La mort est une fin heureuse

Chapitre 4 : Le vieux chapeau

4048 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/02/2024 22:14

Hugo, Septembre 2019 – Décembre 2019.

 

        Lorsque Hugo se réveilla ce matin-là, tous les évènements de la veille lui tombèrent dessus tour après tour. Il était arrivé à Poudlard. Il avait été envoyé à Serdaigle. Il avait parlé avec Evie et Basile. Puis il avait perdu son groupe, et le professeur Flitwick l’avait ramené dans la salle commune. Enfin, il avait à nouveau discuté avec Evie avant de se coucher.

        Hugo s’assit sur la droite de son lit en baldaquins, et écarta les rideaux bleu marine. Il vit Lorcan Dragonneau, qui avait oublié de refermer ses propres rideaux, et qui dormait encore profondément, laissant une longue traînée de bave sur son oreiller. Hugo enfila une robe de sorcier, et descendit dans la salle commune.

        Il repéra Evie dans un coin, accompagnée d’Alice Londubat et de Basile Trefflingham. Ce dernier vit Hugo arriver, et lui sourit.

— Ah, te voilà ! lança-t-il. On pensait que tu étais retourné dans les barques, hier soir.

— Oh non, je suis simplement monté après vous, répondit-il en échangeant avec Evie un regard complice. D’ailleurs, je vais descendre à la Grande Salle avec vous, car j’ai complètement oublié le chemin.

— Eh bien, c’est parti alors ! dit joyeusement Basile. Tu vois la porte là-bas ? C’est la sortie de la salle commune, et c’est par ici qu’on va passer.

Hugo éclata de rire.

— Heureusement que tu es là !

Ils descendirent tous ensemble dans la Grande Salle pour prendre leur petit déjeuner, et cette fois-ci, Hugo fit l’effort de retenir le chemin. Il s’assit à côté d’Alice. Il remarqua tout à coup qu’elle portait à sa main droite un gant fin et discret, d’une couleur pâle que l’on pourrait confondre avec celle de sa peau. Il se demanda si elle le portait déjà la veille. Il ne fit cependant pas de commentaire. Quelques instants après seulement, Flitwick leur distribua leur emploi du temps. Ils virent qu’ils commençaient à neuf heures par un cours de botanique.

— Oh, super, commenta Alice, on commence directement avec mon père.

— Comment ça, ton père ? demanda Evie, surprise.

— Je m’appelle Alice Londubat. Le prof de botanique, Neville Londubat, est donc mon père.

— Parfait, ricana Basile, il va pouvoir donner des points gratuits à Serdaigle.

— C’est sûr que non, répliqua Alice, il m’a bien fait comprendre avant la rentrée que je ne recevrai aucun traitement de faveur.

— Et c’est lequel, ton père ?

Alice lui indiqua Neville, qui était en train de discuter avec Teddy à la table des professeurs.

— C’est vraiment intéressant, la botanique ? hésita Evie. Je veux dire… on ne va quand même pas apprendre à planter des choux, si ? Haha, vous imaginez, ajouta-t-elle en rigolant avant de chanter « Savez-vous planter des choux, à la mode à la mooode ».

        Elle continua de rire sans se préoccuper le moins du monde du fait que les trois autres la regardaient bizarrement sans comprendre.

— Ne t’en fais pas, la botanique est l’étude des fleurs, plantes et champignons magiques, reprit Alice. C’est vraiment passionnant.

— Eh beh ! Tel père telle fille, à ce que je vois, dit Basile. Tu es née moldue, toi ? ajouta-t-il à l’adresse d’Evie avant qu’Alice n’ait pu répliquer.

— Oui, répondit-elle. Ma mère est ministre chez les moldus, et je n’ai jamais connu mon père.

— Ah ouais, quand même ! sourit Basile. Et vous ? ajouta-t-il à l’adresse de Hugo et d’Alice.

— Moi, je viens d’une famille de sorciers, dit Alice. Mon père est prof de botanique, comme vous l’avez compris, et ma mère tient le Chaudron Baveur, sur le Chemin de Traverse.

— Oh, super ! s’exclama Basile. Donc ta maman c’est la dame super sympa qui m’a ouvert le passage du Chemin de Traverse ?

— Euh… oui, j’imagine.

— Génial. Et toi, Hugo ?

— Je viens aussi d’une famille de sorciers, répondit l’intéressé. Ma mère est la directrice du Département de la justice magique, au ministère. Et mon père, il est copropriétaire du magasin Farces pour Sorciers Facétieux, sur le Chemin de Traverse.

