Un baiser au clair de lune

Chapitre 4 : Ca fait mal: le drame

2006 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/01/2024 17:36

Un Baiser au clair de Lune


Ça fait mal : le drame


« Qu'elle était belle à t'écouter,

Sur ta voix son corps dansait

Dans ces dentelles virevoltait

L'effet d'un corps de ballet.

Papa tu as pris la route sans dire adieu

Papa tu as laissé ton corps, je t'en veux. 

« Ça fait mal » de Christophe Maé


~*~



Harry ne réalisait toujours pas. Il avait du mal à se dire que Xénophilius était mort, que lui, Potter, était debout, tout de noir vêtu, à coté de Luna qui pleurait.


Ron, Hermione et quelques autres élèves étaient là, mais il n’y avait pas plus d’une quinzaine de personnes présentes. Le père Lovegood avait droit à un cercueil et une tombe comme chez les moldus. La cérémonie était maintenant terminée.


La populace est partie.


Il ne reste que Luna et lui.


Deux orphelins.


Ils retournèrent à Poudlard, Harry tentant d’être un bon soutient pour Luna, d’être attentionné, d’être présent.


Il voulait la choyer et la protéger.


La tristesse de sa condisciple le frappait en plein cœur, comme un coup de poignard.


« Je ne devrais pas être aussi atteint, aussi affecté… Pourquoi ? » pensa distraitement Potter.


Ils se dirigeaient lentement vers le château, l’Élu savourant coupablement chaque minute à s’occuper de Lovegood, chaque seconde à l’avoir pour lui tout seul.


Le Gryffondor se sentait mal : il avait l’impression de profiter salement de la situation. Il avait passé un bras réconfortant autour des épaules de la fille éplorée, qui se laissait de plus en plus aller contre lui. Il sentait comme une satisfaction malsaine dans cette confiance accordée dans un moment de détresse.


« Pourtant, je veux juste lui montrer que je suis là, comme elle a toujours été là pour moi. Que je suis un allié fiable, comme elle l’a été pour moi dans le passé. Mais alors… qu’est-ce que je ressens ? Suis-je un monstre ?»


Il raffermi un peu plus sa prise.


Ils avaient à peine passé les portes que…


-Alors, Loony, ton père est mort et enterré ? Ben voilà, tu as fini comme Potter, à trop le fréquenter tu perds ta famille, j’en sais quelque chose ! Mais au fait, qui regrettera ton père ? Personne, Loony, personne. Je suis juste désolée que tu n’aies pas crevé avec !


Mais qui pouvait donc parler ainsi à Luna, avec un tel discourt digne de Draco Malfoy dans ses plus mauvais jours ?


C’est qu’apparemment, la fille Weasley a fait main basse sur les Chiantos du barbu des montagnes (1).


Le résultat ?


Elle se prend une formidable mandale de la part de Harry.


-CA SUFFIT ! Mais, enfin, Ginny, qu’est-ce qui te prend ? Tu t’entends parler ? Que tu ne supportes ni la mort de Georges ni moi, passe encore, mais là !


Le Survivant était rouge de colère, sa respiration était sifflante. La rouquine le regardait, tout aussi furieuse, avec une superbe marque de main qui apparaissait rapidement sur sa joue.


Elle s’enfouit en courant avec un regard signifiant « Tu me le payeras, Potter ! »


Harry s’en voulais un peu :


« Je sais que c’est mal de frapper une fille et que la violence ne résout pas les problèmes, mais c’est parti tout seul ! En plus j’ai laissé parler ma frustration et mon sentiment de malaise liée à ce que je ressentais en remontant l’allée avec Luna. Je ne suis pas dans mon état normal. » pensa-t-il en contemplant ses mains.


L’Élu ne se souciait déjà plus de la furie et était près de Luna qui semblait en état de choc.


Elle était à genoux, par terre, tremblante, les yeux vides de toutes expressions, ce qui n’était pas bon signe.


