjà parti lorsque le bruit sourd de l’orage se rapprochait, il avait le cœur qui battait la chamade au fur et à mesure qu’il grimpait quatre à quatre les marches de la tour d’Astronomie. Il se rassurait comme il le pouvait, en se disant qu’il devait avoir réussi car il continuait de percevoir d’autres battements de cœur que le sien, mais il ne sera tranquillisé qu’une fois qu’il aurait la fiole en main et surtout : une fois qu’il aurait pu constater de visu sa couleur rouge.
L’orage, dont la première zébrure déchira le ciel alors qu’il surgissait au sommet de la tour, l’accueilli avec des trombes d’eau et lui fouetta le visage, le trempant de pluie instantanément. Il songea un instant que c’était complètement fou d’être à un des plus hauts sommets de l’école alors que les éclairs déchiraient le ciel et se demanda s’il ne risquait pas d’être foudroyé.
Ses questions et ses doutes passèrent au second plan lorsqu’il vit que le contenu de sa petite fiole avait viré au cramoisi, de l’exacte couleur du chiffon distribué par Slughorn des semaines plutôt. Il était tellement fier en cet instant qu’il se redressa de toute sa hauteur face à la tempête déchaînée et au ciel anthracite pour crier de toute la force de ses poumons en feu :
- Regarde, papa, je suis en train de te rattraper !
Comme pour répondre à son cri, la fiole se mit à pulser frénétiquement entre ses doigts gantés de tissus devenant de plus en plus humide, en même temps que les battements du second cœur qui l’accompagnait depuis quelques semaines semblait battre plus frénétiquement.
« Dépêche-toi, j’ai hâte de te rencontrer ! »
Il ne savait pas d’où venait cette voix mais lui aussi, avait hâte de la rencontrer.
Mais une autre, beaucoup moins bienveillante, venait encore une fois de saper tout son bonheur, lui disant qu’il n’avait vraiment pas envie de ressembler à un individu aussi irresponsable que son père. Il ne se rendit même pas compte que le second cœur avait eu une embardée lorsque le Survivant arrivait à cette triste conclusion : il avait fini par détester inconsciemment son propre père.
Il redescendit la tour aussi vite qu’il ne l’avait montée, semant des flaques d’eau dans les couloirs sur son passage, ignorant les cris de colère du concierge. Il manqua de renverser la professeur McGonagall qui conversait avec la professeure Chourave alors qu’il tournait à l’angle d’un mur, il dévia de sa trajectoire à la dernière seconde et percuta Neville qui arrivait en sens inverse, visiblement aussi pressé que lui.
- Potter et Londubat ? Questionna Pomona en restant interdite un instant. Mais qu’est-ce…
Elle n’eut pas l’occasion de finir sa phrase que les deux étudiants toujours affalés par terre dires d’une seule voix :
- Nous avons réussi nos potions, professeur !
Si la directrice de Gryffondor réussi tant bien que mal à cacher son sourire de fierté ce ne fut pas le cas de celle de Poufsouffle qui semblait vraiment heureuse. Elles s’entre-regardèrent et décidèrent entre elle comme s’il s’agissait de se répartir des tâches ingrates :
- Mina : je prends Londubat, vous prenez Potter ?
- C’est parfait Pommie. Harry, venez avec moi.
Trop heureux pour se rendre compte que les enseignantes les avaient choisis comme des bibelots et bien trop excité pour entendre que McGonagall l’avait appelé par son prénom, Potter se releva d’un bon et suivi sa directrice de maison dans sa classe tandis que Neville partait dans une autre pièce avec Chourave.
Arrivé dans la classe de métamorphose, Minerva plaça les bancs le long des murs d’un revers de baguette.
- Essayez de garder votre calme, Harry. Votre état de nerfs pourrait influencer votre animagus en aiguisant son instinct animal et cela pourrait entraîner des conséquences graves, vous pourriez foncer dans un mur et vous faire très mal.
Elle rendit la fenêtre incassable et appliqua un sortilège de coussinage aux murs et aux objets, Minerva prit quelques minutes pour aider son célèbre élève à canaliser son débordement d’énergie :
- Harry, vous aller prendre une grande inspiration puis vous allez expirer doucement et longuement.
Le jeune homme s’exécuta et sa fébrilité diminua sensiblement.
- Bien. Maintenant que vous êtes plus calme, voici ce que vous allez faire : vous allez réciter la formule puis avaler la potion d’un trait…
Elle avisa le regard perplexe que le Gryffondor jetait sur sa fiole et le rassura avec un sourire : sa couleur était parfaite. Elle continua son explication :
- … vous ressentirez une vive douleur et votre rythme cardiaque s’accélérera brusquement. C’est normal et c’est même une bonne chose, cela démontre que le processus est correct. L’animal que vous incarnerez va se dessiner dans votre esprit, si vous êtes aussi proches que ce que vous m’avez décrit avec les battements de cœur, vous aurez l’impression de revoir un vieil ami perdu de vue depuis longtemps et vous ressentirez peut – être une émotion positive. Vous ressentirez le moment précis où vous entrerez en connexion et normalement, c’est à ce moment-là que j’assisterai à votre métamorphose. Vos vêtements, vos accessoires et vos particularités physiques fusionneront avec votre animal pour former votre animagus.
Harry hocha la tête avec sérieux. Il écoutait très attentivement sa professeure car il savait qu’il arrivait au moment crucial du processus, celui qui était le plus dangereux.
- Vous ressentirez également une douleur vive lors de la transformation, se répéta involontairement Minerva. Je vais prendre votre baguette afin que vous puissiez facilement la retrouver.
- Et pour redevenir humain, je dois former une image mentale de moi-même aussi précise que possible où juste celle de mon corps ?
- Une simple image mentale de votre corps suffira même si elle est réduite à une caricature où à un bonhomme -bâton. Ne stressez pas, je suis là pour vous accompagner.
Il hésita un peu avant de prendre la parole :
- Je… Je vais bien. Je ne sais pourquoi mais je sens que ça va bien se dérouler. Il me l’affirme.
- Il ?
- J’entends une voix, elle me rassure et me dit qu’elle est impatiente de me rencontrer.
Minerva resta muette de stupeur : devenir animagus aussi vite était exceptionnelle et avoir une telle connexion l’était tout autant.
Quoi de réellement surprenant quand cet élève était le Survivant ?
- Je vais prononcer l’incantation, je vous passerai ma baguette puis je vais boire la potion d’une traite.
« Ne te précipite pas, tout ira bien. J’attends de te rencontrer depuis si longtemps, je ne suis plus à quelques minutes prêts »
Il prit une grande inspiration en pointant sa baguette sur son cœur avant de prononcer distinctement :
- Amato Animo Animato Animagus !
Il tendit son catalyseur à la femme qui s’en saisi puis il déboucha fébrilement la fiole et avala son contenu prestement en fermant les yeux.
***