Un baiser au clair de lune

Chapitre 5 : Paradis inanimé: so dark.

2219 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/01/2024 17:47

Un Baiser au clair de Lune


« Paradis inanimé…so dark »


« Emmarbrée dans ce lit-stèle

Je ne lirai rien ce soir

Ne parlerai plus, rien de tel

Que s'endormir dans les draps

Du noir


C'est le sombre, l'outre-tombe

C'est le monde qui s’éteint

L'épitaphe aura l'audace

De répondre à mon chagrin.


Paradis inanimé

Long sommeil, lovée

Paradis abandonné

Sous la lune, m'allonger

Paradis artificiel

Délétère, moi délaissée

Et mourir d'être mortelle

Mourir d'être aimée »

« Paradis inanimé » de Mylène Farmer, album « Point de suture »


~*~


Attention : ici les pensées de Luna seront inscrites en italique, pour ce seul chapitre, afin d’en faciliter la lecture et la compréhension.


~*~


Il fait agréable, ici. Je flotte, je me sens bien. Mais il fait un peu sombre, tout est décliné ici entre le gris clair et le noir le plus mat. J’entends quelque chose, je pense que quelqu’un crie mon nom, je crois que c’est Harry.

« Luna ! Luna ! »

Oui, je pense que c’est lui. Je me sens bien, je n’ai plus mal, plus froid, plus peur. Je vais explorer pour retrouver papa. Il fait toujours sombre, c’est comme le monde réel ! Je suis dans une grande plaine, avec des arbres. Ils ne sont pas morts, ils sont gris foncé et leurs feuilles plus foncées encore. Je me sens fatiguée, maintenant. Dormir…


~*~


L’infirmière sortit comme une tornade de son antre et hurla sur la pauvre Hannah, qui avait rejoint Harry :


-Aller me chercher Horace, tout de suite ! Dites-lui de m’apporter sa plus puissante potion de régénération sanguine ! Dites-lui aussi, car il va faire un tas de commentaires, que c’est une URGENCE et qu’une élève va mourir. Dites-lui également qui est cette élève et ce qu’elle à fait. Maintenant, déguerpissez !


La Préfete-en-chef couru faire la commission sans avoir pu dire un seul mot. Comme l’avait prévu Pomfresh, cette andouille de Sluggy commença par dire que c’était trop dangereux une potion pareille. A bout de nerf, Habbot n’eut d’autre choix que de lui hurler les instructions de l’infirmière. Mais, oh ! Faut bien la laisser parler aussi. Slughorn fut alors des plus compréhensif (« Ah ! Miss Lovegood ! J’aimais beaucoup son papa ! Fallait le dire tout de suite ! ») Et donna la potion sans rechigner. A bout de souffle, la Serdaigle rapporta la précieuse fiole.


-Ah ! Ce n’est pas trop tôt !


Puis l’irascible infirmière lui claqua de nouveau la porte au nez. Harry et elle partirent dépiter vers la Grande Salle pour essayer d’avaler quelque chose malgré leurs estomacs de plomb.


~*~


J’entends du bruit, Pomfresh je crois. Elle crie, comme à son habitude ! Je plaints celui qui se fait crier dessus. Mais pourquoi est-elle si agitée ? Oh ! Maintenant, j’entends ce qu’elle dit : « Ah ! Ce n’est pas trop tôt ! » Pourquoi cela ! Je ne comprends pas. Je vais plutôt continuer mes recherches : je n’ai pas encore trouvé papa ! Mais est-ce le paradis ? Il est vide et inanimé, on dirait qu’il n’y a que moi. Je flotte pour marcher ! C’est si bon de flotter, comme si une douce brise me portait ! Papa ne semble pas être là…


~*~


Dans l’infirmerie, c’est une ambiance sinistre qui y règne.


-Comment ça « Il ne vous reste qu’à prier ? » rugit McGonagall.


Ron, Hermione, Jade, Ernie, Hannah, Anthony, les sœurs Patil, Harry, et Flitwick, le directeur de Serdaigle, assistaient à la scène, complètement médusés !


Ils virent l’infirmière répondre de manière digne.


-C’est à Miss Lovegood de choisir entre la vie et la mort, elle est dans un stade appeler « Blackout », entre vie et mort. Son inconscient vit dans un monde seulement connu d’elle seule et crée par son inconscient profond. Il ne reste plus qu’à prier !