— C’est parfait ! reprit Basile. Maintenant que les présentations sont faites, on va pouvoir rester tous les quatre jusqu’à la fin de notre scolarité, et…

Il fut interrompu par Lily Potter, la cousine de Hugo, et de Lysander Dragonneau qui s’assirent avec eux à la table des Serdaigles. Lily adressa un large sourire à Hugo, mais avant qu’elle n’ait pu dire quelque chose, Lysander prit la parole.

— Mon jumeau n’est pas avec vous ?

— Ton jumeau ? répondit Basile. Mmmh… Je ne suis pas sûr de savoir qui c’est. Il ressemble à quoi ?

— À moi, il ressemble à moi, dit Lysander tandis qu’Hugo éclatait de rire.

— Si, il était encore en train de dormir quand on est descendus, indiqua Hugo.

— Mince… j’espère qu’il ne sera pas en retard pour son premier cours, s’inquiéta Lysander.

— Dis-moi, tu es qui ? demanda Basile.

— Désolé. Lysander Dragonneau, Gryffondor. Enchanté à tous.

Tandis qu’il prit la peine de serrer la main à tout le monde, Basile insista en souriant.

— On était justement en train de présenter nos situations familiales. Tu peux développer ?

Hugo remarqua cependant que Basile était le seul qui ne s’était pas présenté du tout. Peut-être avait-il honte, suite à ce qu’il lui avait dit la veille pendant le banquet ? Lysander sourit et répondit à Basile.

— Si vous voulez. Mes deux parents sont sorciers, ils sont magizoologistes. 

— D’accord. J’imagine que quand on demandera ça à ton frère tout à l’heure, il nous dira la même chose ?

Tout le monde éclata de rire. Pince-sans-rire, Basile donna la parole à Lily d’un signe de tête.

— Je m’appelle Lily Potter, et…

— Potter ?! interrompit Basile, intéressé. Nom d’un chien, je ne savais pas que j’avais affaire à une célébrité, ajouta-t-il en feignant de se recoiffer.

— Tu n’as pas entendu mon nom pendant la répartition, hier ?

— Oh non, je n’écoutais pas. Et à part sauver le monde des sorciers, que font tes parents ?

— Mon père est directeur du bureau des Aurors…

— Ah tiens, fidèle à lui-même, commenta Basile.

— … et ma mère est rédactrice sportive pour la Gazette du Sorcier.

— Attends un peu, intervint Evie, tes parents sont du genre connus, eux aussi ?

— Oui, répondit Lily en soupirant. Enfin, surtout mon père. Il a eu son temps de gloire, il y a une vingtaine d’années. Mais, ses parents à lui sont connus, aussi, ajouta-t-elle en désignant Hugo d’un signe de tête.

— Oui, rappelle-toi Evie, expliqua Hugo, son père est cet oncle dont je t’ai parlé hier, celui qui a tué Voldemort.

— Ah, tu es de la famille de Hugo, dit Evie qui semblait comprendre tout à coup. Tout s’explique. Je n’avais pas compris que les Potter et les Weasley étaient de la même famille.

— Et si, nous sommes cousins, ricana Lily en ébouriffant les cheveux d’Hugo.

Les présentations faites, les quatre Serdaigles se dirigèrent vers les serres pour le cours commun de botanique qu’ils avaient avec les Serpentards, tandis que les deux Gryffondors se rendirent à leur cours de Défense contre les Forces du Mal avec les Poufsouffles.

        Le cours de botanique fût passionnant, aux yeux d’Hugo. Neville ne laissa jamais supposer qu’Alice était sa fille, mis à part en faisant l’appel, lorsqu’inévitablement, il prononça son nom de famille. À neuf heures quinze, Lorcan Dragonneau débarqua en trombe dans la serre, paniqué, en s’écriant « Vous êtes Mr. Londubat ? Et vous, vous êtes bien les Serdaigles de première année ?! », ce qui fit rire toute la classe, y compris le professeur Londubat. Ce dernier lui donna gentiment un avertissement, et le laissa s’installer parmi un groupe de Serpentards.