Alors que d’autres élèves dont Anthony, venait lui porter secours, elle se leva brusquement et dit d’une voix saccadée :


-Elle à raison, je ne suis rien, je dois mourir ! Je vais aller me noyer dans le lac !


Vu son état psychologique ; elle était tout à fait capable de mettre à exécution cette dernière phrase. Il fallut toute la force d’Harry, d’Anthony, de Neville et de Ron (revenu après l’éclat de sa sœur) pour la maîtriser et l’emmener à l’infirmerie.


La Serdaigle n’aurait jamais pensé comme ça et ne se serait pas dépréciée autant dans d’autres circonstances. Aujourd’hui, ces dernières étaient exceptionnelles : ce n’est pas tous les jours qu’on perd aussi tragiquement son dernier parent.


Arrivé dans l’antre de Pomfresh, ils y trouvèrent une certaine personne.


-Ben, Gin, qu’as-tu à la joue ? demanda Ron.


Elle prit un air d’enfant battu et sortit sa plus belle voix de petite fille pleurnicheuse :


-Harry m’a frappée.


Le tout dit d’une voix minaudant et aiguë.


La culpabilité qu’Harry ressentait de plus en plus s’envola immédiatement : elle avait choisi son camp.


Il lui répondit :


-Si tu n’avais pas dit à Luna d’aller mourir comme tu l’as fait, je ne me serai peut-être pas emporté.


La rouquine se gonfla d’une fausse indignation parfaitement réussie.


-Tu mens !


Harry prenait une superbe teinte cramoisie.


Le meilleur ami du Survivant ayant loupé un épisode, se trompa de cible :


-COMMENT ? Rugit Ron. Je pense que tu lui dois des excuses, Harry.


Malgré son teint écarlate, le balafré répondit d’un ton beaucoup trop calme :


-Jamais.


Ron s’obligea alors à réfléchir : Harry ne frappera pas une fille à moins que cette dernière n’ait été très, très, TRES offensante. En plus, sa chasse aux Horcruxes et la dernière bataille l’avait fait grandir et mûrir d’un coup : son ami n’était plus ce garçon qui perdait facilement son sang-froid, il était devenu un adulte réfléchi.

Le Potter quinze ans passant ses nerfs sur ses amis en leur hurlant dessus lui paraissait soudainement bien lointain, comme une mauvaise scène d’un vieux film. Le souvenir semblait appartenir à une autre vie.

Que son ami frappe la fille pour laquelle il éprouvait encore des sentiments, cela semblait maintenant impensable aux yeux de l’amoureux d’Hermione.

Il se décida à questionner Luna.

-Explique-moi, demanda-t-il d’une voix douce.

Ginny se permis le loisir de répondre à la place de la blondinette, en regardant celle-ci dans les yeux :


-VA CREVER !


C’était dit avec une extrême violence.


Elle s’élança sur Luna et commença à la secouer :


-Tu me l’as volé ! Tu m’as pris Harry ! Je te DETESTE ! Je te HAIS !


Neville eut la bonne idée de stupéfixer la fille déchaînée.


Harry déclara froidement :


-Je vais te rafraîchir la mémoire : TU m’as jeté, et au vu de ton comportement, je ne le regrette plus. Tu as dit trop de choses pour que notre couple soit à jamais détruit. Tu as également posé des actes qui ne me referont jamais revenir vers toi. Tu as définitivement mis un terme à ce que je ressentais encore un peu pour toi.


Il tourna les talons et sorti sans un regard à son désormais ancien amour de jeunesse.


« Adieu, Ginny »


~*~


Luna était dans son lit, dans son dortoir et écoutait les conversations des filles. Cela lui donna un petit sourire triste : même Padma, qui ne se souciait jamais d’elle, s’était mêlée aux autres pour vilipender le comportement de sa désormais – elle devrait bien s’y faire- ancienne meilleure ami Ginny et imaginer lui faire tester moult tortures de toutes sortes. La préférée du groupe ? Ensorceler des plumes pour qu’elles chatouillent la rouquine à n’en plus finir.