-On ne peut pas la réveiller ? continua la prof de métamorphose sur le même ton agressif.


-Sauf si vous voulez la tuer pour de bon. Elle doit se réveiller d’elle-même.


-Très bien, marmonna la directrice. Elle doit revenir dans ce monde–ci. POTTER ! HABBOT !


Elle venait d’aboyer les deux noms.


-Potter, vous êtes son partenaire et vous, Habbot, vous êtes sa camarade de dortoir et en prime la Préfète qui est à Serdaigle. Racontez-lui vos journées, décrivez- lui la beauté du monde vivant. Faites miroiter s’il le faut ; mais RAMENEZ-LA !


Elle avait terminé sa tirade avec des yeux flamboyants qui flanquèrent la pétoche aux deux élèves. Elle sortit ensuite de l’infirmerie d’un pas raide et martial.


-Ben dites donc, souffla Hermione. Je ne lui avais jamais vu ce coté tyrannique !


-Elle a peur, Mlle Granger., répondit Filius. Elle a eu peur pour cette élève et à encore peur de la perdre, surtout après la guerre, on ne devrait plus voir mourir personne (Harry baissa la tête d’un air triste). Même nous, le corps enseignant, aimons bien Luna. C’est une gentille fille.


En attendant, les deux désignés n’avait pas bougé d’un pouce et semblait de marbre.


Et Flitwick conclu :


-Parfois, Minerva est effrayante !


Et ce n’est ni Harry, ni Hannah qui diront le contraire !


~*~



~*~


Harry est assis à la table des jaunes et noir, à coté d’Hannah, qui semble dans un état semi catatonique. Le Griffy est perdu dans ses pensées, le regard vague. Les jours passent et Luna ne sort pas du coma, amoindrissant ses chances de réveils. Super-Stratège et Intello-Girl, ses deux amis, se lèvent et il les suit, comme un automate.


Ils se dirigent vers les cachots, ou Slughorn, Harry le devine déjà, va commencer son cours pas se lamenter sur la disparition de sa Serdaigle favorite. Qui aurais cru que les profs attachaient une importance quelconque à la fille de Xénophilius ? Personne ! Et pourtant, il n’y en avait pas un qui ne se lamentait pas au début de son cours. Seul Minerva ne disait rien et imputait absence d’éveil imminent aux deux élèves chargés de son importante mission.


C’est que ce n’est pas facile d’éveiller Miss Lovegood et ce n’est pourtant pas le fait de ne pas essayer.


Les voilà dans le couloir des Potions quand les futurs époux Noisy-le-Grand, s’arrêtent brusquement. Harry manqua carrément de leur rentrer dedans.


Et il y a de quoi.


Ginny se trouve devant eux, dans un triste état.


Elle est blême, ses yeux bleus ont perdu leur éclat de jadis, ses cheveux sont gras, peu soignés, ternes et pleins de nœuds. Elle lève un visage chiffonné où les larmes y ont laissé des traces.


Ses lèves tremblent quand elle fixe son ex-petit ami et lui dit d’une toute petite voix, si minuscule qu’elle était presque éteinte :


-Je te prie de m’excuser, Harry.


Hermione et Ron sont muets de stupeur. Ce dernier n’en revient pas de l’état ravagé de sa sœur. Elle a les traits tirés de fatigue, a battu Lupin dans la course au cerne et semble avoir maigrit de plusieurs kilos.


Il entendit son meilleur ami répondre d’une voix douce :


-Tu ne me dois pas d’excuses. C’est moi qui t’en dois. Pardonne-moi de t’avoir frappé.


Ginny hocha silencieusement la tête avant de dire, de la même voix épuisée et éteinte.


-Je l’avais bien mérité. Je suis allée voir Luna, je lui ai présenté aussi mes excuses.


Elle s’en alla sans dire un mot de plus.

-Elle n’a pas potions avec nous, questionna Ron, revenu de sa surprise.


-Si, répondit ‘Mione. Mais elle n’est pas en état de suivre le cours.


~*~


Je pense que Ginny me parle. Je n’arrive pas à bien me focaliser sur sa voix, je ne l’entends presque pas. C’est une petite voix, éteinte, épuisée. J’ai du mal à saisir ses mots. Que dit-elle ?


