L'évadé du clair de Lune

Chapitre 15 : Enquête en cours

3959 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/06/2024 11:38

— Nan, mais écoute ça, Rufus ! apostropha Kingsley Shacklebolt en arrivant à son poste de travail ce matin-là. Rita Skeeter est toujours aussi démago :

 

 « La cavale des amants innocents ?

 

Cela fait maintenant cinq jours que Sirius Black s'est évadé de la prison d’Azkaban apparemment aidé par sa fiancée, Sélène Thorne. Le Ministère peine à retrouver sa trace. Cependant, une nouvelle question se pose : Sommes-nous en face du plus grand scandale judiciaire de l’ère magique moderne ? En effet, j'ai mené l’enquête pour vous, chers lecteurs, et je vais vous révéler maintenant des éléments qui portent à croire que nous avons tous été bernés.

 

Mais d’abord, replaçons les faits. Qui sont-ils ? Comment se sont-ils rencontrés ? Quels étaient leurs liens avec les Potter ? Pourquoi Sirius Black a-t-il été emprisonné à Azkaban ? Coupable en cavale ou innocent sauvé par amour ? C’est à toutes ces questions, que nous nous posons tous, que je vais répondre aujourd’hui.

 

Tout d’abord, Sirius Black, né le 03 novembre 1959, fils ainé de Orion et Walburga Black, une des familles de sang pur les plus anciennes, en tête de la Liste des « Vingt-Huit Sacrées », élevé dans la tradition pour en devenir l’héritier.

Il rentre au collège Poudlard le premier septembre 1970 à l’âge de onze ans. Prédestiné à la maison Serpentard, comme le reste de sa famille, il est réparti, à la surprise générale dans la maison Gryffondor où il fit la rencontre de James Potter, lui aussi nouvel arrivant au collège.

Entre ces deux-là, ce fut d’abord une compétition féroce pour la tête de la classe. Une compétition bon enfant me direz-vous, mais pas tout à fait, selon les témoignages que j’ai pu recueillir. L’amitié entre eux ne fut pas immédiate, bien au contraire :

« Au départ, ils se sont détestés », se rappelle Roger Williams, élève de Poudlard à la même période.

« Ça n’a pas duré longtemps. Sirius a mis un point d’honneur à se débarrasser de tous les préjugés que son nom inspirait et les élèves de Gryffondor ont tous fini par le comprendre. Il était peut-être un Black, mais il était différent et détestait la magie noire. Puis à force de partager le même dortoir et, il faut le dire, les mêmes punitions, James et lui ont fini par bien s’entendre. Ils sont même devenus inséparables avant les vacances de Noël de leur première année », enchérit Alicia Corals, étudiante de quatrième année à Gryffondor à l’époque.

 

Les différents témoignages font état d’un homme torturé mais profondément attaché à James Potter. Un homme hostile aux idéologies véhiculées par Vous-Savez-Qui et qui n’hésita pas à s’opposer à son propre frère, Regulus Black, quand celui-ci devint Mangemort ou sa tristement célèbre cousine, Bellatrix Lestrange. La confrontation avec sa famille connut même son apogée lorsqu’il se mit à fréquenter la jeune Sélène.

 

Sélène Thorne, née le 04 mai 1970, fille unique de Samuel Thorne, né moldu, et de Maisie Crooks, sang pur. Également élève de la promotion 1971, elle et Sirius ont commencé à se fréquenter durant l’été 1976. Ils avaient seize ans tous les deux et allaient entrer en sixième année. Il semblerait même que ce soit cette relation naissante qui ait poussé le jeune homme à se rebeller et quitter le domicile familial et l’emprise malsaine de ses parents qui n’approuvaient pas ces fréquentations, compte tenu du statut de sang de l’adolescente. Ils avaient même planifié quelque chose de totalement différent pour le jeune homme :

« Cet été-là, la Gazette avait publié un avis de fiançailles entre Sirius Black et Iphigénia Nott, une élève de Serpentard, un peu plus jeune que lui, mais de sang pur… » se souvient Roger.

« Mais quand Sirius et Sélène se sont affichés ouvertement devant eux, les Nott se sont sentis humiliés et les fiançailles ont été rompues le lendemain. Les Black ont renié Sirius ce jour-là. »

 

L’amourette des deux adolescents s’est ensuite muée en quelque chose de plus fort au cours des années. Ils ne sont jamais séparés, jusqu’à ce jour funeste dont on se rappelle tous.

 

Il y a quatre ans, le 31 octobre 1981.

Le jour où la guerre des sorciers a pris fin de la plus brutale des manières.

Le jour où le puissant mage noir, Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom, a disparu, anéanti par un petit bébé de un an, Harry Potter, connu maintenant sous le nom du « Survivant ».

Le jour où James et Lily Potter sont morts, dans leur maison de Godric’s Hollow.

 

Le Ministère n’avait plus aucun coupable à punir pour ce meurtre puisque le mage noir n’était plus. Il fallait donc en trouver d’autres et quoi de mieux à faire alors que de partir à la chasse à ses partisans.

Parmi eux : Sirius Black et Sélène Thorne, que les Aurors ont retrouvés sur les lieux du drame. Et si Black a réussi à s’échapper, Sélène, elle a été arrêtée et emmenée devant le chef de la justice magique de l’époque, Barty Croupton.

 

Deux jours plus tard, Sirius Black fut arrêté à Londres pour le meurtre de son ami Peter Pettigrow et de douze Moldus, en plein centre-ville. Mais si d’autres Mangemorts présumés ont pu plaider avoir été dupés ou soumis à l’imperium, Sirius Black fut condamné sans procès à Azkaban où il purgea sa peine, entouré de Détraqueurs pendant quatre ans.

 

Barty Croupton a conclu son « enquête », si tant est que l’on puisse appeler cela comme ça, en disant que Sirius Black avait soumis Sélène Thorne à un sortilège de l’Imperium, qu’il lui aurait fait boire une potion d’Amortentia. Et il semblerait alors que l’effet ait, on ne sait comment, perduré malgré les années et l’éloignement puisqu’elle a voulu le retrouver et le faire évader… quatre ans plus tard… Difficile à croire, n’est-ce pas ? 

 

Quelques mois plus tard, Barty Croupton a été muté au service de coopération magique internationale, bien moins reluisant que son poste de directeur du département de la justice magique. Cette mise au placard a-t-elle un rapport avec toute cette affaire ? La coïncidence est troublante, vous en conviendrez, chers lecteurs.

Sélène Thorne, elle, est marquée à vie par les sévices qu’elle a subi pendant son interrogatoire pendant lequel elle n’a pourtant jamais remis en cause l’innocence de son fiancé.

 

Sirius Black est-il réellement coupable ou a-t-il passé toutes ces années en prison alors qu’il était innocent de ce dont on l’accuse ? Il semblerait au contraire que la justice ait lamentablement échoué à faire son travail et c’est pour cette raison que celle que tout le monde connait maintenant comme la fiancée de Sirius Black l’a fait évader de cet enfer, les condamnant de fait à devenir les deux fugitifs les plus recherchés du monde magique.

Mais peut-être que le seul crime dont ils peuvent, pour l’heure, être reconnus coupables est de défier les préjugés et de s’aimer au-delà du temps et par-delà les épreuves...

 

La Minsitre de la Magie, Milicent Bagnold, met tous les jours la pression à Rufus Scrimgeour et Kingsley Shacklebolt, les Aurors en charge de cette enquête, pour retrouver Sirius Black et Sélène Thorne. Pas étonnant quand on sait que c’est elle qui a permis à la jeune femme de pénétrer la prison. Encore une preuve de l’incompétence du Minsitère. Ou de sa corruption…

 

Rita Skeeter pour la Gazette du Sorcier »

 

 

— Elle frôle la diffamation quand même, s’énerva Rufus Scrimgeour en secouant la tête.

Shacklebolt soupira et reposa le journal qu’il venait de lire à son collègue.

— Et ça continue sur un ton beaucoup plus romantique en détaillant toute leur relation quelques pages plus loin. Et je crois que cette édition est en rupture, elle s’est vendu comme des Patacitrouilles. D’après ce que j’ai entendu en arrivant, la Gazette a relancé une impression… Alors, crois-moi, on peut s’attendre à voir encore d’autres personnes rejoindre le groupe de manifestants à l’accueil.

— Depuis ce matin, ils hurlent à la démission de la Ministre et certains réclament un procès à Sirius Black, répondit Scrimgeour d’un ton désabusé. Pourtant je serais prêt à parier que ce sont les mêmes qui militaient pour qu’il reçoive le baiser du Détraqueur il y a quatre ans.

 

L’Auror reporta ensuite son attention sur le tableau noir que les deux collègues avaient bien rempli depuis qu’ils avaient repris l’enquête.

— C’est quand même dingue, elle reprend exactement tout ce que nous avons pu récolter comme infos et se pose point par point les mêmes questions que nous.

— Oui, c’est assez troublant d’ailleurs, répondit son collègue, pensif.

 

Shacklebolt sursauta quand Scrimgeour se releva en frappant la table du plat de la main et vit un scarabée s’enfuir en rampant. Il reporta son attention sur son collègue lorsque celui-ci prit la parole :

— Bon, assez rêvé ! Ça fait deux jours qu’ils ont quitté le Square Grimmaurd. Nous n’avons aucune idée d’où ils peuvent être maintenant et aucune piste à laquelle se raccrocher.

— Les collègues qui ont réussi à entrer dans la maison de Black ont dit qu’ils étaient partis en Portoloin. Leur elfe de maison est introuvable et je doute qu’il dise quoi que ce soit, il est trop lié à ses maîtres. Par contre, on a interrogé une petite frappe qui a déjà été attrapé pour avoir fabriqué des Portoloins illégaux et... Bingo ! Il n’a pas résisté longtemps et a avoué leur avoir créé un transport pour l’Albanie. C’est là que Tu-Sais-Qui a trouvé refuge d’après les rumeurs.

— Même s’ils sont allés là-bas, je doute de plus en plus qu’ils soient partis retrouver Celui-dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom pour l’aider à revenir. Et même si c’était le cas, ça fait deux jours… On peut envoyer une équipe mais je pense que c’est trop tard. Il faudra attendre leur prochain mouvement. Donc laissons tomber ça pour l’instant, ils vont finir par réapparaître, éluda Scrimgeour d’un geste de la main.

 

Shacklebolt hocha la tête. Lui aussi doutait de plus en plus de la culpabilité de leurs suspects et leur laisser quelques jours de répit ne lui posait aucun cas de conscience.

— Qu’est-ce que tu as en tête ? demanda-t-il voyant que son collègue ne quittait pas le tableau des yeux.

 

Il suivit son regard et tomba sur un nom qui luisait en lettres violettes.

— Peter Pettigrow. Thorne a juré, même sous la torture de Croupton, que Black était innocent et que c’était Pettigrow qui était le gardien du secret des Potter. Ça tourne en boucle dans ma tête, Kingsley ! N’importe qui aurait avoué avoir gonflé sa tante comme un ballon après un seul Doloris mais pas elle ! Elle continuait d’accuser Pettigrow. Et si Thorne nous avait donné la réponse depuis le début ?

— Tu dérailles ! Il est mort, c’est Black qui l’a tué ! On n’a retrouvé qu’un…

— Un doigt… Oui, je suis parfaitement au courant. Mais honnêtement, ça ne t’a jamais perturbé toi, qu’on n’ait pas retrouvé son corps ? T’en as vu beaucoup toi, des morts par sortilège disparaître comme ça ?

 

Shacklebolt hésita. La vérité était que non, les sortilèges mortels ne faisaient pas disparaître les corps, pas qu’il sache en tout cas. Mais il était loin de connaître tous les sorts de magie noire existants.

 

Et maintenant, il était aussi quasiment certain que Black n’était pas un mage noir.

 

— Moi non plus ! continua Scrimgeour, prenant le mutisme de Shacklebolt comme réponse. Je ne dis pas que Pettigrow est coupable ou que Black est innocent, je dis juste que, quitte à reprendre cette enquête depuis le début, faisons-le vraiment. J’aimerais interroger la mère de Pettigrow ! Et il faut absolument qu’on trouve Remus Lupin. Pour moi, la clé réside dans l’amitié entre ces quatre-là : Potter, Black, Lupin et Pettigrow ! C’est le point de départ de tout ça ! J’en suis persuadé.

 

Kingsley étudia son collègue qui se leva, déterminé. Ainsi, c’était eux qui occupaient l’esprit de son coéquipier : les quatre inséparables de la promotion Gryffondor de l’année 1971. C’était la prochaine étape de leur enquête. Une étape cruciale. Kingsley hocha la tête et le suivit.

 

OoooO

 

Une heure plus tard, ils arrivèrent devant un appartement du centre d’Edimbourg, où une petite dame replète, voûtée par le chagrin, leur ouvrit.

— Mme Pettigrow ?

 

La vielle dame hocha la tête, à moitié cachée par la porte d’entrée.

— Je suis Rufus Scrimgeour et voici mon collègue Kingsley Shacklebolt, du bureau des Aurors. Nous aurions quelques questions à vous poser à propos de votre fils pour une enquête en cours.

 

Mme Pettigrow renifla et les jaugea de pied en cape avant de leur lancer :

— Je lis les journaux, je sais sur qui vous enquêtez : le meurtrier de mon fils que le Ministère a été incapable de garder derrière les barreaux. Je ne vois pas en quoi ce que je pourrais vous dire sur Peter pourrait servir à retrouver ce diable de Black.

— Votre fils a bien connu Black, insista Kingsley en déguisant la véritable raison de leur visite. Peut-être vous avait-il dit des choses qui pourraient nous aider ? Vous voulez bien nous accorder quelques minutes de votre temps ?

 

La petite femme finit par les laisser entrer et les deux Aurors pénétrèrent dans l’habitation où le temps semblait s’être arrêté quatre ans auparavant. Dans le salon où elle les conduisit, elle avait érigé un autel à la mémoire de son fils : des photos par dizaines entouraient la médaille de l’Ordre de Merlin Première Classe qu’il avait reçue à titre posthume. Sur l’un de ces clichés, Peter, un rat sur l’épaule, leur faisait de grands signes en souriant. Scrimgeour tiqua sur cette image et fronça les sourcils avec le sentiment que quelque chose lui échappait. Leur hôtesse s’en rendit compte et elle saisit la photo. Un sourire nostalgique aux lèvres, elle expliqua :

— C’était son animal de compagnie. Il l’avait choisi pour ses dix-sept ans. Moi, j’aurais voulu lui acheter un hibou, mais il a refusé. Il s’était toujours mieux entendu avec les rats qu’avec tout autre animal. Il disait qu’il les comprenait. Personnellement, j’ai toujours trouvé que c’était vicieux, les rats. Peter me répondait que non, que c’était des animaux incompris. Il adorait son rat. Ils avaient vraiment un lien particulier. Il en a pris soin. Il était dévasté quand il est mort presque quatre ans plus tard. Même si c’était un âge canonique pour un rat.

— Il est mort quand ce rat ? demanda Kingsley par souci d’amadouer leur témoin.

— Au début de l’année 1981, il me semble, répondit la vieille femme en haussant les épaules.

 

Elle reposa la photo sur le linteau avec un sourire triste puis fit signe aux deux hommes de s’installer dans le vieux canapé en velours.

 

Mme Pettigrow s’assit en face d’eux dans un fauteuil et d’un coup de baguette magique fit venir tout un service à thé vieillot et leur versa une tasse à chacun.

— Je vous écoute, Messieurs, dit-elle de sa petite voix fluette.

 

Rufus se racla la gorge alors que sa plume à papote apparaissait devant lui pour prendre des notes de ce qui allait être dit.

— Bien, Mme Pettigrow, votre fils vous avait-il parlé de Black ?

— Pensez-vous ! répondit-elle en colère à l’évocation de ce nom. Je me souviens encore, quand Peter était rentré pour Noël. Il était tout excité de s’être fait de nouveaux amis, James Potter, Sirius Black et Remus Lupin. Il était tout étonné de s’être retrouvé avec eux à Gryffondor. Vous savez, il n’a jamais été très courageux quand il était petit, mais au final même si le Choixpeau a hésité et voulait l’envoyer à Serpentard, à la fin de sa vie, mon Peter a montré qu’il était digne de la maison des Lions.

 

Elle s’essuya les yeux et reprit, en colère.

— Moi, je lui ai toujours dit de se méfier. De ne pas faire confiance à un Black ! Mais Peter le défendait toujours. Il n’en avait que pour Black et Potter.

— Ils ne se sont jamais disputés ?

— Jamais ! Peter faisait toujours tout ce qu’ils voulaient ! Ahlala, ils l’ont embarqué dans de sales coups à Poudlard, ces deux-là, croyez-moi ! Sans eux, Peter n’aurait jamais eu toutes ces retenues ! Oh non, il était bien trop rusé pour ça. Je n’arrêtais pas de le dire à Madame McGonagall, que ce n’était pas sa faute, à mon Peter.

 

Elle se moucha à nouveau.

— Ils n’ont jamais eu de différents alors ?

— Pas avant… Enfin, vous savez… pas avant sa mort… Quel idiot, il n’a jamais été fort en duel, jamais il n’aurait pu battre Black qui y excellait. A quoi pensait-il ? Il s’était toujours incliné devant lui quand ils s’entraînaient. Mais ce jour-là, il avait enfin trouvé le courage de vouloir l’arrêter, ce traitre !

— Ils s’entraînaient souvent ensemble ? Pourquoi ?

— Je ne sais pas trop. Peter a toujours été évasif quand je posais des questions. Il disait qu’ils avaient formé un groupe de résistance, ce genre de truc, que James et Sirius avaient foncé sans hésiter, alors il avait suivi. Folie, que je lui disais ! Et j’avais raison. Un an avant sa mort, il a commencé à devenir nerveux, à sursauter au moindre bruit, à se gratter le bras sans cesse et à disparaître sans raison.

— Et il a fini par défier Black en duel, alors qu’il avait toujours perdu jusque-là ?

 

Rufus et Kingsley échangèrent un regard, sourcils froncés, sans que Madame Pettigrow, occupée à se moucher bruyamment, ne le remarque. Celle-ci hocha la tête pour répondre à leur question et continua, les yeux humides.

— Vous savez, tout ça c’était la faute de cette fille, cracha-t-elle en désignant la Gazette du sorcier et l’article de Rita Skeeter qui s’étalait devant eux, avec les visages de Sirius et Sélène en première page. Elle était pendant longtemps, avant l’arrivée de Lily, la seule fille dans un groupe de quatre garçons, forcément, elle a fait tourner la potion !

— Sélène Thorne ? Votre fils était amoureux d’elle ? demanda Kingsley en jetant un regard en biais à son collègue qui s’était également redressé dans le canapé, attentif.

— Non ! Qu’allez-vous chercher, elle était à Black ! Mais, vous savez, Peter était effacé. Il était très gentil mais rien d’éclatant à côté de Black et Potter. Eux, ils étaient populaires, sportifs, très beaux garçons, attirant l’attention et doués en tout sans beaucoup travailler ! Peter, lui, avait parfois l’impression d’être transparent. Alors ça lui est arrivé d’être un peu jaloux. Sélène est vraiment très jolie vous savez ! Alors oui, il enviait Black parfois autant qu’il l’admirait. Il était humain. C’est peut-être ça qui lui a donné le courage de l’affronter à la fin : il avait enfin l’occasion de prouver à tout le monde que lui aussi pouvait briller. Et après tout, il a permis de le capturer, non ? Alors dans un sens, il a réussi.

 

Elle fit une pause et regarda la une de la Gazette du sorcier ou les photos de Sirius et Sélène s’animaient.

— Faut remettre Black derrière les barreaux, reprit-elle en colère et en désignant les deux amants. Ou mieux, les condamner au baiser du Détraqueur !! Tous les deux ! Ils ne méritent pas d’être ensemble quand moi je n’ai reçu que l’index de mon Peter à enterrer.

— Nous allons tout faire pour les retrouver et rendre la justice qui convient, Madame, assura Scrimgeour.

 

Il fit un signe de tête à son collègue et tous les deux se relevèrent pour prendre congés.

— J’espère que vous ne croyez pas cette Rita Skeeter, messieurs. Black est coupable d’avoir tué mon Peter, murmura Mme Pettigrow quand ils passèrent la porte.

 

Ils ne répondirent pas à la femme qui n’attendait de toute façon pas de réponse. Elle leur fit un dernier signe de tête et referma la porte. Les deux Aurors se retournèrent et s’éloignèrent dans une petite ruelle attenante pour transplaner vers leur bureau.

 

— Qu’est-ce que t’en penses ? demanda Rufus à son collègue alors qu’ils entraient dans le ministère.

— J’en pense que ça fait beaucoup de coïncidences et que Pettigrow avait une personnalité ambivalente. Tu avais peut-être raison après tout. Peut-être bien que Thorne nous avait donné le coupable quand elle a été interrogée par Barty. Il faudrait trouver Lupin pour confirmer. Peut-être que Dumbledore saura où il se trouve.

— On est d’accord. Et pour Pettigrow, il faut juste élucider le mystère de sa… disparition.

 

La voix de Scrimgeour s’affaiblit en découvrant l’ambiance tendue qui régnait dans le hall du Ministère. Les visiteurs courraient dans tous les sens. Les manifestants pour le procès de Black avaient disparu. La pauvre sorcière d’accueil croulait sous les hurlements et les vociférations des sorciers et ne savait plus quoi répondre. Les deux Aurors se regardèrent, inquiets et se précipitèrent vers un de leur collègue qui passait en courant. Ils le saisirent au vol et l’interrogèrent.

— Il y a eu un problème, répondit l’interpelé. Les Détraqueurs nous ont abandonné et les prisonniers d’Azkaban se sont échappés.

— Lesquels ?

— Les Mangemorts… Tous…


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