 

*       *       *

 

Globalement, pendant son premier trimestre de cours, Hugo s’était distingué par son aisance et ses facilités. En botanique, il avait épaté Neville Londubat en comprenant tout de suite le fonctionnement des champifleurs, et en récoltant une quantité maximale de leur fumée. Il avait époustouflé le professeur Williamson, en Défense contre les Forces du Mal, en expliquant point par point les différences entre la magie et la magie noire. En cours de potions, il avait concocté parfaitement sa potion pour soigner les furoncles, et le professeur Lecreuset lui avait accordé plus de vingt points en un seul cours. Durant leur premier cours de métamorphose avec Teddy, après une fabuleuse démonstration de la part de leur nouveau professeur, Hugo était parvenu à transformer son aiguille en allumette dès son premier essai. Ainsi, pendant le reste de l’heure, Teddy avait essayé de l’occuper en lui faisant faire diverses métamorphoses de plus en plus avancées. En sortilèges, Hugo avait failli aveugler le professeur Flitwick en effectuant un Lumos particulièrement puissant. En astronomie et en Histoire de la magie, il n’avait pas montré de compétences hors du commun, mises à part ses capacités à apprendre son cours par cœur d’une rapidité déconcertante. Au total, durant sa première semaine de cours, Hugo avait rentabilisé pour Serdaigle quatre-vingt-quatre points. Tous ses professeurs étaient unanimes : Hugo était particulièrement doué pour la magie.

 

        D’autre part, il était très heureux du petit groupe d’amis qu’il s’était fait. Pour commencer, il s’était assis, dès le premier cours de botanique, à côté de Basile Trefflingham. Hugo le trouvait très drôle, et surtout incroyablement sympathique et populaire. Tout le monde l’adorait. Il était parfois aussi un peu étrange. Il avait de temps en temps quelques absences, où il regardait par-dessus son épaule comme s’il avait peur que quelqu’un l’attaque par surprise, et il ne parlait jamais de lui-même, si bien qu’Hugo ne connaissait rien de sa vie personnelle ou de son passé. Mais cela ne les empêchait pas d’être meilleurs amis, et de partager une passion commune : le Quidditch. Enfin, ce n’était pas très original, le Quidditch était la passion commune de beaucoup de sorciers. 

        Il y avait aussi Lorcan Dragonneau, sûrement le garçon le plus bizarre que Hugo ait pu rencontrer. Toujours dans la lune, constamment à côté de la plaque, il provoquait souvent des rires sans le vouloir. Il avait été collé dès le premier week-end suite à une conversation avec le professeur McGonagall durant laquelle il l’avait insultée trois fois de suite sans s’en rendre compte. Hugo, qui écoutait un peu plus loin, n’était pas parvenu à retenir son fou rire.

        Bien qu’il la connût déjà, Hugo avait été étonné de découvrir à quel point Alice Londubat était gentille et généreuse. Hugo l’aimait beaucoup. En plus, elle était aussi très douée en cours, sans avoir le niveau d’Hugo. Elle passait beaucoup de temps à faire en sorte que Lorcan ne soit pas à côté de ses pompes. Quand Hugo lui avait posé la question à propos du gant qu’elle portait à sa main, elle lui avait simplement répondu qu’elle avait eu un accident quelques mois plus tôt. Sentant que le sujet était légèrement sensible, Hugo n’avait pas cherché à creuser davantage.

        Évidemment, il y avait aussi Evie Erskine, la première personne avec qui Hugo avait parlé. Même si aucun d’eux ne mentionnait leur conversation dans la salle commune le soir de la rentrée, il semblait que quelque chose de spécial les unissait depuis. Comme Hugo s’y était attendu, Evie était une fille adorable, attachante, et pleine de vie. Il était fréquent de la surprendre à siffloter, fredonner ou même chanter des petits airs de musique qui lui passaient par la tête. Elle lançait régulièrement des références de films, de chansons ou de livres moldus que personne ne comprenait. Elle avait aussi tendance à chercher les potins un peu partout, si bien qu’elle savait déjà tout sur tout le monde. Hugo aimait beaucoup passer du temps avec elle, sans savoir trop pourquoi. Souvent, il s’arrangeait discrètement pour être assis en face d’elle dans la Grande Salle ou à la bibliothèque.

        Les Serdaigles avaient une majorité de leurs cours en commun avec les Gryffondors. À leur groupe s’étaient donc rajoutés les deux qui s’étaient joints à eux le matin de la rentrée. Lysander Dragonneau, le jumeau de Lorcan, ne partageait que le physique de son frère. Il avait les deux pieds sur terre, une opinion sur tous les sujets possible (mais rarement pertinente), et était souvent premier degré. Il était très facile de le vexer. En fait, il était même assez naïf.

        Enfin, Lily Potter. Bien que cousins, Hugo et Lily était proches comme frère et sœur depuis touts petits, car ils avaient toujours été, parmi leur famille, les « petits derniers », et c’est en se serrant les coudes qu’ils avaient réussi à se faire entendre parmi les plus grands. Au moment où Hugo avait été envoyé à Serdaigle, il avait eu peur que cela ne les sépare. Mais heureusement, Lily s’était vite attachée à Lysander, et tous les deux préféraient la compagnie du petit groupe de Serdaigles plutôt que celle de leurs camarades de Gryffondor.