Luna se tourna sur le côté et s’enfouit sous ses couvertures, étouffant des sanglots lorsqu’elle pensa à son père : c’était sa dernière famille et il n’était plus là. Il lui manquait tellement que c’en était douloureux. Elle n’arrivait pas à accepter qu’il ne sera plus jamais là : son sourire, sa voix, son humour, sa vision particulière de la vie…


Se remémorer tout cela lui rendait sa disparition encore plus insupportable.


Elle avait tellement mal. Était-ce normal, humain, d’avoir aussi mal ?


Elle s’endormit après avoir pleuré jusqu’à l’épuisement.


~*~


Nous étions samedi, le lendemain du comportement odieux de la fille Weasley.


Luna trouvait Harry très prévenant et, sous prétexte des binômes, l’accompagnait partout.


Ils s’exerçaient à la métamorphose : Harry avait enfin réussi à avoir un véritable chat qui c’était lové en ronronnant contre sa partenaire. Quant à Luna, elle avait très difficile suivre : elle se trouvait à mille lieux de tout ça.


Son binôme ne semblait pas s’en offusquer puisqu’il travaillait en silence, autant pour ne pas la déranger que pour transformer son objet en blaireau. Quant à elle, son coussin se contentait de se frotter contre ses jambes avec des semblants de pattes en ronronnant bizarrement. Elle avait vraiment régressé dans sa pratique.


Cette douleur que Luna ressentait l’encourageait à aller retrouver son père.


Une idée macabre, soufflée par le chagrin et les paroles de la rousse, lui traversa l’esprit.


Il ne suffisait plus qu’à être seule.


Elle déjoua l’attention d’Harry après s’être entraîner à la métamorphose en prétextant un besoin naturel et s’enferma dans les toilettes des filles du deuxième étage.


~*~


Douleurs ô combien salvatrices qui la rapprochait, secondes après secondes, de son père.


Ces souffrances qui s’accordaient si bien à son âme meurtrie.


Un éclat d’argent…


Une éclaboussure…


Une rivière écarlate.


Puis un trou noir.


Et au lointain, des cris qui s’estompait progressivement :


-LUNA ! Luna ! Luna ! Lu…na ! Lu……….na !.......Na !........a !


Puis plus rien.


~*~


-LUNNNNAAAAAAAAAAA ! Hurlait Harry !


Jamais de sa vie il ne bénirait autant la carte des Maraudeurs !


A force de se demander pourquoi elle traînait autant dans les toilettes, il avait sorti la carte de son sac afin de vérifier si tout allait pour le mieux.


Au début il s’était senti mal d’espionner une fille dans son intimité mais plus le temps passait plus un horrible pressentiment lui nouait les intestins.


Le Survivant avait songé au départ que sa binôme avait voulu reprendre contenance et, plus le temps s’écoulait, à un possible malaise ; après tout, elle n’avait que peu manger depuis quelques jours.


Il ne s'attendait pas du tout à une fille au comble du désespoir qui aurai attenté à sa propre vie ! Le résultat fut une Luna dans une mare de sang, qui c’était scarifiée.


-Hannah ! Va chercher Pomfresh ! Vite.


L’infirmière arriva et on emmena la blonde inconsciente, sur un brancard, en pestant « Mais quelle idée de se couper les veines ! »


Quand il la vit disparaître, son visage si serein, si doux, alors qu’elle entrait dans l’infirmerie et qu’on pria instamment les élèves de rester dehors, que la porte fit « clac ! » juste devant son nez, le jeune homme réalisa :


Il n’était pas un monstre profitant d’un moment de faiblesse d’une de ses condisciples, juste un adolescent normal entrain d’éprouver des sentiments forts.


L’évidence le frappa :


Il aimait Luna Lovegood.


~*~

Laisser un commentaire ?