Elle veut que je l’excuse ?


« J’ai vraiment été horrible avec toi ! Comment ais-je pu être comme ça avec toi, la personne la plus douce que je connaisse ? Alors que tu es une amie si précieuse. Au fond, quand je réfléchi bien, je suis contente de savoir que Harry t’aime. Tu es géniale, formidable, originale. Je n’ai aucunes excuses, vraiment. Dire que j’ai été jalouse, verte de jalousie et j’ai été vaniteuse : j’ai plein de garçons à mes pieds mais je ne voulais que Harry. Je voulais qu’il ne soit rien qu’à moi, comme une petite égoïste. J’ai été folle de lui et je le suis toujours. Il m’est interdit, désormais. Je me suis demandé pourquoi il sortait avec toi, j’étais vraiment aveuglée par la jalousie. Je suis une honte pour une famille qui prône le respect des autres tel qu’ils sont, de voir les autres comme ils sont et d’être généreux avec tout le monde.

S’il te plaît réveille-toi ! Et je ne dis pas ça pour que tu le fasses pour moi, je ne le mérite pas. Mais pour Harry ! Il ressemble à un zombie ! Il ne mange plus, ne dors plus, il se fait un sang d’encre pour toi. »


Elle se tait. Je sens qu’elle s’éloigne.


« A demain, Luna. Peut-être. »


Pourquoi pas ? Si je peux l’aider. Mais je l’ai bien vue, que tu n’allais pas bien. Et moi j’étais folle de chagrin quand je me suis tailladée. Bien sur, c’était un peu stupide, mais j’ai pu me refermer sur moi-même, me retrouver. Et me faire une raison. Ici, je suis seule. Et je pense que mon père serait triste de me voir mettre à exécution un acte pareil.


J’ai même pu faire le point sur ce que je ressentais pour l’Élu. Au départ, je me disais : « C’est chouette, il m’aime. » Mais je me rends compte qu’il me manque, que mon sentiment pour lui est plus profond. Je crois…Non, j’en suis sure, maintenant : je l’aime.


~*~


Harry entra dans l’infirmerie, comme tous les jours depuis trois mois et demi. Il observa sa bien aimée : étendue dans son lit blanc, elle semblait dormir et souriait doucement, d’un sourire plein de tendresse et d’amour. Ce sourire n’était pas présent le jour avant, mais le Survivant ne le remarqua pas : elle était si belle à ses yeux. Et si irremplaçable.


Il se demanda s’il aurait encore un cœur quand elle se réveillera, le sien était si douloureux. Il était fou d’elle, mais c’était douloureux de ne pas la toucher, de ne pas entendre sa douce voix, de ne pas plaisanter…


De plus il se sentait impuissant et s’imputait la faute de son réveil tardif. Peut-être n’avait-il pas fourni assez d’effort ? Pas assez d’attention ? Comme dirait Ron « Personne ne peut supporter tout ça sans exploser ». Le problème, c’est que Harry n’explosait pas, il se détruisait lentement mais sûrement.


Il se décida à s’asseoir.


-Ah, Luna, si tu savais combien tu me manques. Tout en toi me manque. Tu as plus de saveur que les autres filles, tu es plus originale et c’est ce qui fait que tu es si spéciale à mes yeux. D’autant plus que tu es intelligente, mais pas de cette intelligence cartésienne que possède Hermione mais tu sais rêver, et être bien dans ta peau. Ah ! C’est atroce, ici, sans toi ! Mais sentiments ont changés, je le sais, je le sens. Je suis amoureux.


Il se pencha et offrit un baiser plein de douceur (et de timidité) sur le front de la jeune fille endormie.


Il sorti ensuite de la pièce.


Lorsqu’il revint les jours suivant, il avait pris l’habitude de déposer chastement ses lèvres sur le front de Luna.


Il se courba et procéda comme à son habitude, tout en souriant, avant de lui murmurer d’un ton très sûr et calme :


- Je t’aime.


Le genre de mot qui vient réellement du cœur.


Qu’elle ne fut pas sa surprise, en se relevant, de contempler son propre reflet dans les yeux purs de la jeune femme.

Il se figeât.

-Moi aussi, je t’aime, Harry !


~*~


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