 

        Ainsi, malgré sa répartition, Hugo était très heureux de son début d’études. Cependant, il ne pouvait pas s’empêcher de garder en tête ce que lui avait dit le Choixpeau. Un esprit si brillant ne saura être ralenti par des banalités telles que la famille… Que cela pouvait-il bien dire ? Hugo était premier de sa classe, et passait pourtant beaucoup de temps avec ses cousins. Le deuxième samedi, il avait passé la journée entière avec tous ses cousins chez Hagrid, alors qu’il avait un devoir conséquent à faire en botanique. Il l’avait fait le soir-même, vite fait bien fait, et avait obtenu la note maximale. Il ne parvenait pas à comprendre la contradiction que lui avait indiquée le Choixpeau : ses notes tomberont-elles drastiquement un jour s’il continue à fréquenter sa famille ? Cela n’avait strictement aucun sens. Pourtant, Hugo doutait. Il avait peur.

        Quel choix fallait-il faire ?

 

*       *       *

 

Le premier trimestre était à présent terminé. Alice, Lorcan, Lysander et Lily étaient repartis chez leurs parents. Evie était chez sa mère. Basile était resté à Poudlard. Hugo, lui, était rentré dans sa chère maison, celle où il avait grandi, dans la ville moldue de Stratford-upon-Avon.

C’était deux jours avant Noël. Hugo était étalé sur son lit de travers, les jambes contre le mur, la tête dans le vide. Cela faisait une bonne heure et demie qu’il était comme ça. Il ne faisait rien de spécial. Il ne s’ennuyait pas, car comme il l’avait entendu, les plus grands esprits ne s’ennuient jamais, ils ont toujours quelque chose à penser. Or, c’était cela qu’il faisait : penser.

En fait, il n’avait plus en tête que les mots du Choixpeau. Il n’avait clairement pas envie de laisser tomber sa famille, mais il ne voulait pas non plus gâcher son avenir, surtout après un si beau départ. Et, par-dessus le marché, ses parents lui avaient affirmé, juste avant son départ à Poudlard, qu’il pouvait faire confiance au Choixpeau, qu’il savait ce qui était bon pour lui. Pouvait-il se permettre de juste ignorer ces paroles ? Il était dans une impasse.

Ses parents avaient commencé à se douter que quelque chose n’allait pas. Sa mère avait essayé de lui en parler, mais Hugo n’avait pas osé lui avouer que le problème venait peut-être de sa famille. Et comment aurait-il pu, d’ailleurs ?

Mais ce jour-là, ses parents allaient à nouveau tenter quelque chose. Il les entendait chuchoter au rez-de-chaussée. Ils pensaient sûrement être discrets. Inévitablement, Hugo entendit quelqu’un monter les marches. Il savait que Rose était déjà dans sa chambre, donc c’était un de ses parents. Il entendit alors la onzième marche craquer, et seul son père, avec ses récents kilos en trop, parvenait à la faire grincer. Hugo soupira.

Enfin, il valait mieux son père que sa mère. Hugo connaissait bien sa façon d’engager une conversation sérieuse. Il savait exactement quelles questions il allait poser, quelles réponses il donnera, et quelles réactions il aura. Et comme Hugo n’avait aucune intention de parler du Choixpeau, cette conversation serait donc tout bonnement inutile. Parfait.

Arrivé sur le pallier, son père fit le moins de bruit possible, comme si tout le monde dormait. Il faisait toujours comme ça quand il voulait avoir une conversation sérieuse avec l’un de ses enfants, ou le gronder. Hugo rit en silence, puis reprit son sérieux une demi-seconde avant que son père n’entre dans la pièce.

Hugo se redressa, leva les yeux, et fixa ceux de son père. Il resta ainsi pendant quelques secondes. Vas-y, pensa-t-il, demande-moi. Demande-moi si « je suis sûr que ça va ». Son père fronça légèrement le sourcil gauche. Il prit une inspiration, et prit la parole.

— C’est le Choixpeau, c’est ça ?

Hugo ouvrit la bouche. Comment était-ce possible ? Son père lisait-il dans les pensées ?  Non, il était réputé pour être un particulièrement médiocre legilimens. Quoi qu’il en fût, Hugo se mit à réfléchir à toute allure pour trouver quelque chose à dire. Son père s’en rendit compte.

— Je ne lis pas dans les pensées, t’inquiète pas, assura-t-il doucement, avec un sourire. C’est ta sœur qui nous a dit que le Choixpeau a mis plus de cinq minutes avant de t’envoyer à Serdaigle.

