Un baiser au clair de lune

Chapitre 7 : Je vous sens fébrile

2741 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/01/2024 18:22

Un Baiser au clair de Lune


« Je vous sens fébrile... »


« Vieux bouc, je vous sens fébrile

aimez-vous mon petit nombril ?

J'entends hurler dans le vent

est-ce le cri d'un chien, d'un enfant ?


Vieux bouc, êtes-vous fragile

aimez Vous mes cloches matines ?

L'hymen sera mon présent

maintenant, j'ai l'enfer dans l'sang


Ma p'tite âme est sale

prends-la nue dans tes bras

et je m'en irai loin, si loin, si loin

loin de toi, vieux malin


Ma p'tite âme a mal

prends-moi nue dans tes bras

et on s'en ira loin, si loin, si loin

...vieux malin »


« Vieux bouc » de Mylène Farmer


~*~


Après une rentrée qui dépassait très largement le couvre-feu, les amoureux décidèrent d'aller dormir seulement, Luna et Harry n'avait pas spécialement envie de se séparer.


- Je vais encore faire de cauchemars, gémit Luna.


Ce n'était pas entièrement vrai, ni entièrement faux.


Mais elle ne passait pas des nuits très agréables.


En fait elle ne passait pas de nuit du tout !


La plupart du temps, elle courrait après son père qui marchait loin devant elle dans ce monde en nuance de gris qu'elle avait côtoyé dans son coma.


Elle avait beau sprinter, elle semblait le faire au ralenti et voyait la silhouette disparaître à l'horizon.


Où bien, elle arrivait à le rattraper mais au moment de lui attraper le bras ou l'épaule, elle trébuchait, tombait et n'arrivait jamais à se relever ou si lentement que la fin était la même : Xénophilius, les mains dans les poches, marchait par-delà l'horizon et disparaissait systématiquement.


Luna lui expliqua pourquoi elle en était arrivée à avoir peur de dormir : ses mauvais rêves récurrents ne l'aidaient pas et elle avait également peur de ne pas se réveiller et de ne jamais sortir du monde gris.


Harry compatit sincèrement : la mort de Sirius, de Dumbledore ainsi que les corps de Fred, Nymphadora et Remus hantaient régulièrement ses songes.


Régulièrement, il entendait Teddy pleurer après ses parents, avec sa propre voix de bébé entendue dans les réminiscences liées aux Détraqueurs. Il entendait les voix de Molly ou Andromeda l'accuser d'une voix sourde des pertes de leur famille respective.

- Et quand je n'en peu plus, lui dit Luna, je vais voir l'infirmière et je lui demande une potion de sommeil sans rêve.


Harry sera doucement sa main dans la sienne :


- Je te comprends totalement.


Elle lui sourit avec tendresse.


C'est pour ça qu'Harry se sentait si proche d'elle, elle l'avait suivi dans le département des Mystères, avait été présente pour la bataille finale et il pouvait vraiment lui parler de tout sans jugement. Même si les Weasley étaient extrêmement conciliant, parler des disparus avec eux était très délicat, ne plus voir Fred et Georges ensemble lui brisait le cœur à chaque fois.


Ils avaient vécu les événements ensembles.


Luna comprenait , le comprenait et ça n'avait pas de prix.


Harry réfléchi à un endroit où il pourrait passer la nuit avec son amour naissant :


-Il y a bien la Salle sur Demande...


« Ah mais qu'est-ce que j'ai dit ? Elle va croire que je veux aller plus loin ! »


-Super idée, Harry.


Arrivée sur place, le jeune homme, très gentleman, décida de dormir par terre.


-Mais Harry tu va mal dormir ! s'exclama-t-elle en riant.


-Ce n'est pas grave ! Ça ne me change pas de d'habitude


-Allez, viens.


Luna, timide ou naturelle ? Ou simplement altruiste ?


-Bon d'accord, mais te plaint pas si je te transforme en nounours !


De ce fait, la nuit étant bien entamée, ils se couchèrent.


Ce fut Harry qui dormit mal. Parce que ce fut lui qui servi de nounours. Luna le serra de toutes ses forces en criant après son père.


Cela lui broyait le cœur de voir le visage de son aimée se crisper, pleurer et le supplier, lui Harry, de venir l'aider.


Il songea à la réveiller mais que pourrait-il lui dire ? Qu'elle faisait un cauchemar et que rien de tout ce qu'elle avait imaginé n'était vrai ?


La plupart du temps, les mauvais songes étaient comme cela : on ouvre les yeux, on se rend compte qu'on est dans la chaleur d'un lit douillet et que rien n'est réel. On se rendort ensuite, rassuré par l'exactitude que rien n'est arrivé, que c'est « juste » un mauvais rêve.

Mais dans leurs cas, se réveiller ne faisait que les confronter à une dure réalité et il n'était pas question de se rendormir rassérénés en pensant que rien n'était vrai.


L'un comme l'autre, ils devaient encore apprendre à vivre avec cette cruelle vérité.


Il sera la blondinette dans ses bras, la berça contre lui jusqu'à ce que le cauchemar s'éloigne et qu'elle plonge dans un sommeil réparateur et rassurant.


Le lendemain en regagnant son dortoir après avoir raccompagner Luna au sien, il découvrit des bleus le long de son bras.


Il comprenant pourquoi il se sentait vermoulu.


Ron le chambra alors qu'il sortait de la salle de bain, les cheveux encore humides, dans un nuage de vapeur tiède :


-Elle était comment, cette nuit ?


-Violente et insomniaque.


Ron haussa les sourcils l'air de dire : « T'es bourrin pour une première fois »


-Elle a de la force pour quelque qui sort du coma, elle m'a attrapé et m'a plus lâché ! J'ai bobo, Ron !


Il ajouta après un cour silence:


- Ses nuits sont aussi agitées que les miennes.


Il comprit très bien ce que voulait dire Potter.


Après tout, il dormait depuis 7 ans dans le dortoir commun avec son ami et plus d'une fois, il avait entendu Harry crier ou pleurer dans son sommeil, en proie à des cauchemars violents ou à des terreurs nocturnes.


Depuis la bataille finale et la perte de son frère, il avait aussi expérimenté les mauvais rêves liés à un syndrome de stress post-traumatique en se réveillant, persuadé que son frère allait le réveiller de manière fracassante comme dans son habitude.


La réalité le rattrapait douloureusement à chaque fois : les jumeaux n'existaient plus, Georges devait vivre sans son double et le disparu manquerai toujours à sa famille.


Il lui sourit avec un visage compatissant:


-Je te comprends, Hermione dit que c'est horrible de dormir avec moi en ce moment. Il a fallu la disparition de mon frère pour vraiment me mettre à ta place, lui dit-il tristement.


Harry lui tapota l'épaule en signe de soutien et ils se sourirent fraternellement avec des yeux un peu trop brillants.


~*~


Le nouveau couple d'amoureux avait raté bien des choses...


Car une rumeur présente depuis la deuxième année enflait prodigieusement depuis quelques mois trouva enfin sa conclusion : Dean aurait trouvé l'amour avec Seamus.


Pour être plus précis: Dean était en couple secrètement avec Seamus depuis un long moment.


Bien sur, les classes ne comportent pas le même nombre exact d'élèves, par la force des choses et du destin, ils avaient dû faire leur binôme ensemble pour plusieurs cours, argumentant que ce n'était pas interdit de travailler avec son meilleur ami.

Il est vrai que depuis quelque temps, ils prenaient un soin maniaque pour s'éviter le plus possible et il s'était dit que les deux meilleurs amis s'était disputé au point de mettre fin à leur amitié de longue date.


Que nenni !


Ils cachaient tant bien que mal leurs sentiments aux yeux de l'école entière, essayant de justifier leurs rabibochages et leurs éloignements successifs avec des excuses vaseuses qui tenaient de moins en moins la route.


Comme bien d'autre, ils s'étaient retrouvés dans une situation gênante avec l'Aimenténam. Pour certain ce fut un moment de franche rigolade mais pour d'autre, une révélation.


Oui, ils s'aimaient.


Ils s'aimaient depuis la deuxième.


Et ils en avaient assez de se cacher constamment. C'était devenu une torture pour eux.


Encore fallait-il avoir la force de surmonter les jugements et les critiques qui ne manqueraient pas de se faire entendre en officialisant leur amour.