— C… cinq minutes ? balbutia Hugo.

Il n’avait pas réalisé que cela avait été aussi long. Tout s’était passé si rapidement dans sa tête. Hugo baissa les yeux.

— Considère-toi heureux, sourit Ron en s’asseyant à côté de son fils. Lors de ma répartition, le Choixpeau m’avait à peine effleuré les cheveux qu’il avait deviné que j’étais un Weasley. La seconde suivante, il m’avait déjà envoyé rejoindre mes guignols de frères. Et ça a été la même chose pour chacun de tes cousins et cousines. Toi, tu es spécial.

— Ouais, ou bizarre, grommela Hugo.

— Pourquoi bizarre ? Tu es un Chapeauflou ! s’exclama Ron. Tu as les qualités de deux maisons ! Tes cousins n’ont que celles de Gryffondor.

— Mais je lui avais demandé Gryffondor, répliqua Hugo. Et il le savait, puisqu’il me l’a dit. Mais il a délibérément décidé de m’envoyer à Serdaigle. Pourquoi ?

— J’imagine qu’il a dû voir que tes qualités de Serdaigle étaient plus importantes que celles de Gryffondor, assura Ron.

— Non, il m’a bien dit que mes qualités étaient équivalentes pour les quatre maisons !

— Les quatre maisons ?

— Oui, il a hésité entre toutes les maisons, soupira Hugo, même Serpentard. Il a dit que Serpentard pousserait mon ambition et me mènerait à la grandeur, ou je ne sais quoi…

— Écoute, intervint Ron, je m’y connais pas très bien en Choixpeau. Mais s’il a fait ce choix, c’est pour une raison. Regarde Neville, il est à Gryffondor. Pourtant, on a passé nos cinq premières années à nous demander pourquoi cet abruti n’avait pas été envoyé à Poufsouffle. Mais le Choixpeau avait repéré que son courage se développerait. Ça sera pareil pour toi, je suis certain qu’il a pris la bonne décision. D’ailleurs, je crois bien que d’habitude, les Chapeauflous ont les qualités de deux maisons, pas quatre. Tu es unique, Hugo, et je suis certain que c’est ce que le Choixpeau a vu…

Hugo leva alors la tête et regarda son père droit dans les yeux.

— Il m’a dit que je devais éviter ma famille si voulais pas gâcher mon avenir, dit-il.

— Attend… quoi ?! s’écria Ron.

— Il m’a dit exactement « Un esprit si brillant ne saura être ralenti par des banalités telles que la famille Crois-moi, il viendra un moment où tu devras t’éloigner de tes êtres chers pour le bien de ton savoir… ».

— Des banalités telles que la famille ? répéta Ron. Mais qu’est-ce qu’il en sait ? C’est pas comme s’il s’y connaissait en vie de famille, c’est un chapeau !

Hugo éclata de rire face à l’absurdité, exposée ainsi, de la situation.

— Ok, je retire ce que j’ai dit sur le Choixpeau. S’il t’a dit que tu ne pourrais pas avoir d’avenir prometteur avec ta famille, c’est qu’il n’y connaît rien. Avoir une famille, ça implique déjà un merveilleux avenir. Tout ce que tu fais à côté de ça, c’est du bonus.

Hugo sourit. Son père lui conseillait donc d’ignorer les paroles du Choixpeau. Il l’avait envisagé, mais il lui avait accordé trop d’importance jusqu’ici. Mais peut-être était-il plus prudent de faire confiance à son père plutôt qu’à un couvre-chef ?

— Allez viens, on va au Terrier, lui dit Ron. James a eu l’idée de faire un gros match de Quidditch sur la colline. Et je vais écrire un mot à McGonagall au sujet des choses que le Choixpeau dit à nos enfants. Il est temps que la Répartition soit assurée par autre chose qu’un vieux chapeau moisi et brûlé.

Hugo se leva et suivit son père. En regardant sa mère, il se demanda comment être affilié à elle aurait pu mettre à mal son travail, alors qu’elle-même était l’une des plus grandes sorcières du siècle. Il se sentait honteux. Il s’était laissé berner un peu trop facilement. Non mais, vraiment. 

 

 

        Le match qui suivit mit définitivement fin aux troubles de Hugo. Il dura plus de deux heures, dans le froid glacial, et se termina en mêlée générale sur les balais, pour savoir qui, des attrapeurs, poursuiveurs ou spectateurs allait récupérer le Vif d’Or en premier. Il n’avait jamais autant ri.


Laisser un commentaire ?