Poudlard gardait une mentalité un peu surannée malgré le nombre croissant des sorciers spontanés et des sang-mêlés qui y étudiaient, apportant avec eux une partie de l'ouverture d'esprit des moldus.


L'homosexualité avait beau être dépénalisée depuis 1967 chez les sorciers en se basant en partie sur la loi moldue sortie la même année en utilisant à peu près les mêmes conditions : consentement des deux individus, actes en privé et majorité sexuelle à 21 ans. Cette dernière étant rabaissée à 18 ans en 1980 puis finalement calquée peu après sur celle des hétérosexuels : 16 ans.

Il restait cependant des récalcitrants se trouvant dans les vieilles familles de sorciers sang-purs, les même souvent réputées pour leur sexisme et leur homophobie. Ces derniers n'hésitant pas à s'abaisser à toutes les bassesses possibles afin de bien faire comprendre leurs divergences d'opinions, nonobstant le fait que l'homophobie – au même titre que le racisme- soit sévèrement punis par l'école et par la loi sorcière.


Après tout, le précédent directeur était gay - même si son choix amoureux s'était révélé discutable avec les années- et souhaitait que tout le monde soit accepté comme il l'était au sein de l'école. 


Malgré toutes ses avancées, s'afficher au grand jour demandait encore audace et courage.


Mais aujourd'hui, en 1998, un couple gay avait fini pas s'afficher aux yeux de tous après plusieurs années de relations secrètes et ils avaient bien plus d'alliés que de détracteurs.


L'évolution des mentalités n'attendait pas, prouvant que l'ouverture d'esprit ne résultait pas en une fracture du crâne.


~*~


Rusard se demandait s'il n'était pas atteint de folie.


Les élèvent se bécotaient dans tous les coins ! Potter et Lovegood, Weasley et Granger, Londubat qui comptaient fleurettes à Habbot...


Il y avait même deux Gryffondors qui s'embrassaient dans des placards à balais !


Et en parlant de Neville...


Il ne savait pas trop comment s'y prendre avec les filles. Il décida de se tourner vers Harry.


-Salut Harry.


-Bonjour Neville, tu t'en sors avec ton binôme ?


-M'enfin, Harry, c'est fini les binômes. Mais je continue de travailler avec Hannah, oui.


Il rougit.


-Et toi, Luna va mieux ? Vous êtes vraiment ensemble ?


Ce fût tour d'Harry de rougir.


- Comment as-tu deviné ?


- Radio Poudlard...


- Ah, Radio Poudlard, soupira l'élu en se frottant le visage. Et toi, depuis quand t'es-tu rapproché de ta partenaire? le taquina-t-il.


Neville rougit encore plus.


-Mais c'est pas vrai ! Nous en sommes encore au début, Hannah et moi sommes plutôt timide. Et nous pensions avoir été discret.


Il soupira :


- Comment as-tu deviné ?


-Mhhh...Intuition masculine. Répondit le Survivant avec un clin d'œil.


-Mes fesses ! Radio Poudlard je suppose...


Il soupira une seconde fois alors que le binoclard lui faisait un petit sourire d'excuse.


Il reprit :


- A ce propos...


Il baissa la voix :


-Tu t'y es pris comment pour avouer tes sentiments à Luna ?


- C'est venu naturellement avec le temps, avoua-t-il.


- Et... t'as pas des astuces pour m'aider?


Le Survivant le regarda avec des yeux ronds:


-Neville, je te rappelle que je suis un nullard de première catégorie avec les filles !


~*~


Harry cessa de compter les nuits ou il dormi avec Luna, cela lui semblait naturel à la longue, comme si elle avait toujours sommeillé à ses cotés. 


Ils ne faisaient rien de répréhensible, en plus ils avaient tous les deux gagnés en qualité de sommeil : ils dormaient mieux, leurs présences les rassurants l'un et l'autre et aidant à leur endormissement respectif.


Pour lui c'était une victoire en soi de voir Luna s'endormir paisiblement lovée contre lui. Et il était heureux de s'endormir et de s'éveiller à ses côtés, sa présence rassurante l'éloignant des vieux cauchemars.


Alors qu'ils s'apprêtaient à dormir, elle le regarda en rougissant un peu :


-Dis Harry, ça fait quelque temps, mais je me sens bizarre...


-Tu es malade ?


-Non, ou alors c'est une bonne maladie. J'avais l'impression que nos baisers sont plus profonds, et plus longs.


-Oui, c'est vrai.


Harry ne savait pas vraiment sur quel pied danser. Où voulait-elle en venir ?


-Et puis, j'ai l'impression que ça ne me suffit plus, j'ai envie d'avoir plus, je crois que j'attends quelque chose après. J'suis bizarre, hein ?

Harry sentit son flux gastrique se manifester. Étaient-ils arrivés à ce moment ?


Mais pourquoi je stresse moi ? Après tout, ce n'est pas ma première relation intime avec une fille?


-Mais non, tu n'es pas bizarre. Juste normale.


-Youpi, tu as dit que j'étais normale !


Elle lui sauta au cou et l'embrassa.


Et cela dura, dura...


Or, un baiser ne suffit plus, il en fallut bientôt un deuxième, puis un troisième...


Un pull vola, puis un chemisier à fleur, des chaussures, des chaussettes, un pantalon...


Au creux des draps, peau contre peau et lovée dans ses bras, Luna lui avoua qu'il était son premier amant.


Il se fit aussi doux que possible, s'assurant de son consentement à chaque étape.


Au petit matin, c'était la pagaille, il y avait des vêtements partout. Il fallut chercher un peu.


Luna l'embrassa passionnément avant de rejoindre son dortoir, elle était plus heureuse que jamais.


Son amant l'attrapa par la main:


- Tu vas bien? S'inquiéta-t-il. Tu... Tu n'as pas trop mal?


Elle le trouva adorable, il s'inquiétait vraiment pour son bien-être. Il avait été très prévenant et ça l'avait beaucoup touchée.


- Une légère gêne, je vais bien.


Elle lui fit un sourire lumineux:


- Merci Harry. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie.


Elle lui déposa un léger baiser sur les lèvres avant de remonter jusque son oreille et d'y chuchoter:


- J'ai vraiment apprécié et ça m'a donné envie de recommencer.


Elle lui sourit malicieusement en faisant volte-face avant de s'engouffrer dans sa salle commune.


Harry rejoignit la sienne avec un air béat sur la face.


~*~


Un peu plus tard, lors de ce même matin, Ron chambra un Harry pas frais, pour la millième fois, lui semblait-il.


-Alors, cette nuit ? T'as encore servi de peluche grand modèle ?


Ce qui fit que le survivant, après une nuit plus courte qu'à l'accoutumée, sentait que Poil-de-carotte lui tapait sur le système.


-Et toi, t'en es où avec Hermione, puceau ?


Franc et direct, les deux pieds dans le plat. La subtilité...connaît pas !


Et là, à Ron de rester bouche ouverte, d'un air hagard et vraiment bête. Ensuite, il hausse puis fronce les sourcils, semble dans de profondes réflexions.


-Faux frère !


-Mais non !


-Je vais rattraper mon retard.


-Mais, Ron attend...Je te taquinais, ajouta-t-il en espérant le rattraper, en vain.


Trop tard, déjà plus là.


- Assure-toi qu'elle soit d'accord, lui cria-t-il aux escaliers avec le mince espoir qu'il l'ai entendu.


Je n'ai jamais dit que c'était une course !


~*~


Le matin suivant, Neville arriva près des deux concernés, ou Harry chambrait un Ron pas frais.


-Alors t'as servi de nounours géant ? demanda le cicatrisé.


Son ami lui fit un clin d’œil:


- Elle m'a sauté dessus en me disant qu'elle était plus que d'accord et qu'elle en avait marre de m'attendre!


Harry se senti rassuré. Ron n'était pas l'homme le plus subtil du monde et il avait eu peur qu'il brûle les étapes avec sa petite amie.


Un Londubas cramoisi les aborda:


-Dites les garçons, c'est vrai, cette rumeur qui dit que vous avez enfreint le paragraphe C du code 98 : « Pas de relations sexuelles à Poudlard ? »


Seamus et Dean étaient complètement réveiller et attendaient la réponse toutes ouïes, à la quelle les deux potes de toujours répondirent en cœur :


-Possible, bande de puceaux !


~